A Dijon, église Saint Philibert, installation sonore, performance de Will Menter, « Inhabitation ». Début juin 2022.
Quatre potences sont installées dans l’église Saint-Philibert. Will Menter (musicien et artiste plasticien) les nomme « pendules ». Il actionne chacun d’eux en transmettant un mouvement de balancier. Celui-ci vient toucher ou effleurer les matières posées au sol. La sonorité diffère suivant la matière: bois, pierre, ardoise ou métal. Sourds, clairs, vibrants…
L’artiste circule en permanence dans l’espace. Il modifie un élément par-ci par là, il écoute, il manipule, il observe… On le suit timidement. On le regarde agir. Chaque oeuvre n’existe que lorsqu’il intervient. Mais les sons se prolongent pendant un moment, après le geste de l’artiste de lancer son pendule. On attend. On s’assoit. On guette la rencontre entre l’objet qui frappe et celui qui résonne. On s’étonne du hasard. Ou on admire l’organisation des sons qui deviennent musique. On évoque xylophone, bol tibétain etc. On laisse passer délicieusement les silences remplis d’espoir d’un nouveau son… Le rythme ralentit doucement. On attend. On espère. On voudrait que Will Menter revienne. On sait que ce sera différent à chaque fois.
Ces quatre installations ont aussi leur beauté hors sonorités. Leur propre esthétique nous touche aussi.
Le photographe dijonnais Jérémie Blancféné a exposé « Face/Face » à l’Atelier-Galerie de Françoise Le Corre, 1 rue Jeannin, l’été 2022.
Faces et façades, c’est à peu près ce que donne à voir cette expo du photographe Jérémie Blancféné. Face cachée, face invisible…Façade aveugle, façade anonyme… Les deux séries de l’artiste se répondent. Se regardent en miroir…
Dans la 1ère salle (première série), un personnage énigmatique apparaît (telle une apparition, en effet) dans chaque lieu photographié. Obsessif. Une présence inquiétante, au visage remplacé par un miroir ovale, ou une tache blanche comme un vide. Il est là. Calme. Immobile. Intégré au paysage . Mais si gênant! Lui? Nous? Personne? On guette un regard… Au mieux on a un reflet.
Les photos sont d’assez petits formats. On s’approche. On essaie de capter quelque chose. Parfois, on reconnaît un coin de Dijon ou de ses environs! Il faut bien se rassurer! L’étranger est toujours là. Même de nuit! Tombé d’une autre planète ou venu d’ici tout près, va savoir. La raison de son existence ici est un mystère. Dérangeant. Envie de lui arracher son masque! Au risque de ne trouver qu’un trou…
J’aime une œuvre qui crée ainsi un malaise! La réalité n’est pas toujours ce qu’on croit! L’art se doit de nous alerter! J’aime aussi les multiples voies où peut nous engager l’œuvre. Les multiples pensées et questions…
Après un intermède bienvenu, passage entre les deux salles, avec une grande photo belle et onirique, un brin surréaliste, nous sommes dans la deuxième salle (deuxième série).
Une géométrie dure et tristounette nous attend. Les photos ont été prises en zone périurbaine. Et Jérémie Blancféné s’est attaché à ne choisir que des murs de maisons nus, sans ouverture. Des blocs fermés, raides, secs, neutres, rendus obligatoires par certaines contraintes d’urbanisme. Et les images de l’artiste, par leur répétition, leurs lignes cadrées habilement, leurs teintes et textures rudes, leur absence de séduction, créent à nouveau un malaise. D’un autre genre. Ces pignons n’ouvrent sur rien, ne montrent rien. On guette une fenêtre (comme un regard tout à l’heure) ou une porte. Au mieux, on a une antenne ou une parabole…ou une vigne-vierge morte. L’effet est saisissant. C’est un grand silence. Une immobilité froide. Inhumaine. Au-delà de la figuration d’un réel bien réel, l’oeuvre est troublante…Là encore, des réflexions émergent…
A Dijon, rue Ste Anne, à la Coupole c’était , début juin 2022, l’ exposition organisée par « Nord-Sud Bourgogne-Mali » Des artistes bourguignons et des artistes africains.
MBonguana, Mambo’o (extrait)
On est habitués à ce rapprochements d’oeuvres d’artistes de Bourgogne (beaucoup de l’association 13plus) et d’Afrique, programmé régulièrement à Dijon. Il y a toujours de bonnes choses à se mettre dans les yeux et dans le coeur. Cette fois, le thème est « Métamorphoses ».
la belle oiseleuse, Fabienne Durupt (extrait)
mon oeuvre au noir, Odile Massart
Ma balade au milieu des métamorphoses… Je réécris les titres!… (A vous de deviner!!)
l’incarnation de la pierre végétale, l’ancêtre et sa mue, Léda s’écrit en fil blanc, les vies de la femme-forêt, la danse cruelle de l’humain et du serpent, la vraie poupée et la fausse (plus vraie?), le fétiche clouté et ses mots sorciers, chorégraphie des femmes-villes, les tentes de migrants « monumentalisées », le mouton face à son squelette, histoire d’une réincarnation, les grimaces de notre virus mondial, les échos d’un cri, le grand écart du perchoir, la petite graine a bien fonctionné, quand on éclate en tourbillons, autoportrait de moi et de moi….
Et j’en ai oublié!
voyage de mémoire, Ben Nabhan Brahim
Et bravo à l’atelier des élèves de Fabienne Adenis du collège des Lentillères.
Printemps 2022: « Promenons-nous dans les bois », exposition collective des artistes de 13 Plus. A Dijon, à l’Orangerie, jardin de l’Arquebuse.
Micheline Reboulleau (extrait)
Je n’ai jamais vu autant d’essences d’arbres! En toile, en voile, en papier, en terre cuite, en ficelle, en peinture…et même en bois! Des sensations d’arbres, des visions d’arbres, des impressions d’arbres…Et ces arbres sont habités: ils abritent des esprits. Partout, des visages, des présences animales, des objets de sorcellerie, des personnages de contes…La forêt enchantée!
Benvinda (extrait)
Evelyne Lagnien
Les artistes de 13+ (ils sont 25) ont joué de leur baguette magique pour métamorphoser le réel. Ils ont tout mélangé dans leur super-marmite, le vrai, l’imaginaire, le présent, le souvenir, le légendaire, la matière, le rêve…Et, au bout du compte, on se balade dans un univers fabuleux qui nous ressemble un peu! Nous sommes faits de tout cela.
Merci aux artistes qui ont su reconstituer ce monde étrange et merveilleux. Une sacrée ambiance! Une ambiance sacrée! Le cheminement qu’ils ont installé, entre sombre et ombres, entre sol et ciel, est une réussite. Et, pourtant, le challenge était de taille. L’Orangerie est une immense salle difficile à occuper. De plus, 13+ s’est heurté à des (dé)mesures de sécurité imposées…Il fallait une bonne dose d’adaptation et de débrouillardise!
Dans ce dédale proposé au visiteur, dans ce grand pêle-mêle organisé, il y a aussi le travail de CHAQUE artiste, que l’on reconnaît, que l’on observe. Il y a également le travail à plusieurs mains, sympa. Les uns et les autres, parfois, ont mis en commun leurs talents respectifs. On devine, d’ailleurs, dans l’ensemble de l’expo, une vraie réflexion collective.
N’hésitez pas à vous asseoir devant la vidéo de J.Ph. Jarlaud, avec casque sur les oreilles. Images sur rythmes musicaux, un choc.
Philippe Thouvenin avait commencé une exposition à la Galerie La Source en 2020, à Fontaine-lès-Dijon. Elle avait été brutalement interrompue par le confinement. Il fut de retour en mai 2022. (Et ce n’était pas tout à fait la même exposition qu’en 2020)…
Cette nouvelle exposition a gagné en unité, concentration et épuration. Il y a un vrai fil d’Ariane à suivre d’une salle à l’autre. L’artiste, toujours passionné d’art japonais, s’est recentré sur le thème de l’arbre: sculptures en bois, peintures sur papier, dessins d’arbres… La scénographie, aussi, tient le coup. Dans les salles du 1er étage, Philippe Thouvenin s’est appliqué à reconstituer des ambiances de jardin zen ou de temple, avec d’élégants kakémonos, des personnages de sages, moines ou pasteurs…
Chaque œuvre est associée à un haïku, ce qui contribue aussi à l’unité, à l’harmonie et à la simplicité. On sent nettement les liens entre les œuvres et d’une salle à l’autre. Il y a une ambiance…
Donc, on oublie l’incohérence de l’autre expo, son côté fouillis et un brin prétentieux. On apprécie celle de 2022, on s’y plonge avec plaisir, on se laisse facilement prendre par la main.
Le travail de Philippe Thouvenin est toujours aussi minutieux. Encre ou aquarelle, tout est dans la subtilité. Le détail est roi. La recherche de la perfection est là. Finesse, délicatesse… On est dans un univers oriental sans laideur, sans violence, sans conflits, sans obstacles… Luxe, calme et volupté!
Quelque part, ça fait du bien, cette utopie!
C’est bien agréable, tout ça! C’est bien joli!
J’attends cependant davantage de l’art. Encore faut-il s’entendre sur la signification et le contenu de ce mot « art »!! Un large débat que nous mènerons un jour sur ce blog!!!! Ok?
Salon des Artistes, Centre Pierre Jacques, Fontaine-lès-Dijon, en mai 2022
Lucile Pattar
Il a le mérite d’exister, ce Salon de Fontaine. Depuis 50 ans, il offre à des peintres et sculpteurs la possibilité de montrer leur travail. Tant mieux. Notez que certains d’entre eux, depuis longtemps, n’ont plus besoin de cette vitrine pour être connus et reconnus, mais ils persistent… Chaque année, cependant, place est donnée à des nouveaux. C’est bien.
2022, c’était l’anniversaire de ce Salon. 13 ex-invités d’honneur et une bonne trentaine d’autres artistes exposent. Ma préférence ne va pas forcément à ceux qui, à l’heure du vernissage, avaient droit à l’estrade en compagnie des personnalités locales. Leur célébrité internationale ne me fait pas courir. Les « pointures » ne vont pas toujours à mon pied. Et la virtuosité ne m’émeut pas, même si je l’admire souvent. L’art, tel que je le conçois, -je l’ai assez rabâché-, va bien au-delà. Je choisis parfois la maladresse plutôt que la virtuosité, pour y pêcher humanité, mondes intérieurs, mystères de vie…etc.
Quelques mots sur des artistes (parmi ceux qui m’ont attirée):
Il se trouve que Atsing et Sabien Witteman ont décidé de montrer des peintures différentes de ce qui est noté sur leur cartel de présentation! Et des vues de maisons tous les deux! Au lieu de leurs personnages habituels! Mais, chez eux, le réel perd de toute façon sa consistance. Les paysages vus au travers d’une vitre (de voiture?), déformés, ou voilés deviennent incertains et nous font douter de la réalité.
Sabien Witteman
Christine Vadrot, elle aussi, nous emmène dans des paysages aux frontières de l’imaginaire. Comme découpés, sortis de leur environnement, recadrés au point d’en devenir des abstractions.
Micheline Reboulleau nous étonne par sa grande acrylique (elle, l’aquarelliste !!). Des camaïeux de rouges pour nous mettre simplement face à face avec une femme assise, tête baissée. On reste un moment, des questions sur les lèvres, elle dort, elle pleure, elle pense? C’est une scène immobile et pourtant si vivante…
Micheline Reboulleau
Viola Montenot, au pastel (qui convient si bien au malaise des situations, à leurs peurs et enfermements) elle raconte des tentatives de fuites, des emprisonnements dans des rouages et des labyrinthes. Mais, cette fois, elle dit tout cela en couleurs vives…et le ciel est bleu! Espoir!
Viola Montenot
J’ai aimé aussi Francis Orzel et ses courbes, circulations, flux, ondoiements, flottements …. Compositions aux teintes sourdes, à l’harmonie minutieusement travaillée. Martine Challaux-Bertet, et ses petites abstractions huile et pastel, subtiles et élégantes, qui renvoient à quelques états d’âme intimes. Allan Ryan et ses tableautins, dans le style illustration onirique, composés de mini touches comme des points de tapisserie.
Allan Ryan
Et quelques autres encore que j’ai appréciés: Guerry, Javouhey, Pearsh, Lamaille, Lu, Pouzet…
J’avais envie de reprendre ma catégorie « Choix du mois », abandonnée depuis très longtemps (décidément, c’est souvent que je la laisse tomber et que je la ressuscite de temps à autre!!!) Donc, en avril 2022, voici ce qui m’a frappée parmi les œuvres vues en région, chez moi,ou à Paris.
Chez Christian Berst, spécialisé art brut, dans sa Galerie du 3ème, à Paris (passage des Gravilliers), je suis tombée en contemplation devant une des lettres de Harald Stoffers.
Autiste profond, interné depuis 30 ans, cet allemand semble s’être trouvé une identité par la parole écrite et une forme d’expression qui lui convient. Il trace inlassablement des lettres à l’encre noire ou colorée, en lignes très serrées, sur des feuilles de papier blanc. On pense à des vagues, à des milliers d’oiseaux perchés sur des fils, à des empreintes digitales, à des courbes de niveaux…Ses missives ont parfois plusieurs mètres de long.
Il arrive que les lignes ne portent plus de mots…Vides, mais qui suivent le même rythme que les autres. Comme si l’artiste se laissait emporter par le mouvement. Le tempo devient plus important que la signification-même de ce qu’il trace sur le papier.
Parfois, les lettres et les chiffres s’allongent démesurément, s’étirent, rompant le rythme, lâchant la cadence. Et on débouche sur les Lettres-Partitions. L’écrit est musique. La page est partition. L’alphabet est notes de musique.
C’est ce que j’ai vu à la Galerie Berst. Impressionnant rouleau de papier couvert de cette composition graphique superbe, énergique, mouvante…Le tracé, un peu tremblotant, dessine des horizontales et quelques verticales. Il se blottit, compact et dense. Ou, plus loin, se détend, aéré et ample. C’est fascinant. Et c’est beau.
L’artiste a trouvé sa matière, les signes tracés avec le stylo (ou marqueur). Sa substance. Il a trouvé son moyen de communiquer, de dire, de crier, de chanter. C’est à la fois concret (il forme de réelles lettres d’alphabet et de réels chiffres, il dessine des phrases réelles, il s’adresse même à des personnages réels, à sa mère en particulier) et à la fois abstrait comme une œuvre d’art non figurative.
Je crois que c’est pour toutes ces raisons que j’ai aimé ce travail : esthétique, expression intime et sens profond. L’écriture compulsive d’un homme aux sérieux problèmes mentaux … qui devient une œuvre.
Harald Stoffers est exposé partout, FIAC, Musées et Galeries dans beaucoup d’endroits du monde…J’espère que cette célébrité involontaire et le fait que son art passe entre les mains de marchands ne le corrompt point! (en même temps, c’est grâce à cela que je l’ai découvert! Pff!)
Le travail de Christine Coste, vu à la Galerie Grès (Paris) en avril 2022,m’a interpellée.Ce n’était qu’une partie de ce qu’elle fait habituellement: sculptures céramique, dessins et peintures, performances.
J’ai vu des formes vivantes, à peine nées. J’ai cru voir des lambeaux de placenta. Des peaux aux fines écailles. Des mues. Je sentais partout une vibration de cellules. (Christine Coste travaille par petites mailles, sur la toile et sur la surface de ses céramiques, comme si elle façonnait des choses, cellule après cellule, pour leur transmettre vie)
Sculptures et peintures se faisaient écho pour me dire le mystère du vivant. Je regardais cette sculpture de la série Capsule3D, et c’était un sexe de femme, mais aussi un fossile dans le secret d’une pierre, ou un arbre blessé qui montrait son coeur, ou une coquille ouverte….
Les formes organiques glissaient d’une peinture à une sculpture (et inversement). Imperceptiblement, se faisaient des métamorphoses, des unions…Ici, une silhouette humaine, là une créature indéfinie. Des corps, toujours, ou des fragments de corps. Sans vraie identité. Mais ultra présents.
Les peinture apportaient leurs transparences fragiles, leurs coulures et leurs magnifiques couleurs vives plus ou moins voilées. Les céramiques apportaient leur solidité foncée et leurs lignes sans bavure.
Vous avez compris que cette artiste, à mon avis, est à suivre, absolument!
Aujourd’hui, ce n’est pas d’une exposition dont je vais vous parler. (Avril 2022)
C’est d’un projet. Un projet que mon mari et moi montions pièce par pièce depuis plus de six mois. Et, aujourd’hui, nous sommes obligés de l’abandonner. Le rêve est mort.
Nous avions l’intention d’acheter un local à Dijon pour y accueillir les expositions d’artistes plasticiens. Ceux-ci, nous le savons, ont très peu d’espaces, dans la proche région, pour montrer leur travail. Même si la Ville de Dijon, avec beaucoup de bonne volonté, leur en propose généreusement plusieurs, mais pas toujours appropriés.
Notre souhait était d’ouvrir une Galerie d’art à but non lucratif. Nous avions déniché un lieu idéal en plein Dijon. Les volumes, la lumière, la surface…
Nous nous projetions déjà dans ce lieu. J’imaginais déjà tel ou tel artiste y installer son travail. Nous étions conscients que le chemin à parcourir jusqu’à la première expo serait long et chaotique. Mais nous nous sommes engagés sur ce chemin la fleur au fusil! Les démarches ont commencé. Les rendez-vous. Les mails. Les coups de fils. Les devis. Les demandes. Les attentes. Les formulaires. Les refus. Les réunions…
Mon mari, surtout, s’était attaqué à l’administratif. Moi, je suivais le processus comme je pouvais… Et je remplissais un carnet d’idées, d’adresses, de noms, pour l’avenir de la Galerie. Nous parlions peu de notre projet autour de nous. Prudents. Seul un petit noyau de connaissances était au courant. Et nous nous faisions un peu aider (mais certain professionnel pas forcément au top…). Plusieurs fois notre moral a chuté! Très bas! Mais nous remontions la pente rapidement.
En dernier lieu, nous avons rencontré trois personnalités de la mairie de Dijon et de la Métropole. Formidables d’écoute, de compréhension et de soutien… Mais malgré leur bonne volonté, les bâtons dans les roues sont restés accrochés… Et l’échéance du compromis de vente approchait, nous avions pris contact avec ces personnes-là, hélas, un peu tardivement, nous n’avions plus le temps d’espérer et d’attendre une solution.
Deux obstacles, surtout, ont fait capoter l’affaire:
-Les contraintes démesurées et très rigides de l’accès PMR (personnes à mobilité réduite) pour ce local ouvert au public. [nous étions bien entendu déterminés à accueillir les personnes à mobilité réduite dans notre galerie, mais les conditions réclamées dépassaient l’entendement….et notre budget.]
-La copropriété, qui a finalement refusé de dialoguer avec nous, alors que nous avions besoin de certaines autorisations (PMR, sorties de secours etc…)
Vidés de notre énergie, tristes et amers, nous ne sommes pas prêts de recommencer une telle expérience. Nous avons été confrontés à l’absurdité et à la médiocrité, à la petitesse et à la bêtise. L’ampleur de notre déception tient, non seulement à notre propre échec, mais à la constatation que beaucoup de ceux qui veulent avancer, faire, créer, bouger……… sont muselés, empêchés, entravés…….. Admiration à ceux qui parviennent malgré tout à réaliser leur projet!
Mais il faut dire que l’art, et la culture en général, n’ont pas bonne presse. « Non essentiels » , n’est-ce pas!!! Eh ben, si! L’art est essentiel à notre liberté, à notre équilibre mental, à notre survie …
Dans l’église Saint Philibert, rue Michelet à Dijon, il y eut, au printemps 2022, une exposition de Françoise Le Corre, « La texture de l’infime ou le diapason du là ».C’était à voir!
La grande église Saint Philibert, la très grande église Saint-Philibert se fait protectrice. Voilà qu’elle abrite de toutes petites choses. Toutes frêles. Elle a intérêt à perdre sa vilaine habitude de laisser choir des débris de pierre ou de sel depuis ses voûtes et ses piliers. Elle retient sa respiration de vénérable blessée. En son sein, ont été déposés de minuscules objets qui pourraient bien avoir un caractère aussi sacré qu’elle, du moins quand elle n’avait pas encore été « désacralisée ». Il semble qu’elle tienne à en prendre soin, en souvenir de cette époque.
Etonnante église, donc, qui accepte avec modestie qu’on ne lève plus trop les yeux vers son architecture. Nous sommes tellement absorbés par notre quête: dénicher les mini-trésors que l’artiste Françoise le Corre propose à notre regard. Sous cloche, sous verre, bien éclairés et grossis par des effets de loupe, voici un minuscule coquillage, une nouille anodine, un trognon de crayon, ou un brin de papier millimétré… Ils deviennent de vrais petits miracles de beauté. Des reliques que l’artiste nous invite à vénérer.
L’art du millimètre
C’est l’exposition des contrastes et des contraires. Le lieu est un géant, mais les objets des petits riens. Les sujets sont très modestes, mais leur présentation très raffinée. Les oeuvres sont simplissimes, mais la scénographie muséale.
C’est aussi l’exposition du regard, de l’émerveillement, de l’attention. Elle met en évidence quelque chose qu’on a tendance à oublier: savoir s’arrêter, se taire, se pencher, observer… (J’ai une amie qui a un carnet où elle écrit ses petits émerveillements du jour. Voilà! C’est une liberté à reconquérir. Ne pas se faire avoir par un environnement matériel trop envoûtant, absorbant et dominateur. Ne pas négliger l’essentiel…. Bôf! Je radote! Mais tant pis!).
La focale du silence
C’est aussi l’exposition des questionnements. Par exemple, Françoise Le Corre met en mouvement certaines oeuvres (plateaux tournants, vidéos, ombres). Et, là encore, c’est l’occasion de prendre le temps. Stop! Attendre de voir les métamorphoses des choses, les différentes formes qu’elles prennent. Stop! Penser à la réalité (laquelle?), la vérité (laquelle?), le jugement (doute?), la croyance (question?) et même l’impermanence et l’éphémère.
Derviches Transmissions
C’est aussi l’exposition aux mille portes. De la simple contemplation à la réflexion philosophique… Les jeux de mots, les clins d’oeil, les symboles, les références littéraires, historiques ou artistiques sont là. A nous de prendre (ou pas). C’est offert, mais pas obligatoire! On choisit sa porte…
Trou de mémoire
En sortant de l’église Saint-Philibert, on se sent encore plus fragile qu’avant, mais les yeux grand ouverts…Je crois qu’on a gagné en équilibre!
Dans cette expo, ne manquez pas la vidéo de l’entretien de Françoise Le Corre avec Valérie Morisson. Et prenez les intéressants papiers proposés à l’entrée.
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