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L’Hostellerie, M.Manuela et E.Geoffrion

L’Hostellerie, parc de la Chartreuse à Dijon, propose l’expo de Maria Manuela et Elise Geoffrion « Peaux d’âmes » jusqu’au 2 février. Du mercredi au dimanche 14-17h30. A voir sans délai!

Maria Manuela, déjà vue une année précédente (mais vite fait et dans de mauvaises conditions) à l’exposition d’Itinéraires Singuliers à St-Philibert, m’a passionnée par le foisonnement formidablement créatif de ses oeuvres. Sur de grands textiles, elle peint, brode, tisse, colle … Et ce sont alors des brouhahas de couleurs, de personnages, de végétaux, de paysages, d’animaux qui vous embarquent dans d’invraisemblables récits!

La vie qu’elle imagine sur ses tissus est drôle, rêvée, mélancolique ou dure… Enfantine, rurale, familiale ou d’actualité… Avec souvent un petit côté naïf. Avec, aussi, des références au folklore de son pays le Portugal (mais on peut évoquer la Roumanie ou autres cultures traditionnelles). L’artiste fourmille d’idées. Elle accumule les éléments, les entasse, les empile, les superpose, sans toutefois oublier l’organisation et la composition de son oeuvre. On n’étouffe pas! On se promène!

Les pièces de l’Hostellerie accueillent cette expo aux côtés de celle de Elise Geoffrion, les tapisseries de Maria Manuela, suspendues aux murs, dialoguent parfaitement avec les sculptures de celle-ci.

Elise Geoffrion ramasse toutes sortes de choses dans la nature. Une collection qui lui sert de matériaux pour faire naître un petit peuple de sympathiques personnages… L’idée n’est pas originale! Nombre d' »artistes » fonctionnent de cette façon! Mais Elise Geoffrion a le chic pour se démarquer de cette foule de faux créateurs!!

Comme Maria Manuela, elle assemble des morceaux. Une touche-à-tout! Papier, filasse, champignons, courges, bois, terre, tissus, cuir, grès… Quand les trouvailles de sa quête sont insuffisantes, elle fabrique elle-même. Et ses petits êtres ne ressemblent à rien! Et c’est tant mieux! Entre ex-voto et statuettes magiques. Ils pourraient être les santons d’une crêche universelle, au-delà de toutes les croyances…

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Xavier Decloux, entre loup-garou et chat-botté

C’est une rencontre inattendue. Je vois un jour quelques « bê-bêtes » de quelqu’un qui habite en Haute-Marne. Encore un monsieur qui met bout à bout des trucs ramassés un peu partout et se prend pour un sculpteur…Bon! J’oublie. Mais, je le retrouve dans une exposition. Et là…Choc! Je plonge ensuite dans son site. Je regarde, je lis. Il s’appelle Xavier Decloux. Et ça vaut le coup qu’on s’intéresse à ce bricoleur magicienet bien plus encore…

Ce sont des assemblages. Toutes sortes de bidules que Xavier Decloux récupère ici ou là. Mais les personnages qui en découlent ne sont ni banals ni redondants. Xavier Decloux ne vous fera pas du déjà-vu (une triste cigogne en boulons et clés de dix par exemple!) Ce qu’il crée sort de l’ordinaire.

Il ne se contente pas de souder ou coller des pièces. Il intervient sans cesse sur l’œuvre. Et il fabrique lui-même des éléments qui complètent sa sculpture. De plus, il ne reproduit pas quelque chose d’existant. Ses étranges créatures sont apparemment de race animale… Oui, mais… avec souvent des origines végétales et humaines pas vraiment définies! Entre loup-garou et chat-botté! Ou même entre Godzilla et Bête du Gévaudan!

Dans ses doigts, elles prennent vie. Quelle allure! Malgré leur immobilité, elles sont toujours en mouvement. En ACTION. Loin d’être des objets inertes, elles ont toutes quelque chose à dire. Seraient-elles porte-paroles de l’artiste? C’est évident! Il parle d’une « grande soif d’expression » chez lui… Avec ses « bestioles » (dit-il) il cherche, entre autre, « quelle est notre place sur terre ». Il veut « dénoncer les travers de l’humanité » et son oeuvre porte une urgence, une foi, une réflexion…

Xavier Decloux a une force créatrice et une imagination telles qu’il parvient à faire naître tout un petit monde d’êtres nouveaux. Une petite population un peu marginale, rebelle, déglinguée, drôle… C’est son univers à lui. A la fois cohérent et fantaisiste. En outre, Xavier Decloux possède l’art des mots. On se régale des noms dont il affuble ses personnages (Hypercagneux, Fou du Clan, Chronophage détraqué…) et des jolis textes sur cartels qui accompagnent les œuvres exposées.

J’avoue ne pas trop apprécier ses petits formats. Trop proches de ce qui se fait habituellement dans la « sculpture » de recyclage. Par contre, ses formats plus grands relèvent d’un vrai travail d’artiste. Un artiste fabricant d’histoires, inventeur d’univers tout en étant témoin et rapporteur de son temps… Et il a une sincérité rare! Appréciable!

Et, pour finir de vous convaincre : ce garçon dessine et peint ! Dans la même veine, celle des gentils monstres, frères modernes des chimères d’antan et autres créatures imaginaires de la tradition. Ci-dessous, son site:

https://www.letroisiemeatelier.fr/

« Vivants », expo des artistes 13+, Orangerie

A la Grande Orangerie du jardin de l’Arquebuse , à Dijon, exposition des 13+ intitulée « Vivants ». Jusqu’au 20 octobre. 11-18h. Samedi et dimanche, 11-19h.

Beaucoup moins foutraque que leur dernière exposition à l’Orangerie (sur le thème du bois) , les 13 + ont réussi à nous créer une unité, avec cheminement, petites alcôves etc. Pas facile! Un très vaste espace et plein de personnalités et oeuvres diverses et variées à présenter! Même si le thème est commun, ça part dans tous les sens, bien sûr! Mais, franchement, les travaux exposés ne se « cognent  » pas trop les uns les autres… On peut apprécier à fond chacun des exposants. La salle, comme d’habitude, est plongée dans le noir et le jeu des éclairages a dû représenter un sacré challenge pour les artistes et organisateurs…

Un bel ensemble, donc. D’où émergent évidemment quelques coups de coeur! Quelques noms que, décidément, on reconnaît et on apprécie! Mais bravo à tous, vous avez été inspirés!

Voici quelques exemples un peu au hasard de nos préférés (et suivant les photos réussies ou non!!!): Lagnien, Montenot, Perron, Orzel, Arfelli, Massart, Habiba, Adenis, Hadrien… Et n’oubliez pas de vous asseoir devant l’écran de JP Jarlaud…

Christiane Bruley, Matières…Imaginaire

Le Rez-de-Jardin, à Fontaine-lès-Dijon, 11 rue d’Artois, a rouvert sa porte après une longue relâche estivale! Il accueille l’artiste plasticienne dijonnaise Christiane Bruley jusqu’au 20 octobre. Attention, trois week-end seulement! les vendredi 14-19h, les samedi et dimanche 11-19h. (et ci-dessous, après le texte, regardez la courte vidéo réalisée par Signaturelsf , que nous remercions)

C’est une roche, c’est une écorce, une moraine, un éboulis, une montagne, une vallée, un arbre…Je ne sais pas. Sans doute rien de tout cela vraiment.

Mais, c’est sûr, je suis au cœur de la nature. Indescriptible avec des mots. Christiane Bruley, elle, la raconte, cette nature aux cent mille vies.

Je suis toujours épatée de voir comment l’artiste, juste avec des pinceaux et des pigments, (et parfois un peu de sable ou de poudre de marbre), parvient à rendre le monde plus réel que réel, plus vrai que vrai.

Peinture abstraite ? Vous me faites rigoler ! Elle est bien plus réaliste que la plus réaliste des peintures !

Cette peinture-là montre le minéral et le végétal dans son essence-même. Christiane Bruley y pénètre, ou prend du recul, s’approche, s’éloigne, dans l’espace ou dans le temps. Et toute la beauté de la nature, sa violence, ses métamorphoses sont là…

Le mystère, c’est aussi que l’artiste est présente dans sa peinture, autant que son sujet. L’oeuvre n’en est que plus riche et profonde.

Elle dit ses sensations et sa propre perception des choses. C’est donc un témoignage à la fois personnel et universel.

-Tout ça à condition de s’arrêter un moment devant la peinture… On ne « passe » pas devant un tableau de C.Bruley ! On s’y attarde un peu ! L’artiste peint sur carton, papier, métal (sa préférence actuellement). Elle est présente au Rez-de-Jardin tout au long de l’expo, l’occasion de discuter, échanger…

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Nam T, des personnages vous regardent

En ce mois d’août 2024, dans une des granges de l’Auxois, lors de la manifestation de EVAsion des arts, j’ai revu cette peintre, Nam T, que j’avais aperçue plusieurs fois dans d’autres expositions, mais sans y prêter vraiment attention. Et là, sur ces murs de pierre brute, sous cette haute charpente rustique, j’ai tilté!

Nam T donne l’impression de faire naître ses personnages de la couleur elle-même. Comme s’ils émanaient peu à peu de la peinture, matière souple et mouvante. Parfois, à peine esquissés. Pas encore achevés… Aux contours encore flous. On pense à une sculpture en train de se faire. Lentement, la silhouette apparaîtrait, sortie de la terre que l’artiste façonnerait.

Chez Nam T la référene à la sculpture est d’ailleurs fréquente. Quelques uns de ses visages aux lignes « cubistes » y trouvent leur origine. Mais ils ont perdu leur rigidité. Personnages et objets sont mouvants sur les toiles. Maléables. Ils ondulent comme des reflets sur l’eau. Et tout cela dans une atmosphère douce, calme et songeuse. Même si, de plus en plus, la palette de Nam T devient vive.

Tout récemment, l’artiste choisit de peindre sur tissus. Et ça lui va bien! Le textile, avec sa sensualité et sa flexibilité, lui offre un support idéal. Et quand Nam T parle des liens que tissent les humains entre eux (une pensée constante chez elle)… je pense tissage!

Beaucoup de regards traversent l’oeuvre de l’artiste. Des regards de face, qui nous suivent. Qui racontent sans doute des morceaux de vies. Des taches de couleurs, des formes végétales, des objets quotidiens se mêlent aux personnages. Une unité. Un tout. Créé par la couleur elle-même.

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Lormes, et ses espaces d’art

Enfin, (juillet 2024) nous avons fait la connaissance de ce village du Morvan dont nous entendons parler depuis un certain temps!! Lormes cherche à ne pas s’endormir au fond de sa belle campagne sauvage. Et l’art l’aide à se tenir éveillé. Pusieurs anciens commerces ont échappé à l’abandon et se sont transformés en galerie d’art.

Un peu déroutés en arrivant place de l’Hôtel de Ville, on ne repère pas tout de suite La Factory, première Galerie à s’être installée ici. Un mariage occupe l’attention de tout le monde devant la mairie! Et, quand on réalise que la fameuse Factory est devant notre nez… on s’aperçoit que ce n’est pas ouvert (malgré les horaires annoncés!)

Pauvres de nous! Une heure et demie de route depuis Dijon pour rien! Non? Cherchons ailleurs…

En face, Gisèle Didi nous accueille dans sa boutique un peu extravagante. Cette artiste photographe (35 ans de photos et de performances) expose ses oeuvres mais donne aussi à voir (et à vendre) toutes sortes d’objets et meubles vintages, drôlement kitch… Après avoir poliment refusé de participer à une séance photos (!), nous rejoignons (sur ses conseils) la maison de l’artiste Henk Slomp (hollandais).

C’est la maison elle-même qui est une oeuvre d’art! Toutes les pièces sont ouvertes au public (on suppose que les habitants se sont réfugiés dans une partie privée quelque part dans ce labyrinthe!). On déambule, surpris et touchés à chaque moment. Des engins étranges s’animent ici et là, des choses s’allument, des objets s’accumulent, des sculptures en métal occupent un mini-jardin et quelques recoins inattendus… On monte dans les étages. Tiens! Une pièce consacrée à des costumes de théâtre. On descend à la cave, une stupéfiante installation de « lanternes » sonores nous y attend. Au rez-de-chaussée, l’ancien coffre-fort (ce lieu était la banque du village!) est là, intacte, mais Henk y a mis son coup de patte (surprise!) Finalement, l’artiste nous montre son atelier où il est en train de fignoler un véhicule dingue…en vue d’une prochaine course de village!

Cette fois, La Factory est ouverte! Accueil adorable de Crétie et John. Ils sont affairés! Ils préparent le vernissage de ce soir! Nous faisons notre tour de Galerie tout seuls. Le premier étage est bien sympa: murs blancs qui mettent en valeur les peintures (une artiste d’origine brésilienne) et vieux canapés ou fauteuils pour faire une pause! Le rez-de-chaussée, au contraire, nous paraît un peu encombré (est-ce la mise en place du vernissage?) et les artistes y perdent un peu en visibilité. Quelques céramiques et de tout petits formats en peintures, gravures et broderies (intéressantes, celles-ci).

On décline la gentille invitation au vernissage et on reprend notre errance dans les rues. Nous nous arrêterons au « Quarante-Quatre » où une dame hollandaise (ils sont nombreux dans la région) nous montre son travail de récupération et assemblages. Puis c’est « L’Atelier », où plusieurs artistes féminines (parisiennes, hollandaises…) nous parlent de leur art et de leurs projets. On voit des céramiques, luxueuses sculptures-amulettes, bas-reliefs pleins d’humour, volumes suspendus, peintures… De la qualité. On nous vente une mise en oeuvre ambitieuse et généreuse d’une manufacture collaborative et solidaire à Lormes, dans un ancien moulin…Ici, ça bouillonne!

Enfin, petit passage par le « Jardin Fleuri » où l’un des maîtres du lieu, mini toutou dans les bras, nous explique patiemment leur démarche: photos, broderies… (Alessandro et Jean-Claude Stella Goldschmit).

Partout, l’ambiance est bonne, l’entente apparemment vraie et sincère entre artistes. Qu’en disent les villageois de tout ça? On a juste bu un chocolat au « Grand Café » où il était question de foot et de Tour de France!

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Isabella Ducrot, Consortium, Dijon

Dans les expositions du Consortium, rue de Longvic, à Dijon, été 2024, j’avais choisi de parler de celle de l’artiste italienne Isabella Ducrot, « Profusione ». du mercredi au dimanche 14-18h. vendredi 14-20h.

C’est interdit de toucher! (Pas vu de panneau mais je suppose!). Or, l’oeuvre de Isabella Ducrot est une ode au toucher. A la fois par ses sujets sur la tendresse et par les matériaux utilisés, papiers et textiles. On est donc en pleines contradiction et frustration!

Bon! On va faire avec! Et, de toute façon, on va aimer Isabella Ducrot!

En entrant dans les salles de son exposition du Consortium, on croit voir de grandes étoffes épinglées au mur, porteuses d’histoires. Ou des tapis, tapisseries, nappes, draps… Mais ça se révèle être du papier (japonais, la plupart), tout aussi séduisant de sensualité. Et le tissu est là aussi. On le rencontre sous forme de grands fragments collés ou cousus sur le papier.

On évoquerait volontiers des patrons géants de couturières. Beaucoup sont des kimonos. Et ici tout est matière, le support comme le motif. La matière est le sujet principal du travail d’Isabella Ducrot. Matières précieuses car souvent anciennes et venues des 4 coins du monde, collectionnées lors de ses voyages , chargées d’histoire. Elles ont déjà vécu plusieurs vies. Elles ont vielli. Tachées, décolorées, usées, rapiécées…mais toujours vivantes. Plus que jamais.

Fines soies fleuries, gros lainage « pied de coq », toiles à sac, toiles à matelas, nappes à carreaux, voiles imprimés… Et même, dit-on, des toiles qui auraient servi au peintre Raffaello (XVème)…

Quelques traits tracent des scènes de tendresse, des vases de fleurs, une théière… Minimaliste. Beaucoup de motifs de « pastilles » (comme Yayoi Kusama?). Répétitif. Un motif à l’encre revient aussi comme un leitmotiv chez Isabella Ducrot: une sorte de canevas noir et blanc, un grillage dessiné à main levée qui encadre souvent les oeuvres. Les éléments répétitifs, après les matières, semblent constituer l’essence du travail de cette artiste.

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Philippe Perez, Le Trigram, Dijon

Début mai 2024 les jeudi, vendredi et samedi, de 14 à 18h30, la Galerie Le Trigram accueillait l’exposition « Joyeux Effrois » de Philippe Perez. C’est au 29 rue Charles Dumont, à Dijon. https://letrigram.com/

Deux aspects fascinants de cet artiste sont montrés au Trigram: d’un côté, des peintures bouillonnantes comme des cauchemars qui ne se prennent pas au sérieux, et de l’autre, des peintures en série, épurées, montrant des fragments de chair en décomposition (viande, fruits ou légumes). La peinture rend belle la pourriture…!

Philippe Perez a choisi de travailler sur ce qui nous fait peur ou nous répugne.

Dans les grandes toiles vivement colorées (on aime particulièrement le grand format central, sans cadre ni vitre!) ça grouille, ça ricane…Des gueules, des grimaces édentées, des masques terrifiants, des visages cadavériques…Et puis, des feuillages, un bec de perroquet, deux baleines, du houx… Quelques fruits peut-être, quelques formes gluantes qui ondulent…Et tout ça avance vers nous, nous fixe du regard (beaucoup d’yeux!)… ça nous concerne, c’est sûr. (ci-dessous, extrait)

Philippe Perez a joué les mélis-mélos de techniques et de références, ajoutant à la peinture du crayon de couleur, du graphite, des transferts, des décalcomanies, des images Internet etc. On repère des allusions à des films, à la pop culture etc. Des apparitions, des morceaux du passé, des rêves, de l’imaginaire… Mais un fouilli maîtrisé, bien sûr, harmonieux et rendu joyeux par la couleur et l’humour.

La série des chairs, sur le mur de droite, reste dans le thème de l’expo: ce qui nous dégoûte et ce que l’on refuse de voir et de montrer, ce que l’on jette en fermant les yeux. Mais ces morceaux à peine réalistes, où l’on devine une vie finissante, une pourriture déjà avancée, sont tellement beaux! Transcendés par l’art! Posés sur le vide blanc de la toile… Tels des objets précieux! La petite goutte, qui revient comme un refrain ou une signature, de tableau en tableau, obcédante, qui n’a aucun sens (!) …est tout à fait géniale!

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Carine Olivier au Rez-de-Jardin

En avril 2024, Carine Olivier exposait « papiers, ciseaux » au Rez-de-Jardin , 11 rue d’Artois, Fontaine-lès-Dijon. vendredi 14-19h, samedi et dimanche 11-19h.

https://www.lerezdejardin-fontaine.fr/

Je n’écris pas systématiquement sur les expos du Rez-de-Jardin (une par mois!) mais, pour celle de Carine Olivier, j’ai envie de mettre quelques réflexions personnelles qui me sont venues!

Serait-elle allée chercher une moisson de fragiles fragments au coeur de ses rêves et de ses souvenirs d’enfance? Les aurait-elle décollés avec délicatesse, tels des morceaux de peau fine? Les aurait-elle ensuite replacés autre part et dans d’autres situations, avec tout autant de douceur, de soin et de respect? Et de nouvelles histoires seraient-elles nées ainsi?

Un système de décalcomanies intimes? ….!!

Certains me disent, la lipe un brin méprisante, « c’est une illustratrice ». Non, dans son travail actuel, Carine Olivier n’est pas « illustratrice ». Et même si cela était, ça ne changerait rien à l’opinion que je me suis fait d’elle. En tout cas, elle crée son propre univers et n' »illustre » pas celui des autres…

Plusieurs aspects de sa personnalité d’artiste sont intéressants:

-En amont, elle collecte. Dans des domaines bien précis et choisis. Vieux livres, papiers peints ou papiers cadeaux d’autrefois, images pieuses, cartes postales, partitions, revues de mode anciennes etc. Bref, de l’imagerie populaire, du kitsch, des chromos, du vintage…

– Voilà pour la matière première! Côté technique de création, utilisant ses talents de couturière (qu’elle tient de sa grand-mère), elle découpe aux ciseaux de brodeuse et assemble (collages) avec la minutie des meilleures « petites mains ». Méticuleuse « jusqu’à l’obcession », dit-elle. Tout est sous contrôle! Les contours, les arêtes… C’est fignolé, détaillé, raffiné. A noter que l’artiste intervient souvent sur les découpages eux-mêmes (dessins, pastel…), ou découpe ses propres dessins…

-Et, à côté de cette rigueur, un vrai délire se développe. Carine Olivier « se branche sur son subconscient » comme elle le dit elle-même. « C’est presqu’un travail automatique ». « Je n’y mets pas de sens ».

Vous devinez qu’elle aime les surréalistes!

Son monde est celui de l’enfance, des contes, des cauchemars et des rêves de petite fille. Une série de  » monstres gentils » (sur le modèle des cadavres exquis des surréalistes); une série de saynètes qu’elle nomme soit histoires sans paroles soit contes cruels et sans suite; une série (nouvelle, à suivre!) de portraits d’étranges personnages un peu hiératiques et princiers. Et tout cela se tient. Construit, organisé….et farfelu malgré tout! De quoi me plaire! (ci-dessous, « La que sabe »)

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Christine Delbecq, La Galerie, Talant

Au printemps 2024, La Galerie, espace Brassens, à Talant , proposait « D’herbes dit-elle », exposition de Christine Delbecq. Mardi, jeudi et vendredi, 14-19h. mercredi 10-13h et 14-19h et samedi 10-13h.

Elle a marché dans l’herbe. Des jours et des jours. (Pendant le fameux confinement). Elle a photographié l’herbe avec ses pieds (enfin, l’appareil photo placé au niveau des pieds). Et puis, elle a cherché à restituer tout ce qu’elle avait perçu. Un travail de mémoire un peu particulier.

Mais d’abord, il fallait digérer toutes ces expériences de couleurs, de lumières, de mouvements au rythme des marches au milieux des herbes. Toutes ces expériences de visions et de sensations différentes: Christine Delbecq s’est vue dans l’herbe, et au-dessus, et dedans, et profondément à l’intérieur, et très loin, et très près… En elle, les herbes sont devenues une matière qu’elle pouvait aplatir, allonger, rapetisser, colorier, découper, raidir, gonfler, superposer. Elle pouvait en faire des figures géométriques, des objets, des bandelettes… Un terrain d’exploration plastique infini.

Elle n’en fera pas des paysages. Aucun intérêt.

Par son geste artistique, elle transforme le réel. Son travail n’est ni abstrait ni figuratif, mais au-delà des deux.

L’exposition propose de grands panneaux au sol et au mur, des petits coussins en lévitation, des dessins extrémement fouillés, des feuillets (papier de soie) peints, des sérigraphies, des petits reliefs en bois peints, des rouleaux de papier comme sculptés, un volume fait d’une accumulation de papiers épais…Et même un extraordinaire « sismogramme » qui court sur le mur… Le tout dans une fascinante harmonie de verts et de jaunes. Cette variation autour de l’Herbe est à voir absolument, un travail plastique d’une grande artiste dijonnaise.

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