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Odile Massart La Source (2)

Revenue de voyage, j’ai vu l’exposition d’Odile Massart à La Source, vite j’ai écrit ce petit bout… (voir aussi mon premier article, avant l’expo)

C’est tellement varié! Et, en même temps, tellement tenu, solide…On sent que l’unité de cette exposition (ressentie plus que constatée) tient dans l’exigence de l’artiste, sa maîtrise et sa passion. Bref sa personnalité.

Varié oui! En techniques et supports: gravures sur cuivre, lino, plexi…, encre sur papier Japon, sur carton…, collages…etc. En styles: de la classique représentation de monuments aux images les plus drôles ou naïves. En sujets: Odile Massart raconte toutes sortes d’histoires, de lieux, de personnages.

la fille sur le pont

Le trait, lui, ne varie pas. Toujours juste. Là où il faut, quand il faut. Précis au millimètre, ou griffonné-gribouillé, sobre et épuré ou enluminé-entrelacé.

Odile Massart craint souvent d’être un peu trop disparate et touche à tout dans sa création! Dans son cas, je trouve que c’est plutôt une qualité. Preuve de sa soif de curiosité et de son ouverture aux choses. Elle ne s’enferme dans aucune routine. Cette exposition de la Source « encre et papier » m’a laissé une impression d’esthétique respectée à tout moment et de riche créativité sans cesse en éveil.

N’oubliez pas de regarder les pots disposés ici ou là dans la Galerie. Ils sont également oeuvres de Odile Massart. Magnifiques!

Lucile Pattar, un atelier promesse!

(Dans cette rubrique « Visites d’ateliers », je parle d’ambiance, je dis ce que je vois, entends et ressens,  mais ce n’est pas vraiment un article sur l’artiste lui-même et son travail. Rappelons-le.)

C’est un atelier à Dijon…qui ne montre rien! Du moins…au début! Quand j’arrive chez Lucile Pattar, elle me fait entrer dans la partie de son appartement dédié à son travail de peintre. Une alcôve où tout est propre et sagement rangé, livres, dossiers, cartons, matériel divers.

Et une salle avec grande table sur tréteaux devant la baie vitrée. Rien dessus. Rien non plus aux murs, ni au sol. Aucune œuvre en cours, en attente ou terminée.

Bon! Ce n’est pas comme ça que Lucile Pattar fonctionne!

J’en conclus que son atelier quasiment vierge est une promesse. « J’aime déballer peu à peu! » dit-elle en parlant du moment où elle débute une peinture. Elle explique que, d’abord, elle laisse venir…Regarde le ciel et les arbres depuis la fenêtre. Fait quelques pas dans l’atelier, qu’elle n’a pas voulu trop exigu. « J’aime avoir de l’espace » glisse-t-elle en esquissant presqu’un pas de danse et un large geste de peintre! (Est-ce le grand miroir encadré, posé par-terre contre le mur, qui m’évoque ainsi la danse?) « Je choisis mes couleurs en premier, puis mon papier, et enfin mes pinceaux! »

Depuis quelques temps, elle réalise des encres petit format. Qu’elle organise et égrène à la manière d’un journal intime. Une (ou deux) par jour. Datées. Qui expriment cette petite musique intérieure, infime, éphémère, indescriptible… perçue à un moment donné. Et qui peut éventuellement résumer une journée de façon très personnelle.

Mais Lucile Pattar n’a pas toujours travaillé ainsi.

Et c’est là qu’elle me fait la surprise de descendre quelques cartons des rayonnages. Elle les ouvre. Elle déballe.

L’atelier s’anime. Des œuvres émergent. S’empilent. Se posent par terre. Étonnements réciproques. Elle avait presque oublié ses périodes « Moyen-Age », « Esquimaux », « Bible », « Afrique », « Bresse », « Exil » … Années 90, 2000… Elle extrait de sa bibliothèque les livres qui l’avaient inspirée. Les feuillète. Me les montre. Nous parcourons ainsi un bout de chemin de Lucile Pattar. Un peu de son histoire d’artiste. Jusqu’à aujourd’hui. Et voici qu’arrivent tout naturellement l’actuelle période « Journal ». Une collection de chemises où dorment ses petits paysages intérieurs. Elle les survole. En choisit deux ou trois. Les place sous passe-partout. Hoche la tête. Elle les verrait bien en exposition ceux-là, bientôt sans doute. Mais, avant, il faudra les vernir.

Ma rencontre avec Lucile Pattar s’achève. L’atelier, cette fois, est bien dérangé! Il frémit des créations de l’artiste. Elle me dit encore sa préférence pour les papiers lisses, sans trop de grain. « Il faut que ça glisse! Souvent, j’ai envie d’un truc fluide! ». Elle décrit son jeu avec l’encre, entre laisser-faire et maîtrise, « si elle fuse trop, je la stoppe avec un pinceau sec. ». Et l’on rappelle encore ses premiers travaux à l’huile, sur bois, avec incrustation, métal doré, ponçage, oxydation etc…Autre chose! Plus proche de sa formation de peintre décorateur, mais tellement intéressant aussi.

Je repars avec son petit livre sous le bras « Nos jours », réalisé avec une amie poète.

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Odile Massart, Galerie La Source (avant!)

Cette fois, ce n’est pas un « retour d’expo » que je vous livrais en novembre 2022, mais une avance sur expo!! Odile Massart allait exposer à la Galerie La Source (Fontaine-lès-Dijon) . Or, j’allais être absente au début de son exposition. J’avais donc écrit un petit texte « avant »!!

Le peu que je connaisse d’Odile Massart, elle me laisse le sentiment d’être avant tout une chercheuse passionnée. Côté dessin, peinture, modelage et, surtout, techniques de gravure (Et la voilà même potière depuis peu!)

Explorer toutes les possibilités. Jouer sur les assemblages. Combiner les matrices. Faire des déclinaisons sur un thème…

Une belle inventivité et, bien sûr, une belle liberté !

Je me suis demandée pourquoi elle aimait tant utiliser ces multiples méthodes d’impression et reproduction. Pour diffuser plus largement ses œuvres ? Ça m’étonnerait que là soit le but d’Odile Massart. Mais, sans doute, plutôt, pour jouer, expérimenter, essayer encore et encore ! Modifier, ajouter, travailler autrement… Apprendre, toujours !

Elle est intarissable sur le sujet ! Elle vous explique volontiers tous ses gestes créatifs et toutes ses techniques. Et moi, j’en ai besoin ! J’avoue me perdre facilement au milieu de cette foule de jolis termes : manière noire, pointe sèche, aquatinte, taille douce, estampe, eau forte…Je confonds même encore honteusement lithographie, sérigraphie, monotype etc…

Pour une exposition avec 13+, association dijonnaise d’artistes, elle avait écrit un texte qui s’intitulait « voyage en multiptyque » ! Et il était question de « inverser, rogner, retoucher, associer, harmoniser ou opposer les Impressions ». Tout à fait Odile Massart !

Parmi tous ses enthousiasmes en art plastique, il y a celui qui reste pour l’instant l’essentiel : « encres et papiers », titre de son exposition à la Galerie La Source. Savourer chaque petit miracle de la fibre du papier qui reçoit l’encre. Ou celui du liquide coloré qui s’infiltre dans les rainures du dessin. Attendre le moment étonnant où se révèle le tirage sur la feuille etc. Un brin de hasard, beaucoup de maîtrise.

Odile Massart est très attentive aux subtilités et aux perfections de l’art traditionnel de la gravure (qu’elle a appris auprès de Madeleine Robbe). Même si, malgré tout, sa personnalité, sa fantaisie (et souvent son humour) sont bien présents. Quand on maîtrise une technique, on a le droit d’en jouer…

Les sujets qu’elle aborde sont variés. A propos d’un film, d’un conte, d’un voyage, d’une légende, d’un événement…voici une ville, des silhouettes, des éoliennes, des arbres, des animaux… Sa manière est discrètement narrative. Sa palette sobre mais sachant faire jaillir ici et là des rouges ou des magenta du plus bel effet. Son style s’adapte à son sujet, sombre ou drôle, léger ou profond.

Son exposition promet d’être riche et pleine de surprises. Elle avait déjà exposé à La Source en 2007! Il y a du chemin parcouru depuis ce temps-là!! A mon retour je me précipiterai à la Galerie et, sans doute, je réécrirai un article dans ce blog!!

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Sam Szafran, L’Orangerie, Paris

Choix du mois de novembre 2022: le peintre d’origine juive polonaise Sam Szafran. J’avais déjà vu une partie de son oeuvre en Suisse, à Martigny, à la Fondation Gianadda. J’avais retenu ses escaliers…J’ai souhaité une nouvelle découverte, cette année, à Paris, au musée de l’Orangerie (jusqu’au 16 janvier 2023).

La série au fusain qui ouvre l’expo m’a plu tout de suite. Incroyable vision d’un lieu de travail et de création. Je suis entrée « à l’intérieur » de l’artiste! Cet atelier si minutieusement décrit, détaillé! Moi visiteuse, je suis totalement dedans. Autant que l’artiste lui-même. Question de « prise de vue »: j’ai réellement pénétré dans le lieu. Je devine qu’il y a des choses derrière moi, que je ne vois plus. Et je suis un peu en hauteur. Je surplombe. Je suis comme un mourant qui serait sorti de son corps et regarderait de haut la scène qui l’entoure!

L’Atelier de la rue du Champ-de-Mars (homme allongé)

Au sol, grisaille, fouillis, poussière. Le plafond pèse lourd et prend de la place. La verrière est la seule source de lumière.

Plus loin dans l’expo, d’autres ateliers de Szafran. Celui de « la rue de Crussol », par exemple. La couleur y est présente cette fois. C’est du pastel sur calque. Et, justement, au premier plan, la collection multicolore de pastels, dont une partie se reflète en haut de la verrière, compose un tableau quadrillé un peu mystérieux. Sur une autre vue de cet atelier, ce seront des piles de livres, ouverts sur des illustrations. Des accumulations…Une chaise et une grande bassine, suspendues, semblent flotter au milieu de cet étrange univers serré, étroit, encombré, sombre…qui sent le papier et la craie.

De nombreuses versions de ses ateliers me sont proposées. L’artiste me fait en quelque sorte visiter sous tous les angles. Je tourne et retourne. Et tout ça dans le même espace. Szafran est le peintre des lieux clos. Parfois, les murs semblent se rapprocher. Et le plafond descendre. J’avance mon regard pour échapper au piège de l’étouffement…Mais les lignes de perspective éloignent le fond de la pièce…

Ces étonnantes visions d’ateliers sont suivies, dans les salles de l’expo, par les fameux escaliers de Szafran. En fait, je retrouve les mêmes sensations de lieux clos, et même de perte de repaires, de réalité malmenée. Là aussi je tourne. Le vertige me guette. Les escalier s’enroulent, se tordent. Pour pouvoir occuper le petit espace qui leur est dévolu, semble-t-il.

L’exposition se termine sur la série des philodendrons. Une plante envahissante, dans l’atelier qu’on prête à Szafran (celui de Zao Wou-Ki), dont il ne peut détacher son esprit. Fasciné, obsédé, il le peint de multiples fois, à l’aquarelle. Là encore, il adopte de nombreux points de vue. Et les feuillages qui prolifèrent sont rendus avec précision et réalisme. Mais le réel, où est-il vraiment? Je vois à nouveau une représentation de la réalité qui témoigne d’un homme mal à l’aise dans ce monde… Je sens quelque chose qui l’étouffe, ou l’enferme. Szafran s’est acharné au travail, à l’apprentissage de techniques successives. Il a accumulé les séries, répétant à l’infini le même sujet. Pourquoi? Consciencieux? Tenace? Perfectionniste? Ou juste à la recherche d’une façon de vaincre une réalité qui le gêne? En tout cas, je suis très touchée par cet artiste…

Atelier de la rue de Crussol (pastel sur calque)

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Karine Aurégan, Galerie La Source

A la Galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon, Karine Aurégan a exposé l’hiver 2022 « Hommages ».

Bien alignés sur les murs de la Galerie, tous sagement et finement encadrés de blanc, composés avec rigueur, les dessins colorés de Karine Aurégan semblent sortis d’un paquet de cartes à jouer. Ou alors…(on n’a pas fini de trouver des références! ) sortis d’un calendrier, ou d’un agenda personnel… Ou encore des feuilles d’un journal intime…Bref! On va s’approcher et lire chacune de ces pages qui semblent raconter tant de choses!

L’impression première est que ces dessins sont inspirés de l’art pré-colombien. Mais, en fait, on se rend compte très vite que ce n’est qu’une illustration (un souvenir, paraît-il, des contes qu’on lui lisait petite) et que l’essentiel est ailleurs.

Tous ces personnages! (Et quelques objets) Qui s’évertuent à ne pas sortir du cadre (certains se contorsionnent pour cela!), leurs contours sont cernés de noir, leurs couleurs sont vives et joyeuses, leurs attitudes souvent étranges et burlesques. Mais cet univers impossible, celui de l’imaginaire et du rêve, nous le comprenons. Nous le « reconnaissons ». Bien sûr, chaque tableau correspond certainement à un moment de la vie de Karine Aurégan. A une rencontre, une émotion, une action…. Tout ce (et ceux) qui compte, ou a compté, pour elle… Travail très personnel, mais qui peut, sans problème, faire écho en nous…Nous pouvons, nous aussi, nous y retrouver!

Cette « chronique des jours », ces « feuilles de vie » sont l’oeuvre d’une vraie artiste, c’est à dire qu’elle part du réel, et, en chemin, elle le déguise et le déforme, pour le restituer à sa façon. Là aussi, quel plaisir pour le regardant!

Et arrêtez-vous sur les titres que Karine Aurégan a choisis pour chacun des tableaux. Ils évoquent les personnes ou les détails de son quotidien qu’elle a voulu faire entrer dans le monde magique de l’art, pour les garder vivants en mémoire et leur rendre hommage. C’est tout ce qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Parfois, ce sont des clins d’oeil, car il y a également l’humour et le sourire qui colorent l’oeuvre de Karine Aurégan.

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Fontaine et Minella (Les Inventifs), Cellier de Clairvaux

Au Cellier de Clairvaux, Les Inventifs ont exposé Jean François Fontaine et Jean-pierre Minella, à l’automne 2022.

JF Fontaine

Les petits morceaux de couleur que le peintre Jean-Pierre Minella a l’habitude d’éparpiller sur la toile sont toujours là. Mais, chaque fois, avec d’heureuses nouvelles surprises. Ces fragments à géométrie variable flottent toujours dans des espaces définis par la peinture, mais dans une musique de plus en plus joyeuse et rythmée. Ces « cellules », porteuses de vie colorée, ont tendances à casser leur cadre, à danser plus librement et à se laisser emporter dans un mouvement que notre regard suit agréablement.

JP Minella

Jean-François Fontaine a l’expression directe. Le langage pictural à la San Antonio (celui des bons romans). Sur carton brut, sur médium, sur feuilles de carnet…il raconte notre humanité fofolle et déjantée. Des bras, des mains, des jambes et des têtes s’agitent tant bien que mal, comme le linge dans le tambour de la machine. Mais l’artiste est là pour régenter tout cela! Et les petits spectacles que nous avons devant les yeux, apparemment fouillis et déraisonnables, sont en fait bien organisés. Construits. Harmonieux.

JF Fontaine

L’écriture y a sa place. Jean-François Fontaine aime glisser des petits bouts de phrases, des sortes de sentences, des extraits de ses poèmes. C’est drôle, décalé, judicieux…

Il faut « lire » les oeuvres de cet artiste, pas seulement parce qu’il y met parfois des mots, mais parce que les histoires racontées sont pleines de détails à ne pas manquer.

JF Fontaine

Hélène Muheim, Paris, l’esprit du paysage

Pour « le choix du mois », en l’occurrence ce mois d’octobre 2022, mon souvenir se porte spontanément sur cette exposition de Hélène Muheim vue à Paris, Galerie Valérie Delaunay, « quelque part dans l’inachevé ».

Sur les murs s’allongent des frises de dessins, sagement encadrés et protégés de vitres. On essaie d’oublier vite ces cadres qui viennent parfois couper le rythme du dessin et on suit le développement des paysages qui se déroulent devant nous. Paysages de montagnes apparemment classiques. Mais on est peu à peu troublés. ??

En fait, la réalité est fausse. Il y a erreur d’assemblage d’images. C’est emmêlé, retourné, découpé, effacé, décalé…Notre regard est perturbé. Le dessin est fouillé et précis, et pourtant c’est un bel embrouillamini (qu’on ne détecte pas tout de suite)! L’artiste décrit précisément roches, lacs, racines, ciel, arbres… mais le décor finit, malgré tout, par être irréel. Monde étrange et fantastique où les reflets ne reflètent pas, où les vallées n’ont ni début ni fin, où les falaises ont perdu des morceaux, où les arbres sont à l’envers et les racines à l’endroit…

extrait

Et il y a une autre ambiguïté : est-on devant une série de photos ou d’estampes japonaises ou de gravures anciennes ou de peintures chinoises? Tout à la fois, semble-t-il.

« ce que tu as vu n’est plus »

Autant dire que le travail de Hélène Muheim me plaît pour cela: une transformation de la réalité et des références multiples.

L’artiste travaille encre, poudre de graphite et ombre à paupière. L’ensemble présente ainsi une indécision, un flouté, un aspect de mousse humide, de paysage flottant. Cette nature sauvage, houleuse, mystérieuse, pleine de plis et de méandres cache parfois de minuscules constructions ou personnages…

extrait

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Art Fair 2022, Dijon

Deuxième Art Fair à Dijon! Au Palais des Congrès. C’était le weekend des 30 sept, 1 et 2 octobre 2022. Davantage de surface et d’exposants que l’année dernière. Et un art encore plus facile d’accès pour les visiteurs qui ne seraient pas trop habitués au « contemporain ». (Sauf en ce qui concerne le thème de cette année: le néon. Mais il était présenté en marge) . Un choix, apparemment, de montrer beaucoup d’artistes émergents ( moins chers et intéressants à faire connaître)

Mon entrée payée 10 € en ligne (et parce que je suis senior!), de stand en stand, j’ai passé de très bons moments devant certaines oeuvres présentées. Accueil sympa dans l’ensemble. Sans esprit trop business!

Sebastianne Julin

Mais, je vais, ici, noter surtout les jeunes artistes sur Dijon. Ceux de « ENSA Halle 38 « , et les trois collectifs réunis sur un stand dont l’anonyme « Ville de Dijon » laissait perplexe! On aura compris que celle-ci invitait ces collectifs. Mais, du coup, ils étaient obligés de mettre en évidence eux-mêmes leur nom, comme ils pouvaient. Il s’agit de White Cubi, La Volière et Halle 38. Pour les deux premiers, vous pouvez aller voir leurs ateliers dans la cour de Vortex (en face de celui-ci).

Je signale aussi le collectif Portail de Chagny (71).

Elodie Armata (ENSA Halle38)
Pier Sparta, « gisant de loup » (collectif Portail)

Chez ces jeunes j’ai retenu, Elodie Armata, Joris Creuze, Hugo Perreal, Sylvain Owelle, Pier et Tindara Sparta… (mais c’est un choix personnel)

Samuel Erard, Galerie La Source

« A la lumière d’hiver », exposition du peintre Samuel Erard, Galerie La Source, à Fontaine-lès-Dijon, automne 2022.C’était une visite à faire avec lenteur… Mais à faire, c’est certain!

Notre rapport au paysage est étrange. Certains n’ont rien à nous dire. Ne sont pas nos amis. (Pour moi, par exemple, une plage de sable blanc, une mer turquoise et un palmier … me laissent indifférente!) D’autres semblent être là pour nous. Et quelque chose passe entre nous. Et un vrai dialogue muet peut s’installer.

Devant les peintures de Samuel Erard, c’est un peu la même chose qui arrive. Faites l’expérience de vous planter devant l’un de ses paysages d’hiver, de fixer la toile et d’attendre un peu. Quand le courant passe (insistez ! ça va venir…), vous allez voir peu à peu se modifier le paysage. Inouï! Peut-être la brume va-t-elle se dissiper. Ça va s’éclairer imperceptiblement. Une dernière nuée va se désagréger derrière les sapins. La lisière du bois va devenir plus nette. Et un bleu timide va émerger au-dessus de votre tête. Le discret soleil d’hiver n’est pas loin.

Et tout ça c’est juste de la peinture! (Ou du pastel! Géniales aussi les salles du premier étage avec les petits formats au pastel!)

En attendant le loup (pastel)

Mais comment un artiste peut-il rendre ainsi la sensation d’un paysage, et non le paysage lui-même? Car, non seulement, il parvient à exprimer l’impermanence du paysage, mais il sait également raconter tout le remue-ménage que peut provoquer en nous la contemplation du paysage. Nous, nous sortons un idiot « c’est beau! ». Pas foutus capables de dire autre chose! Ce peintre, avec un peu de pigment, révèle une multitude d’impressions fugaces, larmes retenues, sourires intérieurs, frissons admiratifs, souvenirs fantômes, vibrations sensuelles, paix bienfaitrice… En fait, ce que montre l’artiste ici, c’est le paysage après le paysage. Ce qu’on a gardé de lui, après contemplation. Ce qu’il a imprimé en nous. Ce qu’il a peut-être transformé en nous.

On est loin du tableau dit figuratif, ou encore mieux (pire?) réaliste, voire même trompe l’oeil! Quelque chose de plat, de vide, de pauvre, d’insignifiant. A part la technique…rien!

Samuel Erard travaille la peinture depuis des années, et il le fera toute sa vie. Il cherche. Humblement. On a envie de lui dire qu’il a déjà trouvé!

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A l’Hostellerie, « Les Inattendus », Dijon

L’Hostellerie, avec Itinéraires Singuliers, dans le Parc de la Chartreuse, à Dijon, nous a offert une bonne exposition fin 2022, « les Inattendus ».

Raymond Mitaine ouvre l’expo avec « Mon père en hiver ». Dans la première salle, circule une ombre obsédante, mais bienveillante je crois. Le père de l’artiste. Etrange fantôme noir. Toujours de dos. Ou en tout cas sans visage. Enveloppé dans une vaste houppelande. On devine que ce père est mort et qu’il vient hanter l’esprit et le coeur de l’artiste. Celui-ci semble saisir dans l’urgence la silhouette entrevue de temps à autre dans ses souvenirs. Des apparitions éphémères qu’il faut vite jeter sur le papier pour garder vivant ce vieux père disparu. (Je n’invente rien, Raymond Mitaine l’explique lui-même dans un des textes présentés à l’expo)

En grands ou mini formats, ce personnage du père est conjugué tout au long de la salle, présenté parfois en frises, comme un film. Une belle scénographie qui compte dans l’émotion que l’on ressent. Et ce léger papier de soie, blanc, sur lequel vient se poser la silhouette à l’encre de Chine, provoquant des plis, des froissements, des crispations… il participe aussi à l’impact que peut avoir cet oeuvre sur nous. Ce sont presque des confidences que nous égrène ici l’artiste. Chuchotées.

L’artiste qui m’a ensuite le plus intéressée, c’est Maggy Backes. Ses pastels montrent des personnages apparemment en mal de vivre. Penchés, serrés à plusieurs dans un petit espace étouffant, avec des visages soucieux, tristes ou douloureux… Ils sont faits de peu de couleurs et de peu de traits. Un travail dans l’immédiateté. Leurs contours ne sont pas vraiment définis, l’artiste les a dessinés de lignes multiples qui brouillent la forme. Mais qui transmettent aussi un mouvement aux physionomies, devenues ainsi très changeantes.

Maggy Blackes a choisi également la sculpture pour exprimer sa vision de l’humain. (Ces humains qui ne seraient que des quilles dans un jeu …) Un travail de sculpture avec toujours une économie de formes, visant à dire juste et vrai. Sans fioritures.

Le troisième artiste est Jean-Michel Maulpoix. Il est avant tout poète, mais l’écriture l’a mené au dessin et à la peinture. Il donne à voir des petites encres très maîtrisées malgré leur aspect libre et modeste.

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