Mai 2015. Je n’avais que peu de temps à Paris. Je me suis précipitée à La Maison Rouge voir « Fatum » (destin) de Jérôme Zonder. J’ai été très impressionnée.
C’est une exposition de dessins. Certes. Mais c’est bien plus que cela.
Jérôme Zonder a installé un extraordinaire cheminement pour le visiteur.
Puis, on entre dans une cabane (en fait, porte dessinée au mur) et on circule dans des pièces dont les meubles et tableaux sont (donc et encore!) dessinés sur les murs. Le labyrinthe dure, dure…On croit toujours qu’on est arrivé au bout… Mais on tourne, on tourne… Sans cesse… Au hasard de notre visite, on découvre portraits d’enfants, autoportraits, têtes d’insectes, scènes de tortures, jeux sadiques d’enfants, mains, sexe, pieds, descente aux enfers… Nombreuses sont les références au cinéma, aux violences réelles du monde (Shoa, génocides etc), à des artistes anciens (van der Weyden par exemple).
Cette progression à l’intérieur du monde de Zonder est assez troublante. Car on est en fait en immersion à la fois dans le dessin lui-même, dans la pensée de l’artiste, dans sa vie, dans son art…C’est vertigineux. L’oeuvre frise l’obsession, et on se noie dedans.
Le circuit se termine par un passage complètement obscur, juste après une salle de dessins réalisés à partir de photos prises dans un ghetto, ou depuis une chambre à gaz. J’avoue avoir hésité à m’engager seule dans ce couloir noir, couloir de la mort! La lueur, après le virage, est la bienvenue!
Zonder exploite le dessin jusqu’au bout du bout! Outils, matériaux, techniques, registres… Bic, mine de plomb, encre de Chine, fusain, doigt trempé dans la poudre graphite etc. Les papiers, supports de dessins, sont réutilisés et collés en guise de papier peint au mur, ou « mâchés » pour un bas-relief. La manière est enfantine, ou réaliste, ou fignolée (virtuosité évidente) etc. Le dessin ici est une matière vivante, un organe vivant, ou un corps vivant. L’artiste s’en nourrit, ne fait plus qu’un avec lui…ou se laisse dévorer par lui.
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Le festival Itinéraire Singulier en Bourgogne s’est achevé le 19 avril 2015 et je n’avais pas vu grand chose. Trop absente. Trop occupée. Zut. L’art brut est pourtant l’une de mes tasses de thé! Je dis malgré tout un mot des deux expos que j’ai visitées avec plaisir.
André Robillard, au musée de la vie bourguignonne.
Une partie de sa collection de fusils étranges était (bien) présentée dans une superbe salle du musée. Pour « tuer la misère », cet artiste, ami de Dubuffet, a créé des fusils en pagaille, avec une crosse en bois fabriquée et décorée par lui, complétée par des objets de récupération. Etonnant. Ils ont belle allure, et ils font comme s’ ils étaient vrais (on s’y tromperait, de loin!)! Malgré le vilain scotch bleu ou rouge qui ficelle l’ensemble des moulins à viande, paniers de diapos, ampoules, pulvérisateurs, pédales de vélo etc…
Ces armes complètement dingues, ces objets de mort faits de bric et de broc, ces flingues loufoques me semblent d’une poésie certaine. La dérision, le rire, l’inutile, le décalé, le paradoxe… De son hôpital psychiatrique, André Robillard a sans doute sorti ses envies de tuer, sa violence interne… en bricolant des armes qui n’allaient pas faire de mal à une mouche. Son langage à lui, son action à lui. Super…
Des spoutniks tournent aussi dans la salle, laissant bouger leur ombre au plafond. Création de A. Robillard aussi. Lessiveuses, antennes et pieds de pupitres pour partitions composent ces beaux objets de l’espace. Une sacrée fantaisie créatrice!
Ghyslaine Noel, à l’office du tourisme
« Une armée de cris sans voix »: titre de cette expo. (Je rappelle que le « cri » était le thème du festival cette année). Dans la chapelle, au fond de l’office de tourisme dijonnais, une foule de têtes en bois, posées au sol, hurlent en silence. Impressionnant. Proches du masque africain, du cri de Munch, de la tête de mort, du primate ou du film Scream… Mais chaque tête a son caractère. Sa force. Parfois avec double face. Parfois sculptée sur le crâne. Ce sont à la fois de beaux objets et à la fois des sculptures puissantes par ce qu’elles expriment. Les bouches sont des trous béants ainsi que les yeux. Il arrive que les bouches soient écartelées mais… bouchées. Les visages sont plus ou moins tordus.
Il s’échappe de ces sculptures souffrance et douleur retenues. Effroi et terreur, même. Et c’est terrible de dire que tout cela possède une beauté qui vous laisse pantelant.
Aïe! L’exposition perso que vient de faire Lionel Durupt à l’espace Ricard, à Dijon, est finie!! (mars-avril 2015) Loupée! Mais ça ne fait rien, j’en parle quand même de ce musicien-peintre. J’ai eu le tournis en regardant ses toiles et c’était bien!
Je vois dans cette peinture quelque chose de vivant, qui bouge, qui semble se régénérer sans cesse…Une matière qui bouillonne, qui produit des explosions… C’est dynamique, énergique, réveillé… Et ce qui m’intéresse c’est la façon dont travaille le pinceau de Lionel Durupt (enfin, j’ai l’impression). La couleur et le trait sont souvent minutieusement posés sur la toile. Le graphisme ne résulte pas toujours d’un geste rapide et large, mais d’une sorte de petite calligraphie soignée. De la broderie, presque. Et des compositions chromatiques organisées. Drôle, ce contraste entre la progression méticuleuse du pinceau et le résultat plutôt fou et foudroyant!
Toutes ces bulles qui flottent, ces taches qui fondent ou s’étalent, ces organismes en gestation, ces électrons libres, ces éléments qui fourmillent, ces pets de feu, ces jaillissements, ces déchirures, ces effilochages… sont peut-être en rapport avec la musique que compose l’artiste. Mais je ne la connais pas. Electro-accoustique?
Lionel Durupt pourrait bien avoir un pinceau musical! Non?
En avril 2015, La Galerie La Source a accueilli la peintre Véronique Fabre Lehalle. Elle avait déjà exposé ici en 1998… ça ne nous rajeunit pas! (Fontaine-lès-Dijon, du mercredi au dimanche, 15h30-18h30)
Débarrassons-nous en premier des reproches! Cette artiste a voulu trop en accrocher. On la comprend. Mais il y a une lourdeur, un trop-plein, un encombrement qui sont assez désagréables. On apprécie moins. Et puis, étrangement, le bon côtoie le pire (c’est juste mon opinion, ce blog est fait pour que je dise sincèrement mon avis). Certaines toiles m’ont paru très intéressantes. Je vais essayer d’en parler plus loin. D’autres, par contre, sont des échos très (trop) forts de Nicolas de Staël. Dommage que Véronique Fabre Lehalle n’ait pas, avec le temps, su s’en départir et voler de ses propres ailes. D’autres encore me font penser inévitablement à quelques « marines » abstraito-figuratives que l’on trouve en vente sur les ports bretons! Une peinture un peu « bâclée » me glisse un peintre rencontré à La Source.
Arrêtons-nous cependant, par exemple, devant les toiles qui sont aux cimaises des murs du fond de la salle rez-de-chaussée (à gauche en entrant). Leur structure me plaît. J’y vois un travail à partir d’un paysage réel (rochers? Rivages? Bâtiments? Peu importe). Une mise en abstraction progressive de cette réalité. Comme si elle avait éclaté et qu’elle avait été peu à peu reconstituée par l’artiste, qui ne garderait que l’essence (essentiel). On voit des morceaux aux formes plutôt géométriques qui s’organisent à l’intérieur d’une matière un peu laiteuse.
Quelques tableaux dans la Galerie ont ainsi ce caractère plus fort et élégant. Dont certains petits formats des salles à l’étage. C’est à mon goût ce qu’il y a de meilleur dans l’expo. Là aussi, il aurait fallu épurer dans le choix des oeuvres accrochée!
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Je crois que plus le temps passe, et plus je découvre l’Art, plus j’ai de la peine avec ce genre de manifestation…Le Salon des Artistes (le 43ème). Il se tenait à Fontaine-les-Dijon, centre Pierre-Jacques en avril 2015. Je supporte mal cette rigidité des tableaux sagement accrochés sur de laids panneaux. Et cette confrontation imposée entre des talents divers et souvent incompatibles. J’aime qu’un artiste présente son univers, seul, dans un espace à lui, avec foisonnement, histoire, évolution, caractère, personnalité… Le travail d’un artiste se découvre ainsi…
Oui, je sais! J’ai moi aussi quelques toiles ou autres travaux d’artistes plantés sur mes murs !L’invité d’honneur, Marc Hanniet, je n’ai pas grand chose à en dire. Peinture mignonne, fade…
Les visuels, de haut en bas: CKLMarchal; Emmanuel Février; Jacques Pete; Anne-Marie Versavel. (Cliquer pour agrandir, en deux fois)
Les Bains du Nord, à Dijon (FRAC) ont présenté « L’Ordre Caché » . Cette exposition montrait 25 oeuvres de la collection. (Trois d’entre elles sont des premières entrées en collection publique française). C’était en été 2015. 16 rue Quentin. Du mercredi au dimanche, 14-18h. Samedi 11-18h.
Le titre de cette exposition? Important je pense. C’est une expression empruntée à un livre de Anton Ehrenzweig. L’idée est qu’il existe un sens obscur au sein de chaque acte créatif. Qu’il y a, pour chaque (vraie) création, une perception de surface et une perception profonde. Qu’il faut donc « s’aventurer par-delà la représentation ». « L’ordre caché »… Mais qui n’est pas forcément fixé une fois pour toutes. L’art reste une « expérience à vivre ».
Cette idée-là me plaît bien. Mais je ne suis pas sûre d’avoir vraiment vécu cela à la nouvelle expo des Bains du Nord. Savoir d’abord que deux thèmes relient les oeuvres entre elles: la couleur noire et les formes cercles et lignes. Vous verrez, c’est facile à suivre!
Prenons la vidéo de Hiraki Sawa, « Lineament »
Projetée sur deux murs qui forment un angle, en deux grandes images différentes, cette vidéo montre un homme au regard vide (il me semble!) qui regarde sans doute sa vie défiler à travers des objets. Images d’engrenages qui évoquent horloges et temps qui passe. Images, surtout, d’étranges fils qui semblent vivants, qui s’enchevêtrent, s’enroulent, vibrent, s’autogénèrent, entrent et sortent de la matière … Les allégories sont assez évidentes (le temps FILE!!). Le décor où se déroule cette narration est délabré, laid et dénudé. Un climat de nostalgie. De regrets. Le film est saccadé, comme un vieux tournage des débuts du cinéma. Ce que j’ai préféré: donc, ces sortes de lignes tremblantes, ces traits incertains, ces fils infinis, qui brouillent l’image, jouent les toiles d’araignée, cousent les choses entre elles, forment des spirales, circulent comme des vers de vie!!!
Passons aux dessins (graphite sur papier) de Marc NagtzaamJe les avais déjà vus dans une expo ancienne. Et j’aime toujours ces grilles austères, aux lignes répétées jusqu’à devenir ennuyeuses. Une architecture sévère de traits et de barres. Sans références, sans bavardage, sans fantaisie… On se tient devant et on « écoute » ! Comme on le ferait d’un mantra. C’est une expérience de méditation. On peut aussi voir là une réflexion sur l’art du dessin lui-même…
Peut-être un peu dans la même lignée, voici les sphères de Michelle Grabner
Si je comprends l’anglais (hum!), ces oeuvres sont faites à la pointe d’argent et gesso (plâtre?) noir sur toile… Il s’agit de disques sombres, aux lignes convergentes. Ordonnés, routiniers. Effets d’optique répétitifs. Voilà pourquoi je mets ça dans le même esprit que Nagtzaam. Un côté fascination du regard…
Le « Polvere » de Claudio Parmiggiani est une réalisation de suie, acrylique, bois, plexiglas et c’est assez envoutant. Je ne sais pas si c’est un extrait de l’oeuvre que cet artiste avait faite exprès pour le Collège des Bernardins à Paris. Mais ça lui ressemble (des images tracées par le feu?) . Il s’agit d’une bibliothèque …mais fantôme. Des livres rangés sur des étagères. Présents mais absents. Des traces de livres. Des souvenirs de livres. Qui ont perdu leurs couleurs, leur densité. Mais dont le contenu flotte quelque part. J’aime ce travail sur la mémoire fragile..
Certaines oeuvres m’ont semblé intéressantes. Celles d’un artiste croate, décédé en 2004, Julije Knifer. Des rythmes en noir et blanc. Mais les grands monochromes noirs m’ont glacée d’indifférence!!! Il ne s’y passe rien.
La « belle » auto américaine de Tom Holmes ne me dit rien non plus. Entièrement peinte en noir. Customisée. Voilée, aveugle, momifiée… Certes, elle est objet détourné, qui a perdu son identité de voiture… Et là est toute la « création artistique »…Mais, pour moi, pauvreté et banalité de l’idée, de la sensation, de la réflexion.
La « Black Box » de Laure Prouvost m’a paru compliquée (pour pas grand chose): salle totalement obscure, fumées intermittentes, projecteurs en flashs brutaux, objets souvenirs de-ci de-là… Oui, l’artiste raconte et crée une ambiance. Mais que manque-t-il donc pour que nous soyons convaincus, touchés, émus? Pourquoi avec Louise Bourgeois, par exemple, ça marche?
Il y a un tout petit tableau de nos dijonnais Ida Tursic et Wilfried Mille… De gentilles fleurettes, genre détail d’une toile flamande. Pas la violence ni la pornographie auxquelles nous a habitué ce couple d’artistes. Que fait-il là? On se demande s’il ne faisait pas partie d’une série…?
L’objectif des Bains du Nord reste pédagogique aussi. Beaucoup d’efforts de ce côté-là (conférences, valise pédagogique, rencontres avec les scolaires, visites guidées etc). Tant mieux. Mais quand je lis le texte qui peut accompagner votre visite, je me dis que l’élitisme est encore fortement présent. Difficile.
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Belles découvertes parisiennes! D’abord, le Collège des Bernardins, rue de Poissy, que je ne connaissais pas, ensuite, un jeune artiste, Lyes Hammadouche, qui a su admirablement « habiter » un des espaces de ce collège cistercien fondé par un abbé de Clairvaux dès le XIIIème siècle. L’installation de Hammadouche s’intitulait « Tout est parti d’une colonne ». Printemps 2015
Pour moi, cette installation de Lyes Hammadouche c’est de l’art contemporain dans toute son exemplarité. Pourquoi? Parce que elle est à la fois accessible directement par le visiteur (sensations immédiates assez fortes), détentrice de mille références sous-jacentes et résultat d’une longue et patiente mise en oeuvre.
On est loin des poubelles colorées suspendues au plafond, entrevues dans une autre expo parisienne….A fuir!
Un- On est séduit de prime abord. Deux- On peut approfondir considérablement la première impression. Séduction? l’ancienne sacristie du Collège des Bernardins est un petit espace obscur où deux colonnes de pierre s’élèvent haut jusqu’à la voûte gothique. Dès l’entrée, on est saisi par une ambiance…. Un son gronde légèrement. On pense à un mantra. Des ombres et de lents mouvements de lumière circulent et, à intervalles réguliers, un bruit plus fort intervient qui fait soudain vibrer un réseau de lasers rouges partout dans la salle. On est captivé. Disques qui tournent. Sable qui coule. Engrenages géants qui s’enroulent autour des colonnes. Rythmes très lents. Bruits qui scandent notre visite. Dessins à la Vinci aux murs.
On s’assoit (coussins prévus à cet effet). Nous viennent des sensations du temps qui s’écoule. Des images d’horloge, de sablier, de métronome. On est fasciné. On se laisse aller. (On apprendra plus tard que Hammadouche a étudié l’induction hypnotique).
Après la poésie immédiate, arrive (peut-être) l’envie de comprendre. Cette installation est bourrée de mécanismes complexes et d’utilisations numériques.
Et voilà qu’une adorable médiatrice vous propose de vous apporter des explications. On les complètera avec la brochure distribuée gracieusement. Et c’est alors un déluge de références! On reconnaît bien là l’artiste contemporain! Qui ne se contente pas d’exprimer et de provoquer des sensations ou émotions! En fait, chacune des 5 oeuvres de cette installation est « grosse » d’allusions, de connaissances, de recherches, de réflexions…
Là où l’on ne devinait qu’une expérience du temps et une incitation à la méditation, se révèlent bien d’autres choses! L’artiste fait référence au big bang et à son rayonnement électromagnétique, à la rotation des planètes, à l’envoi des deux sondes Voyager, au célèbre jardin zen de Kyoto (Ryoan-jii) etc. Tout se tient. Tout est lié. (Même si, à priori, ce n’est pas évident…Mais si!)
Bon! On se rassoit! Le voyage va être plus long que prévu! Nous nous élevons, nous communions avec le cosmos, nous remontons le temps…
L’artiste a étudié longuement ce lieu, l’a mesuré, calculé, écouté, cartographié… Et il a construit son oeuvre à partir de là. J’aime ce genre de travail contemporain. (Sans le côté artificiel, forcé, hypocrite et superficiel rencontré trop souvent).
Je ne décris pas chaque élément de cette installation. Ce serait trop long. Même si j’en meurs d’envie! Allez-y! Allez-y!
Mes photos ne rendent pas l’univers créé par l’artiste. Désolée. Cliquer néanmoins pour agrandir, en deux fois.
Paris en ce jour de mars 2015: soleil idéal… Métro jusqu’au jardin d’Acclimatation avec l’objectif d’aller découvrir la Fondation Louis Vuitton, inaugurée en octobre dernier.
Voilà! Nous y sommes! De grandes voiles de verre, des reflets qui scintillent, de gracieux enchevêtrements de poutres en bois ou métal, de belles perspectives partout où l’oeil regarde, des images d’équilibres et déséquilibres audacieux, une sensation délicieuse de labyrinthe indémêlable .
Vrai! C’est impressionnant! Et c’est manifestement très beau! Un boulot de grand architecte! Les balades sur les diverses terrasses (parce que nous avons la chance d’une superbe météo), à différents niveaux, nous laisseront de très agréables souvenirs. D’ici, on se paie de magnifiques vues sur Paris!
Mais… N’oublions pas que nous sommes dans un centre d’art ! Voyons! Voyons!
En dehors du fait que nous avons loupé l’exposition d’Olafur Eliasson pour des raisons de dates, et que nous visitons ce qu’ils appellent « le deuxième accrochage » de la collection de la Fondation (ou ne peut pas avoir les deux en même temps??), nous restons quand même un peu sur notre faim. Certaines salles ont un volume énorme et les quelques oeuvres présentées ici sont vites perdues (surtout dans la première salle avec photos)… Et puis, on a l’eau à la bouche quand sont annoncés Annette Messager (photo ci-dessous), Giuseppe Penone, Thomas Schütte etc. Oui! Deux ou trois oeuvres de chacun, et encore! Giacometti, lui, a l’honneur d’être présent avec 7 ou 8 sculptures. La chance! On est ravis!
Une salle m’a donné satisfaction. Celle de la britannique Tacita Dean. Photo géante d’un arbre torturé sur le mur du fond et, sur les murs latéraux, comme des variations graphiques sur les lignes décrites par ses branches, des dessins sur albâtre et des grattages sur papier carbone. L’ensemble fait une unité.
Le travail de Sigmar Polke « Cloud paintings » , salle voisine, est intéressant et assez puissant, avec les coulures de peinture et résine qui attaquent chimiquement la toile de soie. Trois grands formats aux teintes et transparences originales.
Bon! Une halte à la librairie pour se faire plaisir et une boisson hors de prix au restaurant de la Fondation, « Le Frank » avant de quitter le navire. Le centre Louis Vuitton est un très bel écrin, ça c’est sûr. On attend les bijoux qui vont avec.
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« Modulations » est le titre que le peintre Claude Micheli a donné à son exposition de la Galerie La Source qui se déroulait en mars. (Fontaine les Dijon, mercredi-dimanche, 15h30-18h30)
J’avais été assez séduite par la première exposition que Claude Micheli avait faite à La Source en 2010. La preuve, j’avais écrit quelque chose, librement inspiré par ses peintures. C’est dans ce blog, à la catégorie « Textes en résonance ». Cette fois, je suis beaucoup moins sensible à ses dernières créations. (J’ai été touchée par contre par des petits formats dans une petite salle-couloir du premier étage, et par ses compositions de végétaux, fils et gazes, également 1er étage, oeuvres plus anciennes)
Je laisse donc la parole à Evelyne Micheli qui a dit quelques mots au vernissage (très chouette moment musical, d’ailleurs, lors de ce vernissage, harpe et violoncelle):
« Le spectateur peut voyager à la surface de cet univers mouvant, aux lignes infinies; il peut contempler les irisations de ses paysages intérieurs (…) Le pinceau ondule à la surface de la peau, et les volutes souplement s’étirent, s’étalent, se contractent. L’ombre se fait douce comme du velours. La lumière se fait caresse comme un souffle d’air tiède. Les ondes se déplacent avec volupté, frémissement sur les eaux, valse tournoyante dans les airs, aux résonances cuivrées, ou encore vibration silencieuse dans l’Espace. Les formes se répètent, mais ne sont jamais les mêmes, elles s’interpénètrent comme dans une construction modulaire, où le devant pourrait être derrière, où des espaces pourraient s’ouvrir à chaque instant, offrant une place pour une nouvelle modulation. »
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En mars 2015, un petit tour s’imposait au cellier de Clairvaux, à Dijon (salle haute, 14-18h30). Trois peintres exposaient, de la Galerie associative « Les Inventifs ». (But premier de leur association: rendre la peinture contemporaine plus visible et plus accessible)
Voir leur site: www.lesinventifs.org
Anne Girard, l’invitée des Inventifs pour cette exposition:
C’est la deuxième fois que je rencontre cette artiste. Et je suis convaincue à chaque fois de la force et de la valeur de son travail. Je ne sais pas trop comment le dire. Je ne suis pas une technicienne. Mais seulement une intuitive. Ses compositions abstraites me paraissent en quelque sorte…solides. Les éléments tiennent. Imbriquées les unes dans les autres, les choses sont à leur place. Impression que si on retranche un élément, que si on modifie une ligne, un volume, une couleur, ça s’effondre, ça s’écroule. Et pourtant, pas de rigidité dans ces peintures. Un pinceau plutôt allègre et bavard. Un geste généreux. J’aime sa conception de l’abstraction: partir d’une réalité (tiens! une photos prise dans une carrière, par exemple!) et la démolir, la déformer, l’épurer, la reconstruire…
(Ne pas oublier de feuilleter , sur une table au centre de la salle, ses cahiers de collages du plus bel effet.)
Je vous renvoie au texte que j’avais écrit librement sur ce travail d’Anne Girard en août 2014, dans ce blog, catégorie « ici et là »: Anne Girard, La recomposition.
Jean-Pierre Minella :
Il peint, lui, des petits corps flottants, telles des amibes perdues dans l’univers. Ou peut-être des brins de musique qui vibrent dans l’air. Ou des bouts de vies qui se sont détachés quelque part et dansent maintenant dans cette matière étrange créée par le peintre. Ou encore des morceaux d’une écriture inconnue à la Miro… Les fonds sont travaillés de façon intéressante (pastel à l’huile). Et …c’est un vrai univers de peintre (mais qui ne se prend pas au sérieux!!).
Catherine Goursolas :
Des couleurs lancées d’un geste fougueux, qui s’organisent sur la toile comme un tourbillon de premier matin du monde. Par dessus, quelques traits, quelques fils, quelques fines éclaboussures qui donnent au regard de quoi se guider un peu au travers de ces galaxies flamboyantes et abyssales.
Les trois peintres ont des travaux sur tables , au centre, qu’il faut regarder, ça vaut le coup.
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