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Bains du Nord (FRAC), « L’Ordre Caché »

Les Bains du Nord, à Dijon (FRAC) ont présenté « L’Ordre Caché » .  Cette exposition montrait 25 oeuvres de la collection.  (Trois d’entre elles sont des premières entrées en collection publique française). C’était en été 2015. 16  rue Quentin. Du mercredi au dimanche, 14-18h. Samedi 11-18h.

Le titre de cette exposition?  Important je pense.  C’est une expression empruntée à un livre de Anton Ehrenzweig. L’idée est qu’il existe un sens obscur au sein de chaque acte créatif.  Qu’il y a, pour chaque (vraie) création,  une perception de surface et une perception profonde.  Qu’il faut donc  « s’aventurer par-delà la représentation ».  « L’ordre caché »… Mais qui n’est pas forcément fixé une fois pour toutes.  L’art reste une « expérience à vivre ».

Cette idée-là me plaît bien. Mais je ne suis pas sûre d’avoir vraiment vécu cela à la nouvelle expo des Bains du Nord.  Savoir d’abord que deux thèmes  relient les oeuvres entre elles:  la couleur noire et les formes cercles et lignes. Vous verrez, c’est facile à suivre!

Prenons la vidéo de Hiraki Sawa,   « Lineament »

Projetée sur deux murs qui forment un angle, en deux grandes images différentes, cette vidéo montre un homme au regard vide (il me semble!) qui  regarde sans doute sa vie défiler à travers des objets.  Images d’engrenages qui évoquent horloges et temps qui passe. Images, surtout, d’étranges fils qui semblent vivants, qui s’enchevêtrent, s’enroulent, vibrent,  s’autogénèrent, entrent et sortent de la matière … Les allégories sont assez évidentes (le temps FILE!!).  Le décor où se déroule cette narration est délabré, laid et dénudé.  Un climat de nostalgie.  De regrets.  Le film est saccadé, comme un vieux tournage des débuts du cinéma.  Ce que j’ai préféré:  donc, ces sortes de lignes tremblantes, ces traits incertains,  ces fils infinis, qui brouillent l’image, jouent les toiles d’araignée, cousent les choses entre elles, forment des spirales, circulent comme des vers de vie!!!

Passons aux dessins (graphite sur papier) de Marc NagtzaamNagtzaamJe les avais déjà vus dans une expo ancienne.  Et j’aime toujours ces grilles austères, aux lignes répétées jusqu’à devenir ennuyeuses.  Une architecture sévère de traits et de barres.  Sans références, sans bavardage, sans fantaisie…  On se tient devant et on « écoute » !  Comme on le ferait d’un mantra.  C’est une expérience de méditation.  On peut aussi voir là une réflexion sur l’art du dessin lui-même…

Peut-être un peu dans la même lignée, voici les sphères de Michelle Grabner

Si je comprends l’anglais (hum!), ces oeuvres sont faites à la pointe d’argent et gesso (plâtre?) noir sur toile… Il s’agit de disques sombres, aux lignes convergentes.  Ordonnés, routiniers.  Effets d’optique répétitifs.  Voilà pourquoi je mets ça dans le même esprit que Nagtzaam.  Un côté fascination du regard…

Le « Polvere » de Claudio Parmiggiani est une réalisation de suie, acrylique, bois, plexiglas et c’est assez envoutant.  Je ne sais pas si c’est un extrait de l’oeuvre que cet artiste avait faite exprès pour le Collège des Bernardins à Paris. Mais ça lui ressemble (des images tracées par le feu?) .  Il s’agit d’une bibliothèque …mais fantôme.  Des livres rangés sur des étagères.  Présents mais absents.  Des traces de livres.  Des souvenirs de livres.  Qui ont perdu leurs couleurs, leur densité.  Mais dont le contenu flotte quelque part.  J’aime ce travail sur la mémoire fragile..Parmiggiani

Certaines oeuvres m’ont semblé intéressantes. Celles d’un artiste croate, décédé en 2004,  Julije Knifer. Des rythmes en noir et blanc.  Mais les grands monochromes noirs m’ont glacée d’indifférence!!!  Il ne s’y passe rien.

La « belle » auto américaine de Tom Holmes ne me dit rien non plus.  Entièrement peinte en noir.  Customisée.  Voilée, aveugle, momifiée… Certes, elle est objet détourné, qui a perdu son identité de voiture… Et là est toute la « création artistique »…Mais, pour moi,  pauvreté et banalité de l’idée, de la sensation, de la réflexion.Holmes

La « Black Box » de Laure Prouvost m’a paru compliquée (pour pas grand chose):  salle totalement obscure, fumées intermittentes, projecteurs en flashs brutaux, objets souvenirs de-ci de-là… Oui, l’artiste raconte et crée une ambiance.  Mais que manque-t-il donc pour que nous soyons convaincus, touchés, émus?  Pourquoi avec Louise Bourgeois, par exemple, ça marche?

Il y a un tout petit tableau de nos dijonnais Ida Tursic et Wilfried Mille… De gentilles fleurettes, genre détail d’une toile flamande. Pas la violence ni la pornographie auxquelles nous a habitué ce couple d’artistes. Que fait-il là? On se demande s’il ne faisait pas partie d’une série…?

L’objectif des Bains du Nord reste pédagogique aussi. Beaucoup d’efforts de ce côté-là (conférences, valise pédagogique, rencontres avec les scolaires, visites guidées etc). Tant mieux. Mais quand je lis le texte qui peut accompagner votre visite, je me dis que l’élitisme est encore fortement présent. Difficile.

Cliquer sur les visuels pour agrandir , en deux fois

 

 

 

 

 

 

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