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Eclats d’Afrique, Cellier de Clairvaux

Eté 2021, au Cellier de Clairvaux, Dijon, bd de la Trémouille, expo « Éclats d’Afrique ». (PNS Bourgogne-Mali). 10-12h et 14-19h. week-end, 10-19h.

Cette année, en France, l’art africain contemporain est à l’honneur. A Paris, il a eu son Salon, sa grande expo au musée Branly et plusieurs Galeries s’y sont intéressées (et continueront). Dans d’autres villes de France, il est également présent. Dijon n’est pas en reste. L’expo « Éclats d’Afrique » a fait venir des artistes du Mali, du Rwanda, du Congo, de la Tunisie etc. Un ensemble de peintures, petit ou grand format, qui témoignent d’un vrai dynamisme dans le monde de l’art actuel.

L’expression, ici, n’est pas dans la retenue. On dit fort, en peinture, ce qu’on a sur le cœur. La couleur, le trait et la mise en scène sont convaincants, sur des sujets attendus (colonialisme, Covid, pollution…) mais aussi sur des sujets plus personnels et plus touchants.

Les femmes peintres sont bien présentes. Et souvent remarquables.

Dans ces toiles, l’Afrique est là. Vivacité des couleurs, humour inébranlable, large sourire et puissants éclats de voix. Mais cette fidélité au pays et à sa culture sait entrer dans un univers artistique commun à tous, avec ses originalités, ses sensibilités, ses recherches …

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Mario Chichorro, Conseil Régional

Au Conseil Régional, à Dijon, boulevard de la Trémouille, dans la Galerie Mitterrand, s’est tenue en été 2021 une exposition de Mario Chichorro (dans le cadre de Itinéraires Singuliers).

C’est drôle comme les bas-reliefs de Mario Chichorro sont à la fois très construits, structurés et ivres de liberté, fous… Ses personnages sont cernés, clôturés, rangés… De gros traits soulignent les formes, des cases encadrent des petits morceaux de vie ou des parties du corps. Les foules sont serrées. Pas un millimètre de vide. C’est un univers fermé mais aux lois farfelues, débridées, colorées, déboussolées.

Mario Chichorro est d’origine portugaise, et j’ai retrouvé le style coloré, naïf et super inventif de l’art populaire de ce pays. (Et de quelques autres arts populaires)

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Nadine Morel, La Source

En juillet 2021, la Galerie La Source (enfin rouverte!!), à Fontaine-lès-Dijon, accueillait une exposition de Nadine Morel, « De l’une à l’autre ». Du mardi au dimanche, 15-19h.

Comment une peinture peut vous attirer à elle, vous happer, vous attraper… Celles de la plasticienne Nadine Morel vous ouvrent les bras. Vous allez vous engouffrer. Porté par un flux incoercible, vous allez connaitre les secrets intérieurs de cette peinture.

De gouttes en griffures, de signes en taches, d’aplats en traits… vous passez toutes ces portes que sont les couches de peinture, et vous aboutissez aux écritures du monde. Elles sont la trame de chaque tableau. Regardez bien. Approchez-vous encore. Ne bougez plus. La couleur vous a amené jusque là.

Et, de toile en toile, vous ferez d’autres traversées du même genre, guidé par la fidèle petite sardine de Nadine Morel. Les couleurs changeront. Les résistances, les légèretés et les frontières aussi. Mais chaque voyage en peinture sera enrichissant.

La Galerie La Source se prête aisément à la construction d’un parcours. Et donc, non seulement vous pouvez vous imaginer en train de « circuler » à l’intérieur des tableaux, mais vous allez également glisser d’une sculpture à une toile… Vous verrez comment elles s’interpellent et se répondent. Tournez, contournez, visez les angles de vue…C’est un plaisir.

Et vous pouvez aussi découvrir d’autres techniques (monotypes, par exemple), en écho au reste du travail de la plasticienne. Une variation, un découpage imaginaire, de nouveaux équilibres…

Ne manquez pas la petite salle de l’hommage à l’artiste Marinette Cueco. Tableautins faits de papier kraft plissé, tortillé, enroulé, tissé…

Un mot, pour finir, sur les sculptures de Nadine Morel. En papier, aux lignes simples et pures mais signifiantes, à la robe peinte. Elles sont comme les enfants de ses toiles, ou comme leurs réincarnations.

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Christine Delbecq, église St-Philibert

A Dijon, à l’église St-Philibert, un mois, entre juin et juillet 2021, Christine Delbecq a exposé. « On a penché l’horizon »… 11-19h tous les jours sauf lundi. Exceptionnelle.

Cette vieille église. Restée si forte malgré une vie déchirée et mouvementée. Restée si belle malgré ses blessures, ses béquilles et ses pansements. Saint-Philibert, fière, tenace et puissante malgré ses fragilités. Elle accueille le travail de la plasticienne dijonnaise Christine Delbecq. Et il semble qu’ils soient faits pour s’entendre.

Chaoscarton et Rivière Verte

Avec Christine Delbecq on est dans le tout petit ou le tout grand, dans le tout proche ou le tout loin…Dans le vulnérable ou dans le résistant, dans le vide ou dans le plein…Dans le vertical ou dans l’horizontal. Dans le bas ou dans le haut.

On est toujours entre deux. Et dans la quête d’un équilibre de forces.

En tout cas, avec des matériaux simples, carton, papier, photos, crayons, elle parle un langage qui touche au cœur…Et même davantage!

Ces petits éclats de papier déchiré… Frêles, mais vivants. Contre vents et marées. Entravés par un fil qui les traverse ou une agrafe qui les transperce, ils se « soulèvent ». Persévérants.

SoulèvErts

Ces fines herbes folles…Virgules de peinture. Ou cueillettes en balade-photos. L’air de rien, elles construisent d’inlassables chemins et des pages et paysages infinis.

Et ces coups de crayon par centaines de milliers…pour des dessins très grand format. Un mini geste, infatigable dans sa répétition, qui finit par vous faire avancer dans un dédale de géants.

Paysage Double et Chaoscarton long

Et vous marchez. Vous marchez. Dans cet étrange sable qui couvre le sol de l’église, poussière de pierre effritée. Mais, avec les œuvres de Christine Delbecq, vous allez aussi avoir l’impression de marcher dans l’herbe haute, sur la glace en miettes, sur la flaque chaotique ou dans le brouillard poudreux. L’impression de vous frayer un passage entre des branches de carton devenues soudain piliers de cathédrale. Vertige…Vous apprivoisez la chute et le vide. Vous cherchez des passerelles, des câbles, des ponts. Vous êtes équilibristes, danseurs de cordes. En tout cas, vous avancez. Parfois, l’horizon se rapproche, parfois il recule. Votre regard s’arrête ici ou là : quelque chose de minuscule vous fait une surprise, ça vous rappelle autre chose que vous avez croisé ailleurs…mais dans une autre dimension…Ou une image qui bouge et qui raconte, qui, elle aussi, fait écho à une œuvre déjà vue. Vous sentez les liens se renforcer.

La Balancelle à feuillets d’herbes

Vous avancez. Vous ne perdez pas le fil. Christine Delbecq vous mène quelque part. Peut-être à vous-même.

Pour cette expo exceptionnelle, je n’ai pas écrit comme d’habitude, dans mon blog! Moins descriptif et explicatif! J’ai écrit juste comme je sentais …

El Anatsui, La Conciergerie, Paris

Le plasticien El Anatsui, originaire du Ghana, avait investi la salle des Gens d’Armes de la Conciergerie, à Paris, en 2021.

L’endroit est imposant. Une immense salle du XIVème siècle (sous Philippe le Bel), aux hautes voûtes en ogive, telle une cathédrale gothique. Quatre grandes cheminées occupent les côtés.

Cet espace monumental, chargé d’Histoire, El Anatsui l’occupe intelligemment, sans s’imposer mais en s’adaptant aux fantômes du lieu. Tout en se respectant lui-même, artiste plasticien. Il reçoit beaucoup de ce lieu et, en même temps, il lui apporte beaucoup. Une convergence. Un échange.

Bien sûr, ses sculptures d’abord. Il en a suspendu six. Vous savez, ses impressionnantes tentures métalliques et colorées, souples, drapées, fluides… Elle sont faites de milliers de petits fragments provenant de déchets cousus ensemble par des fils de cuivre. Ce sont des capsules de bouteilles, morceaux de cannettes et autres morceaux de tôles découpés, martelés, aplatis. Extraordinaires étoffes tissées, qui évoquent, par exemple, les grandes tapisseries qui couvraient les murs froids des châteaux moyenâgeux ou (carrément autre chose) ces tissus africains bariolés, aux motifs symboliques. Mais on pense aussi à l’artisanat malgache, par exemple, qui utilise également des pièces cassées, ramassées, collectées et assemblées pour se métamorphoser en objets différents. Et, pourquoi pas, aussi, penser aux cotes de mailles des gens d’armes qui habitaient dans ce lieu??

Donc… Moyen Age, artisanat africain, échos des temps passés et présents, des classes sociales d’hier et d’aujourd’hui etc. Tout ce que vous voulez! C’est ça l’art vrai! Celui qui renferme en son cœur une ribambelle de références, sans en avoir l’air!!!

El Anatsui ajoute à ces sculptures , qu’il appelles des « portes », deux couloirs d’eau… Enfin, semble-t-il! Par un astucieux mécanisme de projections et de miroirs, nous nous retrouvons devant de fausses rivières houleuses! Elles font échos aux deux bras de la Seine qui encadrent l’Ile de la Cité. Et, alignés le long des murs de la salle, de faux rochers (mais on s’y laisse prendre aisément tant ils sont réalistes!!) jalonnent votre parcours. Vous avez le droit de vous y asseoir!

Voilà donc le feu (sculptures dans les cheminées), l’eau (couloirs d’eau), la terre (symbolisée par les pierres). Reste l’air… Une performance va nous l’évoquer magnifiquement. Trois acteurs vous emmènent en musique, danses, chants et paroles, d’une oeuvre à l’autre, sur le thème du « vent qui s’échappe et du temps qui s’efface ». Le spectacle s’achève dans l’ancienne cuisine de la Conciergerie. Il est particulièrement adapté aux enfants. Superbe! (renseignez vous sur ces spectacles, dates et horaires, car je crois qu’ils changent …)

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Consortium, Dijon

Au début de l’été 2021, c’était l’exposition de Shara Hughes et de Paloma Varga Weisz au Consortium rue de Longvic, à Dijon. Du mardi au dimanche 14-18h (20h vendredi)

Shara Hughes est une artiste américaine. Le Consortium de Dijon lui offre sa première exposition personnelle en France. Sept salles de peintures… Une folie de couleur vives!

Décidément! Depuis que David Hockney peint des vues de Normandie bien gaies et bien colorées, la mode est aux paysages du même genre! Non! Je rigole! Ce que Shara Hughes nous propose est très personnel et vient tout droit de son imaginaire. Même si elle est sans doute influencée par la peinture contemporaine figurative.

Chaque tableau est suffisamment construit pour que nous pénétrions aisément dans le cadre qui nous est offert. Et nous voilà précipités dans un univers de contes de fées ou de dessins animés. Mais sans personnages. Des décors de rivières, de rochers, de végétation luxuriante… C’est faussement réaliste! Pour notre plus grand plaisir! L’eau peut être rouge, les arbres bleus, les falaises mauves et les fleurs géantes. L’artiste joue avec les camaïeux, s’amuse de mariages de teintes inattendus, varie l’utilisation des outils picturaux (pointillés, traits, aplats, fondus…), en exploite plusieurs (pinceau, pastel, aérosol…) et multiplie ainsi les effets de matière.

L’acte créatif n’est jamais en panne, l’invention enthousiaste, le geste gourmand, la palette débridée… Tout l’espace de la toile est occupé, et le paysage semblerait même se poursuivre au-delà. Au bonheur de peindre!

Paloma Varga Weisz est une artiste allemande. Le Consortium lui offre sa première exposition personnelle en France. Son installation s’intitule « Glory Hole ».

Dans l’obscurité d’une grande salle, se dresse une grosse cabane en bois. Elle est éclairée à l’intérieur. On peut en faire le tour mais ne pas y pénétrer. Par contre, par les interstices entre planches ou par les orifices prévus à cet effet, on peut se faire voyeur. Et notre regard indiscret perçoit deux personnages (grosses poupées marionnettes, ou automates) réduits à des gestes sexuels mécaniques. Et, aux murs, on finit par voir aussi des trophées de chasse ou d’animaux domestiques.

C’est une ambiance glauque, gênante. On est entré dans l’intimité d’une habitation. On est là, comme des voleurs dans la nuit, à guetter, à se tordre le cou pour surprendre ce qu’on veut (en principe) nous cacher. Le but est atteint. Très suggestif. Très réussi.

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« Air », La Coupole, Dijon

Sur la petite vingtaine d’expositions prévues en ce juin 2021, à Dijon et proche, il fallait bien commencer par un bout! D’abord, ce fut pour moi La Ferronnerie, avec artistes polonais et français (venu de Eco, à Sacquenay, avec Fred Gagné). Pas eu le temps d’en parler ici, pff! Déjà disparue! Mais ce fut un bon souvenir. Hâte de les revoir.

Et puis, La Coupole, rue Ste-Anne, avec artistes 13+ et artistes maliens (association Nord Sud Bourgogne Mali) .

Il y souffle un petit vent de légèreté. Comme si, finalement, on voulait sourire de cette situation covidienne. Ou, comme si on avait un peu perdu pied, comme si on s’était un peu perdu soi-même ou comme si on ne voulait surtout plus se prendre au sérieux ni perdre le moral. (Je parle des 13+ que je connais depuis longtemps). L’humour n’a jamais été aussi présent. Un côté naïf, aussi, parfois. Gentillet. Oiseaux, papillons, bisous, cheveux au vent, jeux de mots…

Certes, le thème de cette année était l' »Air »! De quoi faire léger, en effet!

P.Serre

Certaines œuvres, cependant, ont une aura plus attractive que d’autres. Une force émotionnelle en émane (pour moi, en tout cas). Quelque chose qui relève de la créativité. Celle qui surpasse la réalité. Ce qui n’empêche pas le comique par moments. Un comique à La Charlot! A double sens!

F.Adenis

Voici, en vrac, ce qui m’a touchée: ce bel objet en pâte de verre translucide, mi-poumon mi-aile…Ce bonhomme clownesque et pitoyable qui lutte contre le vent (ou cherche l’envol?)… Ces fleurs-moulins à vent, aux multiples visages et graphismes, qui jouent si bien des ombres de la salle… Cette minutieuse broderie sur nappe ancienne qui vibre avec les souvenirs…Cette drôle de ribambelle, en escalade dansée, observée par de très belles et académiques sculptures… Et le grand triptyque évoquant les migrants… toujours aussi touchant et puissant (mais on connaissait déjà!)

M.Riond
E.Lagnien
E.Martinand

[Les artistes que je viens d’évoquer: Fabienne Adenis, Monique Riond, Evelyn Lagnien, Michèle Millerot, Eliane Martinand, Pascale Serre.]

Je me suis bien sûr arrêtée devant tous les autres, souvent avec intérêt. Les maliens (ci-dessous, mes préférés) ont leurs sujets, leurs couleurs…Et c’est bien.

l' »Air » a suscité aussi de beaux textes chez les artistes! Poétiques ou drôles, sensibles…Ne pas oublier de se pencher sur leur lecture!

Harrabi Hbyba
Mambo’os D27

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« Ex Africa », Paris, Quai Branly

A Paris, au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, début d’été 2021, l’exposition « Ex Africa. Présences africaines dans l’art d’aujourd’hui »

Pour le jour de réouverture des musées (entre autres!!), ce 19 mai, j’ai choisi d’aller voir à Paris l’exposition « Ex Africa », dont le commissaire est Philippe Dagen, critique d’art (chronique dans Le Monde) et professeur d’histoire de l’art. Captivante!

Pas question de passer comme une écervelée dans cette expo! Le parcours me mène d’émotions en réflexions, et de plaisirs esthétiques en méditations intellectuelles! ça se bouscule un peu dans ma tête!

Dans notre Histoire, l’art africain ancien a d’abord été jugé « primitif », ridicule et grossier. Puis, il aurait inspiré les artistes occidentaux qui se seraient adonnés au « primitivisme » (Gauguin, Matisse, Picasso etc). Et plus tard encore, il a été récupéré par le commerce et l’industrie, considéré comme adorablement exotique, décoratif et chic! Dans tous les cas, on est loin de son caractère sacré, social, religieux… Picasso, lui, d’après monsieur Dagen, a été un des premiers à ressentir une force émotionnelle dans l’art africain.

Théo Mercier

Les artistes actuels, et en particulier les africains, reprennent ces idées à travers leurs oeuvres, ou réinterprètent les formes de l’art ancien, ou insufflent une nouvelle vie à leur art, correspondant à l’actualité et à la modernité, tout en restant fidèles à leur culture passée. Ils abordent aussi à leur façon des sujets tels que l’esclavage, la restitution des oeuvres d’art, les migrants … Parfois durement, parfois avec ironie, parfois avec un sourire attendri, parfois avec forte émotion…

Steve Bandoma

Les œuvres d’une trentaine d’artistes africains et occidentaux composent cette grande expo. Citons Basquiat, Annette Messager, Bertrand Lavier, Théo Mercier, ORLAN, Romuald Hazoumè, Myriam Mihindou, Stève Bandoma etc.

Emo de Medeiros

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Gérard Garouste, Paris (Templon)

L’été 2021, la Galerie Templon au Grenier st-Lazare (3ème), à Paris, accueillait une exposition de Gérard Garouste: « Correspondances ». Du mardi au samedi. 10-19h.

Les « correspondances » en question sont celles qui existent entre Gérard Garouste et Kafka (il avait déjà travaillé à partir de l’oeuvre d’autres écrivains, ses maîtres, comme Cervantès ou Rabelais) et entre Ouaknin, philosophe, et Gérard Garouste. (Voir la vidéo en fin d’expo).

Même sans identifier toutes les allégories, les mythes, les légendes et toutes les allusions à une oeuvre ou à un auteur, on peut se laisser séduire par la peinture de monsieur Garouste! Ce délire de couleurs, de danses du pinceau, de formes démantibulées, de chocs des images…C’est jouissif!

Donc, même sans connaître les Livres Sacrés dont l’art de Gérard Garouste est rempli, je crois qu’on peut entrer de plein pied dans les peintures de l’artiste, se laisser conter des histoires aussi inquiétantes qu’amusantes! On sent intuitivement que se mêlent allégrement réalité et fantastique, que se superposent les époques, que sont brassés les symboles, les personnages mythiques, les animaux de légende…

Beaucoup de choses nous échappent, certes! Nous n’avons pas la culture judaïque (et au-delà) de monsieur Garouste! Mais la virtuosité de sa peinture, elle, nous laisse pantois et admiratifs! Il a le geste pictural vif et passionné, le don de raconter , de faire vivre et revivre…autrement, souvent dans un miroir déformant!

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Boltanski, Paris

A la Galerie Marian Goodman, rue du Temple, à Paris, s’est tenue une exposition de Christian Bolanski,

Au rez-de-chaussée, quelques chariots métalliques à roulettes vous accueillent, remplis de gros tas de tissu blanc froissé. Des masses de draps blancs qui gonflent et débordent, évoquant vaguement des corps couchés ou assis. Au-dessus, tombant du plafond, quelques néons diffusent une lumière horriblement blanche et froide.

Pas de doute, le visiteur est immédiatement plongé dans un univers de maladie, de souffrance et de mort, doublé d’une angoissante impression de saturation, d’engorgement…

Est-ce que nous sommes à ce point obsédés par la situation sanitaire actuelle…? Ou est-ce que l’artiste a bien réussi son coup? L’œuvre d’art suggère au premier regard cette sensation d’être dans un hôpital submergé par des malades gravement atteints, dans une file d’attente aux urgences…

L’artiste dit qu’il ne souhaite pas forcément que nous « comprenions », mais que nous « ressentions que quelque chose a eu lieu ». C’est exactement cela. Mission essentielle de l’art!

C. Boltanski aurait réalisé ce travail au cours du premier confinement, au printemps 2020. Je le crois. (Même si des œuvres plus anciennes qui se nommaient « Les Linges » existent et se rapprochent de cette idée-là).

Le malaise du visiteur s’accroît quand il réalise que des visages d’enfants apparaissent par moments, en de très fugaces visions, sur les murs de la salle. Des projections qui ne durent qu’un dixième de seconde… Fantomatique… Toujours ces disparus qui hantent nos esprits… Boltanski fidèle à lui-même!

Au sous-sol, des vidéos projetées sur de grands rideaux, montrent des images de bonheur facile, fabriqué, un peu faux… genre clichés. Mais s’y intercalent des images d’évènements violents ou douloureux. Et sont posés là, aussi, des sortes de vitrines sur pied, bourrées de tissu froissé (comme on a vu là-haut). Évocation de cercueils…

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