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Christine Delbecq, La Galerie, Talant

Jusqu’au 6 avril, La Galerie, espace Brassens, à Talant , propose « D’herbes dit-elle », exposition de Christine Delbecq. Mardi, jeudi et vendredi, 14-19h. mercredi 10-13h et 14-19h et samedi 10-13h.

Elle a marché dans l’herbe. Des jours et des jours. (Pendant le fameux confinement). Elle a photographié l’herbe avec ses pieds (enfin, l’appareil photo placé au niveau des pieds). Et puis, elle a cherché à restituer tout ce qu’elle avait perçu. Un travail de mémoire un peu particulier.

Mais d’abord, il fallait digérer toutes ces expériences de couleurs, de lumières, de mouvements au rythme des marches au milieux des herbes. Toutes ces expériences de visions et de sensations différentes: Christine Delbecq s’est vue dans l’herbe, et au-dessus, et dedans, et profondément à l’intérieur, et très loin, et très près… En elle, les herbes sont devenues une matière qu’elle pouvait aplatir, allonger, rapetisser, colorier, découper, raidir, gonfler, superposer. Elle pouvait en faire des figures géométriques, des objets, des bandelettes… Un terrain d’exploration plastique infini.

Elle n’en fera pas des paysages. Aucun intérêt.

Par son geste artistique, elle transforme le réel. Son travail n’est ni abstrait ni figuratif, mais au-delà des deux.

L’exposition propose de grands panneaux au sol et au mur, des petits coussins en lévitation, des dessins extrémement fouillés, des feuillets (papier de soie) peints, des sérigraphies, des petits reliefs en bois peints, des rouleaux de papier comme sculptés, un volume fait d’une accumulation de papiers épais…Et même un extraordinaire « sismogramme » qui court sur le mur… Le tout dans une fascinante harmonie de verts et de jaunes. Cette variation autour de l’Herbe est à voir absolument, un travail plastique d’une grande artiste dijonnaise.

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Tidru et Vladimir à l’Hostellerie

A l’Hostellerie (parc de la Chartreuse, Dijon, non loin du Puits de Moïse), l’association Itinéraires Singuliers accueille deux artistes jusqu’au 26 avril, pour une exposition « Corps. Accords »: Tidru et Vladimir. Du mercredi au dimanche, 14-17h30. Une expo de grande qualité. L’Hostellerie est en train de devenir un espace important dans le monde de l’art, c’est net.

Tidru:

Dans ces grandes salles de l’Hostellerie, de timides personnages, de toutes tailles, se sont posés… Nus, raides, gênés, muets, le regard perdu… Ils sont faits de céramique ou faïence blanche (avec un engobe à base d’argile délayée). Et sur leur buste, l’artiste a peint, dessiné ou collé toutes sortes de petites scènes … Ce pourrait être des tatouages. Cependant… étrange impression d’affichages ou de projections sur le corps. Mais des projections qui pourraient venir de l’intérieur. On ne sait…

J’ai été estomaquée par cet ensemble de sculptures de Tidru. Elles ont une présence presqu’obsédante, inquiétante. Elles habitent intensément le lieu et diffusent leurs messages sans bruit…C’est efficace!

Tidru a choisi le corps humain pour s’exprimer. C’est sa page blanche. Son carnet intime. Ici un visage, là un poulet, et une architecture, et un slip, et une main, et un fauteuil, et un pied, et un groupe de personnes… Des moments de vie, parfois décrits de quelques mots. Du vécu.

J’ai aimé aussi ses boîtes blanches, derrière lesquelles se cachent sûrement ses petits personnages, sans doute craintifs, farouches ou honteux, car seules les jambes apparaissent dessous. C’est le même principe: des « illustrations » sont à voir sur une face de ces plans blancs. Des récits, des histoires…Réalisés d’un trait délicat, d’un pinceau discret.

Vladimir:

Aux côtés de Tidru, expose également l’artiste Vladimir. Le peintre occupe les murs de ses puissantes peintures. Des visages s’associent donc aux sculptures. Rongés, brisés, effacés, à peine réels, ils disent les monstres qui hantent les corps et les âmes de ceux qui souffrent.

Et Vladimir les encadre somptueusement, plusieurs fois même. Jouant avec les épaisseurs, les styles, les couleurs, les décalages et les proportions des cadres. Comme si ces visages avaient besoin d’être magnifiés et conservés grandement. Mais, en fait, le cadre prend bientôt toute la place, et le visage se fait tout petit!

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La Source! Tu me rends triste…

Que se passe-t-il?

2024 débute à la Galerie La Source (Fontaine-lès-Dijon) avec des expositions qui semblent s’être trompées de lieu. Autant ces trois dernières années m’avaient régalé d’artistes qui nous faisaient vibrer(voir en fin d’article), autant les deux premiers de cette année me déçoivent. Non pas qu’ils manquent personnellement de qualités. Je ne voudrais pas juger. Ils ne sont pas à mon goût, sans doute, je les trouve inintéressants. Mais, surtout, ils ne sont pas « à la bonne place », à mon avis.

La Source est une Galerie d’art… Je devrais malheureusement dire « était ». Aujourd’hui, c’est comme si elle avait perdu son âme.

Faut-il que je redise ce que j’attends d’un artiste et de l’art en général? Peut-être que j’en attends trop, d’ailleurs. Que je mets la barre trop haut.

Pour moi, l’art plastique, comme la musique et la poésie, sont un langage. Le seul langage qui sache exprimer les ressentis. Tout ce qui relève de l’indicible, de l’informe, de l’insensé, de l’intériorité, de l’intime, de l’invisible… (de l’in…..)

Et tout cela au travers d’oeuvres qui, elles, sont palpables et concrètes. Faites de matières diverses. Peu importe le matériau, pourvu que l’artiste le maîtrise suffisamment pour donner vie à des petites ou grandes choses qui restent habituellement très abstraites, impalpables (sentiments, croyances, symboles, émotions, souvenirs, imaginaires etc).

Et, avec un zest de bonheur esthétique… quand même! La « Beauté » , que diable!

Je crois en l’artiste! A condition qu’il me montre le réel autrement. A sa façon. Recréé, réinventé, augmenté. Pas le réel réel. Pas besoin de copié-collé. Et à condition que, à travers son oeuvre, je rencontre un humain, un chercheur, un penseur. Qu’il m’emmène quelque part. Qu’il me provoque. Qu’il m’étonne. Qu’il me secoue.

Allez! La Source! Réveille-toi! Ouvre les yeux! Reprends ta route, la bonne route!

Par contre, le public, n’a absolument pas boudé ces expos. Au contraire. Tant mieux pour la réputation du lieu municipal… Mais c’est évident que ces visiteurs n’ont malheureusement pas vu des expos d’art de qualité, sans s’en rendre compte d’ailleurs… Ce n’était que amateurisme, superficialité, banalités… J’espère que le malentendu ne va pas perdurer.

Je suis triste.

Les artistes que j’ai beaucoup appréciés en 2021, 2022, 2023 : Jean Yencesse, Nadine Morel, Pascale Serre, Samuel Erard, Claire Vanvosthuyse, Odile Massart, Jean-Philippe Jarlaud, Evelyne Lagnien, Gérard Thévignot.

Bruno Chevreau au Rez-de-Jardin

En mars 2024, l’artiste Bruno Chevreau exposait « Echecs en bois » au Rez-de-Jardin, 11 rue d’Artois, Fontaine-lès-Dijon. Vend. 14-19h , sam. et dim. 11-19h.

Même si, au premier abord, il paraît un peu bricolo et naïf, le travail de Bruno Chevreau est bel et bien celui d’un vrai artiste.

Car… (entre autres raisons!) il ne se contente pas du réel.

Le réel, il le libère de sa cage, il le déguise, change ses couleurs et ses éclairages, lui offre une nouvelle vie. Ave B. Chevreau, le réel est à la fête!

Je vous donne un exemple : à partir d’objets utilitaires en bois (brosse à massages, support de rideau, baguettes chinoises…) il réalise une scène intitulée « Tian’anmen ». Un char, piloté par une pièce majeure du jeu d’échec, s’avance vers un petit pion…Vous voyez? ça vous dit quelque chose? C’est sacrément évocateur.

Et l’expo propose plein d’autres petites installations comme celle-ci. Le jeu d’échecs devient un vaste terrain de réflexions: abus de pouvoir, totalitarisme, injustices, racisme… Il est aussi le départ vers toutes sortes d’autres références: le cheval, le fou, la tour, la reine, le roi, les pions, le noir et le blanc sont autant de sujets à traiter à part.

Le jeu d’échecs prend vie. Les pièces s’échappent, deviennent héroïnes d’autres histoires. Le summum, c’est quand, soudain, elles grandissent et se trémoussent. Magistral, au centre de la petite Galerie, trône cet extraordinaire échiquier: pièces en bronze complètement déjantées et plateau en cubes de Comblanchien! A voir pour y croire! La réalité est souvent chahutée, avec Bruno Chevreau!

L’artiste a le don de changer notre regard, osant exprimer à sa façon notre monde actuel avec dérision et humour (parfois noir! Comme son « Moulin Afrique »!). Et B. Chevreau est joueur! Jeux de mots, jeux de dames, jeux de dés, jeux de cartes…Il les mêle volontiers dans ses dessins, sculptures ou installations. Joyeux foutoir… bien rangé au Rez-de-Jardin

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Matthieu Louvrier, « Ciels », au Rez-de-Jardin

Du 12 janvier au 4 février 2024, Matthieu Louvrier a présenté son exposition « Ciels » au Rez-de-Jardin, 11 rue d’Artois, à Fontaine-lès-Dijon. Vendredi 14-19h. Samedi et dimanche 11-19h.

Il y avait longtemps que mon blog n’avait pas eu droit à une exposition au Rez-de-Jardin! Mais celle de Matthieu Louvrier me plaît tellement que je n’hésite pas! Il a osé accrocher un grand format de ses « Ciels » dans ce tout petit lieu d’art! Et c’est une bonne idée! Tout à coup, ses oeuvres prennent une autre dimension. Les petits formats paraissent grands et les grands formats immenses! Si vous aviez déjà vu « Ciels » de Matthieu Louvrier à la Galerie Brassens de Talant, au Cellier de Clairvaux ou à EVAsion des arts vous verrez ici quelque chose de différent!

Au fond de la petite salle, la toile vous happe dès l’entrée. Les couleurs et les mouvements d’un ciel infini s’élèvent (malgré le plafond!), s’enfoncent peu à peu vers un horizon inaccessible (malgré les murs!) et vous aspirent littéralement. La terre des hommes est là aussi. En dessous. Sombre. Réduite à une bande étroite. Un peu dérisoire, avec ses deux simples phares de voiture… Presque comme un dernier appel sans espoir.

Et puis, ce qui se passe actuellement au Rez-de-Jardin n’est pas seulement une exposition de peinture. Matthieu Louvrier est plasticien. Il travaille une matière et des supports. Certaines de ses toiles sont lisses, mais la surface des autres vous attire par un foisonnement deviné. Vous vous approchez.

L’artiste vous résume volontiers quelques étapes de son processus créatif. C’est un mélange de peintures et de sable, qu’il laisse sécher, puis c’est une succession de glacis, ce sont des incrustations… etc. Résultat, des effets de brillance, des reliefs rugueux, des veines, des plis, des coulures.

Vous vous éloignez. Et la surface révèle ces fameux « ciels » qui sont autant de réalités abstraites, de champs de réflexion, d’espaces de liberté. Sur bois, sur toile, sur carton recyclé… Matthieu Louvrier dit des tempêtes nuageuses, des calmes brumeux, des crépuscules songeurs…

N’oubliez pas, également, de jeter un oeil sur le petit livre de Matthieu Louvrier. Il écrit aussi. Et il fait partie du collectif Laure et Amon, maison d’édition, ça vaut le coup de s’y intéresser.

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Marine Chaleron, Mi-lieu de l’ABC, Dijon

Le Hall de l’ABC, (appelé Mi-lieu), passsage Darcy, à Dijon, a reçu la jeune diplômée de l’ENSA Dijon (juin 2023), Marine Chaleron en décembre 2023, du mardi au samedi 13-18h.

Sans rien connaître de cette jeune femme, j’entre dans le Mi-lieu de l’ABC. Et je sais tout de suite que quelque chose va passer entre les œuvres exposées et moi! ça marche! Je vois du vivant, des objets qui sont fabriqués de chair, de la matière terre qui donne tout ce qu’elle peut: des histoires anciennes, du vécu présent, de l’amour, de la sensualité, de la nostalgie, de la colère, des réussites, des échecs… Marine Chaleron a trouvé son médium! Elle écrit avec. Et on la comprend!

Sans vraie recherche esthétique (voulue, en tout cas) voilà de la céramique qui touche et qui parle… Qu’elle soit rococo émaillée, tels des coquillages géants sortis d’un conte de fée, ou qu’elle soit brute, en blocs brisés, maculée de traces fossilisées, elle est expression artistique, sincère et forte.

Marine Chaleron épuise le sujet « terre »: on devine au travers de son travail toutes les étapes, toutes les phases par lesquelles cette matière peut passer (La terre étant déjà en elle-même un livre d’Histoire! Et voilà qu’elle est utilisée par l’artiste et qu’une autre vie , d’autres vies l’attendent!). Malaxée, plissée, tordues, cuite, brûlée, cassée, refroidie, peinte, vernie, gravée…Exposée dans une Galerie d’art!

La scénographie m’a parue bien faite. Premier hall: quelques pièces sophistiquées, brillantes, faites de mille morceaux assemblés, comme de gros bijoux, avec des détails à examiner de près. Deuxième hall: des fragments de terre cuite brute, avec empreintes et traces « archéologiques », posés au mur, espacés les uns des autres. Et, entre les deux, une pièce qu’on aurait pu jeter, car ratée, éclatée, explosée… mais que l’artiste a récupérée pour lui donner sa chance d’œuvre d’art! Et c’est beau!

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Gérard Thévignot, Galerie La Source

La Galerie La Source, à Fontaine-lès-Dijon,en novembre 2023 exposait Gérard Thévignot et ses « Fusains ». Du mercredi au dimanche compris. 15h30-18h30.

Il dessine des monuments, des bâtiments et quelques fragments de paysages. Il dessine donc la réalité. Non, pas tout à fait. C’est pour cela que c’est un artiste. La réalité, il la réinvente.

L’invitation de Dijon, l’année prochaine, à Gérard Thévignot, pour son célèbre « Dijon vu par » lui ira comme un gant. Il voit en effet à sa façon !

Il rend les choses reconnaissables mais troublantes. On a l’impression qu’il les déplace et qu’elles se retrouvent dans un autre univers. Dans un silence sombre, dans un vide qui donne un peu le vertige.

Ce sont souvent des sites industriels, ou des poteaux électriques dans la campagne, des hangars agricoles… Seuls, sans aucune présence humaine. Du métal, du béton… Le tout dans une palette de gris, de blancs sales et de noirs. Du fusain habilement manié pour créer ces ambiances étranges et irréelles. Des décors de films. Et ne pas oublier que nous avons affaire à de grands formats, dans lesquels on entre facilement.

Et quand ce sont des maisons ou des églises, parfois très connues de ses congénères (Dijon, Fontaine-lès-Dijon etc) la sensation est la même. Les voilà posées là. Dans un autre contexte que celui dont on a l’habitude. Ce sont bien elles, mais vues autrement. Peut-être dans un miroir déformant, sans leur environnement rassurant, au clair de lune, entre chien et loup ou tout simplement sous un angle différent…. que sais-je!

J’apprécie évidemment cette image très personnelle que Gérard Thévignot donne des éléments urbains ou autres. Voilà un artiste rigoureux, respectueux des règles d’architecture et de dessin… mais capable de s’en échapper! L’air de rien!

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Lucile Pattar, Le Rez-de-Jardin

En novembre, le Rez-de-Jardin, 11 rue d’Artois à Fontaine-lès-Dijon, recevait Lucile Pattar et son « Journal, extrait ». Vendredi 14-19h, samedi-dimanche 11-19h. https://www.lerezdejardin-fontaine.fr/

Petit lieu, petits formats, journal personnel… Tout cela est bien intime! Cet automne, avec l’exposition de Lucile Pattar, le Rez-de-Jardin se cocoone! Au mur, les encres colorées de l’artiste s’alignent sagement. A suivre dans l’ordre chronologique (ou pas! vous faites comme bon vous semble!!) puisqu’il s’agit d’un extrait de son Journal. Chaque peinture est datée, en bas à droite. Lucile Pattar tente d’exprimer avec le pinceau l’impression globale que lui a laissé une journée. Ses émotions, ses sensations, ses sentiments…

Elle fait confiance au papier et à l’encre qui, peu à peu, dessinent ses paysages intérieurs. Et il y a des jours tempêtes, des jours câlins, des jours réflexion etc.

L’étape suivante de son processus, c’est le cadrage. Sur sa peinture, elle pose son passe-partout, le déplace et finit par choisir un petit fragment qui sera l’œuvre finale. « Suivant l’emplacement, la signification ne sera pas la même… » dit-elle. Dans la Galerie, un mur est un peu à part: celui qui montre précisément les coulisses du processus, mais en réduction! De toute petites encres sont restées entières (parfois bords déchirés! J’adore!) et un cadre est placé dessus, à priori. En fait, ce sont, bien évidemment, de nouvelles peintures en elles-mêmes! Et parmi celles que je préfère!

Chaque peinture de Lucile Pattar est, vous l’aurez compris, la traduction de quelque chose de personnel pour elle, secret et caché. Mais, elle est toujours ravie quand un autre regard se pose sur son œuvre, et que quelqu’un lui confie ce qu’il « voit », ce qu’il perçoit. Parfois (rare!) c’est étonnamment semblable.

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vidéo de l’expo de Lucile par « Signature LSF », Cécile Mercier.

Pepe Donate et Belin, L’Hostellerie

En janvier 2024, l’Hostellerie, centre d’art singulier dans le parc de la Chartreuse, a accueilli deux artistes, le peintre espagnol Pepe Donate et le sculpteur régional Belin, avec « La llamada de la tierra » et « l’appel de la terre ».

Pepe Donate:

J’ai eu l’ impression de voir des personnages jaillir de la terre. Ils en avaient encore la couleur et même la consistance apparente. Il se pressaient devant le pinceau du peintre, comme devant l’œil d’une caméra. Ils « posaient » un instant devant nous. Leurs petits yeux écarquillés nous captaient. Leurs bras atrophiés nous saluaient. Mais, ils allaient disparaître, non? S’enfouir à nouveau dans cette terre dont ils semblaient issus? Des êtres éphémères? Ils avaient de belles gueules cassées. Je me demandais si j’allais les revoir. (Peut-être dans les rues de la ville, tout à l’heure…).

Quelques animaux ou monstres improbables, aussi, passaient en bondissant. Parfois, donnant un coup de frein, s’arrêtant le temps d’un éclair devant nous. Ils nous observaient, vite fait! Peureux? Moqueurs? Curieux?

Pepe Donate crée des vies en peinture. Comme s’il malaxait une matière. Genre argile, glaise, métal fondu, sable gris… Un pâte dont il aurait le secret. Ce sont des vies esquissées, à peine finies, un peu brouillonnes. Mais des vies en mouvement. Des individus tous différents, des groupes qui s’agglutinent, qui cherchent, qui nous guettent. Ils occupent tout l’espace de leur cadre de châssis, impatients d’en sortir pour aller voir ailleurs si le monde est meilleur.

Belin:

Touchée par le travail de Pepe Donate, j’ai moins senti d’atomes crochus avec le sculpteur Belin. J’ai parcouru malgré tout sa collection de mini vaches qu’il place dans toutes les situations possibles et imaginables (y compris des petits miroirs ronds comme des pois, ceux de l’artiste Yayoi Kusama qu’il admire!).

Un travail d’artiste à message évident: les pauvres ruminants souffrent de la bêtise humaine. Belin soigne la mise en scène et les pièces présentées. Et le contraste avec le sujet est intéressant. Il joue aussi avec les mots et les expressions, avec les dimensions et échelles. Souvent bien vu! Il recycle des tas d’appareils ou ustensiles pour y loger ses troupeaux! Drôle!

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Bernard Pourchet, Galerie La Source

En octobre 2023, Bernard Pourchet, artiste numérique, a exposé à La Source, Fontaine-lès-Dijon, « Du détail naît la perception ». Du mercredi au dimanche compris, 15h30-18h30. Surprenant!

« L’Arboretum » de Bernard Pourchet vous accueille au rez-de chaussée de la Galerie. De grands formats. Certains sur bâche… Assez spectaculaires. Cette variation sur le thème de l’arbre vous séduit forcément. Surtout si vous aimez le figuratif…Belles couleurs, belles lignes. Voyez plutôt (photo ci-dessous):

Mais… Mais, très vite, la question se pose. Comment fait l’artiste? Peinture? Photo? Travail numérique? Vous vous approchez des tableaux, et d’étranges détails vous apparaissent. Étonnant!

Et puis, vous vous éloignez. La vision change du tout au tout. Allez! Il va falloir des explications techniques! Si Bernard Pourchet est présent à la Galerie (et je crois qu’il y est un maximum), il va se faire un plaisir de tout vous dire sur son processus créatif. Il est passionnant…et passionné!

Moi, je ne peux absolument pas vous rendre compte de tout cela! J’avoue être débordée! Pensez donc! Un travail sous Word!!! Ce n’est guère mon domaine!

Je sais que l’artiste part d’une photo qui va lui fournir une matière graphique. Il travaille comme un photograveur, utilise des trames, des motifs qu’il crée lui-même, « une poussière d’images », dit-il. Et, partant de ces minuscules éléments graphiques, comme regardés à la loupe, il recompose des images. Il parle de « calques » empilés (jusqu’à 30), de « masques »… Vocabulaire inconnu de moi!

Sans comprendre la technique, je me rends compte que c’est très complexe mais très original. Bernard Pourchet manipule cette matière virtuelle comme le ferait un peintre ou un sculpteur avec les pigments ou la pierre. Il maîtrise cet outil technologique avec un sens certain de l’esthétique. On a l’impression qu’il creuse l’image numérique, qu’il descend en son cœur, puis qu’il triture les éléments microscopiques qui la composent, les déplace, les déforme, les empile, les colore, les gomme etc… On l’imagine faire de petites touches, superposer des couches, remplir des vides, effacer des superflus, tirer des traits, chercher des transparences…Il avance prudemment dans son maniement, gérant les imprévus, évitant les erreurs (car, c’est si complexe que…pas question de remords!). Il ne sait trop où il va, même s’il a une idée de départ. Il assiste peu à peu à la naissance d’un paysage imaginaire, d’une « réalité inventée », dit-il.

Et vous, vous voilà devant un réseau de nerfs ou vaisseaux sanguins, devant une étoffe déchiquetée, devant une carte géographique en relief, un plan de ville, un fond marin, une photo satellite, une rivière où flottent des herbes…Tout est permis! A vos imaginations et impressions personnelles!

Les images en question sont imprimées sur toutes sortes de supports, bâche, bois, polyester, aluminium, toile canevas etc.

Bernard Pourchet est un habile magicien du numérique et un excellent artisan décorateur. Son travail de recherche sur cette mystérieuse (pour moi!) matière virtuelle est fort intéressant. Reste qu’il ne faut pas attendre de lui l’expression d’un monde intérieur, ni celle d’une expérience de vie, ni d’une réflexion personnelle, ni d’une émotion intime (sauf celle d’une composition purement esthétique, et c’est déjà essentiel pour un visiteur!)

Sachez que mes photos, hélas, ne rendent pas vraiment la réalité de ses œuvres. Allez voir sur place!

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