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Le choix du mois, aout 2014, O.Estoppey

Ce mois-ci, petite escapade en Suisse, à Martigny. Rien de spécial à dire sur l’expo Renoir à la fondation Gianadda, ce n’est pas ma tasse de thé… Par contre, sur le parvis de l’église, une œuvre du sculpteur vaudois Olivier Estoppey m’a drôlement marquée: « La course au sac ».

Des hommes, enfilés dans des grands sacs, semblent avancer péniblement, par soubresauts, penchés en avant, prêts à chuter à tout moment. Ils sont sculptés grossièrement dans du béton. Chez nous, on appelle ça « la course en sacs » et c’est plutôt une animation de fête populaire. Ici, on y voit une image de la condition humaine…EstopeyR

Ces silhouettes semblent à peine sorties de la matière originelle, ou bien déjà passées au-delà de la mort. En tout cas, leur avancée est pénible. On les croirait dans une série d’épreuves de damnés… Un parcours du combattant. Le côté brut et brutal de cette sculpture monumentale m’a frappée. Bizarre d’ailleurs qu’elle soit acceptée devant une église! L’art de ce sculpteur est violemment expressif. Et cette course, avec son caractère compétitif (c’est une course, ne pas oublier!!) , sa difficulté et sa lenteur (vous avez déjà sautillé les jambes enfermées dans un sac de pommes de terre?), sa taille surhumaine, son matériau volontairement dur et laid, sa couleur grise et sombre en font une tragédie… Tragédie de nos vies…Estoppey2R

Olivier Estoppey est un artiste que je découvre. J’ai vu qu’il faisait souvent des installations monumentales, mais aussi, en extérieur, des sculptures d’animaux (loups, poules…), des gravures, des encres sur bâches… Cette idée de sacs daterait déjà de 1999. Il avait réalisé une immense installation, avec sacs de plâtre et, de-ci de-là, des personnages en béton noir. Et la sculpture en question de 2009.

 

 

Le Mur, La Maison Rouge, à Paris

Parisienne d’un jour, dans le quartier de la Bastille, je suis entrée pour la première fois dans La Maison Rouge. Elle fêtait ses 10 ans et, à cette occasion, son fondateur Antoine de Galbert y présentait sa collection d’œuvres. L’expo s’intitulait « Le Mur ».  Joli titre. En septembre 2014. 

La collection devient une œuvre en elle-même (j’ai bien sûr pensé aux Tulkus actuellement au FRAC de Dijon). Sur près de 300 m de cimaises sont accrochés des centaines de photos, peintures, dessins, volumes, néons etc.  Du sol au plafond. Comme les cabinets de curiosités de la Renaissance ou les salons du XIXème siècle. On doit se casser le cou ou se mettre à croupetons pour regarder les œuvres au mieux.  Eh oui! Ce n’est pas une exposition classique! Avec des tableaux à hauteur des yeux et des cartels pour vous instruire. Eh oui!LeMur

On regarde sans à priori, et, si on veut une info, on tapote sur les écrans tactiles du milieu des salles. (J’ai vu des Annette Messager, Michaux, Ben…) De plus, les œuvres ont été confiées à un logiciel qui a déterminé leur position et classement sur les murs! Selon leur format, je crois. Donc, pas d’à priori là non plus.

Et c’est une promenade des yeux… au milieu de cette étonnante accumulation. Humour, violence, tendresse, beauté, laideur, folie, naïveté, dégoût : un mix de tout ça! Et davantage encore! Parfois d’étranges confrontations. Parfois de beaux mariages. Au hasard.

Ce qui m’a échappé (parce que je ne m’étais pas renseignée avant) c’est l’intervention de l’artiste Claude Rutault dans cette installation. Il a accroché par-ci par-là des tableaux monochromes, parmi les autres œuvres. Ah bon?

Dans cette « foule » d’art contemporain, rares sont les œuvres qui m’ont vraiment touchée.  C’est la présentation qui vaut le coup. L’idée. Le rassemblement. La totalité. Et peut-être aussi le fait que cette expo révèle ce que peut être une collection pour celui qui la mène… L’auteur se laisse envahir, étouffer. Il ne sait pas s’arrêter. Il entasse n’importe quoi. Il est à la merci de sa collection qui prolifère malgré lui.

Le Consortium, 3 expos

Septembre 2014, Le Consortium, 37 rue de Longvic à Dijon, proposait 3 expos. Je n’en ai vu que deux (un peu volontairement…). Intéressant…

Anita MolineroMolinero1

J’avoue avoir reçu un choc en pénétrant dans la première salle (à gauche en entrant) où 3 sculptures géantes d’Anita Molinero sont présentées. Immédiatement, la violence du geste artistique est ressentie. Immédiatement, on perçoit le combat mené au chalumeau avec ces éléments venus du monde industriel, des chantiers, des travaux citadins etc. Anita Molinaro les torture, les martyrise…  Il en résulte des formes tourmentées qui n’échappent pas à une certaine beauté. Oui, c’est beau! Le polypropylène a fondu par endroits, s’est creusé, tordu, boursouflé, alvéolé, dentelé… L’artiste a maîtrisé le travail du feu et a peint les volumes obtenus. Résultat, on a l’impression parfois d’être devant un décor naturel. On croit voir de la roche, entrer dans une grotte…Molinero2

On trouve la suite de l’expo de Anita Molinero dans une autre série de salles. Même sensation de lutte avec des matériaux d’usage quotidien: phares de voiture, emballages, citernes plastique. Tout cela est compressé, écrasé, écartelé,  remodelé. Ici, un mur rose ruiné et incendié, d’où semble s’écouler quelque caramel ou jus de praline. Là, une morène de glacier blanchâtre et noirâtre. Ou encore une falaise où ont échoué des mollusques géants. L’imagination parle.Molinero3

Cette artiste, qui vient d’exposer, entre autre, au musée d’art moderne de Paris, est impressionnante dans son énergie créatrice, dans sa brutalité contrôlée, dans sa contestation enthousiaste (Encore qu’ aucun vrai « message » ne semble être caché dans son œuvre. Elle s’exprime avec cette matière-là, certes pas anodine… voilà tout. Et c’est très réussi! ) J’aime, parce que ce n’est ni gentil ni joli!!

Joe Bradley

D’abord une série de dessins encadrés. Un bel ensemble sur le grand mur blanc. Dessins enfantins, simplissimes. Puis, des toiles abstraites grand format. Et, à nouveau, quelques dessins basiques, de-ci de-là. Il paraît que cela fait un ensemble, une œuvre à part entière: « embrasser l’activité picturale », dit la brochure.

Je pense que son rapport à la peinture est particulier ( mais pas nouveau ni unique). Il la vit comme une entité avec laquelle il discourt, se bat, se fâche, s’enivre… Une histoire d’amour. Du croquis de base, genre signe primitif, au large geste fougueux du pinceau, en passant par les pas rageurs sur la toile au sol (on voit les traces des semelles!) , les bouts collés, roulés, déroulés, rattachés, retournés…Joe Bradley vit sa peinture physiquement. Une sorte de corps à corps avec sa toile. Celle-ci est peinte d’un côté puis de l’autre. Si bien qu’on voit par transparence les traces du premier travail. Ses « fantômes », dit-il. Cette espèce de face à face est intéressant.

La première impression de grand foutoir pictural jeté pêle-mêle sur la toile passe vite. L’œil perçoit bientôt un ordre dans le désordre. Un mouvement rythmé. Une cohérence dans le foisonnement.Bradley

Et, finalement, on arrive à trouver des liens avec l’autre expo, celle d’Anita Molinero. Une force identique. Quelque chose qui attaque…

Pas eu envie d’aborder l’expo « Feminine Futures ». C’est une collection de photos,manuscrits, dessins, manifestes et vidéos sur l’avant garde féminine en danse et performance. Un boulot phénoménal de la part du commissaire Adrien Sina. Il a fait une énorme et longue recherche de documents rares. OK… C’est une tendance de l’art contemporain de faire d’une collection historique une œuvre à part entière… Je n’y crois qu’à moitié. Et vu le bla-bla du commissaire sur la vidéo présentée au rez-de-chaussée du Consortium… Plutôt poussés à prendre la porte de sortie.

Je note que nous avons été super bien accueillis dans ce centre d’art dijonnais, et que c’est la première fois! Des mignonnes médiatrices prêtes à nous renseigner et qui nous le disaient! Des sourires au service du visiteur (on nous a mis la vidéo de notre choix, sur demande).

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Anne Girard, la recomposition

« ici et là » est une catégorie de ce blog qui relate mes petites découvertes d’artistes au gré de mes rencontres…

Voici ce que j’imagine (admirative) quand je suis devant les peintures de Anne Girard…(une dijonnaise)

C’est comme si elle collectait des éléments et qu’elle les assemble ensuite sur son papier ( Anne Girard peint surtout sur papier).

Naît alors une construction bien à elle. Faite de forces qui s’équilibrent. De dialogues entre les matières. Voit-on peut-être des tissus, du verre, du métal, des briques… ?aGirard2

Ou alors ?…

Son œil perçoit une réalité. Et, au lieu de la reproduire, elle la démonte et la manipule. Elle en extrait les pièces essentielles. Élimine les autres. Corrige des lignes. Sélectionne quelques éclats de lumière. Cherche les ombres cachées. Repère les couleurs qui ont imprimé la mémoire. S’insinue derrière les apparences. Bref, change le regard.aGirard

Et puis, le pinceau de Anne Girard va replacer tout cela. Avec les cassures et les appuis nécessaires. Avec les douceurs, les heurts et les ajouts. Avec les harmonies qui lui sont propres. 

La composition finira par tenir ! Miraculeusement !

On aura envie de tourner autour, comme s’il s’agissait d’un volume. aGirard3

Parfois, sur le papier, un objet réel surgit, inattendu, coquilles d’œuf ou fruit. On l’accueille avec bienveillance ! Tel un petit rappel que l’artiste regarde les mêmes choses que nous. Mais qu’elle a juste le pouvoir d’en faire une œuvre…C’est pas rien !

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Frédéric Content, expression intérieure

« ici et là » est une catégorie de ce blog qui relate mes petites découvertes d’artistes au gré de mes rencontres…

Fred Content est dijonnais. Il est sur Facebook.

 

Il s’essaie à l’acrylique, à l’huile, au fusain, au pastel, à l’encre… Et il tente même avec succès la terre cuite. Où va-t-il ? On ne sait trop. Fred Content part à l’aventure. Et il aime ça. Tâtonner, expérimenter… Parce qu’il sent que c’est en lui, et que, un jour ou l’autre, ça doit s’échapper et se concrétiser. Il peint. Il dessine. Jamais il n’est passé par une école ni un cours d’art. Mais une gentille petite fée s’est sans doute penchée sur son berceau, glissant en lui quelques dons. Le travail et la recherche font le reste.F.ContentB

Et un embryon d’œuvre peu à peu se construit.

Sa peinture présente des fonds en balayages très travaillés. Sortes de grands souffles d’où émergent souvent des formes fantasmagoriques. En état d’apesanteur, quelque chose flotte. Des villes incertaines, des êtres irréels, des végétaux improbables, des nébuleuses… Toujours un univers de commencement du monde (le thème de l’explosion est aussi une constante chez lui), de gestation ou de naissance.

L’artiste dit voir d’abord des couleurs dans son esprit, avant d’aborder la toile. C’est vrai que chacune d’elles est plutôt dans un camaïeu. Voici du bleu aquatique, du rouge passion, du noir mystérieux, de l’ocre ou de brun de terre.

Les personnages que crée Fred Content sont à tête ronde (« j’aime le rond, le cercle, le cycle ! » dit-il) , souvent comme entourée de bandelettes. Des personnages hybrides. Une vie mi-humaine, mi-végétale.F.Content

Le travail de cet artiste donne en tout cas l’impression d’une sincérité qui s’exprime avec enthousiasme. Il dit les émotions personnelles, les bouillonnements intérieurs, les cris, les élans…

Fred Content a réalisé aussi une série tout à fait séduisante d’encres en noir et blanc et en petit format, sur un sujet poétique fort sympa, qu’il s’est trouvé : . « Si les arbres faisaient des nuages » .

encreF.Contentcliquer sur les visuels pour agrandir (en deux fois)

 

EVAsions des arts, dans l’Auxois

Premier week-end d’août 2014, la manifestation annuelle (la quinzième) EVAsion des arts, dans cinq villages de l’Auxois. Un truc formidable! Je vous le conseille pour…..l’année prochaine!

Plein de bénévoles, des habitants sympas qui prêtent leur grange ou garage, un jury et sans doute des municipalités qui donnent des coups de pouce… et du coup, une bonne trentaine d’artistes venus de partout en France qui s’installent pour deux jours. Les espaces d’expo sont beaux comme tout: poutres, foin, vieux outils, mangeoires, tas de bois, terre battue, murs en pierre …Dans l’état! Ou presque. L’artiste met à profit son lieu (non choisi par lui) pour mettre au mieux son travail en valeur. Je sais que ce n’est pas une opération unique en son genre. On en voit fleurir un peu partout. Mais je connais celle- la et, croyez- moi elle est assez réussie.

Par contre, prévoyez une bonne journée ou même deux! Il faut prendre son temps pour s’imprégner de l’œuvre et pour discuter avec l’artiste. Marcher entre chaque espace ou reprendre sa voiture. Et si jamais vous craquez (comme moi!) et que, en plus, vous achetez…

Bref! Je suis loin d’avoir visité toutes les expos des villages. Mais j’ai bien apprécié celles que j’ai vues. Même si ce n’est pas mon goût parfois, la passion et l’enthousiasme de l’artiste sont contagieux!

Voyons! De qui je pourrais vous parler?

Jean-Claude Allard et ses photos-peintures! Il photographie et recadre un élément (mur, bois, terre, végétation…tout ce qui lui tombe sous son oeil averti!), il l’extrait de son contexte et voilà un tableau abstrait parfait! (Pas de macro photo, non, non). Il a le sens de la composition et de la matière comme un peintre.

Sophie Bidot, céramiste, et sa technique des terres enfumées. Les grosses sphères réalisées ainsi, parfaites, lisses, irisées, sont des objets irrésistibles de beauté. Comme des Terres avec des continents nouveaux. Les galets, eux, plus  brillants, glacés, translucides, sont attirants aussi. Tels de sublimes cailloux que la nature, pour une fois, n’a pas su faire!Bidot

Bernard Froment, et ses vieux bois ressuscités! Il intègre du verre dans des morceaux de bois. Il marie les deux matières, et ça donne des pièces fortes très personnelles.

Nicolas Canu, invité d’honneur cette année (représenté par la Galerie Schwab, de Paris), et ses grandes toiles fougueuses. L’expression est puissante, le geste nerveux, la couleur parlante. Son grand triptyque, en particulier, nous fascine par ce visage d’homme et ses deux mains face à nous… Deux autres peintures sombres ont quelque chose de Caravage (dit son ami qui l’héberge ici dans son atelier, Guy Lachot!). Par contre, j’ai un peu de mal avec ses dessins caricatures…Canu

Vu aussi les photos sur papier aquarelle de Claudine Siegfried, si raffinées, les monotypes de Régis Bouvier aux douceurs de couleurs et de lignes à s’y perdre comme dans une rêverie, les lavis et les fusains de Charlotte Tommy-Martin avec leur impalpable réalité (j’avais écrit sur son travail dans ce blog en février 2014, cf archives). Les installations du collectif Indeed 2.0 (musique, vidéo etc, sur la notion de peur enfantine) et de B.Chanfrault (textiles) ont su créer un climat particulier, chacune dans son style.

Désolée pour les autres.Chanfrault

Les villages en question sont: Villy, Villeberny, Salmaise, Dampierre et Verrey-sous-Salmaise. Association E.V.A. Essor des vallées de l’Auxois

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Paola Pivi, FRAC, « Tulkus 1880 to 2018 »

tulkur2L’exposition du FRAC , aux Bains du Nord, rue Quentin à Dijon, s’intitulait « Tulkus 1880 to 2018 » et rassemblait 516 photos de ces Tulkus…qui sont (le saviez-vous?) les réincarnations de maîtres bouddhistes tibétains. C’est l’artiste plasticienne Paola Pivi qui, en 2010, a débuté ce projet original: retrouver tous les portraits photographiques des tulkus. Elle s’est donné jusqu’en 2018 pour enrichir sa collection. Œuvre en cours, donc. L’expo dijonnaise venait après Turin et Rotterdam

Idée folle pour une artiste, qui a d’ailleurs l’habitude de dérouter et de provoquer: Paola Pivi court le monde (elle se fait aider bien sûr!) pour récupérer des images de tulkus et elle les donne à voir (Elle en a 1100). Ce phénomène culturel du tulku l’a, semble-t-il, fascinée quand elle en a pris connaissance (sans doute grâce à son mari né au Népal). L’omniprésence de ces images dans les pays pratiquant le bouddhisme tibétain, leur diversité et, surtout, leur caractère sacré l’ont intéressée, au point que leur collecte et leur rassemblement… elle en fait une œuvre.

Cette œuvre, on peut l’aborder de différentes manières. 1-    Son côté historique est forcément intéressant: la plus ancienne photo de l’expo date de 1873.  Avant le portrait photographique du tulku, existait la peinture. Un seul exemplaire est montré ici. On peut observer chaque cliché, lire les cartels (quand on en a la possibilité!), comparer les costumes, les trônes, les personnages etc . On peut penser aux aspects politiques Tibet-Chine.  2-    Le côté culturel est également passionnant. Cette tradition de l’image du tulku est étonnante: elle a, pour le croyant, le même pouvoir sacré que le tulku lui-même.   3-   Enfin (et c’est quand même essentiel!) il s’agit d’un acte artistique. « Il y a une volonté revendiquée, une intention d’artiste » souligne Astrid Handa-Gagnard, la directrice du FRAC Bourgogne.tulkusrr

En fait, le poids de ces images et de leur récolte, avec ce qu’elles contiennent de foi, d’Histoire, de vie(s) , de mort(s), de rencontres, de chemins, de questions…fait l’œuvre.

Il faut reconnaître que la visite de l’expo « Tulkus » laisse une impression assez troublante….pour qui veut bien se laisser imprégner par une certaine spiritualité…Tous ces regards de maîtres bouddhistes qui vous fixent! La disposition des photos sur les murs des salles des Bains du Nord n’a pas de but chronologique. Ni autre (pas de message!). C’est purement visuel. Divers formats, couleurs, noir et blanc… On se laisse envouter par ce « temple » … Par cette accumulation (qui fait son effet, comme toujours)… C’est à la fois pesant et léger. Fort et incongru. Zen et intimidant.

dans cette expo le visiteur n’a pas le droit de photographier.  Le FRAC a eu l’amabilité de m’en envoyer (des officielles). Cliquez pour l’agrandir (en deux fois) :indispensable.

Dijon vu par … Anne-Sophie Ropiot,

ropiot« Dijon habité » est le titre de ce nouveau « Dijon vu par ». Des photos projetées sur une toile géante, au centre du salon Apollon (Hôtel de Ville). L’artiste est la photographe Anne-Sophie Ropiot. C’était à voir l’été 2014

En montant les escaliers vers le Salon Apollon, vous entrez déjà dans l’univers de Anne-Sophie Ropiot: les marches dessinent une grande photo… Ensuite, dans la salle obscure, vous vous plantez devant la projection et vous vous laissez charmer par ce Dijon nocturne hanté par d’étranges personnages genre « Grand Maulne »… Bon! Vous avez vite mal aux jambes ou au bas du dos! Et vous regrettez que la mairie n’ait pas songé à vous offrir des bancs! Mais, tant pis, au diable la souffrance physique devant tant de jolis rêves et cauchemars… La balade vous emmène dans toutes sortes de lieux dijonnais, que vous vous amusez à tenter de reconnaître. Gare, Parc de la Colombière, Musée des BA, Bibliothèque, canal, place Darcy, muséum, chapelle des élus, cour du musée de la vie Bourguignonne etc.

Mais c’est une vision très personnelle de ces lieux que vous offre l’artiste.  Soudain, y apparaissent, incongrus, des êtres masqués et déguisés, sortis d’un carnaval imaginaire. Ombres ou ectoplasmes. Sorcières ou héros légendaires. Fantômes ou créatures fantastiques.  Le décor est réel (la photo aussi!!), mais peuplé si bizarrement. .. Vous vous mettez à douter maintenant.  Derrière l’apparence, vit tout un univers insoupçonné. Venu d’un passé qui jamais ne meurt. Venu des croyance ancestrales. Venu de l’enfance avec ses contes et ses cauchemars.

Vous repérerez sans doute les références au cinéma, à la littérature et aux arts plastiques que l’artiste a glissées… Moi, je n’ai pas tout vu!

Les photomontages, les superpositions, les mises en scène.. Anne-Sophie Ropiot sait utiliser les moyens qui lui permettent de communiquer une autre vie à un lieu. Ou une vie qui lui est propre, mais sous-jacente, invisible, inconnue. Travail d’artiste intéressant, même s’il n’est pas écrasant d’originalité.

Pour prolonger cette expo, les deux statues du Salon reçoivent des projections de photos et perdent de leur superbe! Et c’est très amusant!

Oscar Muñoz, au Jeu de Paume

Davantage artiste plasticien que photographe, ici, au musée du Jeu de Paume, à Paris, le colombien Oscar Muñoz donnait à voir une fascinante exposition l’été 2014. Il présentait ses « protographies »…

Vous entrez dans une grande pièce sombre (la chambre noire?) et, sur des tables, vous avez l’impression que sont posées des photos (des portraits)  et que la main de quelqu’un en choisit de temps en temps une pour la glisser dans l’eau d’un évier.   L’image se dilue instantanément, ne laissant que d’infimes trainées noires qui quittent la feuille en ondulant, pour être avalées par la bonde. Le papier est devenu vierge. Il s’agit bien sûr d’une projection venue du plafond et, la vidéo passant à rebours, vous voyez la même main glisser la feuille blanche dans un autre évier pour récupérer les poussières d’image qui vont se redéposer sur la feuille et restituer le visage. Et, inlassablement, le processus se renouvelle avec toutes les photos de la table. L’illusion est impressionnante.

Une telle installation est très représentative des réflexions de l’artiste. D’une œuvre à l’autre, d’une salle à l’autre, vous retrouvez cette même idée d’images évanescentes, éphémères, fragiles, instables… Voici des photos sur des rideaux de douche (impressions sur du plastic mouillé), comme si les gens avaient laissé leur ombre … Voici une main qui peint un visage dont les traits s’effacent peu à peu, fondus par la chaleur… Voici un autoportrait visible en miroir à la surface d’une petite quantité d’eau tenue dans le creux de la paume; il va inévitablement mourir, au fur et à mesure que l’eau s’écoule entre les doigts… Voici des portraits réalisés sur du sucre qui s’imbibe plus ou moins de café… Voici la photo satellite géante d’une ville, sur laquelle vous marchez, et qui se craquelle jusqu’à presque devenir invisible: en fait, elle est sous un verre sécurit qui se brise peu à peu… Effet garanti!Munoz

Et ainsi beaucoup d’autres trouvailles de Muñoz qui toutes parlent de la vie si précaire, de la mémoire si fluctuante, du temps impossible à fixer. Qui disent la disparition, la perte…  La visite de cette expo laisse un trouble. On est sans cesse entre vrai et faux, entre vie et mort, entre illusion et réalité. On marche au milieu des fantômes. Lumières et sons (très important le son ici, guettez le bien!) contribuent à créer cette ambiance irréelle.

Quand on pense que la photo peut « immortaliser » un lieu, un être, un évènement, on se trompe. C’est dérisoire d’y croire.  Tout est appelé un jour à s’évanouir, à tomber dans l’oubli. Voilà ce que nous apprend Oscar Muñoz.

 

 

le choix du mois, juin 2014

Rien, ce mois-ci, parmi mes visites, ne m’a fait vraiment m’extasier.  Alors, j’ai décidé de choisir un clin d’oeil pour cette foisjupette2!