Au cas où vous ne pourriez pas ouvrir ce lien, vous pouvez mettre simplement lerezdejardin-fontaine sur votre moteur de recherche, vous aurez accès au site et à l’article sur Sylvie Arfelli.
Au Cellier de Clairvaux, Dijon, boulevard de la Trémouille, la belle salle du haut accueillait l’exposition « Ciels » de Matthieu Louvrier en mai 2023
Prendre le ciel et lui offrir la surface de la toile du peintre. Prendre son abstraction. Ses profondeurs. Son mouvement. Ses lueurs. Son nuancier… Le pinceau le recrée. Le peintre le réinvente.
Laissez-vous aspirer par ces grandes toiles de Matthieu Louvrier. Restez un moment devant. Ou écartez-vous, éloignez-vous sans les quitter des yeux. Vous allez voir peu à peu les nuées s’ouvrir, les nuages bouger imperceptiblement.
Et puis, de l’infiniment grand, passez à l’infiniment petit. Matthieu Louvrier compose des mini poèmes-paysages. Des petits formats, à lire doucement, de près, intimement. Ce sont des horizons. De nuit, d’été, d’hiver… Ce sont des ballades de Chopin en peinture!
Certains sont noirs, faits de matière plus épaisse. L’ambiance est plus tragique aussi. Mais j’aime!
Enfin, appréciez ces voiles descendant des voûtes du Cellier. Y apparaissent des silhouettes de paysages à l’encre de Chine. Ces tissus structurent l’ensemble, permettent des visions et des transparences du plus bel effet.
Avant de quitter la salle, regardez la table qui montre ce que fait la maison d’édition « Laure et Amon » (créée par le collectif du même nom dont fait partie Matthieu Louvrier), ça vaut le coup.
Comme cette exposition de Francis Orzel avait lieu au Rez-de-Jardin, nouvel espace d’art à Fontaine-lès-Dijon, je vais juste vous donner le lien pour visiter le site de ce lieu. Vous aurez tous les renseignements (je gère aussi ce site-là! comme ce doudonleblog!!)https://www.lerezdejardin-fontaine.fr/
Au cas où vous ne pourriez pas ouvrir à partir ce lien, il suffit de mettre lerezdejardin-fontaine dans votre moteur de recherche!! Merci! Et bonne visite!
L’expo , la première de cet espace d’art, était en mai 2023.
Le festival de Itinéraires Singuliers c’était au printemps 2023. Nombreuses manifestations (à voir sur le site de l’association). L’exposition « Désirs en créations » à l’église Saint Philibert, en particulier.
Foisonnement chaleureux… On est venu partager des imaginaires, des envies, des colères, des récits de vie, des espoirs. Travaux de groupes (centres sociaux, écoles, centres de soin, Ehpads…) derrière lesquels on sent le bonheur de s’exprimer enfin, mais aussi les tensions, les difficultés, les échecs vaincus. L’église St-Philibert retentit de mille couleurs. Elle vibre de mille ondes et vibrations qui se répondent et se tiennent la main.
Ici, parfois, exposent aussi d’excellents artistes plasticiens. C’est différent. C’est repérable… Maria Manuella, Pascale Roussel etc.
Salon annuel à Fontaine-lès-Dijon. Fin avril début mai 2023, au Centre Pierre-Jacques.
Les « salons » ce n’est pas ma tasse de thé!!!!!
Comme d’habitude (mais peut-être encore davantage que les années précédentes) je n’ai été touchée, émue, intéressée ou carrément conquise… qu’une dizaine de fois dans le dédale des œuvres présentées!
Voici mes coups de coeur (comme on dit) ci-dessous, pas forcément dans l’ordre de préférence!!: Norbert Pagé invité d’honneur, ChAnne, Francis Orzel (les formats paraissent plus petits sur cette photo qu’en réalité!), Bernard Pourchet (intéressant travail numérique, ici un extrait), Martine Challaux-Berthet, Jérôme Kirchemann (un hyper réalisme qui a l’honneur de me plaire!), Dominique Meunier, Lucile Pattar
A Reulle-Vergy (21220), à La Grange, en avril 2023. C’était beau…malgré le froid!!!
Reulle-Vergy a son image de marque, son Carrefour Artisanal tous les ans début juin. Mais l’association en question organise bien d’autres manifestations dans le village. Cette semaine d’avril 2023, l’art est là! Comme l’an passé. Le projecteur est toujours dirigé sur l’artisanat, ça se sent. Mais la frontière entre artisanat d’art et art???…Si ténue! Je me suis régalée, en tout cas, en me baladant dans cette grange superbement aménagée (un peu frisquette! mais bon!) à la rencontre des artistes.
Ci-dessous, quelques coups de coeur (et découvertes)
Les « toiles d’argile » de Montserrat Torrents. Des tableaux de céramique. Sur fond de métal, compositions aux matières et teintes subtilement travaillées.
Les douelles de Viola Montenot. Peinture et collages sur ces planches à tonneaux joliment courbées. Sur le thème de la Renaissance, un raffinement extra.
Sylvie Arfelli fait naître des êtres improbables en céramique, mi-végétaux mi-animaux. Et elle fabrique des carnets, livres, parchemins et feuilles volantes…en céramique. Magnifique!
Lucile Pattar présente son « journal » en une série de petites encres. Blotties dans des cadres blancs. De page en page, on entre dans ses paysages intérieurs. Profonds et aériens à la fois.
Elle appelle cela ses sculptures. Stéphanie Gerbaud découpe au scalpel des plans et des cartes… Et ça devient des dentelles, des trames, des documents fantômes. Elle creuse aussi des livres. Elle leur communique une profondeur inattendue. Elle leur fait dire ce qu’ils n’auraient jamais pensé dire!
Dans la Grange, aussi… des bronzes, des photos, du bois tourné, des peintures à la cire d’abeille, de la terre cuite…avec Annick Dumarchey, Lydie Billon, Rachel Seguin, Amandine Dirand
La Galerie La Source, à Fontaine-lès-Dijon, vous propose l’exposition de Christine Vadrot, « Herbe cri » jusqu’au 7 mai. Du mercredi au dimanche, 15h30-18h30.Vraiment intéressant.
Vous allez vous poser la question dès l’entrée! Peinture ou numérique? Très vite, vous saurez que le travail qui est devant vous, en grands formats, est celui d’une artiste qui peint. Et qui peint bien! Mais, n’empêche, vous aviez un peu raison de vous interroger! Car Christine Vadrot s’intéresse à cette présence permanente et envahissante du numérique dans notre vie d’aujourd’hui. Cette nouvelle drogue. Elle glisse le doute en nous. Elle joue avec les ambiguïtés, les illusions. Et elle imagine une métamorphose de l’univers… Ses herbes, d’une peinture à l’autre, sont tantôt réalistes (mais déjà inquiétantes dans leurs étranges entrelacs) tantôt numérisées, comme fabriquées par une intelligence artificielle. L’artiste les nomme parfois « Herbes connectées ». Elles deviennent grillages rouillés, fouillis d’antennes, tiges métalliques et barres dressées. Le tout installé sur fond de nuages paisibles dans un calme ciel bleu… Troublant.
A l’étage, d’autres paysages vous attendent. Faussement « photographiques ». Voyez ces petits formats lisses, montrant des éléments de nature presque aussi vrais que sur des photos de vacances! Mais… soudain, la réalité bascule. La colline, à contre jour, mystérieuse, n’est-elle pas un animal? « Les montagnes marcheront vers la mer » me prédit le titre. Et en quel temps sommes-nous? A l’aube de la Terre? Les volcans primitifs explosent, les météorites s’écrasent au sol, l’homme n’est pas encore né, la nature commence seulement à ouvrir les yeux… Incertitude. C’est « Avant le temps » me chuchote le titre… Vertige.
J’ai aimé cette exposition où l’on passe d’une certaine quiétude devant un paysage d’un joli vert moussus à un questionnement angoissé. L’art, c’est ça! Montrer autre chose. Interroger. De plus, et ça n’est pas négligeable, le souci de l’esthétique est présent. Dès la première salle du rez-de-chaussée, les tableaux offrent une certaine séduction: perspectives, succession de plans, lumières, élégance du trait…
Que l’artiste m’excuse, je n’ai pas réussi cette fois à mettre des légendes sous les visuels. Je les ai écrits à la suite, ici (Ce sont des séries souvent et je n’ai pas marqué les numéros correspondants)
De haut en bas: -L’état sauvage, -Herbe rouille, -Le soleil s’offusque, -Les montagnes marcheront vers la mer
Au Centre Pompidou, Paris, l’exposition de Germaine Richier (1902-1959), c’était au printemps 2023
Je crois que Germaine Richier tente de saisir l’humain à vif. L’humain dans la totalité de ses contradictions: extérieur et intérieur, visible et invisible, fort et fragile, violent et attendrissant. Et l’humain en perpétuelles métamorphoses, dans ses « passages » constants, physiques et mentaux. Et encore…l’humain comme faisant partie de la vie universelle.
Ses premières sculptures sont si sages! Oeuvres classiques, figuratives. Oeuvres d’atelier, avec les techniques de mesure au compas et au fil à plomb.
Mais, assez vite, Germaine Richier s’échappera de ces règles de base, sachant les utiliser, bien sûr, mais sachant aussi créer à sa façon. Et de quelle façon! On sent sa fougue passionnée à malaxer et triturer la matière. Elle utilise même des outils qu’elle appelle ses « épées » pour mieux creuser et déchirer son matériau, la terre. Il semble qu’elle s’acharne sur le corps « plein » (c’est son terme) pour chercher plus loin, sous la peau, sous la chair … Troublant!
Germaine Richier est fascinante dans sa façon de partir du « vrai » (ça aussi c’est son terme) et de déformer, transformer, recréer. Son oeuvre est faite de monstres, d’êtres hybrides, d’aliens, de créatures inquiétantes … Elle intègre hardiment le végétal et l’animal à l’humain. Comme si elle prédisait un monde en mutation. Ou comme si elle avait compris que l’univers est un tout, que c’est la vie, tout simplement. Le vivant.
Les personnages de Germaine Richier incarnent le Vivant. Parfois, d’ailleurs, on oublie le côté métallique, rigide et froid du bronze de ces sculptures tant l’aspect paraît souple, malléable et bougeant.
Bien sûr, au premier regard, on voit plutôt des êtres défigurés, torturés… Des gueules cassées, des grands brûlés, des vieillards en souffrance…Et même de grands volumes à la limite de l’abstraction (« la Montagne » par exemple) toujours avec cette expression de déformation dans la douleur.
Mais je ne suis pas sûre que ce soit l’essentiel à retenir de l’oeuvre de cette artiste. Son puissant travail de sculptrice, de créatrice va sans doute au-delà de cette idée de malheur. En fait, elle joue les démiurges, et se fabrique un nouveau monde étrange, différent. C’est une artiste, bref.
Parlons de son fameux Christ! Il a été retiré de l’église d’Assy (Haute Savoie) sous l’impulsion de quelques traditionalistes, mais replacé près de 20 ans plus tard. Cet humble Christ est sur la croix, mais lui-même semble être devenu une simple planche de bois légèrement incurvée. Son corps est exprimé, et non réalisé. On peut y voir l’incarnation de la souffrance physique. Ce serait l’expression d’un corps torturé, presque écorché vif. Mais on peut y voir aussi un supplicié qui a perdu toute figure humaine, désincarné, déjà vivant dans un ailleurs surnaturel… En tout cas, il est beau.
A la Galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon, « Impression(s) » de Evelyne Lagnien, c’était au printemps 2023.
Bonne nouvelle! Evelyne Lagnien revient à La Source! Avec un titre d’exposition simple mais lumineux! « Impression(s) », évoquant à la fois les techniques utilisées et les idées et sensations provoquées par ses œuvres.
C’est bien ça, en effet: plusieurs impressions numériques, sur bâche, tissus, tulle…Différentes gravures…Des monotypes…Des empreintes…Mais aussi photo, peinture, raku… Evelyne Lagnien mêle tout cela de ses habiles doigts d’artiste. Chaque œuvre est le résultat d’une succession d’interventions. Pas forcément visibles ni évidentes. Mais tout ce travail, l’air de rien, communique une richesse à l’œuvre, une sorte d’épaisseur, de profondeur, de légitimité. Et, pour le regardant, c’est aussi un plaisir que ces matières variées à observer, à palper des yeux…
Pas de panique! Cette abondance de médiums et de manipulations n’empêche pas une unité tout au long de l’exposition. Le fil rouge d’Evelyne Lagnien est toujours là! Depuis des années! Ces visages qui nous guettent, nous accompagnent, se cachent, apparaissent et disparaissent, se modifient tout en se confondant…
La Source frissonne et murmure de toutes ces présences. On s’y promène comme dans une forêt habitée d’esprits. D’autant que les images d’arbres et végétations sont nombreuses également.
Pas de vrais portraits. Pas de personnages réels. Plutôt rêvés, imaginés, idéalisés. Quelques bons anges! Des inconnus qui nous deviennent connus!
Dans la lignée de toutes ces apparitions, il y a, au premier étage, salle de gauche, d’étranges silhouettes. Elles sont au mur, sur bâche et – l’artiste le dit – elles sont « remplies ». Comme si elles avaient dérobé puis imprimé sur elles des fragments de paysages ou d’architecture. A leur pied est couchée leur ombre (ou leur reflet). Différente et semblable à la fois. Très intéressant.
Cette exposition joue sur l’illusion, l’apparence et la réalité, l’intérieur et l’extérieur, le vu et le non vu… A l’entrée, c’est un paravent qui vous accueille! Cache-cache tout de suite!
J’avoue que parfois le côté kitch du travail d’Evelyne Lagnien me gêne un peu. Ses colombes, ses voiles, ses femmes fées…Mais il y a tellement d’autres aspects de son travail plus forts… que je lui pardonne volontiers!!!
La Galerie Tempon, 30 rue Beaubourg, à Paris, a accueilli encore une fois Abdelkader Benchamma et c’est tant mieux! C’était en mars 23, exposition « Cosma ».
Les murs blancs de la Galerie sont en mouvement! Dessus, les pinceaux d’Abdelkader Benchamma ont dansé! Comme la dernière fois que j’avais vu ce plasticien, je suis enchantée (au sens propre du mot!) par cette prise de possession libre et totale de la salle. Son dessin fin et enlevé court sur les murs. Une fausse cloison, comme déchiquetée, coupe même l’espace en deux.
Après les strates géologiques évoquant les strates de la mémoire, il se passionne pour les veines du marbre. Un séjour en Italie l’a inspiré. Ces veines malmenées par l’usage qu’en font les hommes: les blocs de marbre sont arrachés de la carrière, sciés, coupés en tranches, associés ensuite à d’autres fragments pour créer une décoration dans palais et églises. Les veines sont bousculées, dissociées. Les rythmes cassés.
Et la frise d’A. Benchamma est faite de ces élans interrompus, de ces régularités éclatées, de ces fausses symétries…Il sait se réapproprier les choses de la nature pour les transformer en réflexion et en oeuvre d’art.
Sur ces magnifiques lignes qui valsent aux murs comme une partition musicale, vient parfois se poser un tableau du même thème, troublant notre vision (qui était déjà bien dérangées par ces ondulations plus ou moins décalées!)
L’ensemble de cette oeuvre est en noir et blanc, sauf que… Se glissent ici et là de belles teintes minérales brunes, violettes, ocres ou bleues. Les traits, les blancs, les effacements, les éclaboussures, les lignes de rupture…Tout cela, aussi, contribue à créer un univers envoûtant pour le visiteur, qui ne sait plus très bien s’il est entré dans une église italienne ou à l’intérieur d’un cerveau humain.
En tout cas, Abdelkader Benchamma, s’il veut poursuivre sa quête des strates dans la nature, a le choix! Le profil des montagnes en propose de bien belles, surtout saupoudrées de neige! Noir et blanc! (Tant qu’il y a encore un petit peu de neige en altitude)
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