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Truchement, au Consortium

2017: Consortium et Centre Pompidou fêtaient leurs 40 ans. C’était l’occasion d’une expo au Consortium de Dijon, intitulée « Truchement »

Une dizaine d’artistes à voir dans cette expo. Certaines oeuvres venues du Centre Pompidou.  Même avec visite guidée (par une très sympathique médiatrice qui en sait long sur la question et nous livre toutes les clés indispensables). Au Consortium, j’ai souvent de la peine à m’enthousiasmer. Mais, en sortant, je décide quand même que je n’ai pas perdu mon après-midi… Rien que le Giacometti valait le coup!

« Femme deboutII » de Giacometti est associée volontairement à une des « date painting » de On Kaxara. Ce dernier a voulu cette cohabitation. En gros, ça s’explique par l’idée du temps: en Occident, le monde a un début (tradition chrétienne de la Création) et une fin (Apocalypse); en Orient, non. Seul le présent compte. Les « date painting » sont l’oeuvre d’un jour. Un rite quotidien, minutieusement peintes à la plume, à main levée. Le temps condensé dans l’instant de la journée. Et la figure de Giacometti, exceptionnellement pour une oeuvre occidentale, incarnerait elle aussi un présent intemporel. **Giacometti

Intéressant, tout ça. Mais il reste que la sculpture, hiératique et divine, touche le regardant au plus profond de lui même. Alors que les tableautins où s’inscrivent des dates le laissent froid. Le travail du japonais est certes respectable et intéressant. Je lui proposerais bien de le garder pour lui. Il n’y a aucune raison de le montrer. Désolée.

Les deux artistes pré-cités ont leur portrait dans cette même salle exécutés de main de maître par Yan Pei-Ming. Son geste large et dynamique est là, la bichromie aussi. Et le grand format permet de rentrer dans l’image, comme d’habitude. Fabuleux.

Le « Train fantôme » de Charles de Meaux est intéressant. J’aime les oeuvres qui font participer le visiteur. On pénètre dans un tunnel qui évoque les gros tuyaux, les boyaux, du Centre Pompidou et on avance dans le noir. Sur les cloisons, des images sont projetées. Elles défilent. Comme si l’on était dans un train en marche. Le son est d’ailleurs de connivence avec cette sensation: musique au rythme régulier et lancinant. En superposition sur ces fragments de paysages, des flashs. Réminiscences de films, fantômes de souvenirs. J’ai aimé cet espace mental…

Avec César, pas trop de surprises! Sauf que les compressions présentées ici ont été réalisées dans l’usine Fiat elle-même et qu’elles ont été passées à la peinture exactement comme une voiture neuve. Métallisées, elles sont devenues de beaux objets plissés, joliment tordus, harmonieusement cabossés.César

Une toile géante de Frank Stella occupe un mur du Consortium. Spectaculaire ensemble de formes et de couleurs vives: ça tourbillonne, ça s’emmêle, ça se superpose, ça s’enroule. Un peu fête foraine. Un peu musique techno. L’artiste colle, peint, utilise l’ordinateur… La technique au service des effets de relief et de mouvements.

Polombe (extrait)

Polombe (extrait)

Pour les autres, je n’ai pas de sentiments!   –Graham et sa vidéo sur une machine à écrire de 1930 (j’aurais peut-être dû rester plus longtemps dans la salle obscure, il y avait je crois quelque chose de plus profond et peut-être même d’esthétique à trouver…)   – Haacke et son installation sur les empires financiers genre Total ou Cartier, à l’intérieur d’un bunker (construit spécialement pour l’expo), avec évocation d’une violente répression de grèves en Afrique du Sud (une partie de Cartier appartient à un groupe de ce pays) Bof…      – Cattelan et son armoire métallique secrète (qui ouvre sur un local technique du Consortium). Ah Ah!    –Belcher et ses céramiques JPEG (faudrait beaucoup beaucoup de commentaires à côté pour commencer à effleurer un quelconque intérêt pour cette oeuvre)    –Lavier et ses projections d’oeuvres d’art tremblotées qui, c’est exprès, deviennent moches à souhait. Une réflexion sur l’image…Mouais.

**Il faut savoir que Giacometti a fait d’abord une série (9) de ces femmes, modelées en argile, puis moulées en plâtre, puis retravaillées et, enfin, coulées en bronze. Ce processus d’élaboration est courant chez lui. Il recommence sans fin un travail, afin de saisir la « présence ». Et la Femme, ici, dégage une force extraordinaire, universelle. J’aime ses pieds à demi enterrés dans le socle, ce qui ne l’empêche pas d’avancer. Etonnant.

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Timothé Tory, La Lumière

sculptures: Verdure; lumières: Tory

sculptures: Verdure; lumières: Tory

Souvenez vous! L’inauguration du tram, entre autre, les elfes de lumière…. c’était lui, Timothé Tory, concepteur lumière. Il vient de remporter le grand prix du concours d’idées de la rue de la Liberté à Dijon.  Voici son site: https://www.timothetoury.com/

A voir!!!

« La lumière est un langage… La lumière est porteuse de sens… La lumière raconte une histoire…  » T. Toury

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Le choix du mois, juin 17, Kiefer

C’était à Saint-Petersbourg, et nous visitions au pas de course le musée de l’Ermitage avec Katia, notre guide francophone. Soudain, je stoppe. Devant moi, l’entrée d’une salle d’exposition temporaire. Anselm Kiefer! La visite touristique, évidemment, ne prévoyait pas de passer par là. Qu’importe. J’entre, en suppliant amis et guide de m’attendre un peu. Visite éclair mais que d’émotion!

Il s’agit de la première exposition solo de Kiefer en Russie. Elle se tient jusqu’au 3 septembre. Il l’a conçue spécialement pour le Grand Hall Nicolas de l’Ermitage. Les toiles sont inspirées par le poète russe Khlebnikov.

Kiefer4

Le poète par lequel Kiefer est ici inspiré était aussi un mathématicien. Par quelques calculs étranges et visionnaires, il avait annoncé la guerre de 14 et la Révolution de 17. Il disait que le poète se doit d’être un messie, un prophète. Il partageait avec Kiefer l’idée que le temps se répète en développements cycliques et circulaires. Tous deux croient aux cycles biologiques. Et tous deux cherchent une vision complète du monde, croyant à la place que tient l’être humain dans le cosmos.

J’ai éprouvé à nouveau, comme dans les expos parisiennes d’Anselm Kiefer, cette sensation de force qui nous dépasse, de peinture toute puissante qui va bien au-delà d’un travail de peintre. Ce sont des cris, des gestes, des actes…

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Anne Auger, les hommes machines

Par hasard, j’ai découvert où travaille et habite l’artiste Anne Auger, dans un chouette village de la Haute Côte de Nuits. J’étais venue car ce week-end-là s’ouvraient des maisons pour accueillir des artistes et artisans locaux. Bévy faisait sa « biennale », et c’était fort sympa. J’ai appris alors que Anne Auger était l’initiatrice de cette manifestation.

Dans son petit jardin, je vois donc des céramiques et des sculptures. J’entre dans son adorable maison et je vois… des peintures. Que je connais! Ah! Mais je suis chez Anne Auger! Mais oui! …  J’ai l’air bête! Or, toutes les fois que, à l’occasion, j’avais vu des peintures de cette artistes, j’avais été intéressée. Je ne connaissais pas son travail de sculpture, par contre.

Ses peintures. Quelque chose de l’époque soviétique. Des « travailleurs » au visage anguleux. Des teintes vives (du rouge à la communiste et du « bleu de travail »). Des évocations d’usines, de chantiers, de machines, de mécaniques. Mais ces compositions s’allègent de-ci de-là par quelques collages de fragments de cartes routières ou de partitions musicales. Et la dureté du profil féminin s’adoucit soudain d’une chevelure qui part en folie, étirée par le vent, par la vitesse. Un univers particulier inspiré sans doute des souvenirs et des passions de l’auteure. Amour des belles et anciennes motos et autos? ça roule, en tout cas, sur ses toiles, bus, voitures, trains, tracteurs… Et puis, il y a la musique, les animaux, les voyages…Auger

Les traits sont simplifiés, les contours bien marqués de noir, les tracés un peu à la cubiste (on pense parfois aux dessins de Cocteau aussi), les arêtes vives, les assemblages raides. Evocation de Fernand Léger, pourquoi pas? Et tout cela est compensé par les formes plus souples des rouages, roues, panneaux de signalisation ronds etc (souvent des collages de photos prises par l’artiste elle-même). Et également par quelques phrases manuscrites qui apportent leur touche de poésie. C’est décidément un monde bien personnel. On dirait des vitraux pour usines! Les personnages ressemblent à leurs machines, et ils ne font qu’un avec elles.Auger2

Côté volumes, on retrouve quelques cubes et parallélépipèdes et des lignes cassées qui rappellent les peintures. Dans les peintures, en quelque sorte, il y a déjà les sculptures. Souvent des formes d’enclumes, d’où jaillissent des personnages drôles, naïfs, énigmatiques, la plupart du temps en partance, en mouvement.

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élèves de Nadine Morel, La Source

Le temps des expositions est terminé pour la saison à la Galerie La Source. La dernière, comme tous les ans, était celle des élèves des ateliers (La Sardine éblouie) de l’artiste plasticienne Nadine Morel. Et comme tous les ans, les travaux des plus jeunes et ceux des adultes se sont mêlés, et, étonnamment, ça donnait des installations, quand même, parfaitement harmonieuses. Gros plaisir de l’oeil!!

Sardine3

Des milliers de papillons, quelques gambettes sorties du plafond, des dessins de chaussures, des silhouettes en fil de fer façon Calder, des collections d’insectes, des cactus, des cocons en papier froissé façon Edith Nicot (elle est venue travailler avec les élèves de Nadine) etc…Sardine

L’expo propose aussi des textes de l’atelier écriture de la Sardine éblouie.

lesateliersdelasardineeblouie.blogspot.com

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Un peu partout en Europe

Longtemps que je n’ai pas écrit sur mon blog! Je livre aujourd’hui un échantillon de chacune de mes visites (art plastique, quoique ces vadrouilles diverses n’avaient pas spécialement l’art pour but…Mais on en profite!) faites ces temps-ci (juin 2017) en France et ailleurs!

-Saint-Pétersbourg, first. Le Musée russe a eu ma visite. Plaisir de voir Kadinsky ou Malevitch! Puis de passer (vite) devant des peintures bien soviétiques…Mais surtout un régal devant quelques peintures sur bois de l’ancienne Russie (XIIIè-XVIème siècle)primitif

Le gigantesque musée de l’Hermitage a eu aussi ma visite. Entre des dizaines de galeries d’apparat, d’escaliers d’honneur et de salles archi dorées… Entre quelques beaux Bellini, Goya, Le Greco, Rembrandt…Entre des troupeaux de touristes chinois,  russes ou européens… J’ai eu la chance de voir une expo de A. Kiefer (et dans ces salles-là, les foules avaient presque disparu!!)

Anselm Kiefer a réalisé ces peintures spécialement pour l’Hermitage, en l’honneur du poète russe V. Khlebnikov. Oeuvres presque toutes très grand format. Impressionnantes. Toujours des paysages d’une terrifiante beauté où règnent éternellement des vestiges de guerres (réels ou fantômes)Kiefer

-Budapest, ensuite. Dans le jardin de la Grande Synagogue, une sculpture de Imre Varga s’intitule « saule pleureur » ou « arbre de vie ». Un arbre métallique. Chacune de ses feuilles porte le nom d’une victime de la Shoah (oeuvre en partie financée par l’acteur Tony Curtis, d’origine hongroise). cimetièreSynagogue

-Londres, pour continuer! Je ne voulais pas louper un passage à la Modern Tate! Imposant lieu d’art contemporain installé dans une ancienne centrale électrique. Une collection relativement légère en nombres d’oeuvres (mais haute qualité!).  J’ai noté en vrac Matisse, Richter, Soulage, Kapoor, Bonnard, Rothko, Penone… L’installation qui a retenu mon attention est celle de l’artiste polonaise Magdalena Abakanowicz, « Material and objects 9 ». Un immense dépôt de sculptures molles, telles des momies, ou des roches, ou des embryons, ou des sacs de jute… Chaos, éboulis…Ou quelque chose d’organique, d’où la vie a disparu ou n’a pas encore jailli. Magdalena

Collioure, eh oui! France! Vu Augustin Hanicotte (1870-1957) avec une intéressante vision simple de la vie quotidienne du port de Collioure. Un témoignage. Une fresque vivante et naïve, un peu à la flamande. Mon préféré: un grand tableau de gouache et aquarelle sur papier kraft.Hanicotte

 -Narbonne, aussi! Me suis assise sur le banc géant de Lilian Bourgeat, l’artiste  dijonnais. Une des oeuvres de ses fragments urbains surdimensionnés.Bourgeat

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Museum HR Giger, à Gruyère

L’artiste HR Giger (1940-2014) est suisse. Il est connu pour avoir créé le fameux monstre du premier film Alien (de Rideley Scott), ainsi que des éléments du décor (siège du pilote et couloirs du vaisseau). En 1998, tombé amoureux du village de Gruyère, il y achète le château St Germain et y installe son musée. Une visite là-bas m’a laissé des souvenirs ineffaçables!

Cette ancienne grande bâtisse, sur 4 étages, permet de découvrir peintures, sculptures et dessins de cet artiste. On est embarqués dans un étonnant univers de créatures cauchemardesques et sataniques. Peints pour la plupart au pistolet à air comprimé, les tableaux et fresques dévoilent d’extraordinaires détails de scènes imaginaires, entre science-fiction, mondes fantastiques, érotisme et sadisme. Les êtres sont mi humains mi animaux mi mécaniques. Les viscères et organes se prolongent en tuyaux et réseaux de câbles. Les êtres vivants se métamorphosent en machines et réciproquement. Les frontières entre vie et mort n’existent plus.Giger2

Au dernier étage du bâtiment, la collection personnelle d’oeuvres d’art de Giger est dans le même état d’esprit. Il y a des choses très intéressantes.

En 2003, Giger a conçu aussi un bar, dans la même ruelle, en face du musée, où se déploie un monde d’enfer!  Voûtes, tables et sièges sont en (faux) squelettes! Ma bière blanche n’avait pourtant pas un goût de bave de démon…

Les photos sont interdites dans le musée. Seules sont autorisées celles dans la boutique.

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Axel Roy et le Salon MacParis

C’est encore une petite découverte sympa que j’ai faite en ce printemps 2017: le Salon MacParis.              Un lieu, d’abord: le Bastille Design Center, dans le 11ème. Ancien bâtiment industriel du XIXème siècle (quincaillerie, fabrication et gros, je crois). Sol en pavés de bois, verrière, mezzanine, sous-sol… Bel endroit. Le Salon MacParis s’y déroulait sur six jours. Pour la première fois ici  (Il avait déménagé). Bien accueillis, entrée gratuite, présence des artistes (une trentaine, chacun avec son espace qui ne se cogne pas au voisin). Les galeristes et amateurs d’art viennent faire leur « marché »! Mais pas senti du tout d’esprit mercantile.

Parmi les exposants, je choisis aujourd’hui de parler de Axel Roy et sa série « Stock Topoï ».

Parisien, ce jeune homme est diplômé des Beaux Arts de Dijon. (Non, ce n’est pas le seul critère qui m’a fait le retenir aujourd’hui!!!).

Il dessine à partir de photos. Il en garde le réalisme. D’ailleurs un regard trop rapide sur ses toiles est trompé. Il croit y voir des photos noir et blanc. Pourquoi le dessin, alors?  Sans doute l’artiste s’implique-t-il davantage. Par le travail du graphite sur papier, par le geste, par le temps passé etc.

Il représente des personnages qui, le plus souvent, déambulent en ville. Qui sont dans le mouvement de la marche. Mais l’artiste a enlevé le décor, les objets, l’architecture, l’environnement. Ne restent que des fragments des photos. Comme découpés (les « coupes mobiles » du cinéma dirait G.Deleuze). Puis comme collés. Déplacés, posés sur la surface de la toile. Juste les gens qui marchent. Du coup, le vide prend une place importante. Le blanc de la toile a une présence forte. Certains personnages ont déjà quitté le tableau et ne laissent apercevoir qu’un petit bout d’eux-mêmes. S’ils sont assis (au restaurant par exemple), l’idée du déplacement n’existe plus, mais les espaces vierges entre eux sont toujours là.Axel Roy2

Finalement c’est cet espace entre les personnages qui fait le sujet de la toile. La distance entre eux. Axel Roy fait aussi parfois des performances. Et son sujet rejoint celui-là: l’inscription des gens dans l’espace public, les comportements inconscients, les gestes si quotidiens et si coulés dans l’habitude, si moulés par une culture, un pays, une éducation… Et les relations entre eux qui en découlent (inexistantes?).

Au Salon, l’artiste avait posé au sol deux de ses toiles. Bonne idée.

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Triagonale, Galerie La Source

Eva Ducret, Laurent Delaire et BAP exposaient ensemble à la Galerie La Source, Fontaine-lès-Dijon en mai 2017, ça s’intitulait « Triagonale ». Génial!Delaire2

Rarement (pour ne pas dire jamais) on n’avait vu une telle cohérence à La Source pour une exposition commune. Ils sont trois, Eva Ducret, Laurent Delaire et BAP et ils ont su à merveille marier leur travail respectif pour cette occasion. Si bien qu’au bout du compte, leur expo devient presqu’une œuvre en elle-même.

Dès l’entrée, une installation. Et tout de suite, le ton est donné. Quelque chose comme un sentiment de vie qui passe….et qu’on aimerait freiner, retenir, conserver.

Ces petits moules à gâteaux (Eva Ducret), tout rouillés, engloutis dans d’informes boules de terre, tels des éclats de poterie préhistorique sur un chantier de fouilles, on les regarde soudain comme de sacro-saintes reliques. Cette grise pile de manuscrits à l’écriture mystérieuse (Laurent Delaire), on la prendrait volontiers pour de précieux manuscrits sauvés de la destruction, quelque part dans le monde. Ces ardoises et ces objets en pâte de verre (BAP), comme on n’en fait plus, sont les témoins d’un passé révolu et on se plaît à les voir reprendre vie autrement.

A l’étage, se poursuit le fil de cette idée pressentie dès le rez-de-chaussée. Mais elle s’affine. Du thème (trop) classique, traces du passé, mémoire, oubli, souvenirs etc,  on arrive au concept de « l’archéologie du présent ».  Les 3 plasticiens, main dans la main, chacun à leur manière, disent ce temps présent qui file mais qui, pourtant, est tellement là. Et ce temps présent qui est déjà passé…Source2

Les spirales d’Eva Ducret tourbillonnent. Et quand ça tourne si vite, la machine du temps s’arrête, non? Et l’apparence devient invisible, non?Ducret

Les architectures sur ardoise de BAP flottent entre rêve et réalité, entre vrai et faux. Ses fragments (moulages en papier, rappel des verres anciens du rez-de-chaussée) sont ces fossiles que l’on collectionne… mais bien plus fragiles que la pierre. Des petites déchirures.Bap

La série des « lumière au fond » (tableautins) de Laurent Delaire cherche ce qui est caché derrière. Ou enfoui. Ou disparu momentanément.

Les artistes, décidément, se font ici paléontologues !

Et avec ses extraordinaires « Scripsi » Laurent Delaire a entrepris un long travail de plasticien qu’il nomme lui-même « l’expérience même du présent ». L’écriture inventée qu’il déploie sur des centaines de rouleaux, de tablettes… est deux fois inexistante! D’une part elle est imaginaire et d’autre part elle n’est que sa propre trace (technique de la « réserve »). Reste pour lui le geste d’écrire, comme un rituel, comme une méditation de pleine conscience. Recherche personnelle et solitaire, mais évidemment… l’impacte sur le regardant est bien réel. Quelque chose passe, à n’en pas douter.Delaire

Cette exposition est pensée. Riche. Forte. Mais aussi belle: il y a des éléments graphiques, des volumes, des mises en scène, des harmonies… juste beaux.

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Le Salon de Fontaine

En mai 2017, au Centre Pierre-Jacques, le Salon de Fontaine les Dijon

Malgré un net effort d' »aération » entre les panneaux et de « circulation fluide » entre eux, le regard est inévitablement confronté à certaines cohabitations malheureuses. Pauvre Jean- Claude Sgro, par exemple, obligé de supporter ses voisins d’expo si différents de lui. Il faut un bon degré de zénitude au spectateur pour se concentrer sur chaque toile, en ignorant celles d’à côté. La promiscuité défavorise.Sgros Et certains artistes n’ont pas de chance avec le choix de leur panneau: telle Yi-Ling-Yu, en contre jour. Rédhibitoire…

Dans l’ensemble, la balade est quand même agréable. On découvre des talents. On apprécie les retrouvailles avec d’autres. On se laisse intriguer par certaines techniques. On repère quelques évolutions chez certains artistes connus.

J’ai fait un premier tour d’horizon dans ce Salon et voici quelques noms, parmi ceux qui m’ont fait arrêter, soit étonnée, soit émue, soit admirative, soit juste contente (petits plaisirs simples!)

Matthieu Louvrier: ça alors! je croyais qu’il était illustrateur et peignait des tableautins pour chambres d’enfants! Et là, je suis devant un triptyque très fort. Trois personnages qui émergent du noir (peinture sur velours noir) et vous font face, vous provoquent. Visages,mains et pieds clairs (des membres comme détachés du corps)…Le reste est dans la nuit. Trois portraits silencieux… qui vous interpellent.LouvrierFred Content a choisi d’exposer ses monographies et il a bien fait. Couleurs coulées, aplaties, tendues, griffées, cernées….Bel effet.

Francis Orzel: trois toiles lumineuses, trois paysages intérieurs sortis de l’étrange processus de cet artiste (projection de pigments avec pipette).Orzel

Claude Bouhot: du papier plissé, collé et rehaussé de crayon gris. C’est joli mais ça pourrait même devenir intéressant!

Christine Bossier: impressionnantes gravures où l’anatomie du dessin se fond ou s’incruste dans des surfaces colorées délicatement. (Ce serait appréciable sans vitre!!)

Muriel Bonnard: toujours d’émouvantes scènes profondément humaines. Comme des fragments de fresques qui raconteraient des évènements douloureux.

Et puis les « têtes détricotées » de Ahmed El Djama, les plexiglas gravés de Jean-Louis Vouaux

L’invité d’honneur est Jacques Perreaut. Artiste contemporain qui trouve ses sources d’inspiration dans l’Histoire et dans l’art militaire. Deux sujets qui ne me passionnent pas. Ses petites installations au Salon ne sont pas sans intérêt, néanmoins. Surtout celle d’Apollinaire, à mon avis.PerreautCliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois, et voir le nom des auteurs.