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Caroline Anezo, jeune plasticienne

Il est parfois des œuvres qui vous marquent…

J’ai souvenir de celle de Caroline Anezo (Exposition Chagny, août 2020).

J’étais entrée dans un espace obscur, sorte de cave voûtée. Un petit frigo était posé au sol, ouvert (la porte avait été enlevée) et allumé à l’intérieur. Une lueur douce et chaude. Des petites choses blanches y étaient suspendues, comme sur un mini fil à sécher le linge.

La suggestion était évidente et immédiate. Le frigo n’était plus un frigo. Mais un incubateur. Le frigo ne faisait plus de froid, mais du chaud. Le frigo ne conservait plus, mais donnait la vie. Ou du moins permettait à des vies de se développer. Une gestation était en cours…

Ce qui pouvait être des chrysalides, des cocons ou même de minuscules fœtus, se révélait en fait être des arachides. Et comme tout, ici, étant inversé, l’artiste n’avait pas « déposé la petite graine », mais au contraire avait délicatement retiré la cacahuète de chaque coque et refermé minutieusement…Puis, trempées dans je ne sais quel liquide, les coques avaient pris une teinte blanc laiteux.

J’avais aussi été touchée par un travail très délicat de Caroline Anezo qui utilisait des coquillettes (oui! Les pâtes!) Chacune d’elles avait reçu finement deux ou trois légers traits d’encre de Chine et elles avaient été glissées une à une dans les bulles du papier du même nom (oui! Le papier-bulles!). Et les nouilles étaient devenues des dizaines de petits organismes, nichant au creux de leur cocon transparent. Peut-être encore une gestation en cours…

Je connais très peu cette jeune plasticienne, fraîchement sortie de l’ENSAD de Paris. Je n’ai vu d’elle que cinq œuvres. Et je l’ai rencontrée furtivement autour d’une bière chez son hôtesse à Chagny. Mais son travail me semble d’une belle sensibilité. Par sa collecte de minuscules…Graines, épines… Par sa patiente manipulation… Du bout des doigts…Par les univers ainsi créés, subtilement évocateurs. Souvent des œuvres évolutives et éphémères…comme la vie.

Jeunes plasticiens, Chagny

Chagny, petite bourgade de province, comme diraient les parisiens. 5000 habitants, au milieux des vignes de Bourgogne…Connue pour son célèbre restaurant à étoiles. Mais Chagny c’est aussi une capitale de l’art contemporain. D’abord, depuis près de 40 ans, existe la Galerie Pietro Sparta qui a pris peu à peu une place de choix dans le monde de l’art contemporain (présente à la FIAC, entre autre). Et, ensuite, une exposition annuelle accueille un bouquet de jeunes plasticiens tout frais diplômés d’Ecoles d’art (ou en dernière année).

Cette année, pas moins de trois espaces leur étaient consacrés dans Chagny. Ils étaient neufs créateurs de la nouvelles génération. Caroline Anezo, Vincent Cardoso, Joris Creuze, Jules Galais, Chloé Poulain, Andrea Sparta, Pier Sparta, Tindara Sparta, Lucien Vantey.

Vincent Cardoso

L’exposition s’intitulait « Capitale des alentours ». C’était en août 2020

Pier Sparta

Intéressant, vraiment, de se pencher sur la façon dont ces jeunes artistes apprennent à mettre en forme leurs idées (dont ils regorgent!!), à les concrétiser, à leur donner une nouvelle vie, et, au final, à les mettre en scène lors d’une exposition.

Joris Creuze

J’écrirai un peu plus tard quelques papiers sur ceux des artistes de cette expo qui m’ont laissé un souvenir marquant…

Dijon vu par…

Poésie et photographie, cette année 2020, au Palais des Ducs de Dijon pour le traditionnel « Dijon vu par », au Salon Apollon: Pascal Reydet et Annabelle Larcheveque.

Vous cliquez sur les visuels pour agrandir

Pascal Reydet nous a habitués à d’excellentes scénographies de ses expositions de photographies. Et cette fois, avec ses collaborateurs, je crois qu’il fait encore mieux! Dès l’entrée dans le salon Apollon, on comprend ce qui nous attend: deux panneaux géants attirent le regard et annoncent la couleur: photo très grand format au sol, face à nous, et écriture, sur écran suspendu au plafond, un peu plus loin. On a compris. Ce sera l’image et les mots.

Sept ou huit sujets sont abordés, avec chacun son style de présentation: petits panneaux sur pieds pour un tour au centre ville, cadres vieillots pour un cabinet de curiosités, sorte de gros chamboule-tout pour la fête foraine, carnet géant pour l’intime etc. Varié, sans aucune monotonie, mais pas fouillis pour autant. Tout cela se tient. Et s’enchaîne. Mais on peut aussi suivre l’ordre que l’on veut. Et lire les tomes de cette belle histoire séparément.

Dijon nous est donc conté.

L’art de Pascal Reydet c’est la sobriété. Ce serait presque l’image pauvre. Celle qu’on ne verrait pas ou qu’on oublierait si le poète-artiste-photographe ne nous la montrait pas. Et l’image est si simple parfois qu’elle oblige à s’arrêter et à chercher son pourquoi, sa raison d’être, son secret. Comme un simple trait d’encre de Chine peut en dire long… Et Pascal Reydet porte un certain regard tendre sur Dijon, ce qui n’empêche pas l’humour et le pittoresque.

La déambulation dans la ville a été faite à deux. Pascal et Annabelle. Et le résultat est un duo, avec échos et résonances… Les mots de Annabelle Larcheveque traduisent (interprètent?) les scènes, les personnages, les objets et les paysages avec d’autres couleurs, d’autres sons, d’autres références…Peut-être davantage dans l’abstrait, dans le rapport à soi, dans l’intérieur intime. Même si son écriture colle à la réalité, elle s’en échappe aisément et construit des images (oui, comme le photographe) immatérielles.

Chiharu Shiota, Paris

A la galerie Templon, Grenier St-Lazare, à Paris, a exposé, cet été 2020, la plasticienne japonaise Chiharu Shiota. Titre: « Inner Universe ». Du mardi au samedi, 10-19h.

Sa façon à elle d’exprimer les choses c’est le fil (encore que cette fois, elle utilise un peu le verre, le bronze…) Ce fil, fragile et doux, elle le noue, le tisse, l’étire… Jusqu’à des réseaux inextricables qui emprisonnent dans leurs filets quelque objet de la vie (robe de mariée, livre, photos anciennes…)

Très souvent, ce fil est rouge. Comme le sang. D’où cette impression de regarder à l’intérieur du corps. D’autant plus que Chiharu Shiota, ici, enferme (entre autre) d’anciens livres d’anatomie dans ses cages de fils. L’installation centrale, elle, est faite de fines lanières et lambeaux de cuir rouge. De grands filets suspendus, comme des corps dont il ne resterait que les réseaux sanguins. Des circuits de vie en attente de retrouver des carcasses et de se remettre en route.

L’oeuvre de cette artiste, décidément, frappe au coeur. Le don de dire la vie et ses mystères, autrement. La mémoire, la mort, la présence, l’absence, l’intérieur et l’extérieur de nous-même, le lien entre l’humain et le vivant de l’univers…Je suis toujours épatée par ces plasticiens qui ont le moyen d’évoquer de façon tangible (et si c’est de façon esthétique, c’est encore plus formidable!) tout ce que nous, nous ressentons très vaguement, que nous ne comprenons pas, que nous ne nommons pas…

Ses tableaux de fils et ses dessins sont extraordinaires également.

Luc Schuiten, Latitude 21

Latitude 21, (33 rue de Montmuzard, Dijon) a proposé, après le confinement du printemps 2020, un petit tour dans l’univers poétique, beau, illuminé et plein d’espoir de l’architecte belge Luc Schuiten. Samedi 14-19h. De mardi à vendredi, 9-12h et 14-18h.

Il y a en lui un peu de Léonard de Vinci et de Folon, un peu de jeu vidéo et de science fiction… Du bout de son crayon, de sa plume et de son pinceau d’aquarelle, Luc Schuiten nous invite à entrer dans un monde imaginaire. Mais ce monde imaginaire a bien l’intention de devenir un monde réel, dans un avenir le moins lointain possible.

L’architecte Luc Schuiten invente des véhicules, des maisons, des villes…. pour qu’un jour ils existent et sauvent notre planète.

Nous sommes donc en 2150 ou 2500, dans la ville biomimétique, volent des dirigeables à ailes battantes et roulent des tramodulaires. Les maison sont bioclimatiques ou même des habitarbes. Les matériaux de construction sont des organismes vivants. Le but est d’utiliser dorénavant toutes les extraordinaires ressources du vivant, sans les détruire pour autant.

Une utopie, pour cet artiste-architecte, c’est un possible qui n’a pas encore été expérimenté (et non un impossible)…

Dès 1968, Luc Schuiten (né en 1944) a été militant écologique, créateur, inventeur. Il avait déjà le souci d’autres choix de vies. Il agissait pour un monde nouveau à bâtir.

Parcours de sculptures, Malans (70)

Depuis 2013 l’association Ile Art ouvre gratuitement au public un parcours de sculptures contemporaines dans la nature. Enfin j’ai découvert cette balade séduisante entre chants d’oiseaux, rayons de lumière et bruissements de feuilles d’arbres. C’est à Malans, en Haute Saône, non loin de Pesmes, rue des Châteaux. (petite brochure explicative gratuite à l’entrée du chemin)

Vous pouvez agrandir les visuels en cliquant dessus

Tout est bien pensé, ici. Le sentier sans difficultés de marche, balisé discrètement mais efficacement, les sculptures non loin du cheminement mais parfaitement intégrées dans leur coin nature, des passages aménagés (escalier, allée en planches rustiques…) en osmose avec la forêt… Liberté de circuler, avec simplement quelques rares et discrets rappels à notre vigilance, sans excès aucun… J’en reste baba!!!! C’est si rare qu’on nous prenne pour des « grands », qu’on fasse confiance en notre bon sens et qu’on nous mette face à notre responsabilité.

Je n’ai pas vu les quarante sculptures. Mais j’ai malgré tout beaucoup apprécié ma promenade, d’œuvre en œuvre (je n’en signale ici que très peu, malheureusement). La première, rencontrée sur mon circuit, est « Onde sonore » de Denis Pérez (résine).

Je l’ai plutôt appréhendée comme une peau. Une mue. Ou une carcasse. Quelque chose d’abandonné là, trace d’une ancienne vie. Magistralement placée dans une dénivellation du relief (ici existaient des carrières), la sculpture plane au-dessus de nos têtes. Plus loin, nous verrons une autre création de cet artiste: « Envelopper la lumière » (bronze). Que j’ai ressentie (cette fois!) comme un capteur de sons, comme le pavillon d’un instrument de musique géant. Une belle forme à-demi enroulée, prête à retenir ce que lui offre la nature: sons ou lumières.

Karl Chilcott est un des artistes qui m’a interpellée. Il utilise des pierres blanches des carrières locales (de Malans) pour réaliser des voies et des cascades…Éboulements et empierrements que les mousses recouvrent peu à peu, qui s’intègrent au paysage tout en intrigant, malgré tout, le promeneur. Une de ces coulées de pierres aboutit à une extraordinaire bibliothèque!

Rangés sur de grandes étagères en acier (aspect rouillé), les livres sont des pierres plates! De différentes tailles. A s’y méprendre! Des cailloux aussi riches en mémoire, en culture, en savoir que des livres. Belle idée! Le poids des livres!!!

Autre artiste que j’ai retenue, Claudia Dietz. Elle crée un petit monde d’étranges créatures (pierre reconstituée ou pierre de sable) qui jouent les gardiennes du lieu.

Certaines, à l’allure de manchots, sont installées sur une petite hauteur, au creux de leur nid de branchages, et ce sont les « sentinelles de la forêt ». Ailleurs, ce sont plutôt de gros vers, à la peau plissée, qui rampent sur le sol, gueule ouverte… Ce sont « les animaux de la lune »… Univers fantastique ou de science fiction. La nature cache des vies insoupçonnées.

Je citerais encore Jérôme Marcel qui a réalisé un mikado géant en bois peint, suspendu entre les arbres, mouvant et gaiment coloré. Cette vision légère et ludique, insolite au cœur de la végétation, attire l’œil.

On prend plaisir à approcher cette installation, à la contourner, à guetter le courant d’air qui fait osciller les longues perches. Esthétiquement, aussi, cette « danse des Hommes » est une réussite.

La balade passe par le parc d’un château dont les immenses pelouses portent de nombreuses sculptures en acier de l’artiste suisse Andrea Malaer.

Fred Content, Hôtel de Vogüe.

En juin 2020, Fred Content a exposé des fusains à l’Hôtel de Vogüe, rue de la chouette, Dijon: « Möbius ». 10-20h

C’est de la danse et de la musique. Si on veut. Mais qui découlent d’un geste, atterrissant sur du papier. Main et fusain ont suivi le rythme de l’âme. Ou de quelque chose, en tout cas, arrivant de l’intérieur, de l’intime, du personnel. Un rythme qui, malgré tout, nous va bien à nous aussi, les visiteurs.

Voici donc, sur fond blanc, des pleins et déliés, des courbes, des enluminures, des calligraphies… Bref des lignes noires toute simples. Elles jouent entre elles, et avec les vides de la feuille vierge. Elles construisent des volumes virtuels. Des sculptures à venir. Elles organisent des jeux d’ombres et de forces. Plus ou moins épurées, les compositions obtenues possèdent à la fois la légèreté de la poudre du charbon de bois et la force du dessin noir.

Tout cela est inspiré du fameux ruban de Möbius, dit l’artiste dont il faut lire le texte à l’entrée de la salle.

Je trouve que la présentation de l’exposition est bonne, compte tenu de la difficulté de cet espace!! Il fallait voir ça

Galeries, Paris

10 juin 2020: Ai retrouvé Paris, après 3 mois de séparation (le fameux confinement)! Un petit tour dans la ville convalescente. Tous les musées ne sont pas ouverts. Mais pratiquement toutes les Galeries le sont, et certaines depuis un mois déjà. De ma balade, je vous livre trois ou quatre échos…(Vous pouvez agrandir les visuels en cliquant dessus)

Stéphane Couturier, Galerie Christophe Gaillard (rue Chapon), « Monumental ».

Un travail de photographe. Mais qui ne s’arrête pas à la représentation du réel. De découpages en montages, de superpositions en entrelacements, de rapprochements en éloignements et accumulations, ce plasticien entraîne chez nous à la fois une réflexion et un plaisir esthétique. Devant nous, des architectures. Des villes. Des immeubles. Et, tout en nous intéressant à la problématique de l’urbanisme, il nous met face à des graphismes et des géométries qui nous évoqueraient aussi bien un Mondrian qu’une peinture cubiste…

Marc Petit, Galerie Schwab (rue Quincampoix) Cette galerie, même après l’expo, conserve des oeuvres de M. Petit. A voir.

Ce sculpteur expose ses bronzes depuis 35 ans… Extrêmement prolifique, il donne naissance à des milliers d’êtres torturés, maladifs, décharnés, martyrisés, crucifiés, seuls, abandonnés. Une humanité victime, qui se courbe sous le poids de souffrances indescriptibles. Qui est leur bourreau? Je vous laisse le soin de deviner. La réponse est multiple. On n’est malheureusement pas à cours d’idées. Reste que le Mal a rarement, à notre époque, était aussi bien représenté dans une expression puissante et bouleversante. Et le travail de sculpture est extraordinaire: les chairs, les attitudes, les sensations… Tout est dit, en si peu de matière.

Hélène Loussier, Galerie Grès (rue du Pont Louis-Philippe).

Cette Galerie est consacrée à la céramique contemporaine. J’y suis assez fidèle quand je me retrouve parisienne pour 2 ou 3 jours! Cette fois, je voulais voir les figurines de faïence d’Hélène Loussier. Drôles de petits personnages mi-humains mi-végétaux (ou animaux), vivants à souhait, dansants, expressifs, bien plantés sur leurs jambes (pattes, tiges?), ils semblent sortis d’un livre de contes. Ils sont doux et clairs, à peine colorés. On les aimerait comme doudous!

Le Consortium, Dijon

Après le premier confinement 2020, Le Consortium, rue de Longvic à Dijon (pardon! Consortium Museum, doit-on dire maintenant!) exposa Valentin Carron, Sean Landers, Ada Pendleton et Louise Sartor. (vous pouvez agrandir les visuels en cliquant dessus)

C’était ma première sortie expo dans ce post-confinement! Je me sentais toute chose! Direction Le Consortium!

Apparemment, on est toujours dans le grand retour de la peinture en art contemporain. Et de la peinture figurative à souhait. Réaliste. Jusqu’au trompe-l’œil. Ici, sur 4 artistes exposés, deux sont des peintres.

Les salles de l’américain Sean Landers (né en 1962) sont plutôt séduisantes. Un monde étrange, drôle, souvent proche du Surréalisme. On circule aisément dans cet univers d’artiste, cohérent dans son expression. En fait, il s’agit en permanence de lui! L’artiste! L’expo est un portrait géant de Sean Landers! L’écriture, d’abord. Très présente dans son travail. Elle le raconte, sous forme de journal, de notes, de sentences, de citations…Tout cela peint avec réalisme (bibliothèques, panneaux indicateurs, toiles couvertes de lettres, fonds de tableaux, forêts de bouleaux à l’écorce gravée de noms et de mots…).

Le personnage de « Plankboy », ensuite. Petite marionnettes faite de planches de bois plus ou moins articulées. Enfantin, modeste, mais jouant les héros de la mythologie (Narcisse, Sisyphe…) il pourrait incarner l’artiste lui-même.

Et puis, il y a ces animaux sauvages habillés de tissus écossais! Loufoques mais beaux et puissants. Eux aussi pourraient incarner l’artiste!

La douce fantaisie de l’univers de Sean Landers, sa réalité pas vraiment réelle, son imaginaire à la Magritte…Tout cela n’est pas fait pour me déplaire. Seules choses qui pourraient m’agacer, c’est cette façon permanente de se mettre en scène, comme s’il n’y avait rien d’autre d’important ici-bas, et sa technique picturale irréprochable (qui, pour moi, n’est pas un critère suffisant pour être considéré comme un grand artiste)…

Louise Sartor, française née en 1988, est la deuxième peintre de cette nouvelle expo au Consortium.

Des séries de tout petits formats courent sur les grandes blancheurs des murs du centre d’art. Les peintures de l’artiste, minutieusement réalistes, sont réalisées sur des morceaux de carton de récupération. Contraste entre le quelconque de ces supports et l’extrême perfection de ces peintures…Paysages et portraits tout ce qu’il y a de plus classique, mais en mini! A la taille de nos écrans d’iPhones!

Ces petits bouts de réalité, comme une collections de coups d’œil éphémères ou au contraire de regards répétés au quotidien (avec les différences que cela implique malgré le retour éventuel de la même vision), entrent dans le côté émotionnel de l’art. Même si ça peut être considéré comme « juste » décoratif, je crois en la valeur de cet art-là, même si c’est un peu contradictoire avec ce que j’ai dit plus haut! Avec une technique excellente, Louis Sartor est un bon peintre! Mais pas que…..

Louise Sartor est cette année pensionnaire de la villa Médicis, Académie de France à Rome (j’espère qu’elle a pu y aller malgré le covid).

Pour les salles de Valentin Carron, artiste suisse de 43 ans, il m’aurait fallu une visite commentée. Je suis légèrement perplexe. Et ce n’est pas le texte de Frank Gautherot sur le petit livret offert à l’entrée qui va m’ouvrir les portes …. Un peu obscur pour moi!

Quand à la vidéo de Adam Pendleton, artiste américain, 36 ans, ce sont des images en très gros plan qui vous envahissent littéralement, du fait de l’exiguïté de la salle, qui se comprennent peu à peu, qui s’entrechoquent avec des mini épisodes d’écran noir…Les paroles d’un interview rythme ces images. Il s’agit du portrait du chorégraphe Kyle Abraham. Davantage documentaire qu’œuvre d’art, même si la beauté des mouvements, des matières et du rythme des mots sont intéressants (opinion d’une non-initiée à la vidéo, dans l’art contemporain!!).

Philippe Thouvenin, La Source

La Galerie La Source de Fontaine lès Dijon a accueilli l’exposition de Philippe Thouvenin « Résonances » au printemps 2020 (expo interrompue par le confinement…). Du mercredi au dimanche, 15h30-18h30. (cliquez sur les visuels pour agrandir)

Il faut du courage et de l’audace pour essayer de peindre comme les maîtres de l’art oriental. Philippe Thouvenin admire les peintres japonais. Et il tente, dans son travail, de se rapprocher de leur génie. Ce qu’il fait est formidable en technique et même en esthétique. C’est beau (on l’entend dans la bouche de tous les nombreux visiteurs). Mais, bien sûr, il manque le Qi (prononcez Tchi), c’est à dire le Souffle, qui court à travers la nature comme à travers le corps humain…L’artiste japonais cherche à saisir le Qi du paysage qu’il peint. Et, du coup, en peignant le paysage, il peint l’homme…Il cherche à saisir l’intime relation entre le macrocosme et le microcosme…Bref, c’est dur de copier l’art japonais.

Vous me direz, tout le monde se fiche du Qi ici!

Donc, c’est une belle expo. Oubliez ma réticence à me méfier de la virtuosité qui est souvent une « grande habileté peu inspirée »(Olivier Céna). Oubliez que dans l’art, pour moi, il n’est pas question seulement de tableaux ou de sculptures, mais de soi-même. « C’est soi qu’il s’agit d’éprouver » (Jérémy Liron). L’humain, quoi, et… le Qi!

Bon! L’expo remplit totalement la Galerie de peintures, sculptures et haïkus. Car Philippe Thouvenin ne travaille pas seulement l’encre et l’aquarelle, il sculpte le bois et compose des poèmes. L’inspiration est plutôt japonaise, comme je le disais. Mais il y a un peu d’Afrique aussi… Et quelques icônes…etc. Bref, une légère incohérence. Dans une expo, il ne faut pas chercher à tout montrer.

Mais certaines pièces sont vraiment belles. C’est vrai. Le nid de frelons (peinture) et le dindon (sculpture faite de 3 bois différents) sont mes préférées. J’apprécie aussi celle que j’ai choisie de mettre ci-dessus, mais j’ai oublié son titre, désolée.

Et les haïkus, c’est une bonne idée: courts, faciles à lire, en écho avec la peinture que l’œil regarde, en lien avec les deux autres éléments de l’expo (peinture et sculpture)…