En septembre 2012, Consortium, l’une des 3 expos m’avait touchée, celle de Valérie Snobeck
Je dirais, peu importe la technique…..Je n’ai pas trop compris le processus de l’artiste…. A la base, est-ce un miroir dont elle a enlevé le tain à force de grattage et d’utilisation d’acide? Puis aurait-elle imprimé un film sur le vitrage ainsi obtenu? Ou est-ce vraiment la simple feuille qui reste après l’écorchure radicale du miroir? J’avoue ne pas savoir.
Mais en tout cas, le résultat est là. Poignant. On est devant des sortes de suaires, ou de voiles aux bords roulottés, ou de papiers extrêmement fins et plissés que l’artiste a posés derrière des vitres. Comme on mettrait en vitrine des parchemins précieux qui seraient sortis d’une fouille archéologique. Les vitres sont à l’intérieur de châssis en bois brut (châssis de tableaux), tenues avec de grosses ferrures flambant neuves. Bref, la présentation semble volontairement soignée, presque spectaculaire. Mise en évidence. Les « feuilles » sont toutes enfermées dans ces cadres qu’on dirait sécurisés. Sauf une. Elle est à l’air libre, un peu comme un linge qui sècherait.
Toutes ces « feuilles » sont teintées de pâles couleurs, couvertes de légers dessins hachurés etc. On pense à des empreintes (mais n’est-ce pas réellement des empreintes?). On pense à des peaux. Et j’aime imaginer que ce sont des miroirs hantés, aux reflets fantômes… Encore vaguement visibles pour ceux qui savent regarder.
Et l’artiste utilise aussi des filets de chantiers (qui protègent les échafaudages). A travers leurs mailles serrées, la vue se brouille. On devine plutôt qu’on ne voit. Il y a recul, distance entre le regardant et l’œuvre… Il n’a pas accès direct.
Tout cela est étonnant de suggestions, de questionnements, de poésie. L’artiste a pensé l’œuvre, travaillé des matériaux, joué habilement avec le hasard.
Ouf! Il y avait longtemps que je ne m’étais pas payé une journée à Paris pour des expos! D’abord Buren en Monumenta . Puis, Triennale au Palais de Tokyo. Je vous raconte. (c’était en juin 2012),
« Excentrique(s), travail in situ », ça c’est le titre. Baguenauder doucement, c’est ce que j’ai fait dans cette installation de Daniel Buren. Toute en rondeurs, en couleurs primaires, en effets miroirs, en reflets, en diffusions de lumières… Oui! C’est agréable.
Il ne faut, je crois, rien attendre de plus de ce Monumenta-là. L’artiste a magnifiquement travaillé les équilibres et les volumes, et il faut juste en profiter sans se casser la tête. Faire comme les enfants, monter sur les glaces circulaires du sol pour se regarder dedans et avoir le vertige… Circuler dans cette forêt de petites colonnes « buréniennes » en noir et blanc (eh oui, ses bandes, toujours) …Boire un café sous ce faux-plafond harmonieux où l’on se prend bonne mine…Monter l’escalier pour avoir vue plongeante sur les ronds de Buren, qui nous évoquent de drôles de lunettes de soleil ou ces assiettes qu’on faisait tourner au bout d’une baguette quand j’étais jeune. Voilà comment j’ai (bien) vécu le Monumenta 2012. C’est certain que Boltanski (2010) m’avait autrement impressionnée et troublée.
L’installation sonore qui suit le mouvement du visiteur, montage avec 4 chiffres et noms de couleurs en 37 langues… Rien d’émouvant ma foi. Tout cela est calculé froidement.
Palais de Tokyo, La Triennale.
C’est un tout petit morceau de cette Triennale que je peux vous raconter. A suivre… Une autre fois! Car c’est géant! Vertigineux! Il paraît qu’il faudrait plus de 8 heures d’affilée pour tout voir!
En deux heures, une mignonne médiatrice culturelle nous a instruits avec un sérieux et un enthousiasme admirables. Elle avait fait sa propre sélection d’œuvres à nous montrer.
En premier, le bâtiment qui sort d’importants et longs travaux de près d’un an. J’étais curieuse de voir le nouveau look du Palais (qui date de 1937). Eh bien, on croit en fait que les travaux sont loin d’être terminés… C’est volontairement ruiné, bancal, pas fini, brut. Comme si on était revenu aux premiers jours de la construction, il y a plus de 70 ans! Impression très bizarre de retour en arrière ou d’inachèvement, de mise en attente.
Maintenant, « Intense proximité ». C’ est le sujet de cette Triennale. (Le Palais de Tokyo n’aura jamais de collection permanente. Ce n’est pas un musée). La réflexion est portée par des artistes contemporains de tous azimuts qui ont travaillé en relation avec l’anthropologie et l’ethnologie. 120 participants en tout (y compris des chercheurs, cinéastes, écrivains, théoriciens…du monde entier et de toute époque). L’art flirte avec les sciences.
L’accent est mis sur notre place au monde et notre identité. A l’intérieur des groupes humains. Notre confrontation à l’effacement des distances et des frontières dans une mondialisation galopante. Le sujet est vaste. Car aussi bien traité par l’Histoire, la géographie, la politique, la philosophie, la sociologie… On navigue entre relations familiales, mariage mixte, racisme, colonialisme, complicités touristiques malsaines, métamorphoses des rituels anciens (ou leur récupération), traditions et mélanges des cultures etc.
Grâce à notre petite guide, nous ne sommes pas passés à côté d’œuvres muettes et imperméables. Nous avons eu des explications! Et c’était bien! Sinon, quelle perplexité une fois de plus !
Personnellement, je reste attachée à ce qui me semble plus création que reportage, plus ressenti personnel que témoignage.
Pour cette fois, je ne parle d’aucune œuvre en particulier. Impression globale.
Et pardon pour les visuels qui sont sans nom et sans commentaire
Robert Combas, « Greatest Hits » ,en juillet 2012, au Musée d’Art Contemporain de Lyon.
Époustouflant. Non seulement par l’œuvre elle-même, mais aussi par la façon dont l’artiste occupe l’espace du MAC. Il « habite » le musée dans tous les sens du terme (il a installé un atelier où on peut le regarder travailler à travers une vitre sans tain. Moi, je ne l’ai vu qu’assis dans un fauteuil lisant son journal!!) Les murs sont peints ou décorés spécialement pour accueillir ses toiles, la musique occupe chaque pièce, ses textes (j’ai découvert son écriture assortie à son travail et j’ai adoré) accompagnent les peintures… Ah, certes, la scénographie n’ est pas laissée au hasard! Et les thèmes des salles successives bien choisis. Sous des aspects de grand délire, d’ailleurs, les oeuvres de Combas sont composées avec rigueur. Et cette rétrospective lyonnaise est à son image: pas si fou que ça!
Allez! On ne peut pas écrire sur lui. C’est d’une telle fertilité! D’une telle puissance! Chaque tableau demanderait une heure de regards attentifs: tant d’entrelacs, d’écritures, de figures… De son pinceau vif et sûr, Combas raconte, bavarde, se souvient, bifurque, ajoute, se fâche, rigole, s’attendrit, interpelle, choque…
Du petit objet peint à l’immense fresque, tout est terriblement inventif et dense. Entre BD, icônes, enluminures, graffs, pastiches, publicités, vitraux, on ne sait où donner de la tête tant les références nous paraissent innombrables. Et il faut avouer que parvenus au 3ème niveau de l’expo, à la six centième (et quelques) œuvre, on est un brin saturés… Saturés comme ses toiles. Pleins! Mais enthousiasmés!
Depuis quelques années, le musée archéologique de Dijon invite en son sein des artistes contemporains, le temps d’une exposition. J’ai été enthousiasmée par la dernière intervention, intitulée « Les Anonymes ». Celle de Gérard Alary. C’était début juillet 2012
Quatre toiles très grand format occupent le centre du dortoir des Bénédictins. Ou plutôt deux toiles recto-verso. On est impressionné dès l’entrée. Par la façon dont, à la fois, elles s’imposent et elles s’intègrent. Elles ont une gravité et une solennité qui conviennent à ce lieu d’Histoire et de mémoire. Une puissance aussi, que ne démentent pas les objets exposés dans cette salle. Tous du domaine de la spiritualité et, donc, du dépassement, de la supériorité et de la force infinie. (Mais la présence de cette oeuvre contemporaine vient, je crois, aider à révéler tout cela. Je le dis plus loin). Question de lignes et de teintes également: il y a des échos entre les tableaux et l’architecture du dortoir…(Regardez cette colonne et cette tête de mort…)
Le musée ne fait pas que dire l’éternité et l’universalité des valeurs, il parle aussi (beaucoup) de mort. La mort dans ce qu’elle a d’intemporel, de dominateur, d’image du passage…L’artiste évoque cette mort par des apparences de crânes géants sur ses toiles. On peut les voir habillés de bandelettes de momie, ou les yeux bandés, ou flottant dans la nuit des temps, ou disparaissant inéluctablement dans les profondeurs du grand trou noir…
Le sujet choisi et un travail énergique des couleurs, entre des blancs, des noirs et des rouges, communiquent une certaine tragédie à ces peintures. Mais, en même temps, elles dynamisent cet endroit du musée. Soudain les chapiteaux et les Christ anciens ne sont plus de vieilles belles choses inertes. Ils prennent sens. Ils participent au grand mouvement de la vie. cliquez sur les visuels pour agrandir
L’exposition à La Source (Fontaine-lès-Dijon), en mai 2012, portait le nom de « Ballet mécanique ». Le peintre Daniel Carette avait en effet choisi d’axer son dernier travail sur un thème qui le touche particulièrement: l’industriel. Et le résultat était convaincant.
La Galerie La Source ronfle et grince de ses hauts fourneaux, aciéries, laminoirs, usines et moteurs divers.. Un sujet plutôt rare dans un travail pictural (encore qu’il y a eu des antécédents) . Mais Daniel Carette traite cela avec une sensibilité poétique tout à fait touchante. Histoire de mémoire, chez lui. Histoire personnelle. Dans sa jeunesse, en effet, il a été confronté à cet univers difficile de la métallurgie de l’Est de la France. « Ce passé me rattrape, il me faut en parler », dit-il.
Voilà donc une peinture figurative qui affronte une réalité de plein fouet, la montre, la détaille et la fouille sans hésitation. Une réalité réputée brutale, bruyante, impersonnelle, inhumaine. Une réalité moche (mais nécessaire). Et pourtant, au travers de cette violence-même, se joue un opéra à La Source en ce moment…
Tous ces échafaudages de barres rouillées, ces ferrailles, ces architectures métalliques, ces tuyaux, ces engrenages, ces rouages, ces terrils, ces décharges…accèdent à une beauté surprenante. Quelque chose de bleuté, rosé, doux… Non pas que l’artiste cherche à embellir la réalité, mais il la fait émerger de ses souvenirs adoucis par le temps. L’époque est révolue, pour lui comme pour ce patrimoine industriel-là, et prend donc les flous de l’oubli, s’idéalise, se colore d’une sorte d’attendrissement.
Les images se confondent avec les sensations ou deviennent elles-même des sentiments, les formes ne sont plus qu’ émotions. Pour certains plans rapprochés (particulièrement réussis), la frontière de l’abstraction est vite franchie: le vécu apparemment concret se traduit par des lignes à la définition presque abstraite. A force de sonder l’intime, de descendre dans les profondeurs de nos mines secrètes, la représentation tangible nous échappe. Et c’est bien.
Si cette peinture (bien que très réaliste) me plaît c’est qu’il y bat un cœur et qu’elle raconte des choses inexprimables.
A noter que Daniel Carette a donné une unité à son expo non seulement par le thème abordé et l’ambiance créée mais également par les encadrements de ses toiles tous identiques.
Dans deux salles, le musée des Beaux Arts de Dijon, offrait en mai 2012 une expo de Philippe Gronon. Un travail d’art contemporain passionnant. Une série de photos des versos de tableaux…Elle s’intitulait « de l’autre côté ».
Le plaisir éprouvé à la visite de cette expo est de plusieurs registres. C’est dire si on en ressort comblé.
– Peut-être, en premier, une satisfaction esthétique: ces toiles ou bois ou tôles, vus de dos relèvent souvent de l’art abstrait: taches, coutures, usures, collages, ombres etc. Tout cela porte une qualité plastique certaine. Le relief des cadres, croisillons et systèmes d’accroche également. On peut aussi y voir un art du trompe l’œil, les photos étant d’excellente qualité et reflétant la réalité dans toute sa vérité. On se surprend à vouloir toucher un bord d’étiquette décollé, un morceau de toile agrafé, un clou, une attache, une rustine… Cette fois, on prend une photo pour de la peinture! Ordinairement, l’hyper réalisme est accusé de trop ressembler à de la photographie! Ambiguïté!
– Et puis, le tableau, devenu objet historique nous raconte son existence: son époque, ses voyages, ses restaurations. On déchiffre les étiquettes, les écritures, les dates, les tampons. Notre curiosité est en éveil.
– On se plonge aussi dans quelques réflexions sur l’envers des décors, les coulisses, les secrets, les choses cachées… Tout ce qui est réservé à certaines personnes et interdites aux autres. Le public n’a droit qu’à la façade. Mais le dos a son importance. Sa nécessité, même. Souvent bien austère, d’ailleurs, par rapport à l’œuvre elle-même. Le contraste entre la peinture et son revers est étonnant. ( « L’origine du monde » et son sexe de femme bien réaliste a un envers archi froid et fermé!) C’est le revers de la médaille!!
– Et notre frustration est vive: qu’est-ce qu’on a envie de retourner le tableau! (et même si on retourne, c’est fichu! puisque c’est juste une photo! On est doublement frustré! ) Privés! Punis! Contraints à se souvenir, à deviner, à imaginer, à espérer revoir les peintures sur livres ou Internet dès qu’on sera de retour chez soi. Ce manque (oui! on est en manque!) est très intéressant également! ça bouscule, ça nettoie des habitudes, ça dérange… Et c’est bien l’objectif de l’art contemporain. Autre pensée qui nous vient: des œuvres sublimes, célèbres, sans prix et immortelles qui en sont réduites à cet aspect simplissime, rustre et pauvre. Sont-elles humiliées? Et nous? Obligés, pour une fois, de regarder autre chose que l’apparence évidente…
– Je ne voudrais pas y voir de la provoc…Mais quand même, quand quelqu’un vous montre son derrière, vous pensez quoi? …………Mais non, ce n’est pas le genre de l’artiste.
Le musée Magnin montrait également des photos de cette série de Philippe Gronon, mêlées aux tableaux . Je préfèrais celles du musée des BA.
Le site de Lunettes Rouges nous offrait un papier sympa sur cette expo (12 mai 2012). Il n’avait pas fait la visite lui-même, mais rapportait un commentaire d’un blog d’une dijonnaise « Rose Chiffon ». Bien vu. Même de dos.
Fabien Lédé, co créateur du collectif Nü KÖza, est sur le point de quitter Dijon. Il déménage pour la Pologne (une histoire d’amour!!) Du coup, fin avril 2012, il a proposé une expo personnelle à Nü Köza avant de partir.
Ici, à Nü Köza , c’est un peu comme si on feuilletait l’album souvenirs de Fabien Lédé. En vrac, on retrouve ses graphismes tourbillons, « hypnotiques » dit-il, ses sculptures à la tronçonneuse, d’anciens dessins attendrissants, des grands dessins plus récents, fougueux, et ses œuvres style electro-pop, parfois naïves parfois trash…
Tout l’univers de l’artiste est réuni (même si, malheureusement, certaines œuvress, parmi les meilleurs, dont son installation de l’ABC, sont déjà parties en Pologne). Ce foisonnement de vie, d’amour et de mort, ces êtres fantasmagoriques qui semblent sortis de légendes intemporelles…
Son style répétitif est là. A la limite de l’obsessionnel. Feutres acryliques ou stylos bille couvrent et couvrent encore les surfaces. Les toiles sont comme tapissées, brodées de milliers de petits points. Ses couleurs franches et vives sont là également.
Et on entre dans l’intimité de ses rêves, de ses envies, de ses pulsions jusqu’à en être gêné! C’est une œuvre impudique comme celles qu’on peut voir en art brut. Mais c’est aussi pour ça qu’on aime les créations de Fabien Lédé. (Qui se dédouble souvent, prenant des noms d’artiste divers! Max Tobias, Kludzen!!)
Des sculptures à la galerie La Source (Fontaine-lès-Dijon) en avril 2012.
C’est fou ce que ces pièces de terre cuite patinée peuvent communiquer comme émotions…Ces petits bouts de femmes sculptées par les doigts enchanteurs de Christelle Dupaquier ne laissent vraiment pas de marbre…Ces poupées (elles en ont à peu près la taille) vous troublent, vous font sourire, vous choquent, vous interpellent. Tout est ambigüité chez elles: un air de bébé boudeur ou de petite fille innocente, mais des formes et des positions provocantes de femme-femme. Avec leurs fesses et seins opulents, elles évoquent une vénus paléolithique ou une belle africaine noire. Gourmandes de vie, impudiques, audacieuses, sensuelles, drôles, elles existent à travers leur corps, sans complexe et avec bonheur
L’artiste capte l’âme féminine et ses fantasmes. Elle se fait visiblement plaisir en créant ces bouts de chou éclatants de vie et pleins de hardiesse. Elle leur attribue souvent des pieds de géante , comme si le personnage était vu en contre-plongée, ou comme si c’était un adulte vu par un enfant! Étonnant! « La force entre par les pieds! » disait Miro!
L’homme est présent aussi à cette exposition. Mais quel contraste avec le sexe féminin! Pour lui ont été réservés les rides, le sérieux, la réflexion anxieuse…Eh ben! En tout cas, de beaux portraits.
cliquez sur les photos pour agrandir
un papier de Jonas, sur dijonscope.com est paru samedi 7 avril sur cette expo. Très intéressant.
Un régal à la galerie Nü Köza! En avril 2012: les dessins et gravures d’Antonin Malchiodi .
Petit monde fantasmagorique que celui de cet artiste nancéien. Une foule de personnages farfelus, grotesques, grimaçants, souvent mi-homme mi-bête, circulent dans son œuvre. On y voit des scènes où ça fourmille allégrement. Ce sont de véritables tableaux à la Bruegel l’ancien ou à la Jérôme Bosch . Mais, parfois, une seule créature occupe la feuille.
Les héros nés de l’imagination débridée d’Antonin Malchiodi sont blessés par la vie, déchirés (on retrouve d’ailleurs plusieurs fois le thème de la couture), cassés, infirmes, empêtrés dans des cauchemars… Certains tentent de s’échapper en s’envolant. On est devant une sacrée critique de notre société, et l’actualité triste et grisouille est bien présente…Humour noir assuré!
Un coup de crayon sûr, une utilisation discrète de la couleur, de bonnes organisations de lignes et de formes sur la feuille …C’est un travail d’artiste, à ne pas manquer. N’oubliez pas de regarder aussi les petits recueils de l’artiste, texte et images se marient pour une poésie sensible et drôle.
Le Consortium (rue de Longvic, Dijon) accueillait en son premier étage, en mars 2012, un bel éventail de l’œuvre de l’artiste italien Luigi Ontani. Un monsieur bien célèbre dans le monde de l’art contemporain, qui expose au MoMA, à Venise, à Paris Pompidou, à Sydney etc.
Grand volume et grand espace, décidément, que ces salles blanches du Consortium. Il faut savoir et pouvoir les « habiter »… Luigi Ontani a de quoi…Entre photos et peintures grand format, sculptures en céramique, objets etc. On suit le parcours de l’artiste dans les années 60-80.
Le sujet, c’est lui. L’artiste Luigi Ontani. Il se représente. Se montre. S’expose. Se met en scène… Son corps, son visage sont présents en permanence. Un narcissisme qui fait toute la matière de son art. Et la notion d’identité est sans cesse en question: personnages à plusieurs visages, mi-hommes mi animaux, masqués, maquillés, travestis…On le voit en Saint-Sébastien, en Christ, en Dante etc (des photos- portraits, comme des peintures, qu’il intitule « tableaux vivants ») . Les références à l’Histoire, aux religions, aux mythes, à l’histoire de l’art sont multiples. L’artiste est de toutes les époques et de toutes les croyances, il s’insinue partout, s’identifie aux hommes et aux divinités à travers les âges. L’ambiguïté sexuelle est là aussi. Lui-même se définissait « androgyne, hermaphrodite… ». Comme si il ne pouvait pas choisir, s’arrêter sur un être simple et uniforme. Il veut sans doute être plusieurs. Il veut être pluriel. Il veut être « tout ». Universel.
Bref. Une recherche de soi à travers une exploration minutieuse des richesses de l’humanité.
L’aspect général de son travail présenté ici est très kitsch. Clinquant, brillant, doré, chargé, …Couleurs criardes…Seules les photos (aquarellées pour certaines) ont un doux côté clichés anciens.
Autant vous dire que le personnage de Luigi Ontani, dandy, extravagant, maniéré et omniprésent dans son travail d’artiste est forcément un peu agaçant. Mais il faut reconnaître que sa recherche autour de l’identité et de l’individu est passionnante, que certaines pièces ont une beauté en elles-mêmes et que l’artiste a des idées intéressantes, telle cette petite vidéo qui apparaît sur un textile luxueux (genre habits sacerdotaux) et qui le montre en train de dévorer sa propre ombre …J’adore!
Pardon pour la photo de l’un de ses « tableau vivant », mais les reflets sur la vitre….ont joué de mauvais tours
Commentaires récents