Aux Bains du Nord (FRAC Bourgogne), 16 rue Quentin à Dijon: « La question du tableau » de l’artiste français Jean Dugottex (1918-1988). Jusqu’en mai 2014
Attention, art contemporain! (ou artcontemporain, en un seul mot comme aime l’écrire Olivier Sena, dans Télérama!) Ce qui veut dire: lire, s’instruire et potasser avant d’aborder l’expo! Sinon, vous risquez le haussement d’épaules désespéré et la visite expédiée en une minute et demi! Rien à voir, circulez!
Eh! Ben! Si! Il y a des choses à voir… Et à apprécier…
Jean Degottex a, semble-t-il, passé sa vie à explorer la peinture, ou l’idée de peinture. Sa démarche est passionnante à suivre. Il peint d’abord relativement « classique ». En extérieur le plus souvent. Il s’inspire des fauves, puis passe à l’abstraction. Dans une petite salle de cette expo vous verrez d’ailleurs deux toiles abstraites de l’artiste. Déjà existe la recherche sur la notion d’espace et de vide… qui va le préoccuper beaucoup.
Ensuite, Jean Degottex se remet en question. Et remet en question la peinture. Il se dirige vers la mort du tableau traditionnel. Ou en tout cas, vers l’idée d’un travail qui « sort du tableau », se prolonge « hors tableau ».
Et il va même plus loin en débouchant sur le concept de la toile en tant que matériau. Le châssis (toile de peintre) devient matière à travailler. Le pinceau a disparu. On s’intéresse au support, à son envers, son endroit, sa profondeur, l’espace entre cadre et toile etc. D’où les déchirures, griffures, trous, collages et recollages (série « papiers pleins »).
Assez spectaculaire est la série « la révolution continue » (un extrait, ci-dessus) : l’artiste a découpé des cercles ou demi-cercles dans les toiles et disposé les résultats obtenus de façon à suggérer la course du soleil… Pas de couleur. Juste du blanc et des ronds ! Dépouillement ! Et là, c’est net, (au risque de me répéter!!) le châssis lui-même est bien utilisé comme moyen.
J’ai eu la chance aussi, à cette expo, de voir des « diapositives » originales de Jean Degottex (je pense que, maintenant, ce sont des copies) passer sur un mur vierge. Illustration de sa recherche sur l’espace et le vide: il a réalisé des fentes dans des petits carrés de plexiglas colorés (comme des diapos, donc) et la projection donne d’étranges virgules de lumière très intéressantes. Comme des ouvertures, des fissures dans le mur. Le visuel montre ces diapos dans le panier pour la projection
J’ai donc bien apprécié le processus artistique et les étapes de ses recherches… Mais, question? Le rituel d’une exposition, avec tout ce que cela comporte de convenu, de traditionnel, d’artificiel, de représentatif… ça ne gênerait donc pas cet artiste?
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Et je vous rappelle la mission que se donnent les Bains du Nord, pédagogique. Lisez la chronique sur Le Miroir à ce propos: http://www.miroir-mag.fr/chroniques/a-quoi-sert-le-frac-bourgogne/
A Fontaine-lès-Dijon, Galerie La Source, des dessins (monotypes) de l’artiste Céline Emorine. En janvier-février 2014
D’abord un mot sur sa technique: le monotype. Une plaque recouverte d’encre, un papier de soie qui se pose, un dessin qui se trace « à l’aveugle » avec une pointe, puis, appuyé, pressé et… on le décolle doucement pour découvrir le résultat…. J’aime cette technique, entre gravure, imprimerie et photographie (le côté révélation lente, plus ou moins inattendue). Céline Emorine maîtrise admirablement cette technique, jouant avec les superpositions de matières, de couleurs… Sachant aussi utiliser le hasard et l’improbable. Elle met son talent de dessinatrice au service de cette technique qu’on ne voit plus beaucoup chez les artistes. Et ses papiers sont marouflés sur carton plume.
Sa création, ensuite. Céline Emorine saisit l’humanité! Ses personnages, croqués, silhouettés, passent, comme dans la vie courante (c’est bien le mot!) à peine entrevus. Mais, elle, elle les a vus. Tous ces anonymes, elle les a remarqués, dans leurs souffrances, leurs réflexions, leurs actions, leurs violences ou, au contraire, leur solidarité… Grâce à son geste de graphisme à la fois sûr et libéré, l’artiste crée des petites scènes où tout est mouvement; ça bouge! Même les fonds semblent bouger, comme dans un film d’animation! Tout se passe « maintenant », sous nos yeux. J’aime cette immédiateté des dessins. C’est sans cesse « en ce moment ».Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois . (Ci-dessus, c’est un extrait).
Voir la chronique sur cette expo dans La Miroir (journal en ligne):
Pour ma seconde visite à La Source, j’ai rencontré Céline Emorine. A l’écouter, m’est apparu davantage son travail en séries. Des séries qui jalonnent son cheminement d’artiste. Sur des sujets spécifiques, comme la « boîte » (refuge, cadre…), le chien, le portrait, l’effacement… Chaque fois, c’est « traduire une pensée en image » dit-elle. L’ambiguïté de l’homme est toujours présente: par exemple, se bat-il ou cherche-t-il à aider son prochain?
Petits malins, va! On vous invite pour une braderie entrée libre (livres, affiches, catalogues… à petits prix) Et après, comme vous en profitez pour visiter les expos en cours, on vous fait payer l’entrée! Commerce! Commerce! Allez, j’arrête de critiquer ce Con de Sortium (cf mon billet du 31 octobre, « un après-midi art un peu loupé »)…. Richard Hawkins valait bien mes 4 €.
Donc, en janvier 2014, le Consortium de Dijon proposait deux expositions: Matias Faldbakken et Richard Hawkins.
Le norvégien Faldbakken? Ce n’est pas ma tasse de thé. L’art contemporain que je crains (contemporain… l’artiste est quand même né en 1941, mais bon) . Gigantesque tas de cartons tout neufs sagement empilés, milliers de sacs plastiques jetés négligemment au sol, rangée de pots d’échappement, vieux frigos découpés à la scie électrique…. Même si je lis les commentaires explicatifs de la petite brochure offerte (merci beaucoup!), comme quoi l’artiste a un humour acide et provocateur, qu’il est plutôt anar, qu’il privilégie le geste destructif, qu’il parle de sous-culture… Je refuse d’entrer dans ce jeu facile. La seule œuvre qui me semble posséder un brin de création, de sens et même d’esthétique, ce sont ses armoires métalliques étranglées par des sangles. Il y a là une violence exprimée et visible dans la durée, qui va au delà du geste éphémère et instinctif. L’objet banal prend vie, change de camp et communique émotions et réflexions. Pour moi, cette chose-là est une vraie image, ou une métaphore.
Hawkins, américain, est un artiste aux multiples facettes. J’ai découvert ses peintures. D’abord, la série « Brig » et « Vault paintings ».
La toile est entièrement occupée par la froide et grise géométrie d’une façade de porte de prison métallique. Et, comme une fenêtre rêvée, s’ouvre, là au milieu, une petite peinture colorée dont les thèmes sont repris plus loin dans les salles de l’expo (sans les portes en acier, cette fois). En fait, le pinceau faussement gai de l’artiste dit une certaine misère sexuelle. Ambiance de bordel. Triste drague pédéraste. Mort qui rôde. Fumées de cigarettes lascives. Et, parfois, c’est la reproduction de galeries de portraits ou de cabinets de curiosités … Mais à la façon Hawkins! Les dignes ancêtres d’autrefois sont plutôt des monstres! L’artiste a le chic pour composer une ambiance malsaine, décadente… Mais quelque chose de fort et de significatif passe dans ses peintures.
A voir aussi, deux sculptures, la pagode et la maison hantée (série des « Dollhouses »), agencées minutieusement avec plein de petits bouts de cagette ou de carton peints. Un jeu de construction qui communique une impression de mystère à la manière des contes (pour adultes!)(cf le visuel ci-contre, détail)
A voir encore un bien étrange travail de collages qui, si j’ai bien compris, est inspiré des collages du chorégraphe japonais Tatsumi Hijikata autour d’artistes comme Dubuffet ou Bacon (au début, l’américain ne faisait que transcrire et traduire ceux-ci) . Mais, parti donc de l’admiration pour cet inventeur du Butö, le travail de Hawkins a pris son propre chemin, s’est prolongé, a pris de l’ampleur pour devenir une œuvre personnelle. On pense à une sorte de documentation, de recherche, de journal, d’enquête, de thèse…. tourné sur l’art en général et l’érotisme.
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Un jour, Siloé, à la Galerie L’Entrepôt 9 (Galerie Barnoud), à Quétigny, nous a montré la collection Géotec (entreprise que dirige François Barnoud). Une collection d’art qui est accrochée aux cimaises de parois coulissantes… Je n’avais encore jamais vu, car cachées pendant les expos temporaires. J’y ai reconnu, entre autre, des artistes qui avaient exposé en leur temps à la Galerie Barnoud, sise alors rue Berlier , à Dijon, avant son déménagement. Je pense qu’on peut demander à tout moment à ce qu’on vous extrait ces œuvres. Intéressant.
Je ne vais pas pouvoir citer toute la collection (ma mémoire a tendance à être en trous de gruyère) mais ce que j’ai retenu….Philippe Ramette, notre artiste dijonnais, une de ses photos de performance spectaculaire (« Inversion de pesanteur », j’adore le titre). G. Erro, un de ses tableaux-collages. Christo, un dessin préparatoire. Simon Hantaï, un de ses célèbres pliages peints. Jean.Pierre Raynaud, une impression photo, rehaussée de pastel pour une série de… quartiers de viande. Rebecca Horn, une série d’aquarelles sur le thème de l’amour. Daniel Buren, un tissu en fibres optiques tissées avec LED (oui oui des rayures!) Penk, une acrylique sur papiers avec ses figures « préhistoriques ». Jean Dupuy, quelques anagrammes et équations de couleur à sa façon. Bernard Venet, et son amour des maths. Et encore Pierre Alchinsky, Bertrand Lavier, Luis Tomasello (art cinétique), Georges Rousse, Philippe Gronon…etc
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Alors là! Je suis épatée! Pour deux raisons. Une, que la bonne Ville de Fontaine-les-Dijon accueille en sa galerie municipale une exposition aussi érotique (Ah! Si! Quand même un peu! Je vous assure. Non? Ce n’est pas le terme adéquat?…) Deux, qu’un peintre réussisse à ce point une perfection dans le rendu des chairs, des peaux, des cheveux, des poils… C’était en décembre 2013. Et ce fut un GROS succès.
On s’en prend plein les yeux dès l’entrée. Plein la gueule, si je veux m’exprimer à la façon Michel Potherat. Et le premier étage de la galerie est tout aussi impressionnant. De grands formats, des personnages nus plus vrais que nature, des yeux bleus qui vous fixent, des visages (portraits) surdimensionnés…
Quel brio, ce Michel Potherat! Une technique irréprochable. Une maîtrise étonnante. Même si quelques autres noms nous viennent à l’esprit, dans le même registre, c’est sûr, il fait partie des grands peintres de notre siècle.
Audacieux, aussi! Un peu provoquant, même. Sexes et caresse sont au programme. Les émotions sont prises sur le vif (ces deux jeunes filles au bord des larmes). La tête décapitée de l’artiste est tenue par la jeune modèle, devant son sexe. Etc…
Reste que la palette de Michel Potherat a du mal à se départir des violines, bleus, roses et mauves. Ce qui transmet un caractère glacial aux scènes. Et ce n’est pas que la couleur… Il y a un côté trop contrôlé qui me gène. Figé, posé, calculé… Finalement, la vraie sensualité me paraît absente. « Peintre de l’intime », « voleur d’âme » dit-on de cet artiste. Pas certaine. Il me semble qu’on reste derrière un écran lisse, qu’on n’entre pas… Même les portraits me sont étrangers. Et pourtant, je connais bien certains modèles. Mais, sans que je me l’explique, ces visages de face, « énormes », ne me révèlent rien de leur âme. Qui est fermé? Eux ou moi?
Bref, on ressort de là perturbés. On repart avec en nous ces regards perdus qui regardent sans voir. Avec ces jeunes gens tristes qui offrent juste leur beauté. Avec ces vieillards (qui ne le sont pas en réalité) au visage labouré par le temps. Avec ces scènes d’amour qui n’en sont pas vraiment. Malaise.
J’ai toujours joué de malchance avec cet Entrepôt 9, à Quétigny (galerie Barnoud)! Je tourne en rond chaque fois pour la trouver et, quand enfin, je suis devant, je me cogne à une porte fermée! Eh bien, cette fois, les dieux étaient avec moi! Si j’ai encore foiré mon arrivée directe (« mais! bon sang! c’était bien dans cette rue, non? ») le lieu était ouvert (ouf!) et j’ai eu une belle visite de l’exposition temporaire et, même, une sortie des œuvres de la collection Barnoud … (je vais faire un papier en « petites infos)
En janvier 2014, l’Entrepôt 9 (rue Champeau, en fait, et non bd de l’Europe comme annoncé partout; tout prêt, cependant, au carrefour de la sculpture en ferraille!) accueillait l ‘expo « Ecritures ».
Henri Michaux et Gil Joseph Wolman sont à la fois écrivains-poètes et plasticiens. La Galerie Barnoud les a réunis ici sur le thème de l’écriture et sur ce lien subtile (mais réel) entre elle et l’art.
Wolman (début des années 60) triture les phrases imprimées et les utilise comme une matière pour composer une œuvre graphique. Elles perdent leur signification et leur rôle premier. Elles changent de registre. Détournement. Pour cela, il invente l’ « art scotch »: avec du ruban adhésif, il prélève des morceaux de textes (journaux ou magazines), puis les reporte sur un autre support. Et nous voilà face à des vagues de lettres plus ou moins superposées, effacées, gondolées, rognées… A cela s’ajoute un effet textile ou collage… On n’est plus dans la lecture d’un texte mais dans le regard d’une image. C’est un autre langage. Une autre façon d’exprimer. Les tableaux obtenus sont beaux et ils portent en eux un sens, peut-être ce que le Lettrisme (créé entre autre par Wolman) voulait: dénigrer le pouvoir des mots. (Sont pas si malins que ça, les mots! Souvent incapables de traduire nos émotions et pensées!)
Michaux, lui, cherche à transmettre ce qu’il découvre dans son inconscient. Là encore, les mots sont bien insuffisants. D’où l’invention d’un nouvel alphabet, fait de sortes de « cartouches » à la gouache, comme des hiéroglyphes. Petits bâtons enfantins, petites silhouettes naïves, petits signes sans nom… Et puis, Michaux se lâche, aidé par des drogues hallucinogènes. Résultats: des calligraphies superbes, à l’encre. L’écriture de l’âme. L’écriture devenue poésie abstraite. Communiquer autrement….
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Je vais mette un article dans « petites infos » de mon blog pour la collection Barnoud (collection Géotec)
En janvier 2014 le musée des Beaux Arts de Dole accueillait en son rez-de-chaussée une grande et belle exposition du peintre français Gérard Schlosser.
Quelques pas suffisent dans cette expo pour recevoir le choc! On ne peut l’éviter! Tout est là pour vous ébranler: grands formats, gros (gros) plans sur des détails de chairs et de textiles, teintes éclatantes posées sur des toiles encollées de sable (effet garanti))… J’ai tout de suite été saisie! Comme tout le monde!
Mais j’écoutais les visiteurs (nombreux, d’ailleurs en ce dimanche après-midi brumeux d’automne) s’enthousiasmer de l’extraordinaire « rendu » de tel ou tel tissu ou de telle ou telle chevelure… Ils s’esclaffaient à qui mieux mieux sur ce fabuleux travail du peintre qui sait si bien reproduire la laine, le velours, la peau, l’eau etc. …
Et je me demandais pourquoi moi, je n’étais pas du tout touchée par ça! En général je n’aime pas trop le « trompe-l’œil »! Ni l’hyperréalisme! A quoi bon copier à ce point la réalité? Et j’entendais dire autour de moi « il travaille à partir de photos! Ah! bon! Tout s’explique….. »
J’ai bouché mes oreilles et je me suis laissée aller… Je suis entrée dans les peintures de Gérard Schlosser. Et là… découverte de quelque chose qui va bien au-delà de la photo. Schlosser fait œuvre d’artiste. Comme s’il découpait des morceaux de réalité. Qu’il les placait et les déplacait à sa guise. Qu’il les grossissait exagérément (ou pas). Il manipule les choses et les êtres, les met en scène comme il l’entend. Et le peintre fait danser les lignes pour en faire une douce musique, trafique les lumières et les ombres pour aboutir à l’harmonie totale. Artiste démiurge qui (re)crée son réel à lui. Ou qui le voit sous un angle tellement différent du schéma habituel…
Et voilà donc un étrange univers, de calme et de volupté. Une réalité décalée (à la manière des titres, d’ailleurs, qui sont volontairement à côté de la plaque!) . Une réalité réinventée. On nous montre des petits bouts d’histoires, des fragments de récits intimistes, des moments où le film d’une vie s’est arrêtée un instant…
Tout cela est délicieusement sensuel et ambigu.
Deux remarques avant de conclure: -les seins si habituels dans l’œuvre de Gérard Schlosser n’occupent que peu de place dans cette expo!! Dole est pudique!
Merci au prof (art plastique?) qui éclairait admirablement le travail de l’artiste pour ses élèves cet après-midi-là …et que nous avons écouté avec plaisir (Après la visite guidée classique)
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Au musée Magnin de Dijon, 4 rue des Bons Enfants, se tenait en janvier 2014 une exposition de dessins d’Étienne Martellange, architecte de la Compagnie de Jésus, né en 1569 à Lyon. Un magnifique voyage en France, de ville en ville, de monument en monument, au bout de sa plume ou de son crayon…
L’historienne que je ne suis pas (!) a été très intéressée par le côté informations d’archives que procure cette cinquantaine de dessins du XVIIème siècle… J’imagine donc le régal des vrais historiens devant cette sorte de chronique que représentent ces images détaillées de Paris, Nevers, Avignon, Roanne, Bourges, Chartres etc… Dijon et la Bourgogne ont été bien sûr privilégiés dans le choix des œuvres exposées. (Martellange y est passé vers 1610). Comment étaient Notre Dame ou Saint Michel, à Dijon, sous Henri IV ou Louis III? Et la Chartreuse de Champmol? Et le bourg de Fontaine-les-Dijon? …
Ce qui m’a plu, bien entendu, c’est le côté artistique de cette enquête qu’a menée Etienne Martellange à travers la France. L’art n’était pourtant pas l’objectif: il avait pour mission de garder en mémoire des lieux (il y avait souvent un projet de construction de collège jésuite…) , ou de surveiller des travaux en cours, d’en montrer les étapes progressives.
Mais quelle perfection du dessin! Quels petits tableaux merveilleux, parfois, avec utilisation de lavis bleus ! Martellange a reçu une formation de peintre. Et ça se voit. Les « prises de vues » , aussi, sont étonnantes: la plupart du temps depuis une hauteur, mais aussi au cœur d’un chantier, avec des ouvriers en plein travail. Martellange ne réalise pas qu’un travail de technicien pour son métier. Il « photographie » un ensemble, replace le monument dans son paysage, dans son environnement. Et il croque même des lieux pour le seul plaisir de les avoir sur feuilles, dans ses cartons, ou d’étudier l’architecture des époques passées (antiquité, Moyen Age…)
Le visuel est tiré du site http://gallica.bnf.fr (Les photos sont interdites dans l’expo. Dommage. Presque partout, dans expos et musées, dorénavant, on a le droit de photographier. Franchement, sans flash, on ne fait pas de mal…………..)
Il s’agit de l’église du collège des Godrans , à Dijon.
Comme d’habitude, la catégorie « visite d’ateliers » ne comporte pas vraiment de commentaires sur les œuvres de l’artiste. Juste une ambiance. Une atmosphère que j’aime bien.
C’est au sous-sol de leur maison. Le couple s’est aménagé un grand atelier pour y travailler ensemble. Depuis que l’âge de la retraite leur permet de s’éclater dans leur passion commune, madame et monsieur Lepoivre s’essaient au dessin, à la peinture et à la sculpture.
Une longue salle. Comme un large couloir. Bien éclairé. Et des travaux accumulés partout, à ne plus savoir où regarder… Une impression de fourbi très sympa, mais, en même temps, de pièce bien ordonnée … C’est selon ! D’ailleurs, on vous informe dès l’entrée: à gauche c’est madame; à droite, c’est monsieur. Quoique…. C’est de vous, ça? Ah! Non! ça , c’est à mon mari! Confusions faciles. Bon! On ne va pas tenter de trop distinguer! L’essentiel n’est sans doute pas là.
On est dans un lieu qui respire bon l’expérimentation, la recherche, l’enthousiasme et l’amour de l’art. Et l’étrangeté de cet endroit, c’est la marche en avant complètement jumelle de ces deux conjoints, Christiane et François. Chacun son chemin, certes, mais ils avancent main dans la main.
Les sculptures vous happent en premier. Celles de madame, d’abord. Des corps mariés à des bois flottés. Les formes des uns et des autres se faisant écho. Puis, les terres cuites de monsieur. Parfois lisses (comme ses comiques petites bonnes femmes rondouillardes), parfois au contraire profondément marquées du travail des doigts (têtes de chevaux , en particulier).
Et puis, des petites tables où sont rangés pots, tubes et pinceaux, des livres d’art à portée de main, des cadres sagement posés par terre tout le long de la salle, une toile en devenir sur un chevalet, des feuilles glissées par dizaines dans de géants cartons à dessin, des toiles entassées sur de grandes étagères… « Ce sont nos gammes » disent-ils. Des tentatives, des audaces, des expériences… On feuillette tout cela, on picore et, de-ci de-là, on fait émerger une belle réussite. Un bel espoir.
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Sur la colline de Fontaine les Dijon, à la Galerie La Source, quelques aquarelles vous ont été présentées en novembre 2013. L’artiste, Clive Van Hoek, vous accueillait, avec un joli accent gallois et un sourire grand comme ça.
Des sous-bois, des rues de Dijon et leurs monuments, des vues de Venise … on est dans le conformisme . Pas grave… ça fait parfois du bien de se laisser aller à glisser le regard sur ces petites touches doucement colorées, joliment mouillées. Les paysages floufloutent. Les couleurs bluettent. Et l’exposition est un havre de paix. On se prend à devenir tout chose quand on s’approche de ce beau papier à grain, baigné de couleurs… Le pouvoir de quelques pigments déposés sur une surface…
Le peintre décrit des paysages et on sent tout le bonheur et l’application qu’il a mis à faire ces descriptions. On ne lui en demande pas davantage.
Et je crois que, décidément, la Galerie La Source aura bien du mal à présenter un autre style, tant son public est attaché à de vieilles idées sur l’art, sacrément ancrées dans les cœurs et dans les esprits.
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