Recevoir un email pour chaque nouvel article?

Loading

le choix du mois, octobre 2014

en octobre j’ai vu pas mal d’expos. Difficile de choisir. Réflexion faite, ce qui, je crois m’a intéressée particulièrement, ce sont les ardoises de Bap.

Je choisis volontairement quelque chose de simple, pas du Saint-Phalle ou du Hokusaï ! J’ai été touchée ( et ce n’est pas la première fois, voyez dans ma catégorie « visite d’atelier », chez Bap) par l’exposition « Méandres » de Bap , à La Source. Dans la salle du rez-de-chaussée, il avait installé ses ardoises. De vraies ardoises, venues des toits.

Déjà, la matière est intéressante:  ce grain fin, ce gris indéfinissable, plutôt gris-bleu, cette roche schisteuse en lamelles, ce côté rugueux mais capable de scintillements…Et l’ardoise c’est forcément quelque part une tablette d’écriture… En outre, bien sûr, ces ardoises-là ont servi de couverture sur des (ou une ) maisons. Donc, une histoire. Un passé. Une certaine corrosion, une oxydation.

Ensuite, l’artiste intervient. Il dessine sur carton ou papier des formes architecturales, les découpe et s’en sert comme pochoirs.  Il les pose sur l’ardoise, peint à la bombe noire autour… et quand il enlève le pochoir, apparaît le dessin en réserve. Le fond de ce dessin c’est donc l’ardoise brute. Bap va ajouter quelques traits de blanc pour magnifier les altérations de la matière. Il en résulte des silhouettes de manoirs, d’églises, de châteaux, de cités fortifiées, de demeures mystérieuses… Des images à la Modiano! Ressorties du flou de la mémoire ou du rêve. Suivant l’éclairage, elles sont plus ou moins visibles, plus ou moins nettes. Quelque chose comme un reflet dans un vieux miroir.

Bap les a installées sur des socles en bois. Alignées, penchées, elles sont dans la position qu’elles avaient sur les toits. Mais à portée de regard! (cf la photo ci-dessous. Cliquer dessus pour agrandir, en deux fois)

Bap1

Où l’on retrouve Fabien Lédé

Parti vivre sa vie d’homme (amoureux) et d’artiste en Pologne, Fabien Lédé revient de temps à autre à Dijon.  Et c’est dans une descente de cave que je l’ai retrouvé (Ben, si!).

Lédé

Il terminait une fresque qui dorénavant accueillera les clients de ce bar à vin, Le Trou, au 15 rue Vannerie. En descendant le raide escalier de pierre, levez le nez (sans vous le casser) et vous êtes dans l’univers de Fabien Lédé. Du bout de son tout petit pinceau, il a « brodé » en teintes pastel des animaux fabuleux, des créatures flottantes et volantes, des dragons à deux têtes … sur le mur et la voûte. Plaisir de revoir son monde imaginaire peint au pointillé. Il appelle ça Medieval Pop Graffiti. Et c’est vrai qu’il y a une inspiration moyenâgeuse dans ces petites « enluminures » contemporaines!

cliquer sur le visuel pour agrandir, en deux fois

Diploé, « J’ai 8 ans! »

Drôles de petites histoires! Voilà que Diploé nous les raconte en couleurs. Les peintures de cette jeune femme ont une joyeuse énergie. Les images s’organisent en aplats. Maisons, arbres, oiseau, soleil ou moutons sont posés là, en îlots de souvenirs. Le tracé est enfantin, le dessin est ourlé de blanc ou de noir, rappelant sans doute les vitraux de cette église de village où Diploé a connu ses premiers émois artistiques.Diploé2

Et reviennent les images pieuses de ses jeunes années, le cierge, le pasteur et son troupeau… « J’ai 8 ans! » sourit l’artiste. Elle n’a pas l’air de vouloir prendre au sérieux sa peinture. Juste s’amuser, se lâcher… Outre ses acryliques, elle réalise des oeuvres en volume, masques et sculptures. Des animaux cabossés plutôt sympas. Elle rêve de grandes parades joyeuses avec des dizaines d’enfants qui seraient ainsi costumés en gentilles bê-bêtes dans les rues… Ces structures sont faites à partir de l’art du serviettage! (Vous savez, des serviettes en papier encollées…)Diploé1

Diploé vient du monde du théâtre, et elle y est toujours (metteur en scène). On retrouve dans ses tableaux cette mise en place d’éléments, cette construction travaillée des choses, des lignes, des couleurs…Et parfois, ici ou là, dans les peintures, apparaît un petit rideau de scène rouge!!

On pense bien sûr à l’art brut, devant cette spontanéité, ce besoin vital de s’exprimer par le pinceau, cette sorte d’innocence dans l’imagerie. Quoique… Chez Diploé existe en amont une culture artistique. Et du coup, le charme de ce travail d’artiste c’est qu’il possède à la fois une vérité originelle toute nue et une base solide de connaissance et de réflexion. Cocktail réussi!

 

Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois

C.Vassort et J.Bailly, Galerie Wilson

Dans le bel écrin qu’est la Galerie Wilson (2 cours du Gén.de-Gaulle, Dijon, entrée place Wilson, du vendredi au dimanche 14h-18h30) voici, en octobre 2014, deux peintres venus d’Orléans. Leurs oeuvres fonctionnent assez bien ensemble car elles sont du domaine figuratif onirique (c’est ce que dit le carton).IMG_4203

Jean Bailly montre l’aisance de pinceau et d’invention de certains grands peintres surréalistes. On ose penser aussi aux peintres flamands. Il est agréable de glisser le regard sur ses toiles un brin précieuses, et très élégantes. Un univers de jeu de cartes, de fables, de mythes… Un imaginaire souriant (ses trouvailles autour de l’oeuf sont charmantes).

Mais j’ai un petit faible pour son comparse, Christian Vassort.IMG_4201

Ses scènes populaires, fêtes, bals, cirque, marché, bistro, relèvent autant du dessin humoristique que des tableaux de Jérome Bosch ( ce serait un Bosch moderne, avec moins de fantastique, moins de grimaces diaboliques!) . Les personnages de Christian Vassort sont des petits gros, tous de la même taille, plutôt sympathiques. En fait, c’est notre humanité vue dans un miroir déformant, et par un pince-sans-rire qui se moque discrètement! Ses dames bien en chair et frisottées, ses messieurs joufflus, en chapeau melon ou canotier … constituent une sorte d’univers de poupées, qui pourraient bien nous ressembler. On comprend que l’artiste puisse également illustrer  des contes pour enfants.

La composition de chaque tableau est rigoureuse. Les décors où évoluent ses personnages sont fantaisistes mais au dessin maîtrisé (l’artiste fut d’abord architecte). Les détails sont souvent savoureux …A bien observer de près!

Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois (et que les artistes veulent bien m’excuser pour la mauvaise qualité des cliché: allez voir sur place c’est mieux!!)

 

 

 

A Paris, Katsushika et Niki

Une journée à Paris, hiver 2014-2015, et carrément deux expositions au Grand Palais! Sans saturation, avec une pause casse-croûte entre les deux! Et tellement à l’opposé l’une de l’autre!

Katsushika Hokusai

Hokusai2

Un peu mal à la tête en sortant de cette visite au Japonais Hokusai! Mais éblouie! Les yeux rivés sur les détails de ses oeuvres. Le nez collé aux vitrines. J’ai regardé ces milliers de dessins, estampes, peintures (en en sautant certains! j’avoue!) avec une impression de foisonnement incroyable, d’ivresse, d’insatiabilité, de boulimie… C’est une encyclopédie! C’est une bibliothèque! C’est un film qui tournerait en boucle sur le Japon à la fin du XVIIIème siècle, début XIXème. De l’Histoire, de la Géographie, des contes fantastiques, des scènes quotidiennes, des paysages, de la flore, de la faune, des portraits…(et il manque la porno, malheureusement!)Hokusai

Le dessin, très réaliste bien évidemment, est d’une incroyable modernité par moment. Les lignes parfaites, mais souvent stylisées. Regardez sa série de cascades par exemple (l’une d’elles, photo ci-dessus). Et Hokusai manie l’humour, le raffinement, la précision, l’observation, l’imagination… Tout cela à la fois! Père du manga (en japonais, « croquis divers ») , Hokusai a vécu très vieux(ce qui était assez exceptionnel à l’époque)  et a changé je ne sais combien de fois de nom! Des existences plurielles!!  Ah! Au fait! Hokusai, c’est l’auteur de la célébrissime Vague!!

Niki de Saint Phalle

Une scénographie éblouissante.NanaNiki

Bon! Je change de registre! De pays! D’époque! Cette artiste énergique et tourmentée, Niki de Saint Phalle, a quelque chose d’éminemment séduisant. Sa force, sa sincérité… Avec elle, la femme est en grand! La femme s’impose, domine, prend sa place! L’oeuvre crie le féminisme…Oui! L’oeuvre crie!

Et il y a une certaine ambiguïté: ici une souffrance d’être femme, et là une célébration de la féminité. Les salles du pessimisme et de la désespérance existent. On retrouve un peu la pensée de Louise Bourgeois sur l’idée du père, de la mère. Ses bas-reliefs et sculptures grand format des premières salles ont une moquerie méchante, un dénigrement sans concession des valeurs bourgeoises traditionnelles (famille, éducation, religion…cf ses « mariées », exemple ci-dessous), un regard noir sur la société. Et puis, la salle du « tir »! Violente et joyeuse à la fois. Niki tirait à la carabine sur des tableaux (ou autres choses) et faisait éclater des sacs de peinture qui dégoulinaient ensuite! La salle résonne de ces coups de feu (sortis des vidéos) et c’est impressionnant. Sinon elle serait devenue terroriste, dit-elle!mariéeNikiArrivent les Nanas. Puissantes femmes colorées, victorieuses, sexy… La mise en scène des salles les met magnifiquement en valeur: lumières et ombres bien calculées, plateaux tournants…Les sourires sont sur les visages des visiteurs (euh! plutôt des visiteuses!) . Et les grands projets architecturaux, ne sont pas oubliés. Le Jardin des Tarots en particulier est évoqué par une vidéo et une maquette. A donner envie d’aller se promener dans ce jardin tout fou!

Nana2Niki

s’asseoir en ville

A Dijon, il y a désormais quelques sièges pour s’asseoir dans les rues de temps à autre. Rue de la Chouette, par exemple, ils ont une jolie forme et sont à peu près en harmonie avec le cadre. Ces structures sont l’oeuvre des artistes du collectif A4 Designers (avec la participation active des services de la Ville).

Bonne initiative…Mais ce qui n’est pas dit c’est que ces bancs, vue leur structure, interdisent aux SDF de se coucher dessus.A4designerscliquer sur le visuel pour agrandir, en deux fois

Bap, à La Source

Bap vous a proposé de suivre les méandres de sa vie d’artiste de salle en salle, Galerie La Source, à Fontaine-lès-Dijon. Un cheminement subtil et sensible, comme seul peut vous l’offrir un véritable plasticien de notre époque. C’était en octobre 2014.

L’exposition de Bap s’intitule « Méandres à la Source ». Rarement un artiste n’a « utilisé » le lieu comme lui. D’habitude, on se contente d’ « occuper » les salles avec des peintures ou des sculptures… Cette fois, l’artiste joue avec les virages, les montées, les entrées, les sorties, les demi-tours que le visiteur fait dans cette Galerie (qui est en fait une maison avec son escalier, son couloir, sa disposition de petites et grandes salles) : des méandres, donc! Comme une vie sinueuse…Bap1 Vous commencez par aller sur les toits! Salle du rez-de-chaussée, sont présentées les ardoises de Bap (photo ci-dessus). Apparaissent dessus des silhouettes de maisons. Des architectures irréelles. Des fantômes de constructions: ça y est, vous êtes entrés dans l’univers de Bap!

Au premier étage, une installation faite d’objets anciens en pâte de verre dont les ombres portées, dans la pièce obscure, créent une ambiance fantasmagorique. Plus loin, des sculptures suspendues jouent les nids-cages et leurs ombres dansent sur murs et plafonds (vous pouvez même vous saisir des lampes et faire vos propres chorégraphies). Cette installation est reprise en variations dans la salle suivante sous forme de divers dessins petits formats.Bap2

Ailleurs, ce sont des images délicates (avec pochoir)  en noir et blanc, qui évoquent la campagne. Mais, se découpent dessus, ici ou là, les silhouettes de grands cerfs et… d’éoliennes. La nature, dans sa vérité ancestrale et dans sa réalité actuelle. Vous retrouverez dans une autre salle de longs dessins d’une grande finesse qui tracent les champs à perte de vue de notre campagne française, dominés à l’horizon par les nouvelles forêts, celles des éoliennes. (photo ci-dessous, extrait)Bap3

Il faut savoir que Bap reprend souvent un travail déjà exposé, car il le porte en lui, ne peut l’effacer de son existence. Il fait partie de ses « méandres »… Il le replace dans un autre contexte, l’aménage différemment, l’adapte au nouveau lieu et lui communique une autre signification. (Lisez les cartels qui vous donnent les informations sur l’historique de chaque travail)

Cette exposition suit donc l’idée de mémoire et de souvenirs qui laissent des traces (ombres, fantômes, silhouettes…). De chemin vécu, entre réel et imaginaire, entre concret et abstrait, entre vide et plein, entre passé et présent, entre apparitions et disparitions… Chaque salle a un lien avec les précédentes. Laissez-vous guider…Bap4

Cliquer sur les visuels pour agrandir , en deux fois

 

 

Chantal Morillon, Galerie Notre Dame

Une belle surprise dans cette petite Galerie du centre ville dijonnais: Chantal Morillon, « Signes »,  en octobre 2014. Galerie Notre Dame, 3 rue Musette, 10-12h et 14-19h.

Chantal Morillon a commencé par concevoir des motifs et imprimés pour la haute couture. Elle s’est ensuite consacrée à l’art plastique en faisant elle-même des recherches en peinture (et plus tard un peu en sculpture) et en assistant les Thibault au centre d’art L’Atelier Cantoisel de Joigny (89).

Décédée à l’âge de 67 ans l’an dernier, elle laisse une oeuvre picturale importante. Et c’est sa fille qui nous propose cette exposition à Dijon.

J’ai aimé ses petits carré de soie peints à la gouache et placés dans des boitiers transparents. Ces séries de miniatures ont un caractère raffiné. Comme des poèmes, faits de couleurs et de traits fins. Des haïkus en peinture. Sont présents aussi des gouaches sur papier, petit format, où l’on retrouve le côté répétitif des imprimés pour tissus, mais avec une légèreté de composition, une gestuelle aérienne, une inventivité dans le graphisme et un vrai sens de la couleur … MorillonPardon pour le cliché très moyen! Cliquez pour agrandir (en deux fois)

derrière la porte…..le jardin!

Ateliers2Voilà un week-end de septembre 2014 avec soleil et bonheurs artistiques! L’association 13+ organisait, sur Dijon et environs,  « Derrière la porte…l’atelier ». J’ai vu 5 de ces ateliers d’artistes. Et chance! Que des gens qui avaient un jardin!

Fabienne

Chance aussi: j’ai vu pour la première fois la sortie de four (1000 degrés) d’une sculpture en terre cuite émaillée, selon la méthode du raku. Impressionnant. Ce feu, cette incandescence, cette violence qui précède (et contribue à) la naissance d’une pièce … Et des ambiances douces, quelques bavardages pas bêtes, des toiles, des photos, des sculptures, des aquarelles, des œuvres papier… De quoi se faire plaisir. Et de mettre de côté les soucis.Benvinda

J’ai visité les ateliers de Francis Orzel, Micheline Reboulleau, Martine Malherbe, Benvinda Miguens et Fabienne Adenis, et, du coup, vu les oeuvres de Annick Botton, J.C. Potet, Monique Rion (que j’ai très fort regretté de ne pas rencontrer), Edith Nicot, Denise Guilloux, Eliane Martinand.

DeniseDe haut en bas, Eliane Martinand, Edith Nicot, Fabienne Adenis, Benvinda Miguens, Denise Guilloux… Il y en aurait plein d’autres que je pourrais mettre!

Cliquer sur les visuels pour agrandir (en deux fois)

Cabinet de curiosité, Catherine Scellier

A Baulme-la-Roche, près de Mâlain, Catherine Scellier a proposé son exposition « Le cabinet de curiosité » dans la chapelle du prieuré, et ça valait le coup…(Ouvert les week-end 13-14, 20-21 et 27-28 septembre , de 14h 30 à 18h30, sauf pour les 20-21, journées Patrimoine, 11h-17h)

Beau lieu! Quelques pas dans la pelouse du prieuré, un regard sur colombier et tours, sur les cloches, sur la fontaine, sur les vieux murs…Et on entre dans la chapelle. Un oeil levé pour apprécier les 12 portraits peints sur les murs au XVIème siècle et on se plonge dans l’univers de l’artiste plasticienne Catherine Scellier.

Au centre, son cabinet de curiosité:  un ensemble de petites boîtes où elle a épinglé, à la manière d’un entomologiste, de drôles d’insectes créés de toute pièce par son imagination et ses doigts ingénieux! Il faut absolument accompagner cette visite de la lecture des textes qu’elle a écrits! Une petite merveille! Chacune de ces créatures a reçu un nom latin très fantaisiste et l’artiste raconte « scientifiquement » le comportement sexuel et amoureux de ces charmantes bestioles! L’invention est délicieuse…ScellierBaulme2

Les insectes de Catherine Scellier sont réalisés à partir d’éléments hétéroclites (du végétal, de l’organique, de l’animal, du technique, du tissu, du bijou…) qu’elle a minutieusement travaillés et agencés, telle une petite main de grand couturier; ça devient un cabinet de préciosité!ScellierBaulme

Les sculptures que nous aimons tant chez cette artiste ne sont pas absentes de la chapelle. Des personnages mi raku mi bois flotté (ou os) animent les lieux, avec leur mouvement, leur attitude, leur présence et leur personnalité. On croit à l’histoire de chacun. On les écoute raconter, crier, réfléchir ou rire. Entre eux et le morceau de bois ou d’os dont ils sont nés, il y a osmose. Catherine Scellier a le chic pour marier admirablement ses trouvailles, dénichées de-ci de-là dans sa campagne, avec tête, mains, jambes ou bras en raku (céramique). Une vraie poésie et un sacré humour se dégagent de ces dames et messieurs!

A voir aussi, sans hésiter, son « columbarium »: dans chaque petit tiroir se niche un visage de céramique. Impressionnant.

Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois