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La biennale de Nolay

Nolay a accueilli sa 6ème biennale de sculpture en juillet 2015. Sur une quinzaine de sites, dans la petite ville, se déployait une exposition d’une quarantaine de sculpteurs venus de partout. Les 40° de ce dimanche ne nous ont pas empêchés d’apprécier cette balade en art ! Bouteille d’eau et brumisateur à la main!

Comme ça, sans trop réfléchir, me restent en mémoire des émotions, des étonnements, des admirations, des sourires avec : ……

-l’autre monde de Gaëlle Guibourgé, petit univers original, symbolique et vivant créé en terre cuite brute.Guibourgé

-la magnificence et la perfection des pièces de bois de Thierry Martenon, invité national de la manifestation. Un hommage au bois.Martenon

-l’élégance et la pureté des formes élancées de Patrice Poutout, « gardeurs » (dit-il) du temps ou de l’Histoire, totems ou stèles sacrés.

-le mystère des pièces de céramique (argile) de Ine Schoots, leur façon de représenter la gestation, la naissance de la vie, dans ce qu’elle peut avoir de plus primitif ou rudimentaire dans la nature.Schoots

-l’humour et la force des personnages de Diadji Diop, invité international (Sénégal), qui apparaissent ici ou là dans les parcs ou sur les places, inattendus, incongrus.Diop

-le raffinement des porcelaines blanches de Caroline Chopin, leur représentation de fines et petites créatures hybrides.

-l’ambiguïté des sculptures de Suzane Lopes, leur folie fantastique et exotique.

A noter aussi –

que j’étais contente de revoir les drôles de couples de danseurs et de sportifs de François Lepoivre. Je connaissais.

-que j’ai vu sur l’eau du lavoir une sculpture de métal rouillé assortie de sortes de bulles, que j’ai bien appréciée (mais sans nom).

-que j’ai trouvé juste sympathiques les chaises surréalistes de Christian Rattoray, que j’avais déjà vues.

Pardon à tous ceux que je ne cite pas! Le coeur y est! Mais on a ses préférés qui vous correspondent !

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le choix du mois, juin 2015

Il y a eu deux ou trois heures, dans ce mois de juin, qui ont beaucoup compté pour moi.  Celles de ma visite aux « 4 Jardins des Bourroches », un week-end, au soleil. Dix artistes du coin (Dijon et environs) étaient invités chez des hôtes super accueillants. Quelques très bons moments qui m’ont permis de revoir plusieurs artistes que j’estime…

Joël Petot était l’initiateur de cette manifestation. Allez! On commence par lui!

Chapeau de paille sur la tête, il nous propose des cerises, puis, très zen,  nous détaille son travail, présenté ici dans son petit jardin à lui.  Ami des arbres, et leur fidèle admirateur, il poursuit depuis plusieurs années une démarche artistique à ce propos.  Je connaissais son bois calciné, merveilleusement NOIR! De ce noir qui fait naître couleur et lumière… (C’est l’outre-noir de Soulages!) Il découpait des lamelles de ce bois calciné et les assemblait pour créer des volumes qui respectaient les formes et les lignes de l’arbre (les courbes) mais aboutissaient à des objets presque « sacrés ». Comme des petits oratoires, des sanctuaires, ou des réceptacles, des petits espaces « gardiens », des lieux de méditation… Cette fois, il nous montre des troncs (ou des grosses branches) bruts. Mais son acte artistique consiste à les ouvrir dans le sens de la verticalité, à écarter les deux morceaux tranchés et à imaginer un coeur d’arbre… inattendu et mystérieux. Surprise!Petot

Dans son jardin, Joël Petot accueille Michel Potherat. Et comme il aime collaborer avec d’autres artistes (vitraux, céramique, peinture ont déjà interpénétré ses créations de bois ) il a laissé ce peintre animer à sa façon une tranche de tronc! Et M. Potherat place aussi dans ce jardin deux tableaux à lui (utilisation du PVC, je crois).

Quelques pas dans les rues du quartier et nous voilà dans un autre jardin. Eric Mappa a fait atterrir là une de ses étranges et belles créatures géantes (en bois).  Insecte monstrueux aux pattes multiples, pense-t-on. Ou grande colonne vertébrale d’où sort un réseau de côtes, d’artères, de nerfs.  Cette forme étonnante est vivante, car l’ artiste l’a positionnée de façon à ce qu’elle bouge au vent ou aux gestes des visiteurs. J’avais déjà connu (et aimé) le travail minutieux de Eric Mappa, qui, à l’époque, réalisait des sortes de petits reliquaires où il déposait, il me semble, des mini squelettes d’animaux ou des restes de végétaux. Il me confie qu’en ce moment il travaille beaucoup (mais lentement!!) sur des découpages et collages. Avec encore des « boîtes » et le thème de l’anatomie. A suivre! Chic!Mappa

Frank Jooste est là aussi. Il a fait une installation fantaisiste, entre ange, figure de proue et épouvantail! Et il a choisi quelques unes de ses aquarelles envoûtantes. Le meilleur de lui-même, je pense (même s’il cherche toujours ailleurs dans d’autres matériaux, d’autres styles de peintures).  Philippe Poirier, lui, a accroché des photos en noir et blanc à l’intérieur d’un ancien petit lavoir au coeur du jardin! Bel espace secret, fermé, noir… Ses images sont fortes, comme les lieux représentés. Usines, carrières etc. Là où il s’est passé quelque chose mais activité figée, abandonnée… Je repère Epinac (Saône et Loire), village où je suis née!!Bruley

Petit tour dans la rue à nouveau pour rejoindre un troisième jardin. Christiane Bruley y a planté ses « totems »! Mariage de plantes, de terre, de pierres avec sa peinture si « végétale » , si « minérale ». Réussi! Fred Gagné a habité, lui, une partie du jardin,  avec une installation dont le voile qui flotte et danse au vent crée une nouvelle vie ici. Une « comète » dit-il, porteuse de plein de choses!!Montenot

Quelques rues plus loin, Viola Montenot apporte à ce quatrième jardin son art du textile: draps anciens en chanvre qu’elle plie, coud et associe à d’autres petits matériaux: baguettes de bois, cailloux, ficelle, graines, cagettes. Résultat: des personnages stylisés, comme des petits mannequins, qui racontent les difficultés de la vie; des superbes tableautins à la plastique épurée; et des petits volumes qui voguent sur la pelouse… Daniel Carette, lui, montre son dernier travail en peinture. Une cheminement sans fin d’un artiste en recherche constante. Il a posé sur l’herbe des toiles plus anciennes et accroché en arrière plan des plus récentes. Très intéressant.

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3 femmes, 3 chemins d’art, Le Grenier

A Talant, au Grenier, 3 femmes exposaient en juin 2015: Florie et Maryvonne Johannot et Madina. Sculptures et calligraphies.

Attention! Analyse différente de d’habitude!!

Il y a un phénomène qui m’arrive de plus en plus souvent dans mes balades et découvertes artistique. Je ne sais qu’en penser. Voilà :

Se présente,  par exemple, une oeuvre qui m’intéresse guère,  ne m’atteint pas….Je la trouve fade, ou « plate », ou superficielle, ou sans originalité (déjà vu mille fois), ou sèche, ou simpliste, ou juste jolie… Que sais-je?  Et voilà que j’écoute ou lis les propos de l’artiste.  Et voilà que, souvent, je retourne ma veste.  Le fait d’apprendre sa démarche, son bonheur à créer, son enthousiasme, sa foi … Je craque!  Le résultat de son travail, certes, continue de me décevoir, mais je le regarde d’un autre oeil.  Je lui trouve un nouvel intérêt. Et je me demande alors ce qui pourrait être modifié pour que ce travail acquière une vraie valeur d’oeuvre d’art que je pourrais lui reconnaître!!

L’expérience a un peu eu lieu à cette expo du Grenier.

Madina, je l’avais connue chez elle (cf rubrique « visites d’ateliers » dans ce blog) et elle était si passionnante… Ici, je n’ai vraiment apprécié que les calligraphies où elle ajoute ses propres recherches plastiques, « portant un questionnement sur le tracé et sur la matérialité du support » (dit-elle). J’adore! Le reste m’endort, parce que je ne suis pas assez au fait de l’art de la calligraphie chinoise. Même si je l’écoute et la lis encore et encore cette Madina!Madina

Florie Johannot a écrit un petit texte sur sa démarche. Simple mais bon. Elle évoque ces vieux morceaux de bois qu’elle chasse dans la nature, qui ne demandent qu’à « être révélés ».  Elle dit « poursuivre le travail de façonnage déjà entamé ».  Beaucoup d’autres artistes ou artisans font la même chose.  Mais j’aime comment elle en parle.  A mon avis, par contre, elle les « civilise » trop. Elle les « sophistique ». Elle en fait des objets de décoration à poser sur les meubles. Les voilà propres, cirés, polis, vernis, lisses… Comme une jolie fille trop maquillée!!  Ils deviennent impersonnels.  (C’est juste mon goût à moi!)  Au contraire, ses bâtons de vie, eux, m’interpellent.  Elle leur a communiqué un côté sacré, et ça c’est de l’art.

Maryvonne Johannot écrit également sur sa pratique de la sculpture. Et elle dit très bien l’exigence de cet art, son caractère physique, mais aussi son côté « cérébral »:  « comprendre les angles, les attaches, les lignes, les points forts »…Elle analyse aussi cette « confrontation entre moi et moi ».  Très intéressant.  Ses bois sculptés, c’est du beau boulot. Parfois inspiré du Moyen Age. Mais il leur manque un je ne sais quoi de nerfs, de tripes, de cris, de vérité personnelle… Finalement, ils sont « trop beaux »!!

Il y a une sculpture réalisée en commun par les deux sculptrices.  Une souche peinte en bleu, sur deux visages (ou un visage éclaté).  C’est échevelé, pas sérieux, pas attendu… C’est créatif! Fait pour me plaire!Johannot

Prenez la petite brochure à l’entrée de l’expo. C’est là que se trouvent ces 3 textes passionnants que je signale ci-dessus.

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Villes, Hôtel de Vogüe

L’association 13+ a proposé l’exposition « Villes » en juin 2015 à l’hôtel de Vogüe, rue de la Chouette, à Dijon. Pas moins de 22 artistes présentaient leur travail sur le thème de « Ville ». Un gros effort avait été fait par l’association pour présenter correctement et agréablement les oeuvres dans le lieu ingrat qu’est cet hôtel de Vogüe (par ailleurs bien placé au centre ville et très très visité!).  Des petits textes accompagnaient la plupart des oeuvres; paravents, estrades, grilles sont habillés de textile; des éclairages ont été installés (pas facile! pas évident!)…LagnienExtrait

Sur l’impossible papier peint aux épouvantables motifs verts, 3 peintres ont réussi à s’accorder et accrocher des couples de grands formats, longues toiles verticales, comme des huàjàn chinois (peintures en rouleaux):  Martine Malherbe, Evelyne Lagnien et Micheline Reboulleau. Bravo! Venise pour cette dernière, dessins de vie de la rue dijonnaise pour E.Lagnien et idée de fenêtres en multitude pour M.Malherbe.Malherbe

A noter les deux Edith Nicot! L’une qui fait des clins d’oeil avec ses cartes routières devenues kimono ou tongs! L’autre avec un intéressant travail sur papier (fabriqué par elle-même). Les photographes présentent des clichés très différents et très personnels: Denise Guilloux, Jean-Philippe Jarlaud et Jean Claude Potet.  Et puis, les peintures de Benvinda Miguens-Velez, tout de sensibilité urbaine;  l’un des nus de André Mugneret, si particuliers avec toute l’histoire humaine qui se cache là;  les encres de Francis Orzel, dont il faut connaître l’extraordinaire mise en oeuvre pour mieux l’apprécier; l’installation de Annick Botton; le pop up de Maurice Mathon (pliage papier architecture)  etc… Voilà ce que j’ai retenu particulièrement.

MiguensCliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois. Le nom de l’auteur apparaît au-dessus du visuel.

I love your home, Galerie Entrée Libre

La Galerie Entrée Libre de la Caisse d’Epargne du rd point de la Nation, Dijon, a accueilli  en juin 2015 une exposition du collectif de photographes « I love your home ».

Ce qui me paraît intéressant dans cette expo c’est davantage les sujets que les photos elles-mêmes. Celles-ci sont bonnes, bien évidemment, mais archi classiques (c’est sans doute volontaire, cadrées avec rigueur, sans blabla, sans fioritures, pour laisser le sujet prioritaire).

Les artistes Sébastien Corsaint et Thierry Jacquot ont trouvé des lieux incroyables par le monde, et les ont photographiés. Mais où ont-il dégoté des lieux pareils? D’une beauté redoutable… Des lieux tragiques… Toutes ces usines abandonnées, ces bureaux ruinés, ces chambres et salons d’un autre âge totalement livrés à l’oubli et à la désolation, ces pièces délabrées, ces intérieurs démolis… théâtres, palais, industries, salles médicales…. J’ai déjà vu des photos de ce genre plusieurs fois (des expos à Paris) où les photographes sans vergogne ont fixé sur leur objectif des salles de classe détruites par un tsunami, des appartements effondrées par un bombardement. Serait-ce la mode?IMG_9199_200_201_202_203-Modifier

Mais ces deux photographes (de Nancy) possèdent vraiment une belle collection de ces espaces désertés et ravagés. Et, je crois, avec moins le côté « voyeur » que j’avais rencontré ailleurs. Certes, ils savent rendre une atmosphère qui prend à la gorge: tous ces lieux ont connu des jours de richesse, d’effervescence ou d’intimité heureuse.  Et, par on ne sait quelle catastrophe, ils sont tombés dans cet état dramatique.IMG_6310_1_2-5

Peu importe qu’on ne connaisse pas l’adresse, l’histoire, le nom de ces lieux photographiés (les artistes ont sans doute dû franchir des interdits pour y pénétrer, passer outre les conseils de sécurité!). Peu importe qu’on ne sache rien de ces lieux mystérieux. Ce sont des décors terribles, anonymes, mais porteurs d’une émotion forte. Ils sont même comiques malgré eux , parfois!!

Ce mur à la peinture bleue, lépreux à souhait, tout craquelé… Qu’est-ce qu’il est chouette, avec sa lamentable petite table à ses pieds! Et cet étonnant placard géant à multiples petites portes qui baillent toutes les unes après les autres… Superbe!

Allez sur leur site, vous verrez l’humour noir de leurs titres! www.iloveyourhome.fr

merci au collectif pour sa courtoisie: cliquer sur ses photos pour agrandir, en deux fois

 

le choix du mois, mai 2015

Pour ce mois de mai 2015, mon choix se porte sur une expo à Dole, musée des Beaux Arts. Juste une remarque avant:  l’entrée d’oeuvres contemporaines se fait chaque jour davantage dans ce musée. Presque chaque salle en accueille une qui vient se confronter, ou se marier, aux classiques des siècles précédents… J’aime! (comme on dit sur Face Book!)

Ce qui m’a intéressée là-bas c’est l’exposition de l’artiste contemporaine Morgan Tschiember (bretonne) intitulée « Taboo » . (Jusqu’au 30 août. Sauf dimanche matin et lundi, 10-12h et 14-18h). Elle s’est emparée littéralement du musée, modifiant l’agencement, « abimant » les sols ou les murs, utilisant les salles à sa façon etc

Certes, vous n’êtes pas encouragés quand vous arrivez au musée pour cette exposition! (Mais oui! C’est fait exprès!!).  Dans le hall, face à vous, l’entrée aux salles est murée. Oké!!  Vous cherchez donc par où vous allez commencer la visite. On vous indique une salle sur votre gauche.  Hésitation:  cette salle est visiblement en travaux, éclairée d’une sale lumière de néons rosâtres, les murs mal peints d’un rose (dé)lavé et le sol jonché d’une couche épaisse de gravats.  Vous vous aventurez.  Vous traversez cette « oeuvre »… Car, bien sûr, il s’agit d’une installation.  Vous tapotez vos pieds, les semelles crissent encore de la poussière des débris de céramique (et autres) que vous venez de fouler!

La visite commence donc par ce chantier, et c’est très significatif.

Chantier?  Oui, le travail d’un plasticien est en perpétuel chantier. Toujours en devenir, en évolution, en recherches, en enchaînements…Et, en outre, Morgan Tschiember a choisi de s’intéresser beaucoup aux matériaux de construction, béton, ciment, sable, acier etc.

Cette exposition semble suivre une idée,  celle de matières contraires qui, d’une part se métamorphoseraient elles-mêmes, et d’autre part, entreraient en lutte. Le ciment qui se solidifie, le sable qui devient verre… Le mou et le dur, le solide et le fragile, le souple et le rigide qui s’opposent.

Démonstration: l’artiste a soufflé du verre (légèrement rosé) , ici et là, directement sur une structure d’acier. Les bulles genre gros chewing-gum se sont adaptées, se sont déformées, se sont mises à couler, à glisser sensuellement et, bien entendu, se sont figées en refroidissant. Superbe association de deux éléments, qu’on pourrait presque assimiler au mâle et femelle (mais alors, le féminisme en prend un coup!). L’ensemble, intitulé « bubbles », est vraiment intéressant, à plus d’un titre: d’abord d’une belle plastique, ensuite source de réflexion.Bubbles.Tschiember

Autre moment palpitant dans cette expo: les « shibaris ». Morgan Tschiember a ligoté des pièces de terre cuite quand elles étaient encore souples (avant la cuisson). Bondages évocateurs… Elles les a suspendues par leurs cordes à des barres d’acier. L’oeuvre donne des frissons, faisant penser aux tortures érotiques, politiques, fanatiques ou tout ce qu’invente la folie humaine. Les pièces de poterie se tordent de douleur, prisonnières de leur bourreau… Alors qu’elles pourraient être de jolis vases tout bêtes et tout traditionnels. On y voit des formes organiques vivantes en pleine souffrance. Le comble, c’est que cette installation a une certaine beauté plastique, elle aussi, comme les « bubbles ». Avec ces dernières, on évoquait éventuellement des carafes, des flacons  et, avec celle-ci, on imagine des pots, des pichets etc. Mais on a tout faux! L’art change la pensée, le regard, les habitudes… Tant mieux!shibaris.Tschiember

Les formes qu’on découvre dans les salles suivantes (et qu’on peut même surplomber en regardant du premier étage) sont dans le lignée du concept de l’artiste: elle a coulé du béton dans du carton.  D’où, encore une fois, le liquide qui se pétrifie et deux matières qui s’opposent. Le carton s’humidifie et se ramollit, il supporte tant bien que mal la chose costaude qui l’envahit!  Cela aboutit à d’étranges corps tordus, couchés comme des gisants (c’était la vision de ma complice d’expo). Des lambeaux de carton apparaissent là où il n’a pas résisté. Lambeaux de peau. Par endroits, le carton a disparu mais a laissé sa trace, son empreinte, dans le béton quand il était encore malléable… Morgan Tschiember a posé certains de ces « rash » sur des blocs de mousse (sans doute matériaux du bâtiment également), prolongeant son idée de contraires dans les sensations et les états.

Dans la cour du musée, si vous croyez, en arrivant, qu’il s’agit de travaux en cours… vous allez changer d’avis en ressortant, après tout ce que vous avez vu et compris lors de votre visite  (enfin, j’espère!)  C’est bien sûr une installation de Morgan Tschiember. Du sable semble avoir été jeté sur des grilles d’acier posées au sol, sur une sorte de scène en bois brut. Voilà!  Vous retrouvez l’architecture métallique des bubbles, non plus dressée mais couchée, et le verre … est redevenu sable!  La boucle est bouclée!!

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Totem, cellier de Clairvaux, puis Conseil Régional

Avec « Partenariat Nord-Sud Bourgogne-Mali » se déroulait à Dijon une expo en juin 2015 D’abord au Cellier de Clairvaux  puis au Conseil régional . Elle s’intitulait « Totem ». Plusieurs artistes dijonnais, d’autres du Mali et des groupes scolaires .

Chacun son totem! Chacun y met son âme! D’où l’aspect hétéroclite de cette exposition. Point commun malgré tout:  le totem, pour tous, a une position verticale, les pieds en terre et la tête en l’air! (sauf rares exceptions!!) Et à partir de cette image de verticalité, les imaginations et les introspections personnelles se développent bon train! Le thème de l’arbre apparaît forcément plusieurs fois:  par exemple, Fabienne Durupt, avec ses mini personnages qui gravissent la ramure (photo ci-dessous) ; Benvinda Miguens-Velez, avec son arbre nourricier; Edith Nicot, avec son caducée, arbre de vie…Durupt

Le totem, c’ est aussi la divinité dont on a parfois besoin, ou le côté rituel, croyances et magie auquel on se raccroche de temps à autre. C’est peut-être aussi le réceptacle de nos obsessions, de nos fantasmes. D’où certaines oeuvres, telle l’installation de André Mugneret: sarcophage égyptien dressé, vases canopes et soutiens-gorge…

Je retiens le totem identité-miroirs de Evelyne Lagnien. Ces cubes noirs et blancs qui semblent tourner autour d’un axe montrent des visages. Ceux que l’on croise, que l’on oublie, que l’on souhaite…Qui nous ressemblent ou qui sont peut-être nous-mêmes…Lagnien

Je retiens surtout les larves, phalènes et chenilles de Fabienne Adenis qui tissent les fils de la vie: magnifique travail de céramique blanche, poétique, inspiré.Adenis

Je ne cite pas tout le monde, loin de là! Allez voir!!!

Tounkara

 

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Lièvre de Mars… Quoi? Quoi?

Une expo a eu lieu fin mai 2015 à l’hôtel de Vogüe, Dijon, organisée par Le Lièvre de Mars ...Si vous êtes comme moi, vous allez chercher ce que vient faire là ce brave lapin d’Alice au Pays des Merveilles. Je vous conseille son site: lievredemars.fr

Il s’agit d’une association qui parle de « nourriture de l’esprit », elle aimerait promouvoir et valoriser les arts et les artistes, et, en outre, agir au niveau social. Beau programme, on lui souhaite bon courage. Vous verrez, elle fait plein de choses… Je crois que c’est Caroline Masson qui gère tout ça. La communication sur leurs activités et sur leurs objectifs est encore à améliorer. Le public lambda (et c’est celui-là qu’on cherche à atteindre) ne comprend pas forcément ce qu’il se passe, ne voit pas, n’est pas attiré… Malgré la gentillesse et la bonne volonté des adhérents de l’association, tout cela n’est pas clair.

En un mot, l’expo de Vogüe, intitulée « La Montre folle » (encore que j’ai entendu aussi « Fractale »!…Quand je vous dis que ce n’est pas clair!),  présente des oeuvres de Tim Paulvé, Edith Nicot (photo ci-dessous), Nicolas Boissier, Mei, Maycec et Vincent Loyer.nicot2

« Echo » , 2 plasticiens au Conseil Régional

Au conseil Régional, bd de la Trémouille, à Dijon (dans le cadre du « Joli mois de l’Europe »), était à voir un intéressant « Echo »… Frédéric Gagné (canadien- bourguignon!) et Bartlomiej Trzos (polonais, dit Bartek)) avaient collaboré pour cette installation graphique.

Les deux artistes ont travaillé ensemble longtemps, depuis 2012 je crois, grâce à des résidences. Et voilà le résultat de cette collaboration. (Ils avaient exposé déjà à la Galerie Notre Dame il y a un an).

Vous ne savez pas qui a fait quoi! Pas de noms! On devine que les deux plasticiens ont mis en commun leur travail, avec, visiblement, des accords, des connivences, des similitudes…Tout en conservant chacun son propre univers.

Cette longue galerie très lumineuse du Conseil Régional, ils en ont tiré parti, magnifiquement. Le regard longe une sorte de partition, d’un bout à l’autre de ce large couloir, sur un seul côté comme le veut la configuration de la salle. Et il suit un rythme. Celui de ces lignes qui se brisent, se croisent,  se rencontrent en transparence, se défont, se refont… Finissent par réaliser des espèces d’emblèmes. Comme une série de signaux le long d’une voie.Echo

Je ne sais pas si, ici, ce sont des tirages photos, ou là des négatifs. Ou des sérigraphies, des collages, des dessins. Ou quoi? Je ne (re)connais pas les techniques. Mais peu importe. Les choses s’enchaînent mystérieusement, d’une forme géométrique à un crâne, à une image de fenêtre… On suit des fils. Tout se tient. En une progression plastique séduisante.Echo2

Et j’aime la présentation de ce travail de graphisme dans des cadres. Des cadres tout à fait classiques. Des cadres de Ikéa! Des cadres où on place habituellement des peintures! Mais soit ils sont suspendus dans le vide et leur contenu flotte à l’intérieur. Soit ils sont organisés en une asymétrie flagrante. Le cadre participe au dessin général de l’installation.

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choix du mois, avril 2015

après abandon de cette rubrique depuis quelques mois, coucou la revoilou… Avril 2015 fut marqué pour moi par un travail de Christine Delbecq. Son « mur »…

L’artiste plasticienne Christine Delbecq avait engagé, il y a deux ans je crois, un travail sur le « courrier ». Elle avait écrit des lettres sans mots. Des tissus où couraient des fils et des fragments de papier, ou des boules de lanières de textile, elles aussi parcourues de « phrases ». Elle avait envoyé cette correspondance par la Poste, accompagnée d’un petit mot explicatif. Et elle a reçu des réponses. Très diverses. Chacun s’est exprimé à sa façon: cahiers, canevas, cailloux, tissus, feuilles de papier, photos, collages etc. Chacun a présenté différemment ce qu’il avait à « dire ». Un langage du coeur.

Lors de sa résidence au Canada, Christine Delbecq a continué ce travail. Le dialogue illisible s’est prolongé! Les échanges analphabètes se sont poursuivis! Et tout le monde s’est compris! Des liens se sont noués grâce à ces sortes d’écritures inconnues, originales, personnelles, variées…

Aujourd’hui, l’artiste « en a fait quelque chose » de tout ça! Et c’est super fort , comme toujours avec elle!

Au Canada, Christine Delbecq avait commencé à prendre en photo des détails des courriers qu’elle faisait ou recevait. Ces images, découpées, collées aux murs des couloirs du lycée où elle était accueillie, formaient peu à peu un long chemin. En Bourgogne, dans son atelier, elle a repris l’idée, mais en la poussant à son maximum! Tout garnir les murs!murDelbecq

Je vous livre en vrac les notes griffonnées à mon retour de l’atelier :

« Réunir ces courriers. Les rassembler. Les regrouper. Les marier malgré leurs différences. Les mettre dans une sorte de mémoire (les compresser comme pour un disque dur).  Reprendre tous ces échanges. Les effeuiller. Les égrainer. Les désenfiler. Les renfiler. Reprendre la marche de l’écriture autrement. A nouveau petits fragments mis bout à bout, rapprochés, collés, serrés… Et le tissage reprend. Autrement. Les courriers réels sont passés dans une autre vie. On ne les reconnaît plus. Ils sont morts puis ressuscités.  Sont entrés dans une nouvelle réalité. Leur métamorphose par la photo: tellement zoomés, détaillés, recadrés, floutés, déplacés, détournés… Sont devenus images d’eux-mêmes. Et l’accumulation fait le reste. Le rempli. La pléthore. La charge. L’obsession. Tous ces petits extraits qui finissent pas faire un tout. Une unité. Et nous de surfer sur les vagues, d’avancer dedans jusqu’au vertige. Ce pourrait être  une cacophonie, mais non! C’est aussi le miracle de la réussite plastique! C’est à la fois harmonieux, émouvant, étonnant… »murDelbecq2

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