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Des Chinois chez Vuitton (et autres…), Paris

La Fondation Louis Vuitton, à Paris, a reçu des artistes chinois contemporains, mais j’ai manqué cette exposition « Bentu », qui se terminait le 2 mai, et je le regrette. Par contre, dans la Collection, j’ai pu voir dernièrement quelques chinois malgré tout. Et j’en étais ravie, non parce qu’ils sont de Chine! Mais parce que leur travail de plasticiens m’intéresse !   Et j’ai un ou deux autres petits commentaires à faire à propos de ma visite à Vuitton.

D’abord, Yan PeiMing, notre dijonnais!! Un magnifique diptyque et une grande toile sombre m’ont donné la chair de poule. J’ai oublié le titre de cette dernière. C’est l’Acropole d’Athènes sous un ciel très tourmenté et couvert d’oiseaux de mauvaise augure. Comme toujours avec Ming, je stoppe un moment devant cette peinture noire. Je ne vois pas grand chose. Du noir. Mais, peu à peu, je distingue une lueur ici, un filet de lumière là-bas, une étendue « liquide » au premier plan… Et puis, il y a de plus en plus d’oiseaux dans le ciel!  Des nuées, que je n’avais pas distinguées au premier abord. Inquiétante toile (et prémonitoire? Elle date de 2012. La Grèce n’avait pas encore sombré). Superbe toile inspirée. Brossée d’un geste ample. Pratiquement monochrome, mais bouillonnante de forces vives.

A côté, deux toiles aux bleus sombres, intitulées « Les temps modernes ». Celle de droite: dans la nuit, une foule de personnes est rassemblée, en cercle, autour d’une zone lumineuse (ou est-ce simplement la lune que l’on devine au creux des nuages et qui dirige ses rayons au sol ?). Silhouettes d’errants, de revenants…? Cérémonie de sorcellerie? Ces humains semblent ensuite s’engager sur un chemin qui serpente jusqu’à un horizon très lointain (Ah! les profondeurs des peintures de Ming!). Ont-ils manqué cette petite maison, aux allures de chapelle éclairée, qui les attendait dans l’obscurité, entre les arbres? (tableau de gauche). En tout cas, des humains bien paumés… Cette toile est profondément silencieuse et mystérieuse.Ming

Zhang Huan m’a également beaucoup impressionnée avec ses peinture et sculpture réalisées au moyen de cendres d’encens récoltées dans les temples bouddhistes. En particulier « Sudden Awakening », belle tête de bouddha au crâne ouvert d’où s’échappe une fumée d’encens.Huan

Zhang Xiaogang, lui aussi, ne laisse pas indifférent avec son oeuvre « My Ideal ». Il a réalisé une série d’enfants, peinture et sculpture, nus à partir de la taille, laissant voir leur sexe, habillés d’uniformes qui révèlent une classe sociale ou une profession. Attitudes figées, fidèles à l’image d’une éducation embrigadée. Sur la toile, grise, lisse (avec seules couleurs rouge d’un corps et vert d’un costume), le regard de ces gamins déguisés en adultes est affolant. Il glace.Xiaogang extrait

Enfin, Ai Weiwei a posé son « Tree » dans une salle, grand arbre reconstitué, fabriqué avec plusieurs tronçons de bois. Il a quelque chose de dramatique ce blessé, ce greffé, ce végétal mi-réel mi-artificiel…

Je ne parle pas du reste, pour ne pas paraître trop bavarde, et parce que ce sont des oeuvres moins proches de mes goûts.

Passons aux artistes non chinois!!! (entre Monumenta et Collection, cette journée parisienne fut chinoise!). Le sieur Buren a oeuvré in situ sur la Fondation Vuitton… Et le fier vaisseau blanc de M. Gehry a soudain perdu de son élégance et de sa classe! 3 600 vitres ont été recouvertes de filtres colorés, comme d’habitude avec Buren. 13 couleurs tout ce qu’il y a de primaire. D’où un Arlequin sans grâce, voire vulgaire et réducteur (on a l’impression que cette belle architecture a un peu rétréci) Allez…. Il faut dire que le jour de ma visite, il pleuvait et que l’oeuvre manquait de lumière solaire… Allez!Buren-Gehry

Au sous-sol de la Fondation (Grotto), par contre, une belle découverte!  Olafur Eliasson a installé « Inside the Horizon » (je ne l’avais encore pas vu) et c’est un jeu extraordinaire de reflets, de lignes de fuite et de fuites de lignes! Son alignement de colonnes à miroirs et à mosaïque jaune soleil, le long de la « rivière », donne des perspectives variées à l’infini. Un rêve pour les photographes!Eliasson extrait

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Monumenta, Grand Palais, Paris

Mai 2016. Journée parisienne sous la grisaille. Visite du Monumenta, au Grand Palais, confié cette année au plasticien d’origine chinoise Huang Yong Ping. Déception.

L’installation de Huang Yong Ping s’intitule « Empires ». C’est à dire que nous somme face à une représentation symbolique de ces grandes sociétés internationales, que l’on nomme « empires », qui dirigent la vie économique mondiale. Voilà. L’allégorie est simpliste. Tout le monde comprend très vite. Vous allez voir!!

En pénétrant dans le Grand Palais, on se trouve soudain confrontés à des murs de containers empilés, de ceux qui s’entassent sur les zones portuaires. Ici, il y en a carrément 305, et la pile la plus haute monte à 17 m… Ils portent les sigles de groupes plus ou moins connus. Ils ont les couleurs habituelles de ce genre de grosses caisses (bleu, marron, moutarde, gris, bordeaux…). Et ils sont moches…C’est normal. On ne leur en demande pas davantage.monumenta4

Un gigantesque portique de levage (67 tonnes, quand même!) n’a pas été oublié là, comme on pourrait le croire, mais fait partie de l’installation « artistique ». Super héros moderne, capable de lever ces tonnes de stockage, comme sur un petit doigt…Admirable!

Posé en équilibre entre deux tas de containers, telle une arche, un colossal bicorne de Napoléon prolonge l’idée d’Empire. Vu? Vous savez: convoitise du pouvoir, désir tyrannique de la toute puissance et tout ça.monumenta2

Ondulant au-dessus de ces huit raides collines abruptes, un squelette de serpent géant, en alu, explique, à la façon chinoise, que le pouvoir est éphémère… C’est lui le plus beau de cette installation. Sûr!  Encore qu’ il évoque immanquablement Jurassic Park ou une Montagne Russe de fête foraine (remarque de l’une de mes complices de visite d’expo!). Mais il faut avouer que ses 254 mètres et 133 tonnes de vertèbres et côtes métalliques font un superbe écho à l’architecture tout en courbes (métalliques elles aussi) de la nef.monumenta3

Comme j’aurais voulu me sentir littéralement écrasée par cette fameuse mondialisation effrayante! Écrabouillée, moi, petite humaine de rien du tout, lilliputienne dans un monde de brutes dominateurs! Eh ben rien du tout! J’ai cheminé tranquillement au milieu des containers, j’ai pris des photos marrantes, j’ai mangé une salade César à la cafétéria en tournant le dos à l' »oeuvre »… Rien senti. Rien ressenti. Zut. Loupé.

Je devais pas être en forme!

Petit retour en mémoire sur les anciens Monumenta qui, eux, m’avaient bien plu et émue: le Léviathan d’Anish Kapoor et l’étrange cité des Kabakov.

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le choix du mois, avril 2016, Atsing

Le peintre d’origine chinoise, Atsing, ami et disciple de Ming, que j’avais découvert au musée archéologique en 2009 et que j’ai retrouvé au Salon des artistes de Fontaine les Dijon (invité d’honneur) sera le choix de ce mois d’avril.

Ces jeunes gens, peints par Atsing, sont de ceux que l’on rencontre au quotidien dans nos rues citadines. Les voilà grandeur nature devant nous. Deux par deux. Ils nous font face, nonchalants, ou vaquent à leurs occupations, en se tournant le dos. C’est du figuratif, pas de doute. La représentation du sujet est précise. Lunettes, chaussettes, baskets, cigarettes…! (L’artiste a utilisé, dit-on, des photos de magazines. D’où, parfois, une impression de pose)

Qu’est-ce qui fait, alors, que l’on perçoit un malaise en regardant ces personnages? Pas si réalistes que ça… Plutôt irréels. Désincarnés. Un souffle les ferait s’évaporer. Ils n’ont pas de volume, pas d’épaisseur, pas de poids, pas de consistance. Ils ne sont que des images faciles à découper, coller, décoller, déplacer. (Eh! Oui! les photos de magazines!)

Ces individus s’ignorent entre eux et nous ignorent. Absents. Abstraits. Muets. Flottants.Atsing

La technique employée par Atsing, proche de la fresque, la palette faite de pastels très doux, le ton mate, la retenue des couleurs presque transparentes… Tout cela contribue à communiquer une impression de flou et d’inexistant. Ces êtres n’existent pas (ou plus).

Les objets peints par l’artiste, eux aussi, sont anonymes, vides de signification, éteints…Atsing2

C’est une vision étrange de notre monde contemporain. Mais peut-être pas si folle que ça. Ces jeunes gens ont quelque chose de virtuel, comme l’univers dans lequel beaucoup d’entre eux croient exister. A force de vivre par procuration (et à toute vitesse), à travers des photos, des images, des importances d’apparences, des faux amis de réseaux sociaux, des idées toute fabriquées par les médias…ils se perdent…

Atsing me fait penser à Zhu hong, autre artiste chinoise dijonnaise, qui travaille également sur l’idée de disparition (mais plutôt celle des souvenirs, des choses du passé…). Même ton mat, même transparence fantomatique…

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Salon des artistes, Fontaine les Dijon

Salon des artistes, centre Pierre-Jacques, Fontaine les Dijon, printemps 2016. Excellent invité d’honneur: Atsing. 

Je ne vais pas radoter et redire comme chaque année mon malaise quant à ce type de manifestation. « Salon » et « Artistes » ne vont pas ensemble. Point.

Consciencieusement, j’ai fait mon tour au centre Pierre-Jacques bien sûr. Pour l’invité d’honneur d’abord, Atsing, que j’avais vu exposer au musée archéologique en 2009 et que j’aime beaucoup. Artiste chinois, ami et disciple de Ming, il peint des personnages (et quelques objets) grand format, avec une technique proche des fresques. Ces gens-là, on ne les rencontre pas vraiment. Ils glissent. Ils passent. Étrange impression de réalisme (ce sont bien des jeunes gens vus dans nos rues… Les mêmes en tout cas) opposé à un flou fantomatique. Où est le réel? J’aime cette incertitude.Atsing

Je redirai un mot sur Atsing dans ma rubrique « choix du mois » que je vais essayer de reprendre enfin.

Sinon, au fil des panneaux de ce Salon, je me suis arrêtée… Parce qu’il y a forcément quelques oeuvres qui valent qu’on fasse des stops! Pour ma part, ce fut Muriel Bonnard qui me valut le plus long arrêt! Ses silhouettes courbées par la douleur, lovées sur leur souffrance solidaire (peint après les attentats parisiens)…Muriel Bonnard

Et puis, en vrac, j’ai apprécié Fabienne Adenis,Christel Pouthier

J’avoue que plusieurs choses ne m’ont vraiment pas passionnée, genre petites ballons mignons dans le ciel bleu, jolis avions et automobiles, gentils pingouins, trompe-l’œil redondants, paysages d’un classique affligeant etc…!  On me dit « il en faut pour tous les goûts »!

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Philippe Guerry, Galerie La Source

Printemps 2016, la Galerie La Source, à Fontaine-lès-Dijon, recevait le peintre Philippe Guerry. Une exposition qui s’intitulait « Longues nuits ».

En marchant dans les salles de la Source, le regard fasciné par les toiles de Philippe Guerry, j’avais le seul mot « noyé » qui  ne cessait de passer et repasser dans ma tête. Ces femmes de la nuit -et quelques hommes-  peints par l’artiste me semblaient « noyés ».Guerry2

Pourquoi ce mot?  – Premièrement, à cause de la manière de peindre. Le geste pictural est sinueux, mouvant. Le pinceau trace des petites méandres. Et, du coup, les formes colorées ondulent, comme si elles étaient immergées.  Les femmes de Philippe Guerry se diluent  dans l’eau…Ou s’y enfoncent?   Une dominante bleue contribue aussi à évoquer l’eau… En arrière plan, souvent, un miroir, un aquarium, des fumées de cigarette, des vapeurs d’alcool… Tout pour perdre pied…  – Deuxièmement, en raison de ce que semblent dire ces portraits. Des êtres en attente. Solitaires. Oisifs. Muets. Désabusés. On n’est pas loin de penser qu’ils sont perdus (noyés).  Ces femmes, ruinées par la vieillesse, à quel espoir se raccrochent-elles de séduire encore, de paraître sexy, de plaire par leur corps?  Y croient-elles donc encore? Et ces hommes qui traînent dans les bars de nuit, vautrés, à la recherche de quoi? Amour? Amitié? Jeunesse perdue?Guerry3

N’en déplaise à ceux qui n’aiment que la peinture guillerette,  celle de Philippe Guerry montre « un univers désolé, tourmenté, plein de désillusion » comme le disait en filigrane Claude Martel qui présentait le peintre au vernissage. La tragédie de l’humanité est bien là. Le temps qui passe inexorablement, détruisant tout sur son passage et rompant les liens.Guerry

Cependant, quelque chose nous fait très plaisir! C’est l’énergie avec laquelle cet artiste peint, use et abuse de la couleur, croit en son art, construit puissamment un univers, exprime avec force des sentiments universels, traduit avec sensibilité et lucidité le ressenti de ces personnages rencontrés, bref traduit leur âme… Ouf! !!!  (Claude Martel parlait d’ailleurs aussi de « vie intense », de « générosité et tendresse » à propos de Ph. Guerry)

L’artiste, obsédé par la guerre de 14, consacre une petite salle à ce sujet douloureux. Mais l’essentiel de l’exposition ne repose pas sur ce thème-là. A voir quand même. Force et expression.

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Zao Wou-Ki, en Suisse

La Fondation Gianadda, à Martigny, en Suisse, a accueilli au printemps 2016 une belle exposition du peintre d’origine chinoise (né en 1920, naturalisé français en 1964, mort en 2013) Zao Wou-Ki.    Tous les jours, 10-18h.

Une petite envolée hors de la Bourgogne pour voir Zao Wou-Ki à Martigny (Suisse)….ça vaut le coup!

L’expo est à peu près chronologique, et, donc, les premières peintures montrées sont figuratives, influencées par Cézanne ou Klee. Mais très vite on passe à la période abstraite et c’est magnifique.Wou-Ki

De nombreux polyptyques très grand format sont particulièrement impressionnants. De près ou de loin, il faut s’attarder devant. Y entrer peu à peu. Des chemins de lumières et des zones d’ombre nous font cheminer vers un horizon attirant mais qui semble inaccessible. Des masses brassées, des failles, des balayages, des batailles de lignes, des giclures, des coulures, des empâtements, de douces transparences….. On voit tout cela. Et on ne peut s’empêcher de faire allusion à des paysages (de l’eau, des rochers, des feuillages, des herbes…). Pourtant, c’est évident que Zao Wou-Ki ne peint que l’invisible. L’inexprimable (autrement que par la peinture). Oui, des paysages intérieurs.Wou-Ki2

Dans ces toiles, il se passe toujours quelque chose. Beaucoup de choses! Des agitations s’enchaînent avec des périodes de sérénité. La couleur est reine pour exprimer des bouillonnements ou des repos.

Mais, en même temps, l’artiste construit ses toiles. Le geste, souvent puissant et énergique, ne jette pas la peinture n’importe où et n’importe comment! Le visiteur le plus inhabitué à l’art en est conscient. Quelle différence avec certaines abstractions que les auteurs osent exposer sous prétexte qu’ils ont couvert la toile de taches, de traits ou d’aplats…! Ici, les forces sont dirigées, volontairement opposées , maîtrisées. Les tensions sont coordonnées. C’est de la musique. Sans fausses notes.Wou-Ki3

Le lieu, Fondation Gianadda, avec son grand espace, son volume et ses perspectives,  se prête admirablement à ces oeuvres monumentales.

Une partie de l’exposition est aussi consacrée aux encres. Et là, c’est le noir et blanc. C’est le silence. C’est l’intimité. C’est la pureté. La calligraphie chinoise adaptée à l’Occident.

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la guêpe (Guigone) de Joana Vasconcelos, au FRAC

Au Frac (Bains du Nord) de Dijon, rue Quentin, l’espace qui a vitrine sur rue (autrefois, boutique) présente une oeuvre de Joana Vasconcelos, acquise par le Frac. C’est une guêpe géante. A voir. Intéressant.

Cette guêpe fait partie d’une série de sculptures animalières de l’artiste portugaise, en céramique, couvertes d’une enveloppe en crochet. Elle a voulu prolonger l’oeuvre du céramiste portugais R.Bordalo Pinheiro qui fonda une faïencerie en 1884 et créa des animaux à échelle démesurée. Elle a repris ses dessins originaux et sauvé beaucoup de ses moules. Cette guêpe est donc l’une de ses céramiques refaites, mais qu’elle a choisi d’habiller d’une délicate robe en mailles crochetées.Joana

Le textile est une de ses matières de prédilection. En particulier dentelles et crochets, pratiques traditionnelles de son pays:  Joanan Vasconcelos rend toujours hommage au travail manuel, à l’artisanat. Pratiques, aussi, considérées comme « féminines » : la femme est un fil conducteur de son oeuvre (interrogations sur son statut). L’artiste travaille avec un atelier d’une trentaine de personnes: architectes, ingénieurs, couturières, brodeuses etc. Ici, la robe de la guêpe a été réalisée par des dentelières des Açores. (Vous remarquerez que l’artiste n’a pas beaucoup mis la main à la pâte dans cette affaire! )

Les animaux qu’elle couvre ainsi de dentelles sont, la plupart du temps, de ceux qu’on a tendance à vouloir tuer: lézards, crapauds, serpents, guêpes… Elle en fait des objets précieux! Décorés, protégés! Non seulement ils changent d’échelle mais aussi de registre! Et ce petit animal a soudain une grande ambiguïté et un lourd fardeau: à la fois belle et monstrueuse, vraie et réaliste, dangereuse mais transformée en objet de luxe, momifiée, statufiée, porteuse d’une identité nationale etc etc etc .Joana2

La guêpe du frac porte le nom de Guigone (de Salins), épouse de Nicolas Rolin fondateurs tous deux des Hospices de Beaune en 1443. Pièce unique, elle fait partie d’une série de 6 guêpes qui toutes portent le nom d’une femme qui a marqué l’histoire locale du lieu où chacune des guêpes est installée.

Cette oeuvre est intéressante parce qu’elle étonne, elle choque, elle fait penser…

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Itinéraires Singuliers, 5 artistes

Mercky

Marige Ott, J-Yves Chevilly, Isabelle Frémin, Frank Mercky, Anne-Valérie Dupond sont en résidence un peu partout en Bourgogne Franche Comté (Beaune, Besançon, Yonne etc) et ils ont été invités à exposer dans le bel espace prévu à cet effet, au coeur de la Chartreuse, pendant toute la durée du festival de Itinéraires Singuliers.Dupond

 

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Claude Brugeilles, Orangerie

La 4ème biennale de l’association Itinéraires Singuliers battait  son plein en Bourgogne Franche Comté et à Dijon en cette fin d’hiver 2016. Il fallait courir à la Grande Orangerie (jardin de l’Arquebuse), ouvert tous les après-midi à partir de 14h, et à l’espace d’exposition du CH de la Chartreuse (mardi, samedi et dimanche, 13h30-17h, voir un autre article du blog)). Le thème de ce festival était cette année « la quête ».

Arrêtons-nous aux extraordinaires Don Quichotte de l’artiste Claude Brugueilles, à l’Orangerie.Brugeilles

D’habitude, les oeuvres réalisées à partir d’objets de récupération me font juste sourire mais me laissent indifférente, tellement ça reste de la bricole et de l’astuce, sans signification, sans expression profonde. On est loin de l’art.

Ici, avec Claude Brugeilles, j’avoue que je reste baba! Ses Don Quichotte géants m’impressionnent par leur folie, leurs délires, leur présence souveraine, leur allure princière. Et, surtout, par la force qu’ils incarnent, celle du rêve inaccessible, du but impossible à atteindre, de la voie qu’on s’est tracée… même inabordable. Un thème émouvant, riche et universel, croqué ici en quelques moules à tarte, théières, corbeilles, râpes, tuyaux ou pédaliers.Brugeilles2

L’artiste a su, certes, utiliser des objets du quotidien chinés dans les décharges, mais en mélangeant les matières, en comblant les vides avec je ne sais quelle mousse de polystyrène ou quels tissus plastifiés. C’est travaillé comme un matériau à part entière. D’où un volume de vraie sculpture. Ce ne sont pas simplement des choses soudées les unes aux autres. Il a également unifié ses montages avec des patines ou des vernis qui communiquent parfois des airs de bronze à ses structures.

On oublie que ces structures sont faites de bric et de broc. On saisit l’ensemble. Ce ne sont plus des assemblages. Ce sont des personnages de théâtre qui portent en eux un monde, une idée, une émotion, une histoire.Brugeilles3

Et voici donc ces Don Quichotte ailés ou à roulettes, démesurés, trainant leur Sancho Pansa ou leur moulin à vent, chevauchant une Rossinante céleste, écarquillant des yeux de croyant naïf, fiers de leur quête folle.Brugeilles4

La scénographie est à signaler aussi. Elle est intelligente. Peu d’éclairage (bravo aux petites ampoules à l’ancienne, diffusant une lumière chaude qui tremblotte) et un labyrinthe de cloisons faites de pierres engrillagées. On est ainsi maintenu dans une ambiance d’incertitude, d’imaginaire, où tout est possible.

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Petites infos dijonnaises

Yan-Pei Ming expose à la Villa Médicis, à Rome, jusqu’au 19 juin. Ce sont ses « impressions romaines ». Elles rejoindront ensuite la France, le centre d’art de Sète. Ming prépare une expo pour la fin de l’année à la Romanée-Conti!

Le collectif des A4 Designers (4 jeunes femmes dijonnaises) a mis en place une nouvelle création (mars 2016): le « Big Band » , une structure en mélèze avec châssis métallique qui s’allonge devant l’entrée du Parc de la Colombière. On peut s’y asseoir, s’y allonger, y papoter, y méditer, y pique-niquer, s’y reposer de son jogging… Vous avez déjà vu une de leurs oeuvres devant l’hôtel de Vogüé, un banc du plus bel effet qui renouvelle agréablement le mobilier urbain. Et leur future création, à découvrir bientôt, se situera à la Minoterie.