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Eric Mappa, galerie Notre Dame

En mars,  la galerie Notre Dame  (3 rue Musette, Dijon)  a reçu l’artiste plasticien Éric Mappa.

Contente de retrouver cet artiste dont j’avais connu le travail il y a 4 ou 5 ans.  Il avait disparu de la circulation….  Le voilà revenu.  Avec ses petites constructions de bois et de fer. Nouveauté chez lui, cette fois:  trois peintures.

Un point commun à ses œuvres:  ce sont des petites architectures.

Eric Mappa assemble, échafaude, bâtit… Ici, une tour,  telle une tour de Manhattan ou de Hong Kong,  mais élevée au moyen de mini cubes enchevêtrés d’où émergent quelques tuyauteries.  Tour sans fenêtres.  Tour hermétique,  blanche, froide,  inhumaine.  (Et, étonnamment, lui fait face, accrochée au mur, presque à l’identique, la peinture d’une architecture-labyrinthe blanche).  Là,  des tableautins faits de pièces en métal rouillé, morceaux de grillages ou de serrures… Plus loin,  des structures en lamelles de vieux bois,  dont l’une est intitulée « nidification » (beauté,  complexité  et  apparence de fragilité d’un nid)

Avec Éric Mappa, on est donc soit enfermés soit perdus!  Portes cadenassées, avec systèmes de fermeture hermétique et barreaux,  ou… étranges dédales!

Faites de matières intéressantes (récupération … et par conséquent âme et histoire de l’objet!) , ces œuvres, y compris les acryliques, ont des lignes géométriques,  sans vraies rondeurs,  plutôt rigides même, mais avec valeur esthétique certaine.

Cliquer sur les visuels pur agrandir

Papier de Jonas le samedi 16 février, sur dijonscope, pour en savoir plus

 

pour françois gauchet

Parfois je me demande pourquoi je tombe amoureuse de gribouillis sur une toile de peintre. Qu’est-ce qui me prend d’être heureuse juste parce qu’un pinceau a laissé sa trace colorée sur une feuille blanche ?

 Mes coups à l’âme, pourtant, ne sont pas systématiques.

Parfois, je craque. Parfois, rien. 

 Mon émoi ne vient pas du pinceau. Ni du pigment. Même pas des doigts qui manipulent tout cela. Mon émoi vient de ce bizarre frémissement qui transite entre le peintre, son résultat obtenu, et moi. Une onde qui circule. Ou quelque chose comme ça. En tout cas, un truc assez puissant, qui voyage vite, et me percute. Puis, entre et remplit.

 Et me voici donc face à l’artiste François Gauchet.   

Son travail de peintre est dérangeant,  parce que, apparemment, proche du n’importe quoi. Style…barbouille. Des sortes de balayages hirsutes, qui semblent jetés là. A la va-vite. Ou à la va comme j’te pousse !

 Qu’est-ce qui fait que je vibre devant ce genre de travail ?

 Eh bien, j’ai comme une certitude. Cette peinture-là est forte.

Tellement forte, que l’artiste lui-même ne semble pas tout contrôler. Que sa main se laisse entraîner. Un artiste médium, en quelque sorte.

Sur la toile, des masses qui auraient leur vie propre, qui iraient à la rencontre les unes des autres, qui viendraient se télescoper, se frotter, se caresser, se mêler…Elles seraient comme menées par leur propre force vitale.

Elles auraient même le pouvoir d’engendrer des choses. Des choses qui ressembleraient à des bols (des gamelles dit l’artiste), des tubes à essai, des vases, des cubes… Ou alors, elles pourraient faire naître d’autres masses. Une espèces de génération spontanée.

Je sens une étonnante énergie dans ces mouvements picturaux, qui jaillissent tout à coup violemment d’un côté de la toile, pour débouler ensuite vers l’autre bord ou rester suspendus au milieu. Qui donnent de puissants coups de frein, éclaboussent, puis, laissent aller les coulures.

 La peinture, ici, ne couvre pas toute la surface. Elle respire par larges touches. Parfois des aplats. Mais, plus souvent, des plages de couleur qui me paraissent étrangement gonflées. Pleines d’un mystérieux contenu…Ces blancs, dont la besace est remplie de rouges, de bleus, de mauves, d’orange, de jaunes… Des blancs impressionnistes.

J’aime ces tableaux où s’équilibrent des pleins et des vides, des calmes et des impatiences, des lâchés et des tendus… Et, en fait, je sais que c’est un artiste qui maîtrise!

J’aime ces tableaux dont la couleur est la seule expression (sans oublier, ici, la présence de ces petits graphismes que sont les gamelles ou autres tubes, leitmotive et signature de François Gaucher).

 La photo est de l’auteur.  Cliquer dessus  pour agrandir

portraits, à Interface (travail d’étudiants)

Cinq étudiantes de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Dijon ont montré leur travail à Interface,  appartement/galerie,  en janvier 2013.  (Rue Chancelier de l’Hospital). 

Réaliser un portrait était la consigne première de leur professeur.  Mais,  avec les idées suivantes  (que je résume un peu trop! Pardon!) :  « la fonction sociale de l’art »,  « les anonymes  font la société »,  « une forme qui ne serait ni du cinéma ni de la photo »,  « faire la place à la durée de l’image en mouvement ».

J’ai retenu la vidéo de Lisa Perrin  (même si certaines autres créations m’ont également intéressée,  celle de Marine Caloï en particulier.  Ce sont toutes des vidéos. )

Un beau visage de jeune fille,  auréolé d’une chevelure noire ondulée et comme étalée derrière elle…  Elle nous regarde.  Sans vraie expression.  Est-elle couchée?  Est-elle au fond de l’eau?  En tout cas, nous semblons être plutôt positionnés au-dessus d’elle.

Image apparemment fixe,  jusqu’à ce que surviennent des mouvements qui la déforment plus ou moins fortement.  On pense alors à un reflet sur une surface d’eau,  où quelque chose provoquerait des vaguelettes de temps à autre.

Les déformations des traits,  ces petites métamorphoses que subit le visage créent l’émotion chez le spectateur.  C’est subtile,  mais efficace.  Brusquement,  surgit une impression de souffrance…  Car,  le visage ne se transforme pas de par la volonté de la personne.  Pas de mimiques voulues,  pas de grimaces,  sourires  ou  expressions faciales volontaires. Passivement,  la jeune fille endure ces transformations qui la défigurent,  l’enlaidissent… Mouvement lent,  sournois,  comme une torture insidieuse.

… Un individu qui se modifie… Un moi qui s’altère… Une personnalité qui se perd… (A qui la faute?)

… Ou la recherche de soi-même dans le miroir…  La tentative vaine de se connaître… Sans cesse heurtées à une image qui se brouille.  Insaisissable.

Le titre de l’œuvre est  « Je ne sais pas qui je suis mais je ne veux pas que l’on me déforme ».  Tout est dit…

 

Nancy, musée des Beaux Arts

Le mbaN a eu ma visite!  Il est beau ce musée!  En fait, j’allais voir l’expo « Tragedy or Position » d’Alain Huck  (en février 2013).  Mais impossible de ne pas faire un petit tour dans quelques autres salles !

Alain Huck est un artiste suisse contemporain.  Il a accroché quatre dessins monumentaux aux murs d’une salle, se faisant face.  Assez impressionnant.  On croirait des photos géantes, en noir et blanc.  Sauf que…c’est du fusain.

L’artiste a réalisé ces immenses dessins à partir de photos, quand même.  Chacun son sujet: une forêt tropicale (intérieur de serre, en fait), une vue aérienne d’Afghanistan prise par un drone, deux pages d’un livre, et un décor baroque.  On a l’impression que ce sont des images anciennes, un peu détériorées par le temps.  Comme des images d’archives.  De grandes surfaces noires s’étalent sur certaines.  Le spectateur a le regard qui pénètre, puis voyage dans ces dessins aux multiples méandres et superpositions.
J’ai juste été déçue par la mise en scène, m’attendant à un espace plus petit, sombre et intimiste.  Le dit de vraiment se sentir happé par ces grands dessins étranges.  Ici, la lumière est trop forte et blanche,  le volume de la pièce trop vaste (à mon goût).

J’ai été impressionnée par l’exposition Daum, dans une si belle scénographie au sous-sol du musée:  univers noir, effets de reflets, de transparences et de lumières, cohabitation des grandes vitrines avec les pierres des anciens remparts (XVème) qui ont été dégagés.  Splendide.

Et puis, je me suis promenée au rez-de-chaussée:  une installation remarquable de l’artiste japonaise Kusama Yayoi, une belle chauve-souris de César en ferraille noire, un Richter, un Rodin  etc.

Le designer Jean Prouvé, bien sûr, est présent aussi, avec ses créations de meubles et ses projets d’architecture.

Jurga, Galerie Entrée Libre

Mars 2013;  des sculptures de Jurga étaient à la galerie Entrée Libre (Caisse d’Epargne, place de la Nation, à Dijon). Poésie de l’enfance.

J’avais vu une exposition « Soutine » à Paris il y a peu… Et voilà que je retrouve ici quelques gosses aux oreilles décollées et au nez pointu-tordu qui ressemblent bien à certains portraits faits par le peintre.  Information prise, Jurga, est une admiratrice de Soutine et reproduit en sculpture quelques uns de ses personnages.

Mais là n’est pas le plus important de cette exposition.  Les terres cuites (et bronzes) de cette artiste d’origine lituanienne occupent l’espace avec force et persuasion.  Ultra réalistes,  parfois de taille humaine,  ses créatures sont impressionnantes de vérité  (bel esprit d’observation de la part de l’artiste).  Mais,  en même temps,  elles appartiennent à un autre monde.  Réels et irréels à la fois...   Personnages sortis de contes pour enfants… Un peu désuets, ou hors du temps.  Gavroches et  fillettes maigriottes… Gosses gênés dans leur corps, dégingandés… Tristounets ou boudeurs…  Rêveurs  ou  inquiets…  L’aspect rugueux de la sculpture leur offre aussi ce caractère indécis:  comme dégagés d’un fond sous-marin où ils auraient longtemps séjourné.  (Ce fond sous-marin pourrait bien être le souvenir, la mémoire).

Attachants,  ces gamins,  qu’ accompagne qui un ange, qui une grand-mère, qui une maman  …  portent en eux le mystère de l’enfance.  C’est un art hyper figuratif, auquel je pourrais reprocher , comme je le fais souvent,  de trop représenter la réalité  (l’art doit apporter autre chose) .  Mais,  franchement, ces sculptures m’ont touchée , justement,  peut-être, par leur présence troublante,  leurs voix figées,  leurs questions muettes  pesantes,  leurs images fantômes…Des sculptures qui interrogent la réalité.

Cliquer sur les visuels pour agrandir

 

 

 

13+, lumières et transparences

A La Coupole, ( 1 rue Ste Anne, Dijon ) le collectif 13+  nous a offert, en décembre 2012, une belle exposition intitulée Lumières et Transparences.  Après l’Orangerie en novembre,  décidément,  13+ s’en donne!  Et c’est bien.

J’ai mal choisi mon jour de visite à La Coupole…(Vous verrez plus loin pourquoi)

Sous la grande verrière de cette Coupole dijonnaise,  les artistes de 13+ montrent des œuvres inspirées par le joli thème de la transparence.  Et ce qui fait plaisir c’est que plusieurs d’entre eux ont eu un élan nouveau et sont sortis de leur style habituel (tout en gardant leur coup de patte reconnaissable).  Ils ont profité du sujet proposé pour donner autre chose.  Pour oser.  Certains autres artistes ont repris un travail que l’on connaissait (appréciait) d’eux et qui colle avec le thème.

Parlons de ceux qui m’ont agréablement étonnée.

Monique Riond,  toujours dans sa lignée de travail de la terre cuite,  a installé au sol des grosses boules percées de petits trous, illuminées de l’intérieur, et une sculpture debout, telle une porte de ville, à deux battants centrée sur une sphère.  Des volumes abstraits beaux et évocateurs (à la fois intimité douce et ouverture sur le monde extérieur, voire de l’au-delà).

Evelyne Lagnien a posé, elle,  un grand cube qui joue avec le rouge, la lumière, les transparences… Ses portraits occupant les 4 faces n’en sont que plus envoûtants.

Je me suis aussi arrêtée longuement devant les créations de Fabienne Adenis, buste de femme ouvert sur une lumière intérieure,  visage d’une Vénus flottant au milieu d’une vasque d’eau.

J’ai aimé les grands calques de Micheline Reboulleau,  les carrés évanescents de mme (j’ai oublié son prénom, désolée) Guilloux qui se nomme « Intimité » etc.

Et puis, il y a Jean Gauthier et son « Tournicoti tournicoton », drôle de petit manège où tournent quelques bonhommes, animaux ou objets de fil de fer (et autres choses de récupération…). Les ombres projetées de ce petit monde sont drolatiques.  Bien vu !  Il y a aussi les femmes  de Eliane Martinand (terre cuite), déformées jusqu’à l’extrême féminité, et qui portent des prénoms si magiques (Eloane etc….)

Je pourrais citer encore Nelly Rozo, Daniel Carette, Francis Orzel, André Mugneret, Martine Malherbe, Jean Thirion …

Bref, des idées, des inventions, des explorations, des créations de sensations…

J’ai mal choisi mon jour de visite, car les artistes présents ne me connaissaient pas et ils m’ont refusé obstinément le droit de photographier…C’est bien la première fois qu’à 13+ je suis contrainte de ranger mon appareil photo !!!!   Malheureusement, je ne peux que mettre ici des visuels tirés de mes archives (une toile de D.Carette et une de F.Orzel).  Bien triste de ne pouvoir vous montrer les nouveautés.  papier de Jonas dans dijonscope le samedi 29 décembre. Gentil et juste.

Annette Messager, à Lyon

Escapade à Strasbourg pour l’exposition « Continents noirs » de la plasticienne Annette Messager au musée d’art contemporain (janvier 2013).

Les visiteurs parlent, pour l’œuvre d’Annette Messager, de pessimisme, de désespérance, de détresse, de désolation, de vision morbide …  Que sais-je encore …  C’est sûrement vrai, à priori.  Mais je ne retiens certes pas ces idées-là en premier après une visite aux  « continents noirs » de Strasbourg !

Cette artiste me donne l’impression de bouillonner de vie, au contraire.  Et quand on a, comme elle,  l’esprit autant créatif,  inventif, fantaisiste…. on n’est pas dans la totale détresse, si? .  Et quel humour aussi!  Et quelle force dans sa façon d’imposer un univers,  de concevoir un monde,  de créer une ambiance!

Moi,  je sors d’une exposition d’Annette Messager plutôt ragaillardie et le sourire aux lèvres ! L’art contemporain féminin,  dans son cas,  me ravit !  Tout n’est pas perdu, je me dis!

Première salle de cette exposition strasbourgeoise:  -Les pantins d’Annette Messager dansent au souffle des ventilateurs,  fantômes errants,  silhouettes dépouillées de leur chair,  carcasses flottantes,  fantoches grotesques… Leurs ombres au mur,  qui se tortillent allègrement,  paraissent presque plus vivantes qu’eux.  Le visiteur se promène dans cette forêt impressionnante,  frôle les robes vides,  les poupées mortes,  les sacs plastique tout gonflés,  les animaux fantastiques …  Il perd pied.  Il est ailleurs.

Ensuite viennent les salles du noir.  Noires sont les têtes des balais (1).  Noire est la grande écriture qui bave sur les murs (2).  Noires sont les choses des hommes qui s’amoncellent et empêchent le globe terrestre de respirer (3).  Noirs sont les fragments de vie qui flottent au-dessus de nos tête (4).

(1)  les balais sont un des refrains de Annette Messager.  Ce sont de drôles de petits personnages qu’on peut costumer…  Et puis,  ambivalence entre l’objet de ménage (donc décerné à la femme au foyer !) et le moyen de locomotion des sorcières !!

(2) « désir », « chance » sont écrits en noir sur les murs, avec des lettres formées de filets, ce qui communique un côté coulant, effiloché, brouillon à ces mots chargés de sens.  Quant à « jalousie », il est barré du mot « love » écrit avec des morceaux de peluches.

(3) cette installation, intitulée « sans légende »,  est faite d’objets sculptés dans un aluminium noirci, comme calciné:  des cônes (chapeaux de sorcières? bombes ? jeu de société? ) , des chaussures, des animaux,  et même des œuvres de Giacometti….Tout un tas de choses qui s’entassent et étouffent peu à peu un globe terrestre qui essaie de gonfler, telle une montgolfière lumineuse, mais en vain.  Un éclairage savant fait se mouvoir la scène sur les murs,  agrandissement impressionnant…  Et l’horloge du temps tourne , imperturbable.

(4) la salle « continents noirs » présente plusieurs formes noires, carbonisées,  suspendues au plafond,  morceaux de vaisseaux spatiaux éclatés,  débris de cités incendiées  (ou autres…).  Des ampoules au bout de ficelles se balancent régulièrement, scandant une nouvelle  danse d’ombres sur les murs.

Et puis, il y a cette peluche aux entrailles apparentes, au ventre grand ouvert, écartelée par des outils menaçants… (mais les entrailles sont d’adorables peluches baby, prêtes à naître) … Et une autre installation au grand plastique transparent, mu par des mini-ventilos, qui couvre de ses larges vagues de tsunami un ensemble d’objets noirs. …  Il y a de très beaux dessins également…

Pourquoi une œuvre serait-elle moins bonne si elle exprime cauchemars et peurs? Pourquoi occulter les noirceurs de l’existence? Je ne comprends pas les gens qui placent ce critère de valeur à un travail d’artiste :  « c’est bien mais c’est vraiment trop désespérant ».  Je ne vois pas le rapport.

Je n’ai pas l’audace de mettre des photos. Allez sur les sites comme celui de Lunettes Rouges ou de la plasticienne elle-même

http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2012/11/06/noir-et-menacant-le-continent-dannette-messager/

Consortium accueille Frac

Les deux structures d’art contemporain de Dijon ont réuni des œuvres de leur collection respective.  « Le Frac s’invite au Consortium » disait le titre de l’expo.  Au moins 40 années d’art contemporain représentées ici. (rue de Longvic). (Janvier 2013)

J’ai toujours du mal à être émue, troublée, intéressée ou même surprise lors de mes visites au Consortium…  Cet art-là me laisse  froide ou,  à la rigueur,  amusée  (je prends des fous-rires quand il ne faudrait sans doute pas…).   Je m’ennuie ou, au pire,  m’énerve.

Bon!  Cette fois, il en fut de même.  Les déchets,  cartons,  et autres ferrailles,  même détournés,  même (vaguement) métamorphosés… j’ai de la peine à y voir un quelconque « travail »  d’artiste.  Tout me paraît posé là.  Posé.

J’ai juste vibré trois ou quatre fois,  sentant enfin un élan créatif intense chez l’auteur:

-Une toile de Richter,  « Merlin »… Géniale!

-Une œuvre de Valérie Snobeck  (j’avais déjà admiré son travail, cf mes archives de blog, en juillet 2012)

-Une installation vidéo de Rondinone:  24 télévisions côte à côte qui jouent avec des images en miroirs, en kaléidoscope… Un homme et une femme marchent au rythme d’une musique lancinante, chacun de son côté, dans un décor urbain d’architecture géométrique moderne et froide.  Ils ne se rencontreront jamais.  Le montage est subtile.

-Une sculpture-installation de Jessica Stockholder (cf visuel ci-contre)  de grands tapis d’orient (ça sent bon la laine, que l’on retrouve d’ailleurs en pelotes empilées au pied de l’œuvre) et de longues poutres de bois qui composent une sorte de bateau des airs.  Rencontre de matières, couleurs et volumes.

 

-Et puis, quelques photos de Man Ray, un portrait de Ming...

 

-L’installation « Prom » de Amy O’Neil a l’intérêt de recréer une ambiance tristounette et presque malsaine de fin de fête:  bouteilles vides renversées, confettis, baudruches et serpentins abandonnés, fouillis indescriptible où le visiteur circule un peu gêné.  Le décor est celui du film d’horreur (qui passe en boucle sur un écran par terre)  « Carrie au bal du diable »:  allusion aux bals traditionnels de fin d’année des promos américaines.  Mais là encore:  des objets existants,  simplement posés (même pas par l’artiste elle-même, elle était absente pour l’installation).  Pauvre…. Pauvre, oui.  C’est le mot qui me vient souvent à la bouche quand je visite une expo d’artcontemporain (en un seul mot, comme a décidé de l’écrire Olivier Céna de Télérama!!).

Merci au jeune homme qui a accompagné notre visite pour combler nos lacunes en artcontemporain!

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Elisabeth Kubicki, La Source

A la Galerie La Source, à Fontaine-lès-Dijon, Elisabeth Kubicki a accroché ses toiles en décembre 2012.  Une exposition qui s’intitulait  « Au delà des apparences ».

Elisabeth Kubicki dessine et peint en élève consciencieuse.  Quelque chose dans son travail (j’aurais de la peine à préciser quoi!  C’est une intuition)  dit encore cette avancée timide, cette recherche laborieuse.  Mais qu’est-ce qu’elle réussit bien, malgré tout,  à nous toucher et à nous faire entrer dans son univers !

Son univers?  La nature.  L’exposition est ainsi construite qu’on chemine de salle en salle du plus intime et du plus intérieur,  au plus extérieur et au plus ouvert.  La vision s’élargit.  On est d’abord au cœur de la matière.  Comme du macro.  Cristal de roche, écorce… On se régale de ce voyage au sein du minéral ou du végétal.  A ne plus savoir ce qu’on regarde:  la frontière du réel est vite franchie.  On est entré dans l’invisible.  (Dommage, certaines de ses peintures sont encore trop « décrites » à mon goût.)

Et puis, peu à peu, c’est le grand angle !  On prend du recul.  On commence à « voir » la représentation de la réalité.  Et, finalement,  (1er étage, salles du fond)  on se retrouve devant des paysages… ( après être passé  sous terre,  dans de magnifiques grottes ).

Bien entendu, j’ai un petit faible pour ses visions très rapprochées des choses de la nature.  A force de zoom… l’indicible apparaît.  Et c’est bien le rôle de l’artiste de nous entraîner dans l’ineffable.  Sinon, c’est juste du copier-coller …Et la réalité perçue par notre œil, on connaît …

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A Michel Tosca

 

J’aimerais écrire comme il peint. Avec la pointe d’un cil.

Mais les mots souffrent d’épaisseur…

Si lui dessine du floconneux, moi je ne trace que du gras.

Si son pinceau devient ciselet, moi je ne débite que du texte bourratif.  

L’écriture n’est pas miniature. Du moins, pas la mienne.

Elle n’est pas un travail d’aile de papillon.

Elle n’est pas vol d’insecte qui tangue et divague.

Qui enregistre sa trace folle.

Qui décrit des danses et des errances.

Mon écriture a des lourdeurs

Que ne connaît pas sa peinture.

 

Je lui envie aussi cette continuité lente, cette perpétuité silencieuse.

Sa ligne couvre sans répit.

Mes phrases à moi, elles toussent.

Sans cesse elles buttent. Sur un petit vide. Sur une petite chute. L’écriture est chaotique.

Lui, il enfile, il tisse, il tricote …Rien ne dit qu’il a parfois interrompu son geste.

Sa peinture coule en un charme nonchalant.

 

Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir écrire sur sa peinture ?

Il faudrait dix mille mots en un.

Un seul mot. Longiligne. Souple. Infini. Qui ne s’interrompt pas.  

Qui peut proliférer, bouillonner, foisonner…

Un mot qui serait éponge, coton, lichen ou algue…

Un mot alvéole.

Un mot galaxie.

Qui irait explorer les planètes inconnues.

A la recherche d’une vie improbable.

 

Bref.

Sa peinture est une écriture…

Il n’est nul besoin de prendre à mon tour ni la pointe sèche

Ni l’encre ni la plume…

   novembre 2012

Michel Tosca est en Bresse. www.micheltosca.com/