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Olivier Céna, Télérama

Je lis régulièrement les chroniques d’Olivier Céna à la page arts de Télérama.

Je vous les conseille.

Celle du Télérama n° 3295 (6 mars 2013) m’a particulièrement intéressée:  sur la photographie « plasticienne ».  Une question que je me pose souvent sur les rapports entre peinture et photo… Cette dernière cherchant à faire comme l’autre!

Habitus, à l’Entrepôt 9 (galerie Barnoud)

Enfin,  j’ai pu entrer dans cet « Entrepôt 9 »  (Bd de l’Europe à Quétigny),  la nouvelle adresse de la Galerie Barnoud.  Plusieurs fois je m’étais cassé le nez sur cette porte fermée (alors que j’étais bien dans les jours et horaires indiqués!!).  Cette fois, donc,  j’ai visité cet espace blanc immaculé pour son exposition  « Habitus »  (en mai 2013)

Habitus est le mot latin qu’utilise la médecine pour parler de l’aspect extérieur du corps, indiquant l’état de santé d’un sujet.

L’exposition réunit dix artistes contemporains autour du thème du corps humain.

Je retiens les photographies (et la vidéo) de la polonaise Agnieszka Podgorska.  Il y a assez longtemps que j’admire le travail de cette artiste qui assemble des membres indépendants du corps  ( bras, jambes, mains ou pieds ) , constituant d’étranges êtres aux allures de monstres inquiétants.  Il y a une ambiguïté dans ces compositions très graphiques (très « chorégraphiques » ) qui me plaît bien.  L’humain est évident … et pourtant.  Qu’est-ce que cet enchevêtrement, ces bouts disloqués, contorsionnés…?     cf aussi ma rubrique « le choix du mois »

Une peinture de Lydie Arickx m’a aussi beaucoup attirée.  Une expression puissante de la chair… (je vous conseille fortement d’aller sur son site lydiearickx.com)

La vidéo d’Annelise Ragno est intéressante.  Un homme est à l’étroit,  coincé dans quelque chose?  Pris dans un étau invisible.  Il tente dramatiquement de s’en sortir par quelques mouvements saccadés.  Répétitifs.  Vains.  On a devant nous trois images de cet homme,  cadrées différemment.  Trois moments différents de sa « danse » impossible.

Rachel Henriot montre deux photos glaçantes:  des distributeurs de sexe… Comme cigarettes ou chewing-gum…..Déchéance d’une société esclave de la consommation jusqu’au pire.  Cette œuvre est forte,  d’autant que son apparence est relativement discrète.  La provocation, si elle existe, n’est pas flagrante.

Le reste de l’exposition… Je ne saurais pas en parler.

Juste vous dire que l’art, il me semble, doit exprimer l’inexprimable.  Ce quelque chose qui est si difficile à dire et que l’artiste, lui, a la capacité de mettre en forme (abstraite, symbolique).  L’art a besoin de finesse, de sensibilité, de réflexion profonde…  Or, je vois dans l’artcontemporain (oui un seul mot) souvent des clichés,  assénés à grands coups d’œuvres grossières, vulgaires, simplistes, pauvres, enfantines.  Et quand on me dit « on n’y comprend rien!… »  Eh ben! Si! Précisément! On comprend trop! …

Les Transparentes

C’est une série que j’avais écrite en pensant  à un vague projet que nous avions en commun avec une artiste plasticienne:  Les Transparentes.  Et qui jusque là ne s’est pas fait.

Brouillard

La ville avait pris le voile.  Elle était entrée en isolement.

Quelques bouffées blanches avaient brouillé ses lignes.

Les formes flottaient.  La ville avait maigri.

Et pourtant la brume remplissait.

Remplissait tout.  La ville était pleine.

Pleine d’apparences et de vapeurs.

Une coulée froide se glissait dans ses moindres failles.

La ville poudreuse tamisait les sons.

Trompait les images et noyait ses chagrins citadins.

La ville n’était pas pressée de quitter son apesanteur

 

La goutte

A peine retenue par un reflet.

Si peu de matière…

Cette petite chose intouchable

Illusoire

Définie de rien

Intransportable

Impénétrable

Qu’on ne peut conserver…

Cette petite chose remplie de vide

Qui ne vit que d’un non…

Juste posée là sur ma manche

Le temps d’un éclat de lumière.

Parce que dehors il pleut.

 

Six bouteilles blanches

Six bouteilles blanches

Et des liens de lumière.

Six bouteilles sur une étagère.

Un reflet pianote de l’une à l’autre

Touche rouge reprise en variations.

Six jours d’une vie

Traversés par la flamme qui pétille.

 

Voilette

Le paysage avançait en quadrillé.

Mais je bougeais le paysage.

Et ça me chatouillait quelque part au-dessus des lèvres.

Le paysage était en puzzle et se dissimulait par petits bouts.

Ça lui donnait un frétillement de vieux film muet.

Un fin parfum de poussière ou de jasmin usé

Me flottait aux narines.

Les mailles étaient des petites larmes

Qui faisaient trembloter mes yeux.

Ma voilette et moi, on allait nulle part. On se cachait.

Mais on ne sait pas laquelle cachait l’autre.

 

Fenêtre

La  maison ne dormait que d’une fenêtre.

Et l’autre savourait son rôle de regard sentinelle.

Gardienne des transparences, elle jouait de ses verres et de ses voiles.

La vitre retenait le doigt et la trace, ou calquait les images de passage.

Le rideau filtrait les silences et consolait les lumières mal aimées.

Et le paysage pénétra la fenêtre soulagée

Alors que la maison frémissait sur ses racines.

 

 L’ampoule

Tu sais, petit. Du temps de mamie, la lumière venait dans un fruit de verre. Dedans, le ver luisant crissait. Grésillait, et s’enflammait à notre guise. Le fruit nous embaumait alors de sa clarté dorée.

C’était une poire à la peau fine. Que tu aurais tenue dans ta main. Jusqu’à la brûlure. Pour la douceur de son petit ventre et la fragile résistance de sa transparence.

A sa mort, le petit ver frétillait. Comme de joie. Tremblotait, comme de peur. Longtemps. Le fruit, pourtant, semblait encore tout vivant.

 

 

 

 

Le Consortium, (3)

Le Consortium accueillait  carrément 5 artistes importants en mars 20013 (6, même, puisqu’il y a un duo).  Et,  pour une fois, j’ai trouvé matière à m’enthousiasmer !  Quatre des espaces visités m’ont intéressée… ou davantage (battre mon cœur, satisfaire ma curiosité, combler ma soif de culture, titiller mon goût de l’esthétique…)   Lari Pittman , Matthew Mc Caslin , Valère Novarina et  Marie Cool-Fabio Balducci.  (jusqu’au 16 juin pour Phillip King)

Restent  :  Valère Novarina  (j’évoque dans « le choix du mois » ce peintre metteur en scène et écrivain, à l’étonnant expressionnisme lyrique )  et Matthew McCaslin

Ce dernier (américain) présente une installation :  une maison « ouverte », comme inachevée,  avec toutes les pièces habituelles , contenant chacune un élément symbolique du lieu : baignoire pour salle de bain etc.   Rien à dire (sinon je serais méchante…)

 

Le Consortium, phillip king


Phillip King

Bientôt 80 ans, ce sculpteur anglais… L’exposition présentée ici est un parcours assez complet de ses recherches.  Il a expérimenté tant de matériaux, de formes, de genres… Des années 60 à aujourd’hui,  il a exploré,  semble-t-il,  toute l’abstraction en sculpture!  Il a même innové.

Elève d’Anthony Caro puis assistant d’Henry Moor, les influences se font sentir.  Comme eux, Phillip King sait capter l’espace, intégrer le vide dans une œuvre, jouer avec les équilibres.

Que voit-on ici?  Des éléments assemblés,   qui aboutissent à des volumes aux lignes intéressantes.  Parfois lourdes, parfois aériennes, parfois très colorées, parfois sombres, parfois anguleuses, parfois arrondies, parfois drolatiques, parfois sérieuses….. Bref!  Un cocktail!  Certaines de ces sculptures abstraites ont été réalisées en monumentales pour des parcs citadins;   des maquettes sont d’ailleurs présentes au Consortium.  Certaines sculptures sont murales, aussi: plutôt agréables à regarder.

Cliquer sur le visuel pour agrandir

 

 

le choix du mois, février

 Mon choix de  février 2013  est     « Un temps, deux temps et la moitié d’un temps »  de Valère Novarina

En entrant dans cet espace du Consortium (Dijon),  et en rencontrant soudain, là, devant moi,  cette série de l’écrivain et peintre Valère Novarina,  j’ai juste dit  « ouah! quelle énergie! »  Et puis,  je me suis mise à « écouter » ces 5 grandes toiles en bleu et noir.

J’avais l’impression que l’auteur me racontait une histoire.  Et ce monsieur avait un sacré débit!  Et une voix forte!  Et une passion extraordinaire dans la voix!

La peinture était devenue récit fabuleux!  Il y a avait plein de personnages.  Plein d’aventures fantastiques.  Pas le temps de s’ennuyer:  ça bougeait,  ça avançait,  ça tourbillonnait…

Il me semblait que l’auteur inventait au fur et à mesure.  Je croyais le voir gesticuler, s’enthousiasmer !!  Et des mondes se créaient,  totalement fous…  mais qui tenaient la route!

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Valère Novarina, Le Consortium, Dijon, jusqu’au 14 avril

 

 

Le Consortium, (2)

Le Consortium accueillait carrément 5 artistes importants en mars 2013 (6, même, puisqu’il y a un duo).  Et,  pour une fois, j’ai trouvé matière à m’enthousiasmer !  Quatre des espaces visités m’ont intéressée… ou davantage (battre mon cœur, satisfaire ma curiosité, combler ma soif de culture, titiller mon goût de l’esthétique…)   Lari Pittman , Matthew Mc Caslin , Valère Novarina et  Marie Cool-Fabio Balducci.  (jusqu’au 16 juin pour Phillip King)

J’aborde aujourd’hui :   Marie Cool et Fabio Balducci  (2)

Ils ont eux aussi une soixantaine d’années.  Ils travaillent ensemble depuis 1995.   L’essentiel de leur création consiste en des performances jouées par  Marie Cool, ancienne danseuse.  Lui,  il filme.  Ici, deux vidéos sont présentées (avec l’artiste elle-même),  ainsi qu’ une performance en direct (et en boucle) par une jeune fille.

Ces performances consistent en des gestes simples, accomplis avec lenteur:  former des figures sur une table (ou un miroir) avec un fil,  poser un fil tendu sur une surface d’eau puis le retirer (admirer la danse aquatique que cela fait naître),  glisser deux feuilles de papier l’une contre l’autre pour que les bords montent et forment un triangle, pianoter le long d’un ruban adhésif  plus ou moins tendu, capter un rond lumineux sur une feuille et le déplacer …

Ces performances ont le mérite de faire appel à des qualités oubliées (un peu) de nos jours:  lenteur, patience, attention, silence, sobriété …  Minimalistes,  elles sont des actions qui réclament peu (ou pas) de matériel, de déplacement, d’ampleur…  Comme si les artistes allaient à l’opposé de la signification initiale du mot « performance » !  Il y a , au premier abord,  bien peu d’exploit dans tout cela.  Pas d’esbroufe.  Pas de clinquant.  Rien de  » remarquable ».

Quelque chose de presque religieux transparaît dans ces actions:  un recueillement,  une discrétion des apparences,  une intériorité,  une pureté.  Parfois, intervient une évidence de beauté,  mais modeste, comme tout le reste .  Un côté chorégraphie aussi.  Dans le geste ou dans le mouvement du fil , de la feuille de papier, de la main  etc.

J’ai préféré regarder les vidéos plutôt que la jeune fille en direct.  Pourquoi? Un peu gênée sans doute d’être spectatrice d’un aussi maigre spectacle,   que quelqu’un prenne le temps de le faire pour moi !!  La fille semblait s’ennuyer à 100 sous de l’heure d’ailleurs!!  Elle n’avait pas l’air convaincue!!

Je n’ai pas de photo. Allez voir  sur Youtube.

 

 

 

 

Le Consortium (1)

Le Consortium accueillait carrément 5 artistes importants en mars 2013 (6, même, puisqu’il y a un duo).  Et,  pour une fois, j’ai trouvé matière à m’enthousiasmer !  Quatre des espaces visités m’ont intéressée… ou davantage (battre mon cœur, satisfaire ma curiosité, combler ma soif de culture, titiller mon goût de l’esthétique…)   Lari Pittman Matthew Mc Caslin , Valère Novarina et Marie Cool-Fabio Balducci. (jusqu’au 16 juin pour Phillip King)

J’aborde aujourd’hui    Lari Pittman  (1)

Peintre de Los Angeles, d’une soixantaine d’années. Une œuvre difficilement définissable, qui laisse une impression à la fois d’exubérance folle et de rigueur extrême.

Face à une peinture de Lari Pittman,  on est entraîné dans une incroyable forêt vierge, apparemment impénétrable.  Mais on s’enfonce peu à peu avec délice et on se met à explorer cette luxuriance de détails, de formes, de signes, de couleurs, de lignes, d’objets… On s’étonne, dans ce délire, de reconnaître au passage des œufs, des cloches, des cordes, des animaux, des chaussures… Et puis, on croit faire preuve d’érudition en découvrant des références (art précolombien ou art décoratif amérindien, mandalas, écritures asiatiques…)  On se perd dans des allusions à psychanalyse, astrologie, mythologie, alchimie, kabbale, ésotérisme  etc.

On se laisse entraîner dans ce patchwork surprenant où cohabitent toutes sortes de styles:  du vulgaire papier peint au trompe-l’œil surréaliste.  Et, tout au long de la visite, on reste époustouflé par la technique irréprochable du dessinateur et peintre:  la finesse du trait, le jeu des transparences, les superpositions de plans, le mariage des teintes, la structure solide de chaque composition…

Lari Pittman nous laisse perplexe!  Visions sous hypnose?  Images d’avant naissance ou d’après mort?  Ses séries se nomment  « Forms-Thoughts »  (Formes-Pensées).  On est donc bien dans l’activité mentale,  dans les vues de l’esprit,  dans la psychologie de l’âme. Passionnant!

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les racines rouges d’Isabelle Laraque

Mon regard a été récemment attiré par les photos de la vitrine de Photoexpress, rue du Château, à Dijon. (février 2013).  Allez voir ces « Racine rouges » d’Isabelle Laraque.  (Elle avait déjà exposé au Grand Dijon).

Isabelle Laraque  (photographe, certes, mais aussi propriétaire de la boutique « Terre de Lune », rue Amiral Roussin) a été inspirée par les fameux travaux du non moins fameux tram dijonnais.  Et elle s’est concentrée sur les gaines qui allaient être plus tard enfouies pour contenir le réseau électrique du tram.  Ces serpents rouges ont ondulé en surface pendant des mois.  Ils s’enroulaient,  poussaient comme des plantes, s’enfonçaient en terre,  rejaillissaient… Ils formaient bouquets et boucles…

Moi aussi, j’avais été intriguée par ces gaines et je les avais photographiées sous toutes les coutures ! Isabelle Laraque  a su en faire un sujet à part entière,  avec cette idée lumineuse de circuit sanguin,  d’artères cachées dans le corps de la cité où va circuler son énergie vitale.  Idée aussi de racines végétales, enterrées, et chargées de conduire la sève.  Belles images et coups d’œil intéressants.

Une belle petite brochure est disponible chez Photoexpress.

Cliquez sur le visuel ci-dessus pour agrandir (extrait de la brochure de Isabelle Laraque)

Ecole des beaux arts, en photos

« Portes ouvertes » à l’école des Beaux Arts ,  à Dijon.  C’était il y a un an  (l’opération s’est renouvelée cette année, les 8 et 9 mars 2013) .  Je viens de retrouver quelques photos.  L’heure était relativement matinale:  pas nombreux les étudiants et les visiteurs!

J’ai aimé ces lieux où quelque chose bouillonne (bouillons intérieurs, dans un relatif  silence),  où l’esprit créatif erre … Des travaux en cours,  des œuvres en gestation,  des idées en germination… Des objets en attente…Un certain fouillis constructif… J’adore cette ambiance !

Cliquer sur les photos pour agrandir