C’était en mai . C’était à l’ABC , passage Darcy, Dijon. Des artistes-designers femmes, réunies en collectif exposaient trois ou quatre de leurs réalisations intéressantes (fauteuils, rangements, suspension décorative, tout en modulables)
Ce que j’ai retenu surtout de cette expo relève davantage de la création artistique, entre sculpture et performance. J’ai aimé cette oeuvre de Muriel Carpentier qui s’intitule « Bijoux de glace ». Une vidéo montre des glaçons qui sont sortis de leur moule en silicone par deux mains « coupées » (fond noir et impossibilité de voir le reste du corps) puis enfilés sur des petites chaînes. Et voici un collier ou un pendentif des plus beaux diamants du monde…
Ces bijoux sont mis au cou d’un buste de femme nue (là encore, rien du reste du corps n’apparaît dans le noir) . Et le bijou fond peu à peu. Gouttes qui font frisonner la peau. Chair de poule. Jusqu’à ce que la parure ait entièrement coulé, puis disparu…Ne reste que la chaîne.
Les images sont belles, jouant des reflets, transparences et brillances de la matière . Gros plans sur la peau qui frémit et sur l’eau glacée qui glisse ou sautille. Accompagnement d’une petite musique « en gouttes d’eau » .
Bien sûr, au-delà de l’effet esthétique de cette vidéo, existe toute une réflexion sur l’éphémère et la futilité du luxe, de la coquetterie, de la parure etc.
La photo ne rend évidemment pas du tout la beauté des images de la vidéo et je prie l’artiste de m’en excuser. Le visuel est juste là comme un appel à mieux connaître le travail des artistes et… à aller voir par soi-même. Cliquez quand même sur l’image pour agrandir…
Les artistes designers qui composent ce collectif A4 sont A.L. Janssen, J.Laval, D.Merle et M.Carpentier
Sachez que Muriel Carpentier est aussi dans le collectif « Mulupam »
La peintre Silvana di Martino et la sculptrice Joëlle Farenc ont exposé à la galerie La Source au printemps 2013 (Fontaine-lès-Dijon), accompagnées par le compositeur Denis Barbier. L’expo s’intitulait « voyage sensoriel ».
Que dire de cette expo? Qu’elle va plaire. Mais pas à moi! Tant pis pour moi!
Elle va plaire car elle a une jolie mise en scène, les sculptures et les peintures donnent satisfaction au regard du visiteur, elles fonctionnent bien ensemble et sont « faciles d’accès » pour tout public. L’ambiance créée, avec environnement musical, flacons de senteurs à se mettre sous les narines, bouteilles de vin (à déguster je suppose) et textes de Baudelaire à lire sur les murs, sollicite… sans ménagement. Si vos sens ne sont pas mis en éveil c’est que vous êtes vraiment imperméable et sec. Ici, on ne fait pas dans la nuance ni dans la suggestion. On y va franc du collier. Les artistes ont travaillé avec ardeur les correspondances entre les vers du poète, les volumes sensuels des sculptures, les matières et teintes énergiques des peintures, les parfums exotiques (vanille, curry etc…), les vapeurs d’alcool et la musique… J’admets leur recherche. Mais ça ne me touche pas. Voilà voilà.
Cette expo est beaucoup plus yang que yin. (Alors que la précédente , c’était l’inverse). Si vous voyez ce que je veux dire. Pour vous la situer encore, je crois qu’elle conviendrait très bien à la galerie Wilson de Dijon.
Les peintures sont éclatantes de couleurs vives, de pâte épaisse et de lignes fortes. J’ai un peu de peine avec ce genre d’abstractions décoratives. Ne m’en voulez pas.
Les sculptures sont académiques mais fort belles au demeurant. Le plus souvent, elles font passer l’émotion. C’est ce que j’ai préféré dans cette expo.
Deux toiles de Paulette Baconm’ont laissé un souvenir ému lors de ma visite au Salon des artistes de Fontaine-lès-Dijon. J’ai ensuite couru sur son site.
Cette dame de 86 ans, de la région lyonnaise, peint d’étranges paysages où l’on croit voir quelque plage sur une planète inconnue, quelque aurore boréale aux teintes inédites, quelque éruption dans un désert glacé, quelques vagues monstrueuses qui balaient tout un pays imaginaire, quelque terre immergée sous un océan incroyablement transparent, quelque voyage de galaxies lointaines et inexplorées…………………………….
L’artiste peint une matière fluide, toujours en mouvement, où se mêlent douceur et violence. Comme les premières respirations de l’univers. Ou comme le travail de nos émotions à l’intérieur de notre cœur et de notre corps !
Michèle Pichon parle à son propos d’une « étonnante chevelure de lumière intense ».
Je ne sais comment cette artiste a atterri à ce Salon fontenois !!! mais tant mieux!
Je vous rappelle que Hypothèse 222 est un collectif qui associe trois artistes plasticiens dijonnais: Christine Delbecq, Emmanuelle Grand et Alain Steck. Ils se sont impliqués dans l’opération « 50 ans d’amour » et ont travaillé un mois durant avec les enfants des rues de Bombay (auxquels se consacre l’ONG Snehasadan) . Ils ont encadré pour eux des ateliers d’art plastique. Les enfants ont ainsi réalisé une œuvre collective faite de cubes géants.
Et cette fois, ça y est! les cubes ont pu voyager (grâce à la générosité de beaucoup d’entre vous, sûrement) et sont arrivés en France. Ils sont en Bourgogne, et devraient aller s’exposer à Lyon, Paris…
Pendant quelques jours, deux d’entre eux ont été installés à la médiathèque de St-Apollinaire. Les autres se répartissaient dans la ville: Intermarché, la Crèche …etc.
Et dans cette médiathèque, dès l’entrée, les 3 artistes montraient chacun une oeuvre, qui fait écho de leur aventure en Inde. Chacun à sa façon. (Oeuvres qui avaient déjà été montrées à l’ABC. Celle de C. Delbecq, photo du haut). Et….petit coup d’émotion, quand même, en tournant autour des deux cubes géants. Ceux qu’on a vus si souvent en gestation sur Facebook ou ailleurs !
Leurs faces sont couvertes des peintures des enfants, ordonnées en collages harmonieux. Des photos d’identité des jeunes artistes ont été placées dans des endroits choisis. L’intérieur est garni de dessins-graffitis réalisés par ces mêmes enfants et s’ouvre sur un matelas de coussins: un espace de lecture idéal dans cette médiathèque.
Evelyne Lagnien a exposé à « L’Art pour le dire », 4 bd de l’Université, à Dijon.
« L’Art pour le dire » ( géré par l’ESAT de Mirande) est un espace où les personnes handicapées (ou, plus généralement, fragilisées) sont amenées à s’exprimer en utilisant un support artistique. Des ateliers les accueillent, et elles peuvent ensuite montrer le résultat de leur travail dans ce même espace . Ici, des artistes viennent exposer et échanger avec elles.
C’est le cas cette fois d’Evelyne Lagnien. Cette artiste (pour moi, repérée dans des expos de 13+) porte un regard délicat sur l’humain. Son travail est une recherche constante sur le visage. Elle varie les techniques, de la peinture au numérique, en passant par la sculpture en raku. Mais, toujours, elle tente de révéler la face cachée de l’être. Et dans cette expo sur le thème de la diversité du vivant, elle est tout à fait à sa place.
Ici, des CD se balancent , un visage peint sur un côté, un mot écrit sur l’autre (comme une définition) : diversité de portraits et de caractères. On regarde danser ces petites plaques rondes devant nous et on se demande si ce ne sont pas des miroirs….
Là, des monotypes courent sur le mur. Une dizaine. Le même visage (peut-être un peu trop « Une » de magazine…Bon!). Mais traité différemment. Parce qu’une même personne a une infinie richesse en elle et qu’on ne peut pas la réduire à quelques traits.
Au centre de la galerie, des sculptures: Personnages en noir et blanc qui émergent d’un bois flotté ou d’une masse de terre cuite craquelée par le choc thermique du raku.
A la Caisse d’Epargne, rond-point de la Nation, à Dijon, dans sa galerie « Entrée Libre », l’artiste plasticienne Edith Nicot a exposé ses sculptures papier en juin 2013.
Edith Nicot a choisi, depuis plusieurs années, de se consacrer à un seul matériau, le papier. Elle a même fabriqué elle-même du papier. Aujourd’hui, elle travaille du papier de soie ou de la fibre de mûrier japonais.
En ce qui concerne le premier, elle s’est trouvé elle-même une méthode (qu’elle garde secrète!) pour le plisser très fin et très serré. Elle obtient ainsi une rigidité qui lui permet de créer des volumes, sans autre subterfuge.
Et voici donc des sculptures blanches, torsadées, enroulées, ourlées, spiralées… Formes abstraites qui évoquent souvent des coquillages ou autres créatures marines. L’artiste fabrique même des robes avec cette matière. Et des robes qu’on peut enfiler !!!
Edith Nicot soigne certains de ses encadrements, réalisant de précieux tableautins, tout de blancs vêtus, aux allures fignolées et décoratives, où les reliefs jouent avec la lumière. Par ailleurs, elle donne à voir des œuvres plus fortes (toujours en papier plissé), sculptures murales faites de sortes de tubes qui se tordent et s’emmêlent. Telles des formes de vie primitive qui jailliraient de ci-de là.
Son travail avec le kozo (fibre de mûrier à papier) relève aussi du triturage de la matière! La fibre est ouverte, aplatie, moulée etc. Et boules, œufs, visages sont faits à l’aide de cette dentelle obtenue.
Parfois entre art et artisanat (mais où se tient la frontière?) , l’œuvre d’Edith Nicot est des plus douces à contempler .
En avril 2013, la Galerie La Source (Fontaine-les-Dijon) accueillait l’artiste plasticienne Nastia Mallet.
Comme toujours, Nastia Mallet a su créer un climat particulier dans son expo, que l’on ressent dès la porte franchie. Une ambiance douce, apaisante et fraîche. Dans la salle du bas, il y a une unité entre ses toiles, ses aquarelles, ses sculptures et ce qu’elle nomme ses « gnomes et farfadets ». Unité de teintes, bois et eau. Unité de thème, la nature. Ici, l’esprit de la forêt rôde, bienveillant. Les arbres sont habités. Les buissons frissonnent de vies diverses.
Le premier étage révèle la suite de ce petit monde secret. Les « boîtes » de l’artiste racontent des histoires, mettent en scène des instants d’existences. Travail délicat, féminin, sensible qui réclame qu’on s’attarde devant: tant de détails à ne pas manquer! Les petits objets, qu’elle chine de-ci de-là, trouvent leur place dans chaque boîte et se mettent à jouer un rôle insoupçonné… Chacun de ces petits théâtres en miniature a sa propre ambiance bien à lui.
Et les « cires » de Nastia Mallet sont encore ce qu’il y a de plus intéressant, à mon avis. Dans cette matière malléable, elle griffe, incruste, trace…. Et là encore, il se passe mille choses . A observer de près!
Cette artiste ne s’est jamais enfermée dans un genre de travail, ni dans un matériau. Elle va et vient dans la diversité tout en suivant un fil conducteur qui lui appartient: son accès à des choses cachées en elle, en nous.
Agnieszka Podgorska et ses photos de membres enchevêtrés m’ont laissé une impression forte ce mois-ci , mars 2013.
Pieds, jambes, bras se mêlent. Sans corps. Devenus indépendants d’un corps, lui-même devenu absent. Des membres qui vivent leur propre vie. Et cette liberté leur donne la possibilité de créer des figures. Je dirais… des sculptures : éléments qui s’assemblent pour former un tout. Comme si l’artiste utilisait des fragments humains qu’elle entrelace jusqu’à réaliser une nouvelle créature mutante…
J’y ai vu aussi une sorte de danse… Un art du mouvement.
A l’exposition Habitus de l’Entrepôt 9 , l’artiste montrait en plus une petite vidéo très réussie sur ce même sujet.
que l’artiste veuille bien m’excuser pour la qualité très médiocre du visuel
Au printemps, à Fontaine-lès-Dijon, il y a le Salon des Artistes! Voilà!
Inégales en qualité, les œuvres s’affrontent d’un panneau à l’autre. Principe du Salon (où que ce soit, celui de Fontaine comme ailleurs). Assez aérée, la balade se fait quand même agréablement d’un artiste à l’autre. Plusieurs noms nouveaux (pour moi) à découvrir.
L’invitée d’honneur est Marie Javouhey. Paresseuse en ce moment, je vais copier-coller le texte que j’avais pondu à l’occasion d’une de ses expos!! Je n’ai pas changé d’opinion en 3 ans et l’artiste n’a pas changé de style de travail! Donc, allons-y :
« On a toujours l’impression que Marie Javouhey travaille une matière vivante, et non une banale pâte colorée. Végétale, minérale, spatiale, planétaire…ou humaine. Que sais-je?
Avec elle, il est à peine question de surface. On est dans l’épaisseur. Et on cherche les ouvertures pour descendre au cœur de la toile peinte. Pour pénétrer dans les profondeurs de son intimité. Elles existent. Il suffit de suivre le réseau de lignes naïves, ténues qui sillonnent souvent le tableau (à la Kadinsky) et guident le regard (comme le tracé, en surface, d’un monument enfoui sous terre et dont les contours sont révélés par une vue aérienne). Et quelques petites porte se présentent, aux endroits où l’artiste a gratté pour rejoindre les couches inférieures. On va pouvoir s’enfoncer. C’est doux. Lumineux. Harmonieux.
Marie Javouhey fait partie de ces artistes qui savent révéler la densité des vies. Si nos existences ne sont pas faites d’une plate suite linéaire d’évènements, mais plutôt de temps superposés, de moments empilés, qui s’entrelacent, se soutiennent et se construisent les uns les autres, l’artiste exprime cette somme inépuisable.
Vous pouvez également laisser aller vos yeux sur ces toiles abstraites (accès direct, sans vitres) aux couleurs richement travaillées, à la musique chromatique agréable, aux formes maîtrisées… »
Déjà à l’époque j’avais aussi beaucoup apprécié ses papiers collés. Elle disait qu’ils étaient sa « détente ». Vous en verrez trois au Salon fontenois (photo ici à droite).
Pour ce qui est du reste, voici mes peintres préférés : Paulette Bacon, elle peint d’étranges tempêtes qui soufflent sur on ne sait quels paysages intérieurs. Les teintes pastel et la douceur du balayage contrastent avec la violence de ces ouragans qui renversent et couchent tout sur leur passage.
Anne-Marie Versavel: Des abstractions géométriques, rectangles aux bords incertains et effilochés, portes et fenêtres ouvrant sur … l’autre côté de notre monde?
Béatrice Tisserand: pour ses séries de bobines de fil monochromes. Ce sont des pastels figuratifs traitant d’un sujet original.
Aline Bouquin: je la retrouve toujours avec plaisir, elle peint sans prétention, avec cœur et sourire. Son « petit violoniste » est d’une belle facture.
Annick Botton: un petit côté Dufy, peut-être (surtout « L’ombrelle ») mais une façon assez personnelle et intéressante de peindre le réel en couleurs gaies et fondues.
Citons encore R.Ameti (Macédoine), Anne Clément, Nathalie Guillet, Anton Molnar (pour le portrait).
Je ne dirai pas mesdéceptions en découvrant le travailexposé ici par certains peintres que je connais bien. Bizarre, par moments! Inattendu! Et le travail de certains autres artistes m’a paru quelconque. Et puis, quelques ultra-réalistes démontrent une maîtrise extraordinaire mais qui me laisse froide. C’est moi, ça!
Côté sculpteurs, mes préférés: François Lepoivredonne à voir, entre autre, des têtes de cheval impressionnantes. A peine sorties des doigts du créateur, comme inachevées (ou déjà décomposées par la mort) . Guillaume Martina quelques trouvailles de petits personnages silhouettés, faits de quelques ferrailles ou bouts de bois.
Je citerais volontiers aussi Anne Auger, Edith Nicot , Céline Roblin.
Un hommage est rendu à l’entrée du Salon à Maguy qui s’adonnait à la peinture avec passion. Cette gentille amie est décédée le 10 mars dernier.
Frédéric Gagné a exposé à la Galerie Notre Dame, 3 rue Musette en avril 2013. Il y avait longtemps que cet artiste canadien, bourguignon depuis 2001, n’avait pas montré son travail à Dijon. Il fallait en profiter
Dans ce travail récent, réalisé pour l’expo de la Galerie Notre Dame, le peintre plasticien Fred Gagné poursuit sa piste sur laquelle il roule depuis plusieurs années: à savoir, une recherche autour des architectures urbaines. Toujours très réussies, tant en création d’ambiance qu’en harmonie plastique, ses toiles m’ont paru prendre un certain virage. La photo, par exemple, m’a semblé occuper une place moins flagrante, moins visible (mais toujours présente malgré tout).
En tout cas, chez lui, la réalité est toujours saisie, bien concrètement, puis déstructurée, explosée. Puis reconstruite… Une recomposition personnelle. L’artiste est passé par là et a refait son propre monde.
Chaque toile est un petit univers dense où jouent les matières et les procédés (marouflage papier de Chine, acrylique, collage photos, bombe etc) mais aussi les choses vécues par l’artiste, ressenties, traduites … On ne peut pas effleurer seulement du regard ces œuvres. On reste devant (s’il vous plaît!) et on circule dans toutes les directions! Y compris en profondeur!
A remarquer qu’avec Fred Gagné, on est souvent dans l’illusion, dans l’apparence: il use de la mise à l’envers, des mots lus dans un miroir, du camouflage, de la transparence etc !
Commentaires récents