Au printemps 2016, Pascale Serre a présenté « Rêves flottants » à la Galerie La Source de Fontaine les Dijon.
Avec cette artiste, on est entre deux eaux, entre deux mondes, entre mort et vie, ou entre deux vies… Toujours dans un entre-deux. D’où le mot si juste de son titre d’exposition: « flottant ». Pascale Serre nous livre des images. Ou plutôt des visions. Dans une étonnante pénombre de fond d’océan ou de forêt magique, apparaissent des êtres vivants, femmes ou animaux. Ils flottent. Mi-réels, mi-fantastiques. Fantômes. Réincarnations ?…Ce sont surtout ses magnifiques couleurs sourdes, et surtout ses bleus, qui font notre admiration. Partout, la note est sombre. Quelques éclats clairs ici et là, seulement. Quelques transparences. Les figures dessinées sur cette surface picturale sont souvent assez naïves, un peu comme du Klee. Mais, finalement, ce n’est pas très important… Des visions passagères. Immatérielles, dans cet univers féérique. Entre contes et mythologies.
En fait, je crois qu’on entre de façon indiscrète dans le riche monde intérieur de Pascale Serre. Elle nous y invite, en tout cas. Dans ses expériences personnelles. Dans ses émotions, ses douleurs, ses souvenirs, ses métamorphoses de vie… La couleur et le dessin racontent tout ça.A noter aussi les écritures qui sont souvent insérées dans l’oeuvre de Pascale Serre. Des citations littéraires. J’aime bien ce mariage des arts. Cette double poésie. Cette complémentarité.
L’expo montre également des aquarelles, des dessins et des séries de peintures petit format (sur un thème, les 4 éléments, par exemple) de cette artiste, qui fut l’élève de Pierre Alechinsky et qui vécut longtemps au Danemark.
Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois
13+ a fêté ses 20 ans et c’était vraiment « la fête » à La Coupole! Chacun des artistes avait travaillé sur le thème. Et danses et lectures et musiques et Happening (une toile géante collective) .. accompagnaient ici et là l’exposition. C’était à la Coupole, rue Ste-Anne, Dijon, en mars 2016
Le vaste espace de cette « Coupole » est bien occupé par le collectif 13+, chacun y a mis ses idées, son énergie, son imagination et sa sensibilité perso. Dans l’ensemble, on sent une bonne copinerie entre eux!
Comme ça, comme ça vient, voici ce que j’ai retenu.
Les lampions d’Evelyne Lagnien, qui laissent apparaître des visages par transparence. Les harengs en folie de Micheline Reboulleau. Les danseurs de monsieur et madame Lepoivre...(madame signe CKL Marchal) etc etc.
D’autres choses encore à voir, bien sûr, dont je vous laisse la découverte. Une expo sympa. Sans prétention.
Cliquer sur les visuels (extraits d’oeuvres) pour agrandir, en deux fois, et voir le nom de l’auteur.
C’était en février, 2016, le Bon Marché, à Paris, accueillait des œuvres de Ai Weiwei, artiste chinois bien connu pour ses actions et ses prises de position (en ce moment concernant les migrants) qui sont, pour lui, autant d' »œuvres d’art », puisqu’il affirme qu’étant artiste, tout ce qu’il fait est de l’art…
Mais attachons-nous aujourd’hui seulement à parler de ces étonnantes sculptures qui flottent, suspendues sous les verrières, au cœur du grand magasin de luxe Le Bon Marché. Une bonne vingtaine de créatures fabuleuses, réalisées à partir d’une structure en bambou (souvent largement apparente) habillée de papier de soie blanc. Il s’agit de créatures mythologiques issues de la tradition chinoise. Un homme à huit têtes, un oiseau à tête de dragon, des poissons volants, un poisson à queue de serpent et tête de bœuf, un homme avec ailes et bec d’oiseau etc. Des petits éclairages à l’intérieur de ces êtres fantastiques leur communiquent une allure de grandes lanternes.
L’ensemble de cette installation s’intitule « La chanson du blanc ».
L’artiste a également dessiné le long de l’escalator central un dragon qui ondule et serpente sur la rampe. En noir et blanc, rappelant les encres chinoises. C’est « Le dragon escaladant ».
Dans les vitrines, rue de Sèvres, Weiwei a repris quelques unes de ses œuvres qui ont marqué sa carrière. En résumé pourrait-on dire. Des formes en fins bambou évoquent certains de ses travaux mais font aussi allusion à d’autres artistes (Duchamp, entre autre, qu’il admire) ou, encore une fois, à la mythologie chinoise. Chaque vitrine est une petite mise en scène. Les formes (une bicyclette, une figurine de légo, un Chinois, une lanterne…) découpent l’espace de façon très aérienne. Parfois, en raison des reflets sur la vitre, on a un peu de peine à bien les discerner.
Enfin, à l’une des entrées du magasin, dite Entrée sur l’Art Contemporain, Weiwei à installé un mur de selfies. Des centaines de photos couvrent la surface. Lui. Toujours lui. Mais le plus souvent en compagnie de quelqu’un. Car, les rencontres sont essentielles dans sa vie. Famille, amis, visiteurs de son atelier, artistes… Il est l’artiste le plus connecté au monde grâce aux réseaux sociaux. C’est une de ses « actions » d’artiste, ou de ses « actes » si vous voulez.
Un dernier mot à propos du Bon Marché : bravo pour son implication dans le domaine de l’art et des artistes. Partout sont exposées des œuvres pérennes ou passagères d’artistes contemporains.
Cliquer sur les visuels, pour agrandir en deux fois
Printemps 2016, Anselm Kiefer était au Centre Pompidou de Paris avec une rétrospective de son parcours des années 60 à aujourd’hui. Un évènement que je ne voulais pas manquer…
J’avais déjà vu l’exposition de Kiefer à la Bibliothèque nationale Mitterrand de Paris (cf archives de mon blog, novembre 2015). J’avais été époustouflée. Mais cette fois, j’ai été davantage bousculée. Le visiteur est renvoyé d’une image de solitude effrayante à une image terrible d’anéantissement et de destruction… Il est sans cesse confronté (sauf dans une des dernières salles) à la mort, au drame, à la violence… Mais c’est tellement puissant! Unique! Et souvent d’une beauté terrifiante!
Toujours dans la démesure, Kiefer semble vouloir exprimer un bouillonnement intérieur perpétuel et des tensions contradictoires qui l’habitent. Il paraît être en grand désarroi. Il aimerait sans doute posséder le pouvoir divin de dominer la Vie et la Mort. Toujours il utilise dans son travail, mêlés à la peinture, des matériaux tels le sang, la terre, la cendre, le plomb… Comme s’il espérait (re)créer, à la manière d’un dieu. (Re)façonner. Faire (re)naître… Il crache une matière épaisse sur ses toiles géantes, lance un geste pictural rageur et désespéré, bousille des objets qu’il place dans des vitrines, brûle des livres, tente l’alchimie, construit pour démolir…
Les horreurs de la guerre de 40 et le Nazisme l’obsèdent. Mais son travail est si large et si profond que, inévitablement, on y devine la folie meurtrière et destructrice qui court le monde depuis toujours et continue de courir aujourd’hui. Ses grands tableaux magnifiques de bâtiments allemands bombardés, ruinés et abandonnés sont des images universelles et éternelles (dont des aquarelles)… Elles font mal.
Dans la démesure aussi, les sources et références auxquelles Kiefer s’attache. En vrac, je vous cite la Kabbale, les mythes égyptiens, l’Histoire Romaine, Mme de Staël, Wagner, des poètes français ou allemands, le Talmud, l’Évangile etc. Pourquoi ? Parce que la culture peut peut-être sauver le monde. Et l’artiste, en particulier, peut conjurer toutes ces volontés effroyables d’abattre le monde. (Kiefer met des palettes de peintre souvent quelque part dans ses tableaux pour cette raison). L’artiste aurait une mission (?)
Il se raccroche donc aux penseurs, aux grands esprits, aux artistes… Ses peintures les citent souvent: des portraits avec leurs noms écrits dessous, car Kiefer utilise l’écriture à tout moment dans son travail, comme s’il voulait appuyer, souligner, confirmer ce qu’exprime déjà la peinture. Par l’art, Kiefer matérialise ses propres tumultes intérieurs et ceux de l’Histoire, mais il a besoin de le dire encore et encore…frénétiquement.
Ici, à Beaubourg, nous avons loupé une installation monumentale de Kiefer (au Forum). Dommage. Mais la vidéo du hall de la Galerie 1 en montre, ainsi que des images de son super atelier! Tout cela est titanesque! Souvenez-vous de son Monumenta au Grand Palais en 2007…
Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois (vous verrez aussi parfois des descriptions)
Galerie Barnoud (Entrepôt 9 à Quétigny, bd de l’Europe, mer.vend.sam. 15-19h. ) en février-mars 2016, l’exposition s’intitulait « Tous les tableaux sont à l’envers », un titre clin d’oeil qui, à priori, m’interpelle. Mais, j’avoue que je suis restée un peu sur ma faim! Oui, je suis pénible, je sais!
Cette exposition engage le visiteur dans une réflexion thématique assez enthousiasmante. Tout tourne autour de l’envers, de l’endroit, du sens dessus dessous, du bon sens, du mauvais sens, de la réversibilité, du recto verso etc. Intéressant parce que le doute s’installe. Le côté convention pose question, la relativité également. On est dans l’ambiguïté. De quoi gamberger!
Les auteurs de cette expo ont approfondi l’investigation de façon admirable! Leur recherche s’en va en Histoire, en psychologie, en philosophie, en littérature, en science et technique, en sémantique etc, ça part dans tous les sens (c’est le cas de le dire!) Du gros boulot! Mais mais….
Il a fallu illustrer à tout prix cette enquête… Et j’avoue avoir senti un caractère un peu laborieux. Œuvres d’art quand même (on n’oublie pas que l’Entrepôt est une Galerie d’art), donc, on voit, par exemple, un monochrome d’Olivier Mosset et on s’interroge: qu’est-ce qui nous dit que le sens d’accrochage est le bon? Rien. On voit aussi des peintures circulaires, quadrillées, abstraites…Même question.
On a trop souvent l’impression que l’œuvre est choisie non pour son intérêt propre mais juste parce qu’elle colle au sujet.
Il y a cependant quelques œuvres légitimes, je dirais, et attendues, comme ce dos de tableau magnifiquement photographié par Philippe Gronon (son exposition à Dijon de dos de tableaux m’avait fascinée) ou cette photo de Philippe Ramette qui, du coup, a été positionnée de telle façon que la perturbation du regard n’existe plus (la cravate dressée est le seul indice!) ou encore les peintures écran de Cécile Bart à lire pile et face.
Sinon, l’expo est une succession de cartes postales, de publicités, de BD, de vieux journaux, d’illustrations libertines, d’images à regarder dans un miroir… Beaucoup de cogitations pour ça…
Je choisis de vous mettre une oeuvre de Ida Tursic et Wilfried Mille en visuel (ci-dessus), non parce qu’elle reflète bien le sujet de l’expo mais tout simplement parce que j’ai aimé cet agrandissement d’une feuille d’essuyage de pinceaux (Abs 031). Ce grand tableau, accroché sur un papier peint aux motifs répétitifs, est bien sûr à l’envers, et par conséquent, les coulures remontent!
Cliquer sur le visuel pour agrandir, en deux fois. J’ajoute qu’on est toujours super bien accueillis à l’Entrepôt, la médiatrice sait vous dire tout sur tout!
Ce mois-ci, j’ai découvert, à la librairie du Consortium, un livre datant de 1989, de l’artiste Rémy Zaugg qui est en fait 27 « esquisses perceptives du tableau » regroupées sous le titre « Constitution d’un tableau ».
Rémy Zaugg est devant le tableau « La maison du pendu » de Cézanne et il note et nomme ce qu’il perçoit. Soit une simple dénomination de ce qu’il voit: un arbre, un chemin, un toit, le ciel… Soit une description plus picturale: touches, taches, plans, tons…
Il distribue les mots sur la page comme le pinceau pose les touches de couleurs. Cézanne a peint et Zaugg dépeint!
Pas de phrases. Pas ou peu de ponctuation. Juste des mots à la place de la peinture.
Tantôt l’artiste note seulement quelques détails de l’œuvre de Cézanne (en les situant sur la page au même endroit qu’ils sont sur le tableau, laissant tout le reste en blanc), tantôt il couvre entièrement la page d’annotations (comme la surface du tableau a reçu toutes ses couleurs, mais restituant bien les touches fragmentées de Cézanne).
C’est évidemment illisible! Trop ennuyeux! Lassant! Mais j’ai trouvé ce travail absolument passionnant pour ce qu’il représente d’observation approfondie du tableau et d’acuité du regard. Il oblige à prendre conscience très finement de sa propre perception devant une œuvre d’art.
Un travail à faire avec des élèves! Non?
Non seulement, il faut examiner la peinture minutieusement, mais en outre, il faut dégotter le terme exacte et idéal. Celui qui dit le mieux possible la couleur utilisée par l’artiste. Voici des exemples de la palette de vocabulaire de Zaugg: « grandes touches claires rosées », « ombre bleutée violacée », « petite pointe de rouge pur sur le clair orangé », « forêt gris violet bleuté » (les gris sont d’ailleurs ou bleutés, ou violacés ou ocrés ou jaunes etc!!)
Le travail de peintre de Rémy Zaugg me laisse ordinairement froide, il est une énigme pour moi. Mais là…. son usage des mots… j’ai aimé!!
cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois
A Fontaine-lès-Dijon, la Galerie La Source accueillait en février 2016 l’artiste Christine Curtenelle.
Vous ne la connaissez sans doute pas. Jeune femme frêle, sensible et modeste, elle a très peu exposé jusque là. Son travail est indéfinissable mais attachant. Des toiles abstraites, dont l’originalité repose sur d’étranges réseaux de lignes qui parcourent la peinture et semblent organiser l’ensemble. « C’est assez obsessionnel! Je m’accroche à ces traits! Ce sont mes repères! » avoue-t-elle en souriant.
Comme on est indécrottables, on cherche forcément des ressemblances, des références, des allusions, des évocations! Et nous voilà partis dans les idées de courbes de niveaux sur cartes, d’anneaux de croissance des arbres, de tissu cellulaire observé au microscope, de maillage, de strates, de fissures… Et tout cela est sûrement un peu vrai!!
Les fonds sont riches et travaillés, faits de couches successives de peinture, plus ou moins grattées. Mais aucune impression d’épaisseur, de lourdeur. Christine Curtenelle a la touche légère, la couleur douce et nuancée, la transparence fréquente.
Et ses fameuses lignes ne sont pas de simples traits tracés à la va-vite. Eux-aussi sont travaillés. Parfois, on croit voir une empreinte de ficelle ou de fil de fer rouillé. La surface picturale est intéressante par elle-même mais, grâce à ces fins petits rails, elle prend une signification autre, une vie et un mouvement extraordinaires. Le regard se laisse guider.
Si l’on en croit le titre de l’exposition « In », on est à l’intérieur… Intérieur de la matière. Intérieur du végétal, du minéral, de l’organique. Mais aussi, intérieur de la pensée, de l’émotion. C’est sûr, on est « dedans ». Dans quelque chose d’habité. « Je travaille sur ce qui ne se voit pas. Je cherche à traverser les apparences » dit Christine Curtenelle.
Il va falloir que cette artiste avance encore dans ce sens, approfondisse (et affine à la fois ) sa recherche…
Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois
Voici un extrait de la présentation de Claude Martel faite au vernissage de cette exposition. A lire pour bien apprécier le travail de C. Curtenelle.
« Christine Curtenelle est curieuse, elle est allée voir derrière la façade. Elle a tenté de saisir l’objet convoité à sa racine : cellules microscopiques, écailles, troncs d’arbres, paysages vus d’avion ou détails d’aile de papillon observés au microscope, présentent un même rythme et contre rythme qui se répondent, qui s’articulent, comme dans une composition artistique réalisée par l’homme. L’artiste nous révèle une correspondance secrète entre la nature et l’âme humaine. Elle veut « atteindre, au-delà de la forme, le mystère même de l’être. » ainsi que le souhaitait Paul Klee. Les végétaux, les animaux, les minéraux la composition d’un paysage, tout cela excite sa pensée et sa force créatrice. Elle fouille les profondeurs, analyse, démonte et met à nu. Son œuvre est avant tout picturale ce n’est nullement le reflet de la réalité, l’objet disparait au profit d’une composition plastique faite de lignes, de couleurs, de matière et de transparence. Elle nous offre une vision poétique et sensible du réel.
Le travail présenté n’est qu’une étape. Le dernier tableau de l’exposition nous dévoile l’œuvre à venir. Son objectif futur est de ramener le monde visible aux seules règles élémentaires de sa grammaire formelle. Elle va tenter d’oublier sa sensibilité particulière pour accéder à une expression universelle .D’œuvre en œuvre, elle va simplifier les formes, résumer, condenser, sacrifier l’individuel à l’universel, le détail ou l’ornemental au seul souci d’exprimer l’essentiel.
En franchissant le mur des apparences, Christine démontre que la matière est structurée géométriquement. Les formes sont donc partie intégrante du réel comme de l’esprit. La géométrie étant un phénomène universel, au-delà des limites de notre propre monde, l’artiste va convoquer le cercle, le carré, la ligne droite, pour nous faire partager sa propre vision du monde. Elle ne rejette pas le réel elle ne fait qu’en reconstituer les aspects secrets dans toute leur diversité.
Nous attendons sa prochaine exposition avec impatience, la galerie lui est ouverte. Nul doute qu’elle saura nous convaincre de son talent, comme elle le fait aujourd’hui avec ses premières réalisations, pleines de poésie, de sensibilité et de sincérité. »
« ici et là » est une catégorie de ce blog qui relate mes petites découvertes d’artistes au gré de mes rencontres…
Plasticien et performeur dijonnais, Bertrand Kelle s’est attelé depuis quelque temps à un travail que je trouve bien sage pour ce turbulent! Mais que j’aime bien!
Je vous remets d’abord en mémoire (ou je vous apprends) cet artiste: son monde préféré est celui du rock ou du punk. Il aime provoquer. Il fait des performances souvent trash ou violentes, son corps en spectacle, en exhibition. Il a eu sa période chewing-gum. Il a aussi photographié des pochettes de disques, en a griffé les négatifs… pour agresser, au final, l’oeuvre au marteau. Et plein d’autres inventions anticonformistes et bien rock’n’roll.
Donc, aujourd’hui, il chine des bibelots et petits meubles dans les brocantes, les couvre d’une peinture noire mate et les assemble pour créer des « sculptures » inattendues. Toute cette bimbeloterie un peu ridicule, faut bien le dire, un peu moche, un peu ringarde, un peu kitsch passe alors une frontière et se retrouve dans un nouvel univers. Empilés, superposés, emboîtés tant bien que mal, ces objets s’oublient eux-mêmes et se métamorphosent en une oeuvre… Hop! Balancés, les souvenirs des appartements de grand-mère ou de grand-tante, étouffés sous les poussiéreux bibelots!
Il y a là, réunis contre leur volonté, le cygne pompeux, le cheval au galop, la tête d’ange, le cache pot tarabiscoté, le faux coquillage, le pot de chambre, le coq prétentieux, la déesse dénudée, la sotte petite théière etc…(il ne manque que le raton laveur). Et les pieds des petits meubles sont imbriqués dans des récipients hétéroclites. « Les pieds dans le plat » dit l’artiste! Car, l’humour et la dérision ne sont jamais loin.
On retrouve dans ce travail le goût de Bertrand Kelle pour les télescopages et mixages. Pour les détournements aussi. Cela pourrait être également une consigne d’atelier. Le prof d’art plastique, que Bertrand Kelle est aussi, a bien une fois ou l’autre proposé aux élèves de « revisiter » des objets, non?
Ces assemblages (Bertrand Kelle leur a-t-il donné un nom? qu’on me le dise!) ont été montrés chez « Une vie de rêve » , 2bis rue Verrerie, Dijon et chez « Inuk Photographie », 45 rue de la Préfecture. ( C’est tout ce que je sais)
Ce n’est certes pas nouveau, mais je n’en n’avais pas parlé depuis qu’elle s’est installée au 1bis rue Musette, à Dijon (et ce n’est pas récent, pourtant!). Open Art Galerie vaut la visite. La formule est sympa. (Du mardi au samedi 10-18h, jusqu’en juin 2016, car Open Art n’est là que par intervalles). Voyez aussi la Galerie virtuelle.
Le lieu est séduisant à plus d’un titre. Par un majestueux escalier de bois, vous montez au premier étage d’un hôtel particulier. Tout aussi majestueuse est la grande salle qui vous accueille. Vous jetez inévitablement un regard par les grandes fenêtres à l’ancienne qui donnent sur l’église Notre Dame, là, tout près de vous. Et puis, vous allez vous balader dans tout cet espace chaleureux, peuplé de toiles à n’en plus finir. Au mur, par terre… Accrochées, posées… Partout. Dans les moindres recoins. Le royaume du pinceau, du crayon, de la colle, de la photo et de l’envie créatrice…(peu de sculptures, lors de ma visite). On parle de près de 400 oeuvres!
Vous avez le sentiment d’être à la fois dans un magasin et dans un atelier. Habilement encombré, juste ce qu’il faut. Chargé, coloré… Commercial, sans aucun doute, mais agréable malgré tout.
Le maître des lieux, Jean-Philippe Berger, a ajouté un détail qui a son importance: la possibilité d’une pause gourmande. Quelques tables et chaises pour feuilleter un livre d’art ou chercher l’inspiration, tout un buvant un verre et dégustant un petit chou (avec Josselin, créateur de choux. Vanille, pistache, rhum, cassis, abricot, framboise, chocolat, spéculoos etc…).
Il m’a semblé voir dans cette galerie une nette tendance au genre street art. Beaucoup de toiles sont dans cette veine. Peut-être est-ce dû au goût de JPB qui, lui-même artiste, aime mixer peinture, collages, résine et aérosol pour mettre en scène un personnage ou une voiture dans un décor composite. Aboutissant à un art urbain assez intéressant d’ailleurs. Il a son atelier sur place.
J’ai vu aussi une propension aux couleurs vives. Plutôt flashy tout ça! Très peu de noir et blanc! (Je n’ai souvenir que d’un beau BBoss fait d’un patchwork à la craie de visages clownesques, comme sur des cartouches égyptiens).
Et j’ai vu beaucoup de choses qui penchent côté décoration ou illustration.
J’ai retenu parmi cette quarantaine d’artistes présentés: -Guillaume Vervandier, aux abstractions énergiques, évocatrices de matières en gestation. -Cécile Colombo aux personnages burlesques et aux paysages urbains décoratifs, dans une technique de collages rehaussés d’aquarelle ou pastel. – Yutao Ge (Chine), aux douces scènes de vie naïves, un peu amoureux de Peynet…mais bon. – Nabarus, que j’étais contente de retrouver après des années (vue à l’ex Galerie Boléna), aux architectures fantastiques fabriquées de petits collages accompagnés de peinture sur papier froissé mouillé; j’aime bien ces ensembles imaginaires, déstructurés.
cliquer sur les visuels pour agrandir (et voir apparaître le nom de l’auteur), en deux fois
Commentaires récents