Nous avons fait un arrêt, ce mois-ci, dans un atelier très sympa de création céramique. Entre Dijon et Les Rousses! Sur la route Napoléon! A Montrond, dans le Jura! Un jeune couple s’est installé là il y a trois ans, ça s’appelle « La Bise Noire ». C’est en bord de route!
Petit show-room adorable (glacial en hiver!) où est présenté le travail des deux artistes céramistes, Christine Bath et David Jodon. Des bols, des tasses… Mais aussi des sculptures. Allez voir leur page Face Book « La Bise Noire ». Vous verrez le savoir faire, la personnalité, la fantaisie, l’invention etc.Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois
La Galerie La Source, Fontaine lès Dijon, a accueilli l’artiste calligraphe Cécile Sigrist-Pierre en février- mars 2017. L’exposition s’intitulait joliment « A fleur de mots ».
Place à l’art de l’écriture! Le beau geste du calligraphe est à l’honneur à La Source! Cécile Pierre trace des mots sur des supports choisis avec soin. Pour accueillir tout ce florilège de lettres, le papier, en particulier, fait l’objet d’une recherche et d’un travail minutieux. Mais ce peut être aussi le bois, la photo, la toile etc.Le pinceau, la plume, le roseau coupé ou le calame de bambou? Je ne sais quel outil magique est entraîné dans cette gestuelle à la fois ferme et douce. Mais, à coup sûr, tout le bras, du bout des doigts à l’épaule, est en action. Peut-être même tout le corps.
Les calligraphies sont très variées. Inspirées de diverses cultures. Les scénographies des salles sont différentes également, ainsi que les fonds, les formats et les mariages entre gouache et encre de Chine. On ne s’ennuie pas.
Il y a du raffinement dans le travail de Cécile Pierre. De la délicatesse. Son inspiration est essentiellement celle de la nature, fleurs et plantes. Les sujets sont classiques et traditionnels. Je ne suis pas toujours en accord avec le côté fleur bleue, image pieuse, romantisme de bon aloi… Mais comment lui en vouloir?
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Je ne me suis pas précipitée à l’exposition de François Lepoivre. je savais ce que j’allais voir, connaissant cet artiste depuis longtemps. Et en effet, rien de nouveau [ce qui n’est pas forcément une critique sous ma plume]. Et, contrairement à ce qu’il affirme (« ma patte, c’est de ne pas en avoir »), on reconnaît son coup de patte, surtout en sculpture. C’était en février-mars 2017, à « L’Entrée Libre » de la Caisse d’Epargne du Rd Point de la Nation, Dijon.
Impression générale: vie et enthousiasme. François Lepoivre a le geste artistique jouissif. Il ne se pose pas de question, et nous non plus par la même occasion. Il est dans la recherche plastique, dans le plaisir d’expérimenter, dans la découverte progressive du monde de l’art.
Côté tableaux, un peu de tout. Huile, acrylique, gouache, encre… Le bonheur de tracer sur papier. D’y lancer des formes, des couleurs, des traits, des superpositions. Beaucoup de figuratif, mais quelques investigations dans l’abstrait. Certains monotypes sont intéressants. Tout cela est agréable. Mais, un peu comme du Strauss, opposé à Bach, par exemple.
Côté sculptures, on aborde quelque chose de plus personnel, me semble-t-il. cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois
Pascal Reydet exposait sa « déambulation subferroviaire » à Latitude 21, 33 rue de Montmuzard, Dijon, en mars 2017. C’était à voir.
On aurait pu en faire un roman, ou une autobiographie, ou un petit documentaire d’Histoire locale. Pascal Reydet, lui, a choisi la photo. Et, par ce moyen, il cumule parfaitement le récit historique, le reportage, la confession intime, la réflexion (sociale, philosophique, culturelle… tout ce que vous trouverez à méditer), l’acte artistique, et j’en passe!
Voici donc que Pascal Reydet raconte le destin de Laroche Migennes, important noeud ferroviaire créée au XIXème siècle. Attaché à ce lieu par des souvenirs personnels, il en évoque la lente décrépitude. Mais je dirais, pour le regardant, peu importe la situation géographique. C’est un sujet universel. Quelque chose du temps qui passe. De la mort à petit feu des choses et des gens. Des traces du passé qui s’évanouissent peu à peu. De l’âme que l’homme attribue à certains lieux abandonnés.
Les photos, prises au « vieux » Rolleifleix, de format carré, encadrées de noir, sont rangées sur le mur dans une rectiligne qui rappelle (bien sûr) la perspective d’un rail. Et, d’un tableau à l’autre, les signes s’enchaînent. Ce qui fait lien entre eux est infime: un trait, un graphisme, une idée, une opposition, une teinte, une chronologie, une allusion. On avance ainsi. On chemine. D’une masure pourrie à une pousse sauvage de jolies plantes vaporeuses. D’un bout de plastique amarré à une branche à l’enseigne tronquée d’un supermarché. Et on atteint une photo grand format tirée sur bâche qui représente l’hôtel Terminus (qui d’ailleurs, lui aussi termine sa vie)! D’autres photos sur bâche occupent le sol de la salle. Scénographie intéressante.Par petites touches épurées, l’artiste photographe dessine la nostalgie, la mélancolie, le dérisoire… Rien de grandiloquent. Rien de pathétique. C’est modeste, juste, senti.
Pascal Reydet travaille à l’émotion. Mais il tient à la minutie aussi. A l’ordre. Recherche d’une certaine perfection (papier de choix, par exemple, pour un grain superbe). L’esthétique est très présente, souvent bien vue, mais un brin calculée. L’auteur se fait plaisir.
Remerciements à l’artiste pour les visuels de cette page du blog (indispensable de cliquer dessus, en deux fois, pour agrandir, surtout la dernière)
En février 2017, Bernard Delaval exposait ses sculptures « D’or et de couleurs » à la Galerie La Source, Fontaine-les-Dijon.
Je suis allée à La Source, et j’ai cru entrer chez un fournisseur de Roche Bobois… Les pièces présentées conviendraient parfaitement à la décoration des salons de ce marchand de meubles: ça brille et c’est super beaucoup coloré.
Ce n’est pas mon goût, voilà tout.
Ce n’est pas mon goût. Voilà tout.
Trop clinquant pour moi, trop brillant, trop simpliste en couleurs, trop froid. Un travail qui n’exprime rien. Qui n’a pas de sens.
Je vous mets le texte affiché dans la Galerie. Intéressant pour la technique.cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois
J’ai retenu ce mois-ci l’installation de la japonaise Chiharu Shiota au magasin Le Bon Marché à Paris: « Where are we going? ».
Après Weiwei, voici donc l’artiste Chiharu Shiota qui a carte blanche au Bon Marché. Blanche! Oui! Il paraît qu’on lui a demandé d’utiliser cette couleur à l’occasion de la période commerciale du « Blanc »! Alors que ses installations habituelles en fil de coton (ou de laine) sont noires ou rouges. Elle a déjà emmailloté des objets comme piano ou robes avec ces tissages aériens de fils entremêlés à l’infini (notamment à la Biennale de Venise).
Ici, deux installations un peu différentes. – Celle qui est suspendue sous les verrières centrales du magasin et représente des barques (ou plutôt des squelettes de barques) qui voguent sur l’écume. En tout, 150 bateaux blancs, ceux qui nous embarquent dans le voyage de la vie. L’idée est la même dans les vitrines (à voir de l’extérieur): boussoles, cartes de navigation et télescopes sont emprisonnés dans les filets de Chiharu Shiota.
-Et celle qu’elle développe au sol, au rez-de-chaussée: une caverne dans laquelle on pénètre, cocon blanc impressionnant, ouateux, translucide. Un beau volume vaporeux, immatériel.
L’artiste dessine dans l’air. Ou sculpte l’espace. Son réseau est sans noeuds, entrelacé interminablement. C’est un gigantesque maillage. Et ça semble proliférer. Quelle étrange créature a réussi à tisser ces toiles sans fin qui envahissent tout?
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J’ai sacrifié aux goûts du plus grand nombre! J’ai obéi aux annonces médiatiques de tous poils! J’ai vu CHTCHOUKINE!! Hiver 2017. A la Fondation Vuitton, à Paris, je me suis rendue! J’avais des coupe-files et je savais qu’il fallait entrer par derrière! Donc, pas fait trop de queue! Par contre, cette fameuse exposition « Icônes de l’art moderne » était envahie par la foule! Tant pis, il faut savoir s’isoler intérieurement!
Une salle de l’exposition présente une excellente installation vidéo, sur plusieurs écrans, avec comédiens et danseurs, qui imagine la rencontre entre Chtchoukine et Matisse. Le moscovite avait commandé au peintre deux oeuvres grand format pour l’escalier de son palais, La Danse et La Musique.
Déambuler dans ce vaste espace qu’est la Fondation, en rencontrant Cézanne, Matisse, Toulouse Lautrec, le Douanier Rousseau, Derain, Picasso, Malévitch et même Odilon Redon etc (Gauguin…Bof!) n’est certes pas désagréable. On révise ses classiques. On revisite ses amours de jeunesse.
cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois (et voir les noms des peintres si vous n’aviez pas trouvé!!)
C’était dans un nouvel espace d’expositions, à Dijon, 27 rue Ch.Baudelaire et c’était des photographes dijonnais qui avaient accroché leurs « 8 regards décalés sur la ville ». C’était en février 2017.
L’exposition est très sage, très rangée (je veux dire dans sa présentation). Chaque artiste a ses oeuvres bien encadrées, à peu près toutes du même format, bien accrochées à égale distance les unes des autres, ses petits textes explicatifs (parfaits, d’ailleurs) bien propres, bien nets, avec des polices bien identiques les unes les autres. Non, je me moque! Mais en fait, les photos sont super intéressantes. Révélant des personnalités différentes, des façons variées d’interpréter des lieux. Les artistes, à la fois, gardent en mémoire la réalité et recréent quelque chose à partir de cette réalité.
Des quartiers de Dijon sont dépeints ici. Le marché de gros, les Lentillères, la fête foraine de la Foire, la rue d’York, le quartier du canal etc. Mais, peu importe la géographie. On n’est pas à l’office du tourisme. On attend plutôt des atmosphères, des petits récits, des créations poétiques, des sensations étranges, des recherches plastiques…Et on a tout ça!
Il y a des superpositions qui « réenchantent le quotidien » (Jessica Vuillaume) Des ambiances nocturnes aux graphismes durs et inquiétants, telles des nouvelles fantastiques (Pascal Reydet). Des petits assemblages de lignes et de couleurs qui fouillent le détail et composent des tableaux, ou même des volumes (C. Charraud). Des envoûtements colorés de manèges en fête (JP. Jarlaud). Des visions personnelles de lieux oubliés, ruinés, délabrés qui -pour cela même- livrent une beauté émouvante (J. Jacquel et B. Béros).
Je reviens sur ma première remarque. J’ai toujours envie de voir des photos d’artistes présentées autrement! En format géant. Sans cadre. Dans un grand cahier à feuilleter. Par terre à contempler de haut. Suspendues au plafond. Etc. Les expos photos sont toujours trop conventionnelles pour moi!
Evidemment, ne vous fiez pas à mes visuels de mauvaise qualité! Juste le dit de vous donner envie d’aller admirer les vrais! Cliquez dessus quand même pour agrandir, en deux fois, et voir le nom des auteurs
3 expos proposées par Le Consortium, rue de Longvic, Dijon. Je parlerai de deux, celle de Rodney Graham et celle de David Hominal. C’est déjà bien, car ça me demande un effort! (Jusqu’au 19 février, 14-18h)
Pour Rodney Graham, qu’est-ce qui m’a décidé à écrire? D’abord un commentaire positif de Pascal Lazzarotti (merci à lui) sur mon blog à propos de cette expo, puis une visite « sur le pouce » avec Marion comme bon guide, et enfin un article dans Libé signé J.Lavrador.
[Mais c’est quoi cette tendance aujourd’hui à faire croire qu’on est tous capables d’être artistes? Voyez l’émission de télé « A vos pinceaux », l’expo de Nancy « Tout est permis » etc. L’art dégringole, sous prétexte de non élitisme ou je ne sais quoi. Cherche-t-on à nous faire admettre que l’art n’est pas si haut que cela, que l’artiste n’est pas forcément admirable ni respectable, qu’une oeuvre mauvaise et amatrice possède toutes les qualité à partir du moment où elle exprime quelque chose?… Mais c’est quoi, ça? Je dis cela car l’exposition du canadien Rodney Graham a elle aussi cette idée en demi-teinte. Le titre est « You should be an artist », vous devriez être un artiste. Ben voyons!]
Si je me calme, je vous décris un deux mots le travail de cet artiste! De très grandes photos, installées en diptyques ou triptyques dans des caissons lumineux (l’éclairage vient de l’arrière et m’a fait penser aux diapos de ma jeunesse). L’artiste ne prend pas la photo, mais il fait la mise en scène. Scrupuleuse, détaillée (reconstitution exacte d’un environnement des années 60, par exemple). Il s’agit de portraits. Un hippie, un réalisateur de cinéma, un gardien de phare, un artiste amateur, un artiste raté… Rodney Graham, déguisé, grimé, incarne chacun de ces personnages imaginaires. Et il présente parfois, quand il s’agit d’artistes, à coté de la photo, des oeuvres concrètes, réalisées par lui-même, du même acabit que celles vues ou devinées sur l’image. Il endosse donc l’identité de ses personnages jusqu’au bout. (A savoir, ces peintures ou volumes sont de médiocre qualité artistique.)
Impression d’ensemble? Un réalisme extrême, augmenté encore par la forte lumière arrière. Les décors sont à la fois justes et faux. Vrais et artificiels. Volontairement emblématiques. C’est raide et propre comme les photos anciennes qui n’avaient aucune vie ni aucune spontanéité. Mais c’est fait exprès! Ce jeu du faux-vrai est intéressant. Et puis du kitch, des clichés… Et des traits d’humour, également, qui font du bien au regardant (la jolie caméra bleue du XVIIIème siècle!). Le fait que l’auteur se mette lui-même dans la peau de chacune de ses créatures m’a interpellé également. Ces avatars sont ambigus. D’ailleurs, l’oeuvre flotte dans une ambiguïté permanente: passé-présent, réel-irréel, sérieux-loufoque, beau-moche, voulu-involontaire etc. Que croire? Qui croire? La vidéo « Lobbing Potatoes at a gong » est dans la lignée du reste de l’expo. En tout cas, le travail de Rodney Graham questionne l’art, c’est sûr. Mais je refuse d’acquiescer à « you should be an artist »!!!
Avec David Hominal, autre problématique. Cette fois c’est un peintre qui expose. Mais son rapport à la peinture semble complexe.
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En balade à Paris, en janvier 2017, je suis entrée dans plusieurs Galeries et j’ai retenu ça:
-1- L’exposition « Plis » à la galerie Collection (Ateliers d’Art de France) , 4 rue de Thorigny, à Paris.
On y voyait des livres sculptures (Julie Auzillon), des origamis de céramique (A.Marie Casenaz), des soieries transcendées (Sophie Guyot), des papiers de soie sculptés (Maryse Dugois) etc.
Simone Pheulpin, elle, sculpte le coton brut. Elle travaille des bandelettes écrues et rêches. Les tourne, enroule, coupe, serre, enfonce, assemble, superpose. L’architecture de tout cela, ce sont des milliers d’épingles invisibles (structure intérieure qu’elle a eu l’idée de radiographier! étonnant!). Sous ses doigts, apparaissent alors des formes denses et rigides. De beaux volumes qui occupent magnifiquement l’espace et s’entourent d’une aura fascinante.
-2- Un peu plus loin, dans le quartier, à la Galerie Odile Ouizeman, 12 rue des coutures St-Gervais, Jérémy Gobé exposait.
Là aussi, un travail textile. Décidément, un matériau à ne pas négliger! Et, surprise! Jérémy Gobé rend hommage à Simone Pheulpin. Il réalise des pièces en coton à l’aide de la technique qu’elle a inventée, après avoir rencontré et admiré l’artiste. Et il a même fini une de ses pièces: travail à quatre mains. Lui, il aime dénicher des petits meubles anciens et les métamorphoser en leur greffant une forme textile. Comme un ajout, une excroissance qui en font des structures hybrides. Ce petit mobilier devient poésie malgré lui! Il oublie sa première définition, sa fonction originelle et entame une nouvelle existence.
En plus, dans la galerie, l’artiste a posé son installation « La liberté guidant la laine ». D’immenses tricots aux motifs jacquard des années 70 ont envahit l’espace. Tendus, déformés par d’invisibles protubérances, ils calfeutrent les murs mais donnent surtout l’impression d’une matière vivante née de ceux-là précisément. Même immobile, elle semble respirer, se mouvoir mystérieusement et se rapprocher des visiteurs qui s’aventurent dans la salle. Voilà les bon vieux pulls de notre enfance (pour nous les 60-70 ans!) devenus géants, qui se mettent à proliférer et à pousser telle une peau gigantesque. Quelque chose du passé qui remonte à la surface et tente, par l’artiste et sa création, de demeurer vivant.
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