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Odile Massart chez elle

Dans cette rubrique « Visites d’ateliers », je parle d’ambiance, je dis ce que je vois, entends et ressens,  mais ce n’est pas vraiment un article sur l’artiste lui-même et son travail. Rappelons-le.

Odile Massart. Profitons de sa présence dans cet appartement du XVIIème siècle, au cœur de Dijon. Elle dit en effet vouloir le quitter. Trop vaste. Trop d’étages à grimper. Profitons, car il lui va si bien! Une sorte de noble simplicité.

De pièces en pièces (nombreuses!), de demi-étages en sous-pentes, elle nous guide avec calme et enthousiasme à la fois. Toute sa vie d’artiste est là. Non! Pardon! Le terme « artiste », elle le refuse. Elle s’excuserait presque d’en être une. Elle avoue avoir même tenté de se détourner de ce qu’elle pourrait appeler une addiction. Elle s’est mise à la danse (elle en fait toujours), mais rien à faire, la création plastique l’habite. « Je ne peux pas m’arrêter » dit-elle, désolée (!). Et comme si elle voulait encore se rabaisser, elle se définit modestement comme une simple « touche à tout ». Quand on lui rétorque que, cependant, d’une exposition à une autre, on reconnaît son style, et qu’on lui trouve des constantes dans son travail, elle vous regarde, étonnée. Elle semble dubitative, mais contente. Mais il est vrai aussi que ses techniques sont très variées. Elle va nous montrer aquarelles, modelages, gravures (différentes méthodes), encre de Chine, impression sur papier de soie, monotypes etc.

Et la visite continue. La table de salle à manger est couverte de grands cartons à dessins. Tout leur contenu est « en attente », « en cours ». Notre hôte passe de l’un à l’autre, va chercher une pochette rangée dans un coin de la pièce: « dans mon bazar, je m’y retrouve! » Ses doigts soulèvent les feuilles de papier, caressent, extirpent, glissent… Dans la pièce suivante, même façon de picorer. Elle ouvre un carton, fouille un classeur, revient au premier, repart, se déplace. Elle veut nous montrer comment elle découpe, colle, rassemble, recadre, reprend d’anciens travaux, les modifie à peine pour les intégrer à une nouvelle œuvre. Ils sont un peu sa petite famille. Proches, fidèles. Correspondant chacun à un moment de vie: un voyage, une exposition, ses petits enfants. Pas de rupture, pas d’abandon.

On sent un bonheur dans ce lien continu.

Et nous voici dans la cuisine. Pinceaux, plumes d’oiseaux (pour passer l’acide), pointe, burin, crayons occupent des pots, là où on attendrait cuillères à sauce ou couverts à salade! « Je crois que je fais davantage de peinture que de cuisine! » Dans le placard, sont rangés les produits toxiques pour la gravure!

Avant de quitter l’appartement chaleureux, un regard sur des photos réalisées par son père. Il était photographe à Dijon. Une veine d’artistes!

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Didier Jourdy, intuitions de paysages

Dans cette rubrique « ici et là » j’ai pris l’habitude de mettre des rencontres fortuites, des coups de coeur…D’expo en expo ou d’atelier en atelier, parfois, un artiste me laisse un souvenir plus marqué qu’un autre.

 

Didier Jourdy est à Dole (Jura). Peinture et collages. J’ai découvert son travail à l’exposition de 12 artistes (MAC3), à la chapelle des Jésuites, en juillet 2018.

Des paysages? Sans doute. Ou plutôt des intuitions de paysages. Aux infimes détails se mêlent des sensations de mappemonde. C’est la mer, ou la montagne, mais c’est aussi parfois la planète Terre: douce perte des repères!

Et puis, il y a ces morceaux de réel, envolés de quelque part, venus se poser là… Comme des gouttes de mémoire. Comme des bribes de souvenirs. Ce sont des touches essaimées. Des éléments de ponctuation dans les paysages-récits de Didier Jourdy. Dans ces paysages qui fonctionnent souvent comme des associations d’idées. Associations d’images. Ainsi ces collages de lambeaux de pages manuscrites jaunies qui deviennent les pentes abruptes de hautes montagnes. On aime ce mystère. Seul l’artiste peut faire le lien (ou pas?)

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Dole, chapelle des Jésuites (suite)

Retournée à Dole pour une soirée concert à la Chapelle des Jésuites (organisation Mac3) et pour voir en place l’expo à son complet  (jusqu’au 22 juillet).

J’avais déjà parlé (cf mon papier « Dole, 12 artistes, chapelle des Jésuites ») de Christine Delbecq qui « habite » le choeur de cette ancienne église avec son chaos-carton et son mur de photos. Je n’en dirai pas plus, sauf que je m’étais projetée  « à l’intérieur » de cette installation pendant le concert et que c’était bien!!

quelques autres :

Christine Curtenelle: j’avais vu des toiles d’elle où circulaient des lignes, en réseaux, en cartographies abstraites. Des lignes que le regardant suivait comme un fil conducteur, se laissant aller aux fantaisies de l’artiste mais aussi à son autorité. On parcourait ses chemins en acceptant agréablement les hasards ou les contraintes. Cette fois, ici, les lignes se sont rassemblées pour une représentation du réel. Voici un cerveau et un poulet. Les circonvolutions de l’un (lignes organisées…) trouvent un reflet dans l’autre (association d’idées). Étonnant.

Didier Jourdy: des paysages sans être vraiment des paysages. Des images. Des souvenirs. Des fantômes de souvenirs ou de rêves. Ces collages, assortis de peinture, racontent tant d’histoires…Des tourbillons de sensations. Les bouts de papier ont un pouvoir fabuleux quand on leur laisse intelligemment la parole.

Clara Cavignaux: personnages qui nous frôlent sans nous voir, muets, flous… Les voit-on en réalité? Ils sont transparents. Ils ne sont que des reflets dans des vitrines. Leurs images se superposent. Ont-ils une consistance? Sont-ils vivants? Ce travail au pastel sec, recouvert de couches de verni, touche…

Nigel Talbot: devant la sculpture de cet artiste du Pays de Galle, les visions affluent. On voit une hutte de branchages, ou un grand fagot de bois, ou des pattes d’insecte géant etc L’imagination démarre. Au sommet de cet assemblage penché, déséquilibré (apparemment fragile) on voit de beaux objets de bois qui pourraient bien être des bateaux. Ou sur cale, ou échoués, ou flottant encore sur une mer imaginaire. Des nœuds de caoutchouc noir attachent tout cela. Bref, un art qui évoque…Donc riche…

Et 7 autres artistes à découvrir!

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Galerie Le 36, à Dole

J’ai enfin pu faire un saut à la Galerie de Dole, Le 36.  Elle est maintenant installée au 25 rue des Arènes (eh! non! pas au 36!). Agréable petit espace sur deux niveaux. Cette galerie a été voulue par Les Inventifs, en complément des expositions qu’ils donnent régulièrement sur Dijon. Placée ici, entre Bourgogne et Franche-Comté, elle agrandit ainsi son cercle d’action. Deux artistes de Dole, Aurélien Benoist (photographe, graveur) et Catherine Goursolas (peintre) s’en occupent au quotidien.

Le 36 est une Galerie associative qui, actuellement, représente 23 artistes. Leur travail est exposé (sculptures, peintures, gravures, photos) et il y a entre eux une sorte de « fraternité » qui est sympa pour le visiteur: pas trop de chocs entre les oeuvres présentées, et, dans l’ensemble, une qualité qui fait du bien à voir.

A cela s’ajoute la présence du métier de l’édition (catalogues, cartes, affiches etc).

La vitrine…. Une présentation à revoir! Peut mieux faire!

Les projets: festival « D’Encre et de Papier », automne 2019, précédé par le mois de la micro-édition et de l’estampe en septembre 2018.

galerie36@gmail.com

http://trentesix.org/     et page Face Book

ouvert du mardi au samedi, 10-12h et 14-18h30. tel 06 23 12 45 08 ou 06 72 98 71 51

 

Dole, 12 artistes à la chapelle des Jésuites

A la chapelle des Jésuites, rue du collège de l’Arc, à Dole, organisée par Mac3, une exposition de 12 artistes en juillet 2018

C’est une église. Une église désaffectée. Ce qui veut dire grands vides, délabrement, vestiges poussiéreux. Bref, un beau lieu pour des artistes prêts à le « réaffecter » . Et c’est le cas pour 12 artistes qui vont occuper ce grand espace étrange et merveilleux pendant deux semaines. J’ai eu la chance d’assister aux premiers montages de l’exposition: fièvre, doutes, escabeaux, perceuses, courbatures et discussions! J’essaierai d’aller voir l’ensemble terminé après l’ouverture, le 7 juillet.

La seule qui, dans cette première journée, a pu installer, c’est la plasticienne Christine Delbecq.

Dans le choeur de la chapelle, elle a construit son « chaos-carton ». Un éboulement. Un éboulis. Quelque chose comme un mur effondré. Ou comme un torrent figé. Un ensemble qui hésite entre fragilité et densité. Entre déséquilibre et force solide. A droite de cette installation, un panneau  grand format d’un montage photos s’encadre dans l’arche d’une porte. C’est en quelque sorte une projection du chaos-carton. Un extraordinaire voyage en photos à l’intérieur, en surface, autour, de loin, de près… Les deux éléments de l’installation fonctionnent ensemble bien évidemment. D’un côté le volume, le tangible. De l’autre, l’image. Deux regards, deux sensations. Deux points de vue, dirait l’artiste.

J’ai vu plusieurs fois ce travail de Christine Delbecq installé dans divers lieux. Jamais il n’avait aussi bien vécu que dans le choeur de cette chapelle!

Deux peintres avaient, ce jour-là, apporté leurs toiles. Mais sans les accrocher: Christine Curtenelle et Didier Jourdy Elisabeth Le-Gros-Böttcher avait également sorti quelques unes de ses céramiques. Sinon, les autres artistes attendus sont: Nigel Talbot, Michio Takahashi, Andreas Rüthi, Raphaëlle Jouffroy, Joseph Ginet, Kees de Voogd, Françoise Cholé et Clara Cavignaux.

Hâte de voir tout ça en place!

7 concerts sont proposés dans cette même chapelle les 7, 8, 9, 10, 11 , 12 et 13 juillet.

HTTP://WWW.MAC3.EU

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Le choix du mois, juin 18, élèves de Nadine

Bon souvenir de ma visite, avec des amies, à la Galerie La Source de Fontaine les Dijon où, comme chaque fin d’année, la plasticienne Nadine Morel installe une exposition des travaux de ses élèves. Tout âge confondu. La scénographie compte autant, sinon plus, que les œuvres elles-mêmes. On est immergés dans cet univers de lignes, formes, volumes et couleurs, et on n’a plus qu’à se laisser dériver. L’intitulé était « De jour en jour » (consigne du dernier travail de l’année) mais on trouvait aussi un hymne à l’automne,elevesNadine5 des paysages en noir et blanc avec jeux des différents plans

elevesNadine4 … Et j’en oublie!

merci à mes amies Corine et Geneviève armées de leur smartphone qui m’ont permis d’illustrer ce « choix du mois » dans mon blog! Elles ont apprécié le commentaire de l’artiste plasticienne, résumant avec passion le travail d’une année et évoquant les diverses consignes données aux élèves.

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blog de 13+

Nouveau! Un blog vient d’être créé (juin 2018) pour les artistes  « 13+ » de Dijon!

Bravo à son créateur, Jean-Philippe Jarlaud. Longue vie à ce blog. On ira régulièrement pour les infos …

https://association13plus.blogspot.com/

 

Marc Couturier, Entrepôt 9 (Barnoud)

« Bois » fut une exposition de Marc Couturier à l’Entrepôt 9 (Galerie Barnoud), 9 bd de l’Europe (angle rue Champeau), à Quétigny dans l’été 2018

Marc Couturier « voit ». Il voit ce que d’autres ne voient peut-être pas. Il voit ce qui existait là, tout près, dans un bout de planche, un papier sale, une feuille d’arbre, une pierre… ça attendait  qu’on le « voit » et qu’on le sorte de son comas,  que quelqu’un le révèle. C’était là, mais tant que personne ne le remarquait, ne le réveillait, ne le mettait en valeur, ne le transformait en objet à montrer, c’était sans vie. L’artiste a le rôle de le créer, de l’inventer…

Dans la Galerie, au mur blanc, s’alignent des mini cadres, ou plutôt des petites boîtes (forme de boitier photographique) dans le fond desquelles se blottissent des morceaux de planche. Marc Couturier n’est pas intervenu sur eux. Tels quels. Juste recadrés (comme on le fait d’une photo). Des extraits bien choisis. Et ce vieux bois fait apparaître de délicats petits paysages. Illusion parfaite d’une falaise, d’un clocher, d’un village au pied de la montagne…Couturier

Ce travail me touche car, sans avoir l’acuité de l’artiste, moi aussi je suis « voyante » souvent! Mais nous sommes nombreux dans ce cas, non? Certains vieux murs tachés d’humidité, par exemple, sont pour moi de grandes fresques ! Apparaissent formes abstraites et paysages…Et ne parlons pas de ma collection de « cailloux » où je vois tant de choses!

Autre travail de Marc Couturier présenté ici et qui m’a beaucoup intéressée: un grand dessin réalisé directement sur un mur de la Galerie. A la mine de graphite, il a griffonné (ou gribouillé) une page géante de signes qui, plus ou moins denses, finissent par donner l’impression d’un…paysage (on y revient! Même idée). Mais cela pourrait être aussi bien une lettre manuscrite, ou une expression de quelque chose d’impossible à dire ou écrire. Intéressant aussi par le geste de l’artiste qui s’engage totalement dans cette sorte de performance. Il débute en haut à gauche et termine en bas à droite. Entre expérience physique et expérience spirituelle.

 

vu du haut de la galerie

vu du haut de la galerie

couturier3

extrait

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« Feux », cellier de Clairvaux

Début d’été 2018:  des artistes de notre région et des artistes africains (organisation association Bourgogne-Mali) proposaient au Cellier de Clairvaux, à Dijon, une expo sur le thème du feu

Le feu est un thème à multiples facette et ces artistes les ont explorées à qui mieux mieux. Mouvements et couleurs, symboles et allégories, chaleur, vie ou destruction etc. Le feu est un ami ou un ennemi. Chacun l’a interprété à sa façon. D’où peut-être une légère impression de disparate. Mais c’est inévitable avec le rassemblement de plusieurs artistes différents, même réunis autour d’un sujet identique.

Voici, au hasard de ma promenade, la série de Patrick Chatel. Comme huit strophes d’un poème. Braises, flammes, incandescence, fumée… Des cadrages serrés jusqu’au monochrome rouge, au cœur du feu.Fabienne Adenis

Odile Massard, Eliane Martinand, Ahlem Dabbour, Fabienne Durupt, Evelyne Lagnien, Bruno Chevreau... m’ont interpellée également .

Et j’ai découvert l’artiste qui crée de délicates poupées (pièces uniques), Laurence Ruet. Modelage, peinture, couture… et voici d’énigmatiques enfants aux yeux rêveurs et à la moue boudeuse qu’on n’oserait pas déranger dans leur histoire si intime. Mais bien séduisants, ces enfants!Laurence Ruet

Les textes qui accompagnent les œuvres exposées sont souvent sensibles, poétiques et personnels. Bien ! Bien!

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Le choix du mois, mai 2018, J. Ishigami

Ce mois de mai 2018, je n’ai écrit qu’une fois dans mon blog. D’autres choses à faire, beaucoup d’allers et venues. Mais j’ai visité quelques expos malgré tout. Parmi elles j’ai retenu celle du jeune architecte japonais Junya Ishigami à la Fondation Cartier, à Paris. Elle s’intitulait « Freeing Architecture ».

Ishigami avait conçu son exposition comme une installation artistique. Ses maquettes et ses esquisses occupaient tout l’espace (magnifique) de cette Fondation, elle-même œuvre de l’architecte Jean Nouvel. Elles se répondaient harmonieusement. Et c’était un bonheur d’y circuler, découvrant toute l’imagination du jeune japonais, son ingéniosité, sa créativité exceptionnelles.

Savoir que ses maquette ont été conçues spécialement pour cette exposition est très intéressant. Donc APRÈS la réalisation, après le résultat final des œuvres d’architecture. Ce ne sont plus des visions anticipatrices, des projections dans l’avenir. Ce sont des œuvres façonnées à la main, créées telles des œuvres d’art. Elles ne servent plus à prévoir, à construire un virtuel pour aboutir à une réalité. Elles sont des choses en elle-mêmes. Elles sont faites pour être montrées et pour montrer.Ishigami4

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