L’Hostellerie, avec Itinéraires Singuliers, dans le Parc de la Chartreuse, à Dijon, nous a offert une bonne exposition fin 2022, « les Inattendus ».
Raymond Mitaine ouvre l’expo avec « Mon père en hiver ». Dans la première salle, circule une ombre obsédante, mais bienveillante je crois. Le père de l’artiste. Etrange fantôme noir. Toujours de dos. Ou en tout cas sans visage. Enveloppé dans une vaste houppelande. On devine que ce père est mort et qu’il vient hanter l’esprit et le coeur de l’artiste. Celui-ci semble saisir dans l’urgence la silhouette entrevue de temps à autre dans ses souvenirs. Des apparitions éphémères qu’il faut vite jeter sur le papier pour garder vivant ce vieux père disparu. (Je n’invente rien, Raymond Mitaine l’explique lui-même dans un des textes présentés à l’expo)
En grands ou mini formats, ce personnage du père est conjugué tout au long de la salle, présenté parfois en frises, comme un film. Une belle scénographie qui compte dans l’émotion que l’on ressent. Et ce léger papier de soie, blanc, sur lequel vient se poser la silhouette à l’encre de Chine, provoquant des plis, des froissements, des crispations… il participe aussi à l’impact que peut avoir cet oeuvre sur nous. Ce sont presque des confidences que nous égrène ici l’artiste. Chuchotées.
L’artiste qui m’a ensuite le plus intéressée, c’est Maggy Backes. Ses pastels montrent des personnages apparemment en mal de vivre. Penchés, serrés à plusieurs dans un petit espace étouffant, avec des visages soucieux, tristes ou douloureux… Ils sont faits de peu de couleurs et de peu de traits. Un travail dans l’immédiateté. Leurs contours ne sont pas vraiment définis, l’artiste les a dessinés de lignes multiples qui brouillent la forme. Mais qui transmettent aussi un mouvement aux physionomies, devenues ainsi très changeantes.
Maggy Blackes a choisi également la sculpture pour exprimer sa vision de l’humain. (Ces humains qui ne seraient que des quilles dans un jeu …) Un travail de sculpture avec toujours une économie de formes, visant à dire juste et vrai. Sans fioritures.
Le troisième artiste est Jean-Michel Maulpoix. Il est avant tout poète, mais l’écriture l’a mené au dessin et à la peinture. Il donne à voir des petites encres très maîtrisées malgré leur aspect libre et modeste.
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Une expo emplie d’émotions.
Dans les œuvres de Raymond Mitaine, le papier de soie accompagne les intentions de l’artiste : rétracté par l’encre noire, il forme des plis, qui tracent des lignes de fuite et donnent plus encore l’impression que le personnage nous quitte.
J’y retournerai en dehors de la cohue du vernissage.
Le 6 novembre j’ai cru comprendre que Raymond Mitaine nous en dira plus sur ce qu’il présente.
merci à Pascal Lazzzarotti pour son commentaire très fin