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Giuseppe Penone , BNF, Paris

La Bibliothèque nationale de France, à Paris, a donné à voir une exposition de Giuseppe Penone, en hiver 2021, « Sève et pensées ».

Arbre-Livre (extrait)

Décidément, j’ai toujours eu des chocs dans les expositions de la BNF! Barcelo en 2016, Kiefer en 2017! Et, cette fois Penone! De grandes forces artistiques et poétiques qui résonnent dans ce lieu du livre et de la connaissance.

Giuseppe Penone continue son travail sur le végétal commencé en 1969. Dans l’immense salle qui lui est consacrée, il présente plusieurs œuvres. Différentes mais qui créent une unité solide.

« Sève et Pensée » (l’œuvre qui a donné le titre à l’expo) : S’allonge un ruban de 30 mètres, une fine toile de lin sur laquelle apparaissent l’empreinte légère d’un tronc d’arbre et une écriture serrée qui l’accompagne. C’est le travail de « frottage » de l’artiste (frotter avec des feuilles le tissu posé sur le bois d’une branche ou d’un tronc). L’arbre laisse sa trace. Délicate, à peine marquée et colorée de vert. Elle est comme imprimée. On pense au principe du Saint-Suaire. Et un long texte l’accompagne, écrit à la main par l’artiste, sans respiration, sans ponctuation. Comme la sève qui coule…Lien entre l’homme et l’arbre. Complicité.

Sève et Pensée (extrait)

« Arbre-Livre » , contre le mur, est une sculpture absolument poignante. De simples poutres sont posées là, comme un livre géant ouvert. Elles ont été creusées par l’artiste et, au cœur de chacune d’elles, apparaît un petit arbre sans écorce, encore lové dans le bois. Comme un bébé-arbre, nu, niché dans l’œuf avant de naître. L’artiste aurait ainsi dévoilé le secret intime de l’arbre…

Arbre-Livre (extrait)

Mais cette impression n’est pas la seule ressentie devant l’œuvre. On peut aussi croire que cette jeune pousse, écorchée vive, a été greffée sur la poutre. Et soudain, l’idée de souffrance et de blessure jaillit. L’homme est intervenu. Il a transformé l’arbre en poutre avec ses outils, il l’a évidée, puis il a déshabillé une branche, la fixant ensuite dans le pli de chaque poutre ouverte… L’image n’est pas la même! Mais une œuvre qui mène à plusieurs réflexions et émotions …ça me plaît!

« Les yeux fermés »: Au mur, une plaque de marbre blanc a été travaillée par l’artiste, de façon à dégager les veines. Étonnamment, ce réseau évoque un arbre et ses branches ou racines. De chaque côté, deux paupières géantes sont dessinées avec de vraies grosses épines d’acacia. Contraste terrifiant entre la fragilité de l’œil et l’agressivité guerrière de l’épine. (On pense à la couronne d’épines du Christ). Là encore, la douleur surgit, malgré la beauté du résultat. Là encore, le regardant est confronté à plusieurs sensations, plusieurs références. J’aime!

Le reste de l’expo est en relation étroite avec ces œuvres.

Dessins, gravures et autres »frottages » (« Vert du bois ») font écho. Une expo qui fait un tout. Partout, en filigrane, on sent l’idée de la trace et de l’empreinte, celle, entre autre, de nos doigts qui se rapproche tellement des anneaux de croissance des arbres…

Propagation (réalisée in situ)

Cliquer sur les visuels pour agrandir

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