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3 femmes, 3 chemins d’art, Le Grenier

A Talant, au Grenier, 3 femmes exposaient en juin 2015: Florie et Maryvonne Johannot et Madina. Sculptures et calligraphies.

Attention! Analyse différente de d’habitude!!

Il y a un phénomène qui m’arrive de plus en plus souvent dans mes balades et découvertes artistique. Je ne sais qu’en penser. Voilà :

Se présente,  par exemple, une oeuvre qui m’intéresse guère,  ne m’atteint pas….Je la trouve fade, ou « plate », ou superficielle, ou sans originalité (déjà vu mille fois), ou sèche, ou simpliste, ou juste jolie… Que sais-je?  Et voilà que j’écoute ou lis les propos de l’artiste.  Et voilà que, souvent, je retourne ma veste.  Le fait d’apprendre sa démarche, son bonheur à créer, son enthousiasme, sa foi … Je craque!  Le résultat de son travail, certes, continue de me décevoir, mais je le regarde d’un autre oeil.  Je lui trouve un nouvel intérêt. Et je me demande alors ce qui pourrait être modifié pour que ce travail acquière une vraie valeur d’oeuvre d’art que je pourrais lui reconnaître!!

L’expérience a un peu eu lieu à cette expo du Grenier.

Madina, je l’avais connue chez elle (cf rubrique « visites d’ateliers » dans ce blog) et elle était si passionnante… Ici, je n’ai vraiment apprécié que les calligraphies où elle ajoute ses propres recherches plastiques, « portant un questionnement sur le tracé et sur la matérialité du support » (dit-elle). J’adore! Le reste m’endort, parce que je ne suis pas assez au fait de l’art de la calligraphie chinoise. Même si je l’écoute et la lis encore et encore cette Madina!Madina

Florie Johannot a écrit un petit texte sur sa démarche. Simple mais bon. Elle évoque ces vieux morceaux de bois qu’elle chasse dans la nature, qui ne demandent qu’à « être révélés ».  Elle dit « poursuivre le travail de façonnage déjà entamé ».  Beaucoup d’autres artistes ou artisans font la même chose.  Mais j’aime comment elle en parle.  A mon avis, par contre, elle les « civilise » trop. Elle les « sophistique ». Elle en fait des objets de décoration à poser sur les meubles. Les voilà propres, cirés, polis, vernis, lisses… Comme une jolie fille trop maquillée!!  Ils deviennent impersonnels.  (C’est juste mon goût à moi!)  Au contraire, ses bâtons de vie, eux, m’interpellent.  Elle leur a communiqué un côté sacré, et ça c’est de l’art.

Maryvonne Johannot écrit également sur sa pratique de la sculpture. Et elle dit très bien l’exigence de cet art, son caractère physique, mais aussi son côté « cérébral »:  « comprendre les angles, les attaches, les lignes, les points forts »…Elle analyse aussi cette « confrontation entre moi et moi ».  Très intéressant.  Ses bois sculptés, c’est du beau boulot. Parfois inspiré du Moyen Age. Mais il leur manque un je ne sais quoi de nerfs, de tripes, de cris, de vérité personnelle… Finalement, ils sont « trop beaux »!!

Il y a une sculpture réalisée en commun par les deux sculptrices.  Une souche peinte en bleu, sur deux visages (ou un visage éclaté).  C’est échevelé, pas sérieux, pas attendu… C’est créatif! Fait pour me plaire!Johannot

Prenez la petite brochure à l’entrée de l’expo. C’est là que se trouvent ces 3 textes passionnants que je signale ci-dessus.

Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois. Le nom d’artiste s’affiche au-dessus

 

4 comments to 3 femmes, 3 chemins d’art, Le Grenier

  • Il faudrait peut être que vous vous adonniez à la pratique de l’art pour mieux comprendre la demarche artistQUE ?
    EN TOUTE AMITIÉ !

  • Florie Johannot

    Bonjour,
    J’ai lu vos commentaires avec beaucoup d’intérêt. Merci d’avoir pris le temps de noter ainsi votre perception de l’expo ! Vous dites : « A mon avis, par contre, elle les « civilise » trop. Elle les « sophistique ». Elle en fait des objets de décoration à poser sur les meubles. Les voilà propres, cirés, polis, vernis, lisses… Comme une jolie fille trop maquillée!! Ils deviennent impersonnels. »
    Ce commentaire en particulier me touche et entre en résonance avec un sentiment actuel que j’ai : J’ai commencé par vouloir systématiquement rendre toutes ces souches lisses et les plus « parfaites » possibles, comme un besoin de faire ressortir la douceur du bois, mais aussi les veines et les dessins dissimulés sous l’écorce. Peut être aussi pour rendre hommage à cette nature que j’aime tellement. De plus en plus, je ressens une autre envie, celle de mêler doucement le lisse avec le brut, le civilisé de l’homme avec le sauvage de la nature…
    Alors votre critique tombe à pic dans cette période d’hésitation, où je ne sais pas encore quel chemin je vais prendre, mais où je me sens évoluer!

  • JOHANNOT

    Pas encore habituée de ce genre d’expo, je suis tout étonnée de découvrir que des gens que je ne connais pas, dont vous sur ce blog, ont regardé mes réalisations, en ont pensé quelque chose et ont pris la peine de l’écrire. Sensation nouvelle et étrange : ces objets qui n’étaient qu’à moi, qui n’étaient que sous mon regard, dans mon atelier, m’échappent et appartiennent maintenant à ceux qui les regardent ! L’histoire née entre mes créations et moi devient une autre histoire entre elles et un(e) Autre !
    Vous écrivez : » Mais il leur manque un je ne sais quoi de nerfs, de tripes, de cris, de vérité personnelle… Finalement, ils sont « trop beaux »
    Je vous remercie de me donner l’occasion de m’interroger sur ce point. Je ne manquerai pas d’en tenir compte.

  • mijo

    très émue par les commentaires de ces dames! grand merci aux deux sculptrices d’avoir si simplement et modestement accepté mes « critiques » et même de souhaiter en tirer profit! C’est très rare que j’ose mettre des mots un peu négatifs sur une exposition ! je préfère, à ce moment-là, ne pas en parler. En tout cas, continuez d’avancer sur votre chemin si passionnant!

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