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philippe gronon et ses versos

Dans deux salles, le musée des Beaux Arts de Dijon, offrait en mai 2012 une expo de Philippe Gronon. Un travail d’art contemporain passionnant.  Une série de photos des versos de tableaux…Elle s’intitulait « de l’autre côté ».

Le plaisir éprouvé à la visite de cette expo est de plusieurs registres. C’est dire si on en ressort comblé.

– Peut-être, en premier, une satisfaction esthétique:  ces toiles ou bois ou tôles, vus de dos relèvent souvent de l’art abstrait: taches, coutures, usures, collages, ombres etc.  Tout cela porte une qualité plastique certaine.  Le relief des cadres, croisillons et systèmes d’accroche  également.  On peut aussi y voir un art du trompe l’œil, les photos étant d’excellente qualité et reflétant la réalité dans toute sa vérité.  On se surprend à vouloir toucher un bord d’étiquette décollé, un morceau de toile agrafé, un clou, une attache, une rustine… Cette fois, on prend une photo pour de la peinture!  Ordinairement, l’hyper réalisme est accusé de trop ressembler à de la photographie! Ambiguïté!

– Et puis, le tableau, devenu objet historique nous raconte son existence:  son époque, ses voyages, ses restaurations.  On déchiffre les étiquettes, les écritures, les dates, les tampons.  Notre curiosité est en éveil.

– On se plonge aussi dans quelques réflexions sur l’envers des décors, les coulisses, les secrets, les choses cachées… Tout ce qui est réservé à certaines personnes et interdites aux autres.  Le public n’a droit qu’à la façade. Mais le dos a son importance.  Sa nécessité, même.  Souvent bien austère, d’ailleurs,  par rapport à l’œuvre elle-même.  Le contraste entre la peinture et son revers est étonnant. ( « L’origine du monde » et son sexe de femme bien réaliste a un envers archi froid et fermé!) C’est le revers de la médaille!!

– Et notre frustration est vive:  qu’est-ce qu’on a envie de retourner le tableau! (et même si on retourne, c’est fichu! puisque c’est juste une photo! On est doublement frustré! )  Privés! Punis! Contraints à se souvenir, à deviner, à imaginer, à espérer revoir les peintures sur livres ou Internet dès qu’on sera de retour chez soi.  Ce manque (oui! on est en manque!)  est très intéressant également! ça bouscule, ça nettoie des habitudes, ça dérange… Et c’est bien l’objectif de l’art contemporain.  Autre pensée qui nous vient: des œuvres sublimes, célèbres, sans prix et immortelles qui en sont réduites à cet aspect simplissime, rustre et pauvre.  Sont-elles humiliées?  Et nous?  Obligés, pour une fois, de regarder autre chose que l’apparence évidente…

– Je ne voudrais pas y voir de la provoc…Mais quand même, quand quelqu’un vous montre son derrière, vous pensez quoi? …………Mais non, ce n’est pas le genre de l’artiste.

 Le musée Magnin montrait également des photos de cette série de Philippe Gronon, mêlées aux tableaux . Je préfèrais celles du musée des BA.

Le site de Lunettes Rouges nous offrait un papier sympa sur cette expo (12 mai 2012). Il n’avait pas fait la visite lui-même, mais rapportait un commentaire d’un blog  d’une dijonnaise « Rose Chiffon ». Bien vu. Même de dos.

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