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Florian Bonfillon, « In Situ », Le Rez-de-Jardin

(11 rue d’Artois, Fontaine-lès-Dijon. Horaires pour CETTE EXPO-CI vendredi 14h30-18h30; samedi et dimanche 10h30-18h30; en mars 2025

Une métamorphose pour le Rez-de-Jardin! Un grand papier craft au mur du fond, scotché jaune et noir : on est en travaux…! Une table submergée de petit matériel de gravure. Des rouleaux de papier neuf, des planches de séchage, un rétroprojecteur, des fils électriques…. Le sol accueille de-ci de-là des bouts de papier ou de ficelle que personne ne songe à balayer…Parfois, un volet se ferme et les projecteurs s’éteignent, l’artiste travaille le dessin sur son mur du fond, là où le projet est en gestation.

Florian Bonfillon bosse toute la journée dans cet atelier improvisé. Il reçoit les visiteurs: démonstrations avec sa presse, explications, échanges. Il montre des oeuvres accrochées aux cimaises du Rez-de-Jardin (qu’il puisse rester aussi un lieu d’exposition et que l’artiste puisse y faire découvrir des travaux aboutis)

En fait, Florian Bonfillon joue ici le jeu de la résidence d’artiste.

Il est arrivé avec quelques ébauches d’idées en tête. Et il avance. Dans la lumière de la création. Tantôt en clair-obscur, à tâtons, tantôt en illuminations réjouissantes. Une recherche. Des doutes. Bref, un boulot d’artiste plasticien.

Son travail ? En tout cas ce que je perçois maladroitement. Quelque chose de géographique. Une vision cartographique du monde. Florian Bonfillon a toujours eu de l’intérêt pour les cartes. Et son travail y fait référence sans cesse. On entrevoit des courbes de niveaux, des flèches, des chiffres, des coordonnées, des tracés pointillés, des zones hachurées… Des codes, quoi… Mais des codes qu’il se réapproprie. Peut-être pour mettre le doigt sur d’autres réalités de notre existence…qui elle aussi est codée.

Mais le monde n’est pas toujours mis à plat! Le plan prend soudain du relief (en dessins ou en volumes). Et voilà, par exemple, des strates géologiques…Bien sûr, ça nous évoque les couches sédimentaires qui constituent nos vies, mais ce n’est peut-être pas aussi évident que ça!

En tout cas, dans ce travail de Florian Bonfillon, l’humain a sa place. Toujours. C’est même l’essentiel. Il parle de l’homme. Les cartes racontent les routes, les frontières, les métamorphoses des peuples et des politiques des pays. Circulations et obstacles. Ouvertures et fermetures. C’est ce dont l’artiste parle… Une histoire de représentation.

Autre aspect de son travail, mais dans la même lignée: il utilise des sortes d’arrêts sur image, pris dans Google Earth. Mais il se spécialise dans les bugs, les erreurs, les manques. Il les « chasse », les piste… Significatif! Les dessins qu’il en tire montrent donc de fausses réalités, ou des réalités déformées. Des instants vrais mais qui débloquent!

Ecrivain (aussi), Florian Bonfillon peut vous étonner…

Philippe Calandre, Galerie Le Trigram

En mars 2025, Le Trigram, rue Charles Dumont à Dijon, exposait l’artiste photographe Philippe Calandre. « I. A. Icy & Arid ». Du jeudi au samedi 14-18h30.

C’est black! Mais quel beau noir!

Et dans la blancheur de la Galerie Le Trigram, se dessine comme un graphisme au long des murs. Philippe Calandre expose ses photos noir et blanc. Classique. Au cordeau. Dans l’épure d’une scénographie bien calculée.

Le temps de s’habituer à la raideur des lignes entre-aperçues au premier regard, on se laisse haper par ces étranges images-poèmes. Des architectures massives, des constructions industrielles, des fragments de fausses ruines modernes… Le tout planté au milieu de zones désertiques. Improbables paysages. La lumière traverse des fenêtres inutiles, des ouvertures mortes. Un lourd silence est tombé sur ces lieux de solitude. La photo montre une réalité. Mais pas forcément celle qu’on attendrait… Il y a ambiguïté. Tout a l’air vrai. Mais le téléscopage de certains éléments amène le doute…

Philippe Calandre travaille le photomontage. Ses oeuvres sont des assemblages. Il fabrique de nouveaux espaces. C’est une transcription du réel. Et on avance volontiers vers ces horizons et lointains mystérieux, attirés par l’inconnu. L’univers créé par l’artiste a quelque chose de séduisant… Côté « matière », on se régale devant les tirages sur toile: couleurs mates, impression de fusain ou de pastel sec…

Dijon a la chance d’avoir cette Galerie Le Trigram , qu’on se le dise! Elle reçoit des artistes (des pointures!) qui, souvent, nous seraient inaccessibles au fond de notre petite province!! Si! Si! Et elle sait aussi s’intéresser à des artistes locaux. Merci.

Jean-Philippe Jarlaud a écouté la forêt parler

En janvier-février 2025, l’artiste-photographe Jean-Philippe Jarlaud exosait au Rez-de-Jardin, « Orée ». 11 rue d’Artois, 21121 Fontaine-lès-Dijon. Vendredi 14-19h; samedi et dimanche 11-19h. (Présence de l’artiste en continu.)

Cette exposition de photos n’en n’est pas vraiment une! Pas de jolies images encadrées et vitrées! (Ouf!) L’artiste Jean-Philippe Jarlaud se transforme plutôt en conteur. Il propose un récit photographique intitulé « Orée ». Quelque chose de linéaire, accompagné d’un poème lu et de quelques objets (cf le visuel, plus loin ci-dessous)… Une installation, plus qu’une exposition.

Alors… on se campe devant le premier panneau de photos.

Happés par le texte, on lit. Début de l’histoire de ce personnage qui a franchi l’orée (une frontière, un entre-deux…) et va se perdre dans la forêt…On se surprend ensuite à lire les images comme on lit les textes. On suit du regard. On va à la ligne. Puis, on passe au paragraphe suivant. On avance. On chemine. S’il y avait des pages, on les tournerait.

C’est juste suggéré. Photos et mots d’un artiste qui semble nous chuchoter à l’oreille. Mais on prend part pleinement à cette pénétration dans le monde de la forêt. Ses bruits, ses regards, ses apparitions, sa magie, sa violence parfois… On participe!

Ce conte que Jean-Philippe Jarlaud a composé, on peut le prendre de diverses façons. Réaliste ou symbolique. Concret ou allégorique.

C’est, évidemment, bien davantage qu’une promenade dans les bois, l’appareil photo autour du cou.

C’est d’abord une leçon d’humilité: apprivoiser ce territoire étranger à l’homme, tenter de s’y adapter, de le comprendre, sans être un intrus, un destructeur, un ennemi, un dictateur…. Et, peu à peu, peut-être, se métamorphoser, pour mieux s’intégrer à lui. « Je voudrais sentir que je fais partie du cercle des minuscules, des poilus, des plumeux, des écailleux… » Oublier son propre état. S’imprégner du végétal et de l’animal, jusqu’à devenir …ça.

« Je me végétalise » dit le personnage créé par Jean-Philippe Jarlaud.

Ce n’est certes pas un hommage à l’humain! L’homme n’est présent, dans cette histoire, que comme le chasseur! « Je suis chez les hommes qui portent la guerre ». On voit de loin un petit bout d’urbanisation que l’on s’empresse de fuir! Les traces de l’homme ne sont pas des pieds nus , mais des empreintes de grosses roues! Bouh! Le vilain prédateur!

L’homme, finalement, a perdu son identité primitive. Au coeur de la forêt, le personnage sent intuitivement qu’il fait partie de cette vie-là mais qu’il n’est pas encore tout à fait prêt à l’assumer. « Je suis celui qui marche entre deux mondes ».

Anne Auger, enclume ou bateau…

Ce n’est pas la première fois que je parle d’Anne Auger sur ce blog. La dernière, c’était je crois pour son expo à la Ferronnerie, à Dijon. Mais cette fois je suis allée dans son atelier à Bévy où elle faisait portes ouvertes les week-ends avant Noël 2024! Une autre façon de regarder son travail (et on est si bien accueillis!)

Avec Anne Auger, c’est d’abord la matière. Ces grosses toiles de jute, venues de sacs récupérés, qu’elle maroufle sur de lourds chassis en toile de lin. Elle les peint ensuite avec des peintures qu’elle fabrique elle-même, parce que « les acryliques du commerce n’offrent pas de couleurs assez vraies et puissantes ». (visuel ci-dessous, extrait)

La trame du textile, ses effiloches, ses bourrelets, ses ourlets … sont les accidents sur lesquels vit souvent la peinture d’Anne Auger. Les rouges raisin , les bleus métal, les orange brique, les jaune lumière, les bruns bois… Autant de teintes fortes et tranchantes, que le support, quand il est rugueux, rend encore plus présentes.

Pour sa sculpture, même amour de la matière. Métal, terres cuites, effets d’émaux… L’artiste travaille par assemblages. Des pièces récupérées ou créées par elle-même, dont elle fait des compositions très personnelles. Totems, fétiches, engins, machines…

Peintures et sculptures fonctionnent ensemble, finalement! Les mêmes personnages ou animaux aux lignes « cubistes », les mêmes drôles de véhicules, la même impression de robustesse et d’énergie.

Les scènes que Anne Auger réalise parlent de départs et de voyages. Combiens de roues et roulettes, de carosseries, de moteurs, de bateaux (qui évoquent parfois des enclumes!!) … Il faut partir! Mais avec des pieds, aussi, ou des ailes, ou des rêves! Chez elle, à côté de la puissante dynamique de ses oeuvres, c’est aussi l’humour, les délires, les désordres, les destructurations, les oppositions…

Savoir qu’elle fait aussi du noir et blanc, des dessins, des petites sculptures de jardin etc…. Elle sait diversifier!

cliquez sur les visuels pour agrandir

Malo A. De poils et d’Or

En décembre 2024, la Galerie La Source à Fontaine-lès-Dijon, a exposé Malo A., peinture animalière, « De poils et d’Or-Acte VII » Du mercredi au dimanche, 15h30-18h30

Contrairement aux peintres animaliers dont j’ai rencontré le travail ici et là dans la région, celle-ci m’a convaincue. Malo A. (Malaurie Auliac, de Naulay) a quelque chose en plus.

Certes, elle fait de l’hyperréalisme. Et vous savez que cette formule me laisse froide (ou a plutôt tendance à me hérisser le poil!) Admirable technique. J’applaudis…mais c’est tout; ça s’arrête là. L’art n’a pas à me restituer le réel. Franchement j’ai bien d’autres moyens à ma disposition pour le voir. Le véritable artiste, au contraire, pour mon plus grand bonheur, essaie de transformer le réel, ou de le montrer de façon différente, et, surtout, de façon personnelle et originale. Un autre regard.

Et, dans les oeuvres de Malo A., je rencontre quelqu’un.

Derrière son ours ou son aigle, je sens d’abord une grande sensibilité artistique, et, en plus, une solide expérience des arts graphiques. Au service de sa peinture animalière, elle met tout un savoir-faire qui va de l’enluminure à la calligrahie, en passant par la miniature et la restauration à la feuille d’or (restauration des biens culturels, en particulier d’oeuvres graphiques). C’est cette richesse cachée qui fait que l’on s’arrête devant ses tableaux, happés par une étrange impression

Les animaux de Malo A. émergent du fond de la peinture, auréolés de mystère, transfigués, presque sacralisés… Comme les saints des icônes anciennes. Ils nous fixent de leurs yeux doux, comme s’ils arrivaient d’un autre monde. Leur beauté est telle qu’elle semble irréelle. Un rêve.

Cette artiste crée un petit univers bien à elle dans chacune de ses peintures, que ce soit sur papier, sur bois etc.

On peut à la fois s’extasier devant la perfection du détail, et s’émouvoir de ces portraits d’animaux qui évoquent ceux de certains de nos arrières-grands-parents, plus proches de la fiction que de la réalité. Des personnages tellement mis en scène… Loin de leur quotidien… Mais tellement beaux dans leur image sollennelle, installée pour l’éternité.

Tels sont les animaux de Malo A.

Pour les présenter au public, il leur faudrait toute une scénographie qui corresponde à leur côté « ancestral », « sacré »… Les traiter comme des objets souvenirs précieux.

Ce n’est pas le cas à La Source. Trop de lumière, trop d’espace vide sur les murs. Un certain manque d’ambiance chaleureuse, un peu vintage, un peu musée de la chasse à Paris! Bref, manque de cocooning!

Par contre, l’artiste a la bonne idée de proposer les week-end une animation pour voir son travail en direct.

cliquez sur les visuels pour agrandir (ils ne parviennent pas de La Source mais de son expo à l’Essor à Dijon!)

Pascale Angelot, en mouvement

« Movimenti » était le titre de l’expo de Pascale Angelot au Rez-de-Jardin, 11 rue d’Artois, Fontaine-lès-Dijon. En novembre 2024 Vend 14-19h sam et dim 11-19h

Souvent m’est venue la pensée de cette surface à peindre, avant que l’artiste n’intervienne. Un truc sans intérêt, neutre, inerte. Et qui prend vie au premier coup de pinceau. Qui s’anime, Qui devient essentiel. Etonnant!

Et, avec Pascale Angelot, je suis au coeur de cette histoire-là. Son rapport à la surface est particulièrement sensible je crois. Au point qu’on a parfois l’impression que c’est du fond même qu’elle extrait ses formes et ses lignes. Ou en tout cas de son fond à elle, celui qu’elle a d’abord créé en travaillant la toile (mais ça, c’est de moins en moins vrai, semble-t-il sur son cheminement).

Chez Pascale Angelot, sur ce champ libre, donc, circulent des tracés, des contours, des cellules… Ils bougent, se déforment, se cognent, s’évanouissent parfois. Derrière eux (ou devant?) apparaissent des ombres. Comme les traces laissées par un déplacement. Quelques lignes à peine effacées ou vaguement devinées dans la brume.

Le tableau est fait de ces éléments en mouvement, qui naissent, se métamorphosent, se rencontrent, meurent et peut-être ressuscitent. Et qui abandonnent là leurs empreintes (ou leurs cicatrices), leurs traînées d’insecte, le souvenir de leur passage.

C’est bien sûr la couleur qui mène le jeu: un trait gras et noir, une tache vive jaune ou bleue, un plan blanc cotonneux, une ligne rouge en zig-zag… Et la lumière joue également son rôle en sculptant aussi du relief, en faisant naître du volume.

Oui, la surface inerte du début a bien changé! Ce sont maintenant des organismes qui s’organisent dans un grand lieu de vie!

Courte video de Signature LSF à regarder ci-dessous:

L’Hostellerie, M.Manuela et E.Geoffrion

L’Hostellerie, parc de la Chartreuse à Dijon, proposait l’expo de Maria Manuela et Elise Geoffrion « Peaux d’âmes » cet hiver 24-25. Du mercredi au dimanche 14-17h30.

Maria Manuela, déjà vue une année précédente (mais vite fait et dans de mauvaises conditions) à l’exposition d’Itinéraires Singuliers à St-Philibert, m’a passionnée par le foisonnement formidablement créatif de ses oeuvres. Sur de grands textiles, elle peint, brode, tisse, colle … Et ce sont alors des brouhahas de couleurs, de personnages, de végétaux, de paysages, d’animaux qui vous embarquent dans d’invraisemblables récits!

La vie qu’elle imagine sur ses tissus est drôle, rêvée, mélancolique ou dure… Enfantine, rurale, familiale ou d’actualité… Avec souvent un petit côté naïf. Avec, aussi, des références au folklore de son pays le Portugal (mais on peut évoquer la Roumanie ou autres cultures traditionnelles). L’artiste fourmille d’idées. Elle accumule les éléments, les entasse, les empile, les superpose, sans toutefois oublier l’organisation et la composition de son oeuvre. On n’étouffe pas! On se promène!

Les pièces de l’Hostellerie accueillent cette expo aux côtés de celle de Elise Geoffrion, les tapisseries de Maria Manuela, suspendues aux murs, dialoguent parfaitement avec les sculptures de celle-ci.

Elise Geoffrion ramasse toutes sortes de choses dans la nature. Une collection qui lui sert de matériaux pour faire naître un petit peuple de sympathiques personnages… L’idée n’est pas originale! Nombre d' »artistes » fonctionnent de cette façon! Mais Elise Geoffrion a le chic pour se démarquer de cette foule de faux créateurs!!

Comme Maria Manuela, elle assemble des morceaux. Une touche-à-tout! Papier, filasse, champignons, courges, bois, terre, tissus, cuir, grès… Quand les trouvailles de sa quête sont insuffisantes, elle fabrique elle-même. Et ses petits êtres ne ressemblent à rien! Et c’est tant mieux! Entre ex-voto et statuettes magiques. Ils pourraient être les santons d’une crêche universelle, au-delà de toutes les croyances…

Cliquez sur les visuels pour agrandir

Xavier Decloux, entre loup-garou et chat-botté

C’est une rencontre inattendue. Je vois un jour quelques « bê-bêtes » de quelqu’un qui habite en Haute-Marne. Encore un monsieur qui met bout à bout des trucs ramassés un peu partout et se prend pour un sculpteur…Bon! J’oublie. Mais, je le retrouve dans une exposition. Et là…Choc! Je plonge ensuite dans son site. Je regarde, je lis. Il s’appelle Xavier Decloux. Et ça vaut le coup qu’on s’intéresse à ce bricoleur magicienet bien plus encore…

Ce sont des assemblages. Toutes sortes de bidules que Xavier Decloux récupère ici ou là. Mais les personnages qui en découlent ne sont ni banals ni redondants. Xavier Decloux ne vous fera pas du déjà-vu (une triste cigogne en boulons et clés de dix par exemple!) Ce qu’il crée sort de l’ordinaire.

Il ne se contente pas de souder ou coller des pièces. Il intervient sans cesse sur l’œuvre. Et il fabrique lui-même des éléments qui complètent sa sculpture. De plus, il ne reproduit pas quelque chose d’existant. Ses étranges créatures sont apparemment de race animale… Oui, mais… avec souvent des origines végétales et humaines pas vraiment définies! Entre loup-garou et chat-botté! Ou même entre Godzilla et Bête du Gévaudan!

Dans ses doigts, elles prennent vie. Quelle allure! Malgré leur immobilité, elles sont toujours en mouvement. En ACTION. Loin d’être des objets inertes, elles ont toutes quelque chose à dire. Seraient-elles porte-paroles de l’artiste? C’est évident! Il parle d’une « grande soif d’expression » chez lui… Avec ses « bestioles » (dit-il) il cherche, entre autre, « quelle est notre place sur terre ». Il veut « dénoncer les travers de l’humanité » et son oeuvre porte une urgence, une foi, une réflexion…

Xavier Decloux a une force créatrice et une imagination telles qu’il parvient à faire naître tout un petit monde d’êtres nouveaux. Une petite population un peu marginale, rebelle, déglinguée, drôle… C’est son univers à lui. A la fois cohérent et fantaisiste. En outre, Xavier Decloux possède l’art des mots. On se régale des noms dont il affuble ses personnages (Hypercagneux, Fou du Clan, Chronophage détraqué…) et des jolis textes sur cartels qui accompagnent les œuvres exposées.

J’avoue ne pas trop apprécier ses petits formats. Trop proches de ce qui se fait habituellement dans la « sculpture » de recyclage. Par contre, ses formats plus grands relèvent d’un vrai travail d’artiste. Un artiste fabricant d’histoires, inventeur d’univers tout en étant témoin et rapporteur de son temps… Et il a une sincérité rare! Appréciable!

Et, pour finir de vous convaincre : ce garçon dessine et peint ! Dans la même veine, celle des gentils monstres, frères modernes des chimères d’antan et autres créatures imaginaires de la tradition. Ci-dessous, son site:

https://www.letroisiemeatelier.fr/

« Vivants », expo des artistes 13+, Orangerie

A la Grande Orangerie du jardin de l’Arquebuse , à Dijon, l’ exposition des 13+ intitulée « Vivants » était en octobre 2024

Beaucoup moins foutraque que leur dernière exposition à l’Orangerie (sur le thème « promenons-nous dans les bois ») , les 13 + ont réussi à nous créer une unité, avec cheminement, petites alcôves etc. Pas facile! Un très vaste espace et plein de personnalités et oeuvres diverses et variées à présenter! Même si le thème est commun, ça part dans tous les sens, bien sûr! Mais, franchement, les travaux exposés ne se « cognent  » pas les uns les autres… On peut apprécier à fond chacun des exposants. La salle, comme d’habitude, est plongée dans le noir et le jeu des éclairages a dû représenter un sacré challenge pour les artistes et organisateurs…

Un bel ensemble, donc. D’où émergent évidemment quelques coups de coeur! Quelques noms que, décidément, on reconnaît et on apprécie! Mais bravo à tous, vous avez été inspirés!

Voici quelques exemples un peu au hasard de nos préférés (et suivant les photos réussies ou non!!!): Lagnien, Montenot, Perron, Orzel, Arfelli, Massart, Habiba, Adenis, Hadrien… Et n’oubliez pas de vous asseoir devant l’écran de JP Jarlaud…

Christiane Bruley, Matières…Imaginaire

Le Rez-de-Jardin, à Fontaine-lès-Dijon, 11 rue d’Artois, a rouvert à l’automne 2024 après une longue relâche estivale! Il accueillait l’artiste plasticienne dijonnaise Christiane Bruley (ci-dessous, après le texte, regardez la courte vidéo réalisée par Signaturelsf , que nous remercions beaucoup)

C’est une roche, c’est une écorce, une moraine, un éboulis, une montagne, une vallée, un arbre…Je ne sais pas. Sans doute rien de tout cela vraiment.

Mais, c’est sûr, je suis au cœur de la nature. Indescriptible avec des mots. Christiane Bruley, elle, la raconte, cette nature aux cent mille vies.

Je suis toujours épatée de voir comment l’artiste, juste avec des pinceaux et des pigments, (et parfois un peu de sable ou de poudre de marbre), parvient à rendre le monde plus réel que réel, plus vrai que vrai.

Peinture abstraite ? Vous me faites rigoler ! Elle est bien plus réaliste que la plus réaliste des peintures !

Cette peinture-là montre le minéral et le végétal dans son essence-même. Christiane Bruley y pénètre, ou prend du recul, s’approche, s’éloigne, dans l’espace ou dans le temps. Et toute la beauté de la nature, sa violence, ses métamorphoses sont là…

Le mystère, c’est aussi que l’artiste est présente dans sa peinture, autant que son sujet. L’oeuvre n’en est que plus riche et profonde.

Elle dit ses sensations et sa propre perception des choses. C’est donc un témoignage à la fois personnel et universel.

-Tout ça à condition de s’arrêter un moment devant la peinture… On ne « passe » pas devant un tableau de C.Bruley ! On s’y attarde un peu ! L’artiste peint sur carton, papier, métal (sa préférence actuellement). Elle est présente au Rez-de-Jardin tout au long de l’expo, l’occasion de discuter, échanger…

Cliquez sur les visuels pour agrandir