A la Galerie Backslash, à Paris, j’ai découvert ce jeune artiste, Maxime Duveau. L’exposition était en janvier 2021, mais vous pouvez vous intéresser à lui par Internet.
Ses photos de cités sont un point de départ. Pour le travail vu dans cette Galerie, le sujet est station-service et maisons de banlieue. En noir et blanc.
Et le processus créatif, ensuite….Passionnant! Maxime Duveau intervient beaucoup! Je vous donne dans le désordre! Pas sûr d’avoir tout bien suivi! (Mais dans ce cas-là, la technique détaillée ne compte pas trop pour moi!) L’artiste dessine au fusain à partir de la photo, photographie le dessin, découpe, scotche, reporte, enlève le scotche, reproduit par la sérigraphie ou le tampon encre de Chine! etc. etc.
Un sublime travail de plasticien comme je les aime! Il va et vient, triture, cache, mêle, transforme, répète… et aboutit à des images urbaines où l’œil se perd, se trompe, s’interroge. Quelle ville? Il est question de Los Angeles et de Conflans-Ste-Honorine, mais mélangées! Allez vous y retrouver! (C’est tant mieux!)
Et, réalité ou souvenir? Les images sont comme effacées peu à peu. Grattées, gommées, barbouillées de noir… Elles nous échappent. Comme une mémoire qui se dégrade. Bientôt, le réel devient abstrait. On avait vu un bâtiment, et il a disparu… N’en reste que le spectre… Peu de choses à quoi se raccrocher. Peu de repères concrets. (Là aussi c’est tant mieux!!)
Et on nous donne à voir des répétitions, des séries qui augmentent encore notre confusion! On radote! Et voilà que la cité est envahie par du végétal. Inquiétant…Et on nous montre l’image en positif puis en négatif…De quoi nous troubler encore!
J’aime cette façon de décomposer les images, de détruire la vision du réel, de la sublimer, de l’épurer, de la faire changer de monde.
Et je suis séduite par le jeu habile des noirs et blancs de Maxime Duveau. De superbes contrastes, forts ou estompés. Le cheminement, parti de la photo noir-et-blanc, mène à une œuvre faite de noirs et de blancs superbes comme on en voit en gravure ou en calligraphie.
La Galerie Grès, au 9 de la rue du Pont-Louis-Philipe, à Paris, a accueilli Brigitte Méniger en janvier 2021
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La sculptrice céramiste Brigitte Méniger se fait dessinatrice et peintre. Sur des petites briques devenue grandes, elle trace des scènes et raconte des histoires.
Ses blocs de terre émaillée évoquent des briques, oui. Mais aussi des stèles, des bornes, des tablettes (pas Samsung!! Mais plutôt dans le sens Tables de la Loi ou Pierre de Rosette!). Bref, des supports qu’elle utilise pour dire, crier, aimer, rencontrer, regarder, lutter… Son trait de graphiste est généreux, sa gestuelle énergique et dynamique. Ses lignes vont aussi vite que la vie. Le mouvement est permanent dans la représentation de ses personnages.
Les « briques » de Brigitte Méniger sont peintes sur toutes les faces. Il faut tourner autour. Les lire comme des livres (d’ailleurs, je les imagine rangées dans une bibliothèque à côté de nos gros bouquins préférés!). Son dessin vigoureux me fait penser à celui de l’artiste Céline Emorine (elle est dans ma blogoliste). Mais, ici, il est sur un volume, ce qui lui communique une autre dimension. La matière, aussi, (terre et émaux), change la donne.
Et la couleur a largement son mot à dire chez Brigitte Méniger: des écrus, des rouges baiser, des vieux roses, des jaunes pâles, des gris, des verts céladon…Elle participe amplement à l’expression, aux côtés du graphisme.
La Galerie Schwab Beaubourg, à Paris, en janvier 2021 a proposé une exposition du peintre bosniaque Safet Zec.
Que ce soit des objets familiers, des façades de maisons, des silhouettes humaines, les thèmes de Safet Zec sont toujours bouleversants.
Bien sûr, il y a la virtuosité du peintre. Admirable. L’anatomie de ces mains, par exemple, ou la perfection de ces drapés. Mais, une fois cette extraordinaire maîtrise admise, on peut se tourner vers bien d’autres qualités de l’artiste (ce qui n’est pas le cas de beaucoup de peintres réalistes pour qui seule la technique tient leur œuvre debout).
Du travail de Safet Zec se dégage une mélancolie, pour le moins. Le plus souvent, une souffrance, des tourments difficilement supportables. Ses toiles racontent des drames, des secrets de vie. Avec une palette plutôt économe et sombre, faite de couleurs de terre et de poussière, elles touchent par leur humanité humble. La seule lumière qui éclaire le plus souvent les scènes représentées, c’est le blanc. Un extraordinaire blanc fait de gris, de beiges, de bruns…Les étoffes que le peintre habille de ce blanc sont de mort ou d’amour. Linceul, tunique sensuelle ou draps froissés du lit…
Avec cet artiste, on hésite entre le sacré et le quotidien le plus modeste. Les toiles évoquent les grandes figures de la chrétienté ou de la mythologie…Mais aussi, parfois, une façade en lambeaux, un meuble, une fenêtre, une barque… Je crois que l’émotion vient de cela: est-on dans le réel ou déjà dans le souvenir ou peut-être même dans la mort? Les silhouettes disparaissent en partie dans le papier journal encollé sur la toile. Les corps flottent. Ils sont en apesanteur. Des apparitions.
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La Galerie Jeanne Bucher Jaeger, à Paris, dans le Marais, a accueilli une belle exposition monographique de Mark Tobey. . (5 rue de Saintonge, mardi au samedi 10-18h)
Mark Tobey (1890-1976) n’est pas aussi connu que Pollock ou Rothko, pionniers comme lui de l’art américain abstrait. Mais Paris, par cette rétrospective de la Galerie J.Bucher Jaeger, va vous permettre de combler (peut-être) une lacune.
Est-ce le fait que les rues de Paris étaient grises, grises, grises (dans tous les sens du terme) lors de ma visite à cette exposition « TOBEY ou not to be? »…. que j’ai tant apprécié de me retrouver happée par ces toiles?? Entraînée, ensorcelée…
Ce sont de petits et modestes formats. La plupart du temps peints à la tempera (peinture à l’œuf), belle matière dense et brillante. Et ce sont des tourbillons, des fourmillements, des émiettements, des circonvolutions, des enchevêtrements, des réseaux, des entrelacs … Qui occupent tout le champ pictural.
J’écarte vite l’impression de griffonnage frénétique et obsessionnel (que j’ai déjà vu en art brut). Je sens des signes et des lignes que je dois suivre. Je sens une effervescence inouïe de possibles. Je pénètre dans cette réalité intérieure qui s’offre à moi. Je m’approche des toiles. Je recule. M’avance à nouveau. Des puits de lumière, au milieu de ces chaos trompeurs, m’apparaissent enfin. Des soleils blancs. Et je sens le « souffle »! L’énergie! Le Qi chinois!
Et je vois ces peintures faites dans un grand mouvement libérateur et créateur. On est à la fois dans l’infiniment petit et l’infiniment grand. Les centaines de mini fragments qui couvrent les toiles de Tobey, et qui tournent jusqu’au vertige dans l’espace pictural, sont autant d’éléments qui n’attendent qu’à être rassemblés, réunis en UN TOUT. Comme l’univers avant la Création! Plein de morceaux prêts à être mis en ordre, en place, en forme…
Mark Tobey, pour tout vous dire, a étudié les écritures arabes et perses. Il a été initié à la calligraphie chinoise. Il a séjourné en monastère à Kyoto. Il s’est converti à la religion Bahaï.
Voilà! Un grand peintre. Mais si simple. Si humble. Si libre, aussi. Et qui a su utiliser l’art, pour dire les choses indicibles. (principale mission de l’art, d’ailleurs!)
François Mathey dit de la peinture de Tobey qu’ elle « exprime son souci de révéler la structure profonde des choses ».
Il y a longtemps, je faisais régulièrement des articles dans la catégorie « choix du mois ». J’avais abandonné. Aujourd’hui je reprends. Pour ce mois d’octobre 2020, j’ai choisi un bon souvenir d’expo, celle consacrée à Christo et Jeanne-Claude, au centre Pompidou, à Paris.
Je ne parlerai pas de la partie de l’exposition qui est consacrée aux monuments empaquetés par Christo et Jeanne-Claude, son épouse, et en particulier au Pont-Neuf. Excellente présentation d’ailleurs, technique, esthétique et historique (photos, maquettes, croquis, matériel etc).
Mais j’ai envie d’évoquer les premières années de Christo à Paris, après son exil de Bulgarie. Là où commencent les empaquetages d’objets, vers 1958. Cela m’a beaucoup intéressée.
surface d’empaquetage
C’est le sujet des premières (et nombreuses) salles de cette exposition. Pas très connu, et passionnant. L’artiste façonne son style, esquisse son geste qui, plus tard, prendra d’autres dimensions et deviendra l’aboutissement de son parcours.
extrait d’une surface d’empaquetage
-D’abord, les « Surfaces d’empaquetage« . Des tableaux faits de papier ou tissu énergiquement froissé, rigidifié, ficelé et parfois couvert de peinture ou parsemé de sable ou de poussière. La surface est épaisse, accidentée, mais dressée au mur, voire magnifiquement encadrée! Contraste et ambiguïté: car l’œuvre est plutôt une chose quelconque, moche et décrépite!
-Puis, les « Empaquetages » (il les regroupe en « Inventaire »). Christo emballe les objets qui lui tombent sous la main, boîtes de conserve, pots de peinture, barils, portes, chaussures, panneaux, jouets etc. Toujours avec papier ou tissu bien froissé, rigidifié par de la laque et de la peinture, entouré de ficelle. Plus tard, l’artiste choisit du papier transparent pour envelopper les objets. Le contenu se devine alors vaguement entre plis et ficelles (ce sont souvent des portraits mi-révélés, mi-dissimulés)
Enfin, il y a la période des « Vitrines ». Cette fois, Christo ne cache plus quelque chose, il empêche de voir l’intérieur. Vitres d’armoires ou devantures de magasins sont masquées de tissus.
Ce geste de l’empaquetage nous emporte vers des réflexions diverses! Peut-être le côté déménagements: on emballe les choses de sa vie pour les transporter ailleurs. (Christo est un exilé). Peut-être un acte de révolte vis à vis d’une certaine idée de l’art « beau », « propre », « chic », « neuf », « admirable »… Lui, il expose des choses à l’aspect sale, vieux, triste, pauvre…
Et l’art montre, Christo cache. Il ne nomme pas l’objet emballé. Il laisse le mystère. L’objet, en fait n’existe plus. C’est le paquet qui a pris sa place. Parfois, cependant, il laisse apparaître un fragment de l’objet. Clin d’œil. Parfois, l’objet est emballé de façon à ce que la silhouette ne laisse aucun doute. Christo joue avec nos perceptions.
En tout cas, ces empaquetages révèlent des formes, des volumes et des couleurs. Pas réalisés n’importe comment. Ce sont des sculptures. Il y a quelque chose de l’art classique dans ces agencements de plissés et de drapés.
J’ai vraiment aimé circuler au milieu de ces objets momifiés. Le regard est tantôt trompé, tantôt alerté, stimulé. L’artiste joue son rôle d’artiste: il transforme la réalité. Ou la fait voir autrement.
L’exposition « Halle 38, années tropiques » était au Frac et au musée des Beaux Arts, à Dijon , avant le second confinement 2020-2021.
Au FRAC, « Bains du Nord », 16 rue Quentin, j’ai retenu, parmi ces jeunes artistes (qui ont été en résidence à la Halle 38, lieu de soutien à la création contemporaine à Dijon):
–Atsing, et ses personnages à la fois proches et lointains, vivants et fantômes. J’avais déjà vu exposé ce peintre d’origine chinoise et j’avais aimé l’atmosphère de ses toiles. Irréelle, brumeuse… Quelque chose de la « nostalgie heureuse » d’Amélie Nothomb!
–Cécile Maulini, et ses petits collages délicats. Des intérieurs de logis, colorés joyeusement, où surviennent parfois des éléments incongrus, où les choses se renversent, se dédoublent, s’entrechoquent, se camouflent… Et, dans une peinture de la même artiste on retrouve les motifs genre « papier peint », vus dans ses collages, ainsi que des sortes de découpages qui rappellent aussi les collages. Un petit côté vintage, tout cela! Mais intéressant à suivre, avec ces rappels discrets du passé, ces cassures du quotidien…
Cécile Maulini
–Diane Audema réfléchit sur le sujet des constructions, destructions et matériaux du bâtiment… Et on aime sa quête, sa curiosité, ses questionnements, sa façon de regarder l’humain face au temps qui passe et qui fuit. Une photo grand format montre les ruines d’un immeuble. En face, ici, au FRAC, est accroché un fragment de ces ruines (ou d’autres), morceau de ciment où gît un vieux bout de carrelage. Plus loin, c’est un lambeau d’un ancien papier peint encore collé sur un débris de mur. Des vies qui se sont envolées. A côté, sont montrés trois blocs de béton rugueux, comme des tableautins ou des bas-reliefs, où l’artiste a incrusté des petits papiers chiffonnés et, surtout… du sel. Le sel, incognito, détruit peu à peu le béton. Avec le temps, une construction peut en mourir… A méditer.
Pour qu’il n’y ait pas d’embrouille (j’ai peur de n’avoir pas été bien explicite dans mon 1er post « Réflexion perso!), je précise ici certaines choses:
Il n’est pas question, dans mon esprit, de réclamer une révélation technique de l’œuvre d’art, un secret de fabrication, un mode d’emploi, un historique de la méthode! Certes, je connais les questions posées régulièrement par le public! « c’est quoi comme matière? c’est fait comment? etc ». Là n’est pas l’essentiel.
Ce que je souhaiterais ne concerne pas tous les travaux de tous les artistes. Mais certaines œuvres contemporaines gagneraient, à mon avis, à intégrer le processus qui précède le résultat, qui aboutit à ce qui nous est montré. On se fiche souvent de savoir si c’est du ciment ou de la pierre, de l’acrylique ou de la gouache. On aimerait plutôt connaître, dans certains cas, les gestes créatifs qui ont donné naissance à l’œuvre finale, l’action (répétitive ou automatique ou rapide ou lente ou difficile ou jouissive ou…que sais-je) qui a été menée en amont.
Je prends encore un exemple (le troisième depuis mon premier post!!) . Une œuvre de Christine Delbecq, qui était exposée cet été 2020 au site du « chameau » de Châteauvillain, installation qu’elle nomme je crois « Soulèvert »: de très grandes plaques suspendues, vertes, décalées légèrement entre elles, couvertes de petits lambeaux de papier blanc fixés par des milliers d’agrafes. Elle a travaillé des mois sur cette réalisation, qui a évolué, qui est partie de quelque chose pour arriver à autre chose etc. Et, entre autre, elle a parlé de ces moments où elle faisait claquer fortement l’agrafeuse pour arrêter les petits morceaux de papier dans leur velléité de s’envoler. Les faire prisonniers. Le son, le geste vif, énergique et presque agressif… Tout cela répété inlassablement. Voilà qui ne devrait pas être dissocié de l’œuvre, je pense. L’artiste plasticienne avait d’ailleurs fait, je crois, une petite vidéo de ces instants.
Vous, vous êtes le regardant. D’accord? Le spectateur. Le visiteur. Et, devant vous, se tient l’œuvre d’art. Mais, en fait, ce que vous voyez là n’est souvent qu’un petit bout de l’œuvre. Vous ne l’avez pas en entier! Ah? Pourquoi dis-je cela?
Parce que je sais que, sauf exception (j’y reviendrai), l’œuvre d’art montrée en lieu public n’est que l’aboutissement d’un long processus. Et je pense que -voilà l’important- ce processus fait partie intégrante de l’œuvre.
Conclusion? J’aimerais que soit montré (à décider sous quelle forme!) tout le travail en amont, et pas uniquement le résultat. Car c’est tout un ensemble. Nous aurions alors la totalité de l’œuvre. Et ça ferait une belle différence! Croyez-moi! D’abord, nous pourrions cent fois mieux apprécier l’œuvre finale, la « comprendre » (comme disent certains) si nous avions suivi les étapes de la réalisation.
Cette réflexion s’applique davantage à l’art contemporain. C’est vrai. Et en particulier aux jeunes plasticiens. Je parlerai quand même à ce sujet plus tard de tout autre forme d’art plastique…
En guise d’exemple, je peux évoquer une sculpture du jeune Pier Sparta vue à Chagny (71) en août 2020. Une sculpture qui évoquait un fossile géant. Une énorme ammonite. Posée au sol. Belle en soi. Mais quand on apprenait sa mise en œuvre, elle gagnait de l’intérêt et transmettait soudain une émotion plus forte au spectateur. L’artiste avait creusé le moule dans la terre. Il y avait coulé du béton. Puis, avec force bras et engins, l’objet avait été péniblement déterré…Avant d’être transporté et exposé.
Vous imaginez aussitôt la scène. L’extraction de cette chose lourde et étrange…Jaillie de la terre. Une naissance difficile. Une apparition. Comme venue d’un passé lointain. Et l’équipe à la tâche, qui peine, qui s’applique autour de cette chose devenue précieuse. Unique. Et on n’a même pas une vidéo à se mettre sous la dent (l’œil!)
Me suis-je fait comprendre?
Mais les plasticiens contemporains accepteraient-ils de dévoiler comment ils fonctionnent? Pour l’instant ils préfèrent, je crois, montrer juste l’issue! Brute. Froide. Énigmatique. Et on attend de nous que nous ressentions quelque chose….Hum!
J’ai décidé de mettre sur page cette idée qui trotte dans ma tête depuis longtemps. C’est en m’intéressant au travail de Alice Anderson que j’ai sauté le pas aujourd’hui. Pour sa candidature au Prix Marcel Duchamp 2020, elle expose au centre Pompidou des toiles géantes garnies de peintures géométriques. Toiles suspendues au plafond ou pliées et froissées dans un coin. Des vidéos montrent comment sont nées ces toiles.
C’est lors de danses-performances que ces toiles sont réalisées. Je n’entre pas dans le détail. Mais l’idée est là. Des gestes, des mouvements, des déplacements, des rythmes ont abouti à ces objets. Ils ont été générés par les performances. Celles-ci ont été « fécondes ».
Même si c’est artificiel, mis en scène, monté de toute pièce, joué, théâtralisé, le concept existe. Et c’est bien! J’ai malheureusement loupé les performances. Je n’ai vu que les toiles. Qui ne présentaient qu’un piètre intérêt sans …. ce qui les avait devancé!
A la Galerie La Source de Fontaine-lès-Dijon, Hélène Vervialle exposa « Gaïa » à la rentrée 2020. (Peintures et collages). Du mercredi au dimanche compris, 15h30-18h30.
-Côté peintures, c’est étonnamment assez irrégulier à mon avis. Il y a, ici, des toiles vigoureuses qui ne peuvent pas laisser indifférents et, là, d’autres dont il ne faut rien attendre (celles qui font penser à des photos satellite, par exemple). Moi, je ferais volontiers une sélection…
Pour les toiles sur lesquelles on s’attarde: couleurs et matières sont allègrement utilisées pour des submersions, des jaillissements, des éruptions…Terre, végétal et eau sont pris dans de grands mouvements sismiques. Paysages de fin ou de début du monde. (Ou paysages intérieurs). Le titre de l’expo, Gaïa, donne la clé: la déesse Terre, dans la mythologie grecque, enfanta « les hautes montagnes » et « Océan aux tourbillons profonds »…
La peinture d’Hélène Vervialle est expressive. Elle fait voir des forces telluriques, des métamorphoses de la Nature, des pages d’Histoire de l’univers… Mais sans bavardage. Sans exagération. Sans goût du drame. Plutôt, avec le souci du plaisir et de l’esthétique.
-Côté collages, au premier étage de la Galerie, c’est un vrai régal de trouvailles, d’humour, de télescopages, de clins d’œil… Les petits formats d’Hélène Vervialle, soignés et minutieux, commentent à leur manière quelques évènements de l’actualité. Bien vu! Beaucoup d’esprit!
L’exposition de Anne Auger, à la Ferronnerie, à Dijon, place auguste Comte, c’était fin septembre 2020
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Le lieu convient parfaitement au travail de cette artiste. Quelque chose de brut, de rustique, de technique! Ses grands formats aux couleurs fortes, aux lignes cassées et aux matières bien présentes trouvent leur place contre les murs à peine dégrossis et noircis. Certains sont suspendus avec des chaînes, bonne idée! Le côté « industriel » est mis en avant.
Les sculptures de Anne Auger occupent aussi l’espace avec bonheur Quelques pièces de métal, récupération du monde de l’outillage, font souvent partie de ses assemblages en céramique. Et on a devant soi des sortes de totems qui communiquent, en plus, un caractère quelque peu sacré à l’ensemble. L’homme et son travail….L’homme et ses croyances…
D’où une atmosphère étrange, mais puissante. L’exposition laisse une impression de grand, de construit, de vivant. On aime cette constance chez Anne Auger de rassembler des morceaux (collages, écritures, pièces de céramique, restes d’outils, toiles de jute, et même images fragmentées dans ses peintures…) pour aboutir à des créations très personnelles et touchantes
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