En janvier-février 2025, l’artiste-photographe Jean-Philippe Jarlaud exosait au Rez-de-Jardin, « Orée ». 11 rue d’Artois, 21121 Fontaine-lès-Dijon. Vendredi 14-19h; samedi et dimanche 11-19h. (Présence de l’artiste en continu.)
Cette exposition de photos n’en n’est pas vraiment une! Pas de jolies images encadrées et vitrées! (Ouf!) L’artiste Jean-Philippe Jarlaud se transforme plutôt en conteur. Il propose un récit photographique intitulé « Orée ». Quelque chose de linéaire, accompagné d’un poème lu et de quelques objets (cf le visuel, plus loin ci-dessous)… Une installation, plus qu’une exposition.
Alors… on se campe devant le premier panneau de photos.
Happés par le texte, on lit. Début de l’histoire de ce personnage qui a franchi l’orée (une frontière, un entre-deux…) et va se perdre dans la forêt…On se surprend ensuite à lire les images comme on lit les textes. On suit du regard. On va à la ligne. Puis, on passe au paragraphe suivant. On avance. On chemine. S’il y avait des pages, on les tournerait.
C’est juste suggéré. Photos et mots d’un artiste qui semble nous chuchoter à l’oreille. Mais on prend part pleinement à cette pénétration dans le monde de la forêt. Ses bruits, ses regards, ses apparitions, sa magie, sa violence parfois… On participe!
Ce conte que Jean-Philippe Jarlaud a composé, on peut le prendre de diverses façons. Réaliste ou symbolique. Concret ou allégorique.
C’est, évidemment, bien davantage qu’une promenade dans les bois, l’appareil photo autour du cou.
C’est d’abord une leçon d’humilité: apprivoiser ce territoire étranger à l’homme, tenter de s’y adapter, de le comprendre, sans être un intrus, un destructeur, un ennemi, un dictateur…. Et, peu à peu, peut-être, se métamorphoser, pour mieux s’intégrer à lui. « Je voudrais sentir que je fais partie du cercle des minuscules, des poilus, des plumeux, des écailleux… » Oublier son propre état. S’imprégner du végétal et de l’animal, jusqu’à devenir …ça.
« Je me végétalise » dit le personnage créé par Jean-Philippe Jarlaud.
Ce n’est certes pas un hommage à l’humain! L’homme n’est présent, dans cette histoire, que comme le chasseur! « Je suis chez les hommes qui portent la guerre ». On voit de loin un petit bout d’urbanisation que l’on s’empresse de fuir! Les traces de l’homme ne sont pas des pieds nus , mais des empreintes de grosses roues! Bouh! Le vilain prédateur!
L’homme, finalement, a perdu son identité primitive. Au coeur de la forêt, le personnage sent intuitivement qu’il fait partie de cette vie-là mais qu’il n’est pas encore tout à fait prêt à l’assumer. « Je suis celui qui marche entre deux mondes ».





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