Nouvelle exposition des « Inventifs » au Cellier de Clairvaux, à Dijon. En avril 2017. Anne Girard invitait Aurélien Benoist.
Anne Girard est un peintre littéraire! Elle affirme s’aider du dictionnaire pour peindre: « étudier les mots de mes sujets […] me permet d’affiner mon vocabulaire pictural ». Une idée qui me plaît! A partir d’une forme (feuille de bananier ou capsule, en l’occurrence, pour cette expo), elle part dans une exploration. Et je la vois bien travailler comme devant une version latine. Tourner et retourner, chercher une autre façon, s’éloigner, inventorier… Comme un écrivain, aussi, elle tente un synonyme, une métaphore, une litote… Pour dire mieux ou différemment. Pour approfondir le sujet. Pour éviter les répétitions lassantes.
Et naissent alors ses séries picturales abstraites, résultat de son investigation d’artiste.
Devant nous, sur une toile de Anne Girard, s’ouvrent des chemins de vie. Des routes à suivre. Avec obstacles, rencontres, retours, superpositions, zones vides et planes suivies de zones plus denses. Ici des blocs, là un graphisme, et puis une ligne qui dessine un cadre, un tracé nerveux de couleur, un fragment de peinture… Le chemin est encombré parfois, mais on y avance avec sérénité.Alternent collages et peinture. Et c’est étrange comme, parfois, c’est la surface peinte qui donne du relief à la bande de papier collée.
Le plasticien Aurélien Benoist a quitté la photo. Pour plus de contact avec la matière. Et, entre autre, il fait maintenant de la gravure. Un art fascinant (quand il faut « mordre la plaque »!) et qui reste souvent mystérieux pour le visiteur lambda. L’eau forte, l’aquatinte, le vernis, l’encre, le solvant, la gravure au lavis, la gravure sur bronze, la gravure sur aluminium…n’ont plus de secret pour Aurélien Benoist.
Voici donc des estampes, des typographies traditionnelles au plomb, tirées sur presse dans son atelier de Dole.
Il présente une partie de sa série « Erosion ». Pour cela il avait soumis la plaque aux conditions climatiques en extérieur. Elle était ensuite encrée puis transférée sur papier. L’idée était celle d’une impression progressive et d’une matière qui s’exprime au gré du hasard. Une idée du temps qui défile. La série « Atelier » est là aussi, des monotypes à partir de plaques de zinc, sur papier haute qualité. Et puis quelques pièces séparées, comme cette « Rage et amour » (cf visuel)Sur ces feuilles au grain magnifique vivent des traits. Des traits fantômes. Des traces qui passent. Des images tronquées ou flottantes. Des labyrinthes. Des écritures parsemées. Une tache de couleur soudain. Une seule. (Le rouge, comme le sceau signature au bas d’un dessin noir et blanc chinois).
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