Marie Javouhey a présenté une rétrospective de son travail aux Abattoirs d’Avallon au printemps 2016. « Un parcours », s’intitulait simplement cette exposition exceptionnelle.
Depuis avril que j’avais dans la tête cette expo! Et que je ne trouvais jamais ni le temps ni l’occasion d’y aller! Enfin, ça y est, j’ai fait le tour de ce « parcours » en compagnie de Marie Javouhey, cette dame agréable, passionnée, simple, drôle… et surtout, peintre!
Plus de 40 ans de peinture se trouvent ici réunis! D’étape en étape, on suit ce chemin de passion. Chaque tableau a son histoire et l’auteure vous la raconte avec humour, émotion et modestie. C’est un peu la biographie de l’artiste que nous lisons ici! Sa vie d’épouse, de maman, d’éducatrice, de grand-mère… Mais, passons! On craindrait presque d’être indiscret!
Très vite, on est pris par l’extraordinaire univers pictural que crée Marie Javouhey. Cette fois encore j’ai été surprise par la façon dont elle mêle les couleurs. Les travaille, les superpose. Jusqu’à construire de la solidité. A bien regarder, on penserait à du crépi, à un enduit… Quelque chose de consistant. Et pourtant, rien de pesant ni d’épais. C’est miraculeux.
De cela découlent des couleurs indéfinissables. Tant elles sont mariées harmonieusement. Mélangées, mais aboutissant néanmoins à des familles chromatiques pour chaque toile. On est ici par exemple dans des vermillons, pourpres, carmins, orangés, jaunes… Puis, nous voilà dans des bleu nuit, bleu ciel, outremer, turquoises…
Et dans cet « enduit », l’artiste trace… Sur la toile, apparaissent alors des traits fins qui dessinent des formes maladroitement géométriques. Des carrés naïfs, des rectangles déchirés, des losanges écrasés, des trapèzes aplatis. Toutes sortes de signes un peu bancals. « Je suis souvent restée dans le monde de l’enfance! » reconnaît Marie Javouhey. On évoquerait volontiers une écriture qui raconterait des rencontres, des chocs, des séparations, des silences… « On apprend à voir derrière la façade » disait Klee!
On n’est évidemment pas dans la représentation. Ces oeuvres palpitent de quelque chose de vécu, certes, mais on est passés bien au-delà de la réalité.
J’arrête là, vous laissant relire le texte qui suit, que j’avais écrit il y a quelques années à l’occasion d’une exposition de Marie Javouhey à Fontaine.
« On a toujours l’impression que Marie Javouhey travaille une matière vivante, et non une banale pâte colorée. Végétale, minérale, spatiale, planétaire…ou humaine. Que sais-je?
Avec elle, il est à peine question de surface. On est dans l’épaisseur. Et on cherche les ouvertures pour descendre au cœur de la toile peinte. Pour pénétrer dans les profondeurs de son intimité. Elles existent. Il suffit de suivre le réseau de lignes naïves, ténues qui sillonnent souvent le tableau (à la Kadinsky) et guident le regard (comme le tracé, en surface, d’un monument enfoui sous terre et dont les contours sont révélés par une vue aérienne). Et quelques petites porte se présentent, aux endroits où l’artiste a gratté pour rejoindre les couches inférieures. On va pouvoir s’enfoncer. C’est doux. Lumineux. Harmonieux.
Marie Javouhey fait partie de ces artistes qui savent révéler la densité des vies. Si nos existences ne sont pas faites d’une plate suite linéaire d’évènements, mais plutôt de temps superposés, de moments empilés, qui s’entrelacent, se soutiennent et se construisent les uns les autres, l’artiste exprime cette somme inépuisable.
Vous pouvez également laisser aller vos yeux sur ces toiles abstraites (accès direct, sans vitres) aux couleurs richement travaillées, à la musique chromatique agréable, aux formes maîtrisées… »
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