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Miquel Barcelo, BNF, Paris

En 2016 (printemps-été), à la Bibliothèque Mitterrand, Paris, Miquel Barcelo donnait à voir son travail… Et c’était quelque chose! Barcelo

Première émotion! Les verrières du couloir de la Bibliothèque (190 m de long, 6 m de haut) se sont changées en une fresque géante. Miquel Barcelo les a badigeonnées d’argile (lui ou ses assistants, vu le boulot!) à larges coups de brosse ou de serpillère. Gestes sinueux presque réguliers. Courbes. Méandres. Puis, il a tracé, le plus souvent au doigt, de grands dessins dans cette glaise brune. Les traits apparaissent évidemment blancs, super lumineux. Squelettes de poissons ou d’humains, visages, têtes de chevaux, pattes d’ours, silhouettes d’hommes, méduses etc. Des vitraux!  Ombres et lumières varient suivant la couleur du ciel et l’heure du jour.  Il a intitulé ce travail éphémère « Le grand verre de terre ». Jeu de mots, mais aussi allusion à Marcel Duchamp.Barcelo1

C’est stupéfiant de beauté et d’originalité. Et c’est dans la lignée du travail habituel de cet artiste: l’utilisation de la terre, dont il fait émerger des formes ou des images… Le dessin comme une gravure, une griffure, un grattage dans la matière… L’hommage à l’art rupestre… Quoi d’autre? Si riche tout ça!

L’exposition elle-même, dans son ensemble, reste dans l’idée de cette gravure.  De cette matière que l’on peut blesser à grands coups de griffes. Laisser des cicatrices. De l’opaque faire sortir la transparence. De l’ombre, la lumière. Du néant, la vie. Du rien, l’image. On voit des estampes, des gravures sur cuivre (avec les matrices exposées) ou sur bois, des sérigraphies, des collotypies, des lithographies etc. Miquel Barcelo explore passionnément tous les procédés d’impression. C’est « son oeuvre imprimé » qui est présenté ici, comme dit la BNF.Barcelo2

Même les quelques sculptures de brique exposées sont dans le thème:  déformées avant cuisson et « sgraffiées » (magnifiques autoportraits, cf visuel) . Même « Le Livre des aveugles » :  on glisse les doigts sur les reliefs gaufrés d’un beau papier épais.  Même l’oreille d’éléphant naturalisée : elle est devenue parchemin!  Même l’eau de Javel qui est une façon de tracer dans le sombre! Même la boulimie des termites d’Afrique qui grignotent bois et papier. Tout est cohérent.

Les sujets abordés sont la tauromachie (Barcelo est catalan), la métamorphose, le double ou l’endroit-envers ou recto-verso, le portrait etc.

"Mère", portrait à l'eau de Javel

« Mère », portrait à l’eau de Javel

Après un regard sur ses carnets d’esquisses et de notesbarcelo4 on visionne un film sur l’artiste. Et ça vaut le coup. Entre autre il montre son extraordinaire performance « paso doble » réalisée en 2006 avec le chorégraphe Josef Nadj devant un public malien. Ou comment faire de l’argile cru et malléable des masques, des têtes, des motifs de tableaux. Une chorégraphie-théâtre qui confirme son rapport charnel à la matière!!

cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois

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