Elle a obtenu le Lion d’Argent à la Biennale de Venise avec cette vidéo « Grosse Fatigue ». Cette jeune plasticienne s’appelle Camille Henrot. J’ai vu sa vidéo à Paris, à la Galerie Kamel Mennour. Bien! Bien!
Pour retracer, à sa façon, l’histoire de l’univers et des espèces, l’artiste donne des images qui se superposent à toute vitesse, comme on entasse des archives. Ce défilé devant nos yeux est fascinant. De plus, un texte et une musique soutiennent cette accumulation d’images. Avec, souvent, un rythme de slam. Des milliers de choses passent, apparemment incohérentes: grenouille sur un i.pad, tortue qui se nourrit ou pond ses oeufs, vieux magnétophone, collection d’oiseaux morts, calculatrice, insectes qui grouillent, pages du Web, livres feuilletés, manuscrits, billes qui roulent, photos de tribus africaines… Ici ou là surgit une célébrité, Pollock ou Orsenna! Et ça coule, et ça s’amoncelle, et ça s’accélère, et ça se ralentit… La vie, quoi!
Toute cette compilation d’éléments peut faire penser à une obsession schizophrénique. Tout s’enchaîne de façon décousue, semble-t-il. Mais, bientôt, on détecte des liens ténus, des rapports entre tous ces fragments… Une couleur (les ongles peints de ces mains qui montrent ou prennent), une forme, une idée (terre craquelée de sécheresse et une éponge que l’on essore), une métaphore, un symbole… On aperçoit même un ordre dans ce flux tout fou, une construction, une architecture. Elle sera confirmée par la suite (interview de l’artiste ): le vide, les dieux, la terre, l’oxygène et les êtres vivants, la solitude, la fatigue, la mort.
On est devant les contradictions de l’existence, ses richesses incalculables, ses mystères et ses évidences, ses beautés et ses laideurs. C’est parfaitement rendu.
On sent la masse de documents consultés par l’artiste. Entre sciences, Histoire, art et observations personnelles. Le plaisir esthétique n’y est même pas absent!! C’est vous dire!!
Camille Henrot a fait là oeuvre d’artiste. L’art contemporain a parfois l’honneur de me plaire !
Jamais réussi à voir en entier une vidéo de Camille Henrot, vidéaste pourtant incontournable ces dernières années. Le problème étant qu’avec ce type d’œuvres, en général visibles dans des expos collectives, on arrive au milieu, on est donc obligé d’attendre que la vidéo soit terminée pour tout reprendre à zéro , du coup ça prend beaucoup de temps, on n’a pas forcément de place pour s’installer… Bref, la plupart du temps, je zappe les vidéos en expo ou j’en vois seulement un bout. C’est ce qui m’est arrivé à chaque fois avec Camille Henrot. Sa présence chez Kamel Mennour aurait été une bonne occasion de me rattraper… Ben voilà, c’est foutu !