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Schiele et Basquiat, Fondation Vuitton

Belle journée d’automne 2018 pour la passer dans le grand voilier Vuitton! Reflets, lumières et ciel bleu… Et puis, des moments fortissimo (i?) au cours des longues contemplations dans les salles d’expo: Jean Michel Basquiat et Egon Schiele.  

« Les plus désespérés sont les chants les plus beaux »! Allons-y avec Musset! Il a raison!  Je me sens toujours moins concernée par l’art joyeux! Va savoir pourquoi! Donc, avec ces expos, je suis comblée! Détresse et rage sont les deux points essentiels de Schiele (1890-1918) et Basquiat (1960-1988).

Quelque chose de poignant me retient à chaque dessin de Egon Schiele. J’en oublie la foule des visiteurs autour de moi. Aquarelle ou gouache et crayon ou fusain…Et c’est tout. Là, déjà, se situe la force de l’expression. Pas de blabla. Ce qui doit être dit est dit, en peu de traits, en peu de touches, bien appuyées là où il faut.

L’anxiété et la souffrance ne sont pas bavardes.

L’âme torturée est dessinée sous la forme de ces corps tordus, disloqués, fragmentés, distendus. Pas exagérément (il reste de l' »académie »), mais juste assez pour créer le malaise du visiteur.  La mort est présente, souvent, comme cachée, là, sous le vivant. Le regard, aussi, est fascinant, pénétrant et inquiétant: Schiele (beaucoup d’autoportraits) nous regarde. Interrogatif et dur.

Oublions ses grandes peintures, peu convaincantes, et ses « copies » de Klimt. Oublions également qu’il n’y a pas ou peu d’érotisme dans les œuvres exposées ici. Tant pis. Reste la puissance foudroyante de ces dessins virtuoses. Et l’expression d’un drame intime rarement aussi éloquente.

Avec Jean-Michel Basquiat, on change de registre. Même s’il est question également de chaos intérieur… C’est l’Amérique, c’est la rue, ce sont les années 80… Le combat n’est plus le même. Certes, on sent la même fougue, la même hâte à crier la souffrance et la rage (comme s’ils pressentaient qu’ils allaient mourir à 28 ans, tous les deux).

Le format n’est plus le même, non plus, ni le support, ni la technique . C’est le mur, la palissade, l’acrylique, le collage… Les couleurs éclatent, les traits sont jetés au large sur le support. De grandes figures noires nous font face, terriblement présentes et vivantes. Chaque détail de leur corps crie quelque chose. On l’entend…

Et Basquiat écrit. Il fait des énumérations, des listes, des colonnes de mots. Obsessionnelles. Disséminées sur la composition picturale. Elles sonnent, rythmées comme du slam. C’est étonnant.

extrait

Les deux œuvres de ces artistes bouleversent. Pas de la même façon. Mais, bon sang, l’art a des choses à dire, et les dit mieux que n’importe quoi d’autre…

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